Meyrick Edward Clifton James

Meyrick Edward Clifton James (1898 - ) était un acteur et soldat australien, connu pour avoir été le sosie du maréchal Bernard Montgomery.

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Ne pas confondre avec Clifton James (1920-2017), un autre acteur américain.

Biographie

Clifton James est né à Perth en Australie, il est le plus jeune fils d'un fonctionnaire public, John Charles Horsey James, et de sa femme Rebecca Catherine Clifton[1]. Après avoir servi dans la Première Guerre mondiale, il commençait une carrière de comédien et au début de la Seconde Guerre mondiale il s'engagea de nouveau dans l'Armée britannique où il joua devant les troupes pour les distraire. Au lieu d'être assigné dans le Entertainments National Service Association (ENSA) comme il l'avait espéré, Clifton James fut engagé dans la Royal Army Pay Corp en 1940 et finalement posté à Leicester.

Environ sept semaines avant le Jour J en 1944, le lieutenant-colonel J.V.B. Jervis Reid remarqua la ressemblance frappante de Clifton James en photo dans un journal avec le maréchal Montgomery, surnommé familièrement « Monty » . Le MI-5 décida d'employer James comme sosie de Montgomery pour tromper les services secrets allemands. James fut contacté par le colonel David Niven, qui travaillait pour le service cinématographique des armées, et lui demanda de venir à Londres sous prétexte de le faire tourner dans un film en cours de tournage. Le but était en fait de mener une opération pour tromper les Allemands en leur faisant croire qu'une invasion alliée aurait lieu dans le Sud de la France, afin de détourner les troupes allemandes du nord du pays peu avant le Débarquement[2].

Le nom de code de ce plan fut baptisé « Opération Copperhead » et Clifton James fut assigné à l'équipe de Montgomery afin d'apprendre sa façon de s'exprimer et ses manières. En dépit des problèmes qu'il avait avec l'alcool (Montgomery ne buvait pas du tout) et de la différence de personnalité, le projet continua. Il dut aussi cesser de fumer. Enfin Clifton James avait perdu le majeur de sa main droite pendant la Première Guerre et dut porter une prothèse.

Le , Clifton James s'envola de la RAF Northolt vers Gibraltar dans l'avion privé de Winston Churchill. Lors d'une réception dans la maison du gouverneur, il fit plusieurs fois allusion au « Plan 303, » un plan qui prévoyait d'envahir le sud de la France. Les services secrets allemands captèrent cette information et mobilisèrent leurs agents pour se renseigner sur ce plan 303.

Clifton James se rendit ensuite à Alger où pendant quelques jours il fit quelques apparitions en public avec le général Henry Maitland Wilson, le commandant allié des opérations méditerranéennes. James fut ensuite envoyé en secret en direction du Caire où il demeura jusqu'à ce que le Débarquement en Normandie ait eu lieu. Il retourna alors à son travail après cinq semaines d'absence.

En 1954, Clifton James publia ses exploits dans un livre intitulé « I was Monty's Double ». L'ouvrage devint la base d'un script pour le film Contre-espionnage à Gibraltar tourné en 1958, interprété par John Mills et Cecil Parker avec Clifton James dans son propre rôle et celui de Montgomery. Il meurt d'un infarctus le à Worthing à 65 ans[3].

Perplexité et confusion chez les Allemands

Selon les archives des services secrets allemands retrouvées après la guerre, ceux-ci se sont longuement interrogés sur la signification de l’entrevue de Gibraltar, de l'énigmatique « Plan 303 » et du séjour prolongé à Alger. Ils se demandèrent (Hitler compris) si le débarquement d’Angleterre n’allait pas être précédé par un autre dans le Midi en provenance d’Afrique.

Sans qu’il n’ait été prouvé que l’opération du faux Monty était pour quelque chose dans le comportement consécutif des Allemands, toujours est-il que les historiens ont été frappés par trois éléments des plus surprenants[2]. Alors que, avant le périple du pseudo Monty, l’imminence du débarquement en provenance d’Angleterre était acquise pour Hitler et Rommel, on constate que le jour où celui-ci se produisit en Normandie, le  :

- Rommel, chef du groupe d’armées B, dirigeant la défense des côtes de la Manche, est à Berlin pour fêter l’anniversaire de sa femme avant une entrevue prévue le lendemain avec Hitler[4];

- l’état-major de la VIIe armée allemande, qui défendait la Normandie, est en permission à Rennes, soit à 185 km par route de Caen;

- enfin, une division de panzers avait été détournée du nord de la France, peu avant le débarquement, pour être envoyée dans le Midi, exactement comme l'avaient souhaité les responsables de l'Opération Copperhead.

C'est comme si les hauts gradés allemands, n'étant plus persuadés de l'imminence du débarquement sur les côtes de la Manche, avaient quelque peu relâché leur vigilance dans cette zone, notamment en se permettant de s'absenter de leur poste.

Notes

  1. (en) James, John Charles Horsey - Australian Dictionary of National Biography. URL consultée le 1er juin 2011.
  2. « http://aia.lackland.af.mil/homepages/pa/spokesman/Jan05/atc10.cfm »(ArchiveWikiwixArchive.isGoogle • Que faire ?)
  3. Obituaries: The Times, page 17. 9 mai 1963
  4. Olivier Wieviorka - Histoire du débarquement en Normandie, Paris, éd. Seuil, 2007

Références

  • Clifton James, M. E., I Was Monty's Double; Hamilton and Co. 1954
  • Howard, Sir Michael, Strategic Deception (British Intelligence in the Second World War, Volume 5); Cambridge University Press, New York, 1990, p. 126
  • Holt, Thaddeus, The Deceivers: Allied Military Deception in the Second World War ; Scribner, New York, 2004, p. 561-62, 815
  • British National Archives, "A" Force Permanent Record File, Narrative War Diary, CAB 154/4 p. 85-90

Voir aussi

Lien interne

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