May Ziadé

May Ziadé (مي زيادة), de son vrai nom Marie Ziadé, née le à Nazareth et morte le au Caire est une poétesse, écrivaine, essayiste et journaliste libanaise, pionnière du féminisme oriental[1],[2].

Biographie

Jeunesse et études

Née le à Nazareth d'un père libanais Elias Ziadé et d'une mère palestinienne Nazha Mouammar, May Ziadé passe sa jeunesse dans sa ville natale où elle poursuit ses études primaires avant de partir au Liban et plus précisément à Antoura pour finir ses études secondaires au collège des Visitandines.

Elle rentre en 1904 à Nazareth mais la quitte en 1908 pour s'installer définitivement au Caire avec ses parents[3]. Elle s'inscrit à l'Université égyptienne pour étudier les littératures étrangères modernes.

Écrits et publications

May commence l'écriture très tôt et dès l'âge de 16 ans, elle collabore à plusieurs périodiques, et notamment à la revue arabe al-Mahroussa dirigée par son père[3].Elle utilise des pseudonymes masculins pour la plupart de ses textes, mais privilégie les pseudonymes féminins pour la poésie[4].

Elle publie, en 1910, sous le pseudonyme de Isis Copia (en référence à la déesse égyptienne et Copia est la traduction de son nom de famille en latin, qui signifie « abondance »)[4]. Son premier recueil de poèmes en français « Fleurs de rêve »[1],[3], ouvrage dédié à Lamartine. Ses influences se retrouvent dans ses thèmes favoris comme la nostalgie, la peur du temps qui passe, la nature, le spleen[4].

Elle publie ensuite en arabe deux biographies des deux principales dirigeantes du mouvement féministe en Égypte [1]:

Parmi ses publications en arabe, on note également :

  • Sawâneh fatât (سوانح فتاة) « Propos de jeune fille »,
  • Zulumât wa Ichâ'ât (ظلمات وأشعة) « Ténèbres et rayons » (poèmes lyriques en prose),
  • Al-Musâwât (المساواة) « L’Égalité » (étude sociologique),
  • Bayna l-Jazri wa l-Madd (بين الجزر والمد) « Flux et reflux » (réflexions littéraires),
  • Kalimât wa Ichârât (كلمات و إشارات) « Des signes et des mots »,
  • Al Saha'ef (الصحائف) « Les journaux »,
  • Ghayat Al-Hayât (غاية الحياة) « La signification de la vie ».

Maîtrisant plusieurs langues (dont notamment le français, l'anglais, l'italien et l'allemand), May traduit vers l'arabe plusieurs ouvrages d'auteurs occidentaux tels que Arthur Conan Doyle, Max Müller, Brada, etc[5].

Des extraits de ses œuvres complètes ont été traduits en français et publiés par LCM Éditions sous le titre "Il t'appartient de devenir reine ou esclave" en 2019, partiellement consultables en ligne.

Le Salon littéraire de May

En 1912, May fonde un salon littéraire qui devient chaque mardi le rendez-vous incontournable des grands intellectuels de l'époque à l'instar de Taha Hussein, Mohamed Abduh, Qasim Amin, Abbas Mahmoud Al-Akkad et Moustapha Sadek al-Rafi'i [6].

Militantisme

May Ziadé est considérée comme étant une pionnière du féminisme oriental et comme étant « la première libanaise à poser le problème de la condition de la femme arabe et à traiter la question de l'articulation entre féminité et écriture » [7].

Selon Ines Orchani, dans Al-Mousâwât, May Ziadé aborde la question de l'inégalité 'en philosophe, en sociologue et en historienne. Son point de vue n'est rattaché ni à son genre (féminin), ni à sa culture (arabe), ni à sa religion (chrétienne)[8].''

À travers les biographies de deux principales dirigeantes du mouvement féministe en Égypte, May appelle à émanciper la femme arabe et l'inciter à se comparer à l'homme, à être son égal et à bénéficier des mêmes droits[9].

May et Gibran Khalil Gibran

Pendant 19 ans, May entretient une correspondance régulière avec Gibran Khalil Gibran qui se développe en une histoire d'amour platonique bien que les deux personnes ne se soient jamais rencontrées[6]. Cette correspondance commence en 1912 et finit par la mort de Gibran en 1931. May lui reste fidèle renonçant au mariage et à toute autre relation amoureuse[1].

Maladie et mort

À la suite de la mort de son père en 1929, de son amant Gibran en 1931 et de sa mère en 1932 [6], May sombre dans une dépression et souffre de neurasthénie[1]. Elle est même internée dans un hôpital psychiatrique au Liban pendant 9 mois avant de sortir et revenir au Caire.

Elle n'arrive pas à surmonter la douleur causée par la mort de ses bien-aimés et meurt le au Caire.

Hommage

En 1999, Le ministère libanais de la Culture choisit May Ziadé pour célébrer l’année sous le signe de « Beyrouth, capitale culturelle du monde arabe »[1].

En 2012, Google publie un doodle en hommage à l'écrivaine[10].


En 2020, Ines Horchani lui rend un hommage à l'occasion de la journée mondiale pour la liberté de la presse, dans un texte intitulé "May Ziadé à tue-tête", qui retrace son parcours et présente son oeuvre.

Notes et références

  1. (fr) « May Ziadé témoin authentique de son époque » sur le site internet de La Revue du Liban
  2. (fr) « May Ziadé »
  3. Nehmetallah Abi-Rached, Béatrice Didier (dir.), Antoinette Fouque (dir.) et Mireille Calle-Gruber (dir.), Le dictionnaire universel des créatrices, Éditions des femmes, , « Ziyada, May [nazareth 1886 - Le Caire 1941] », p. 4718
  4. Alice Valdez Diaz, « Cycle de poésie #2 : Génie de l’Orient May Ziadé », sur fairesigne.wordpress.com/, (consulté le )
  5. DDK, « Une érudition au service d’une sensibilité », La Dépêche de Kabylie, (lire en ligne)
  6. (ar) « 7 étapes dans la vie de la demoiselle May», Al Masry Alyoum, 12 février 2015
  7. (fr) «May Ziadé : Vie et écriture», Carmen Boustani, Les Cahiers du GRIF, N. 43-44, 1990. Liban. pp. 163-169
  8. Ines Orchani, « Repenser l'égalité avec May Ziadé », Hypothèses, (lire en ligne)
  9. Nessrine Naccach, « May Ziadé, pionnière téméraire du féminisme oriental », sur Histoires de femmes, ISSN: 2679-4365 (consulté le )
  10. « 126e anniversaire de la naissance de May Ziade », sur Doodles Google, (consulté le )

Voir aussi

Bibliographie

Télévision

Articles connexes

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