Matteo Messina Denaro

Matteo Messina Denaro (né le à Castelvetrano, dans la province de Trapani, en Sicile) est le dernier fugitif numéro un de la Cosa Nostra, anciennement nommée Società onorata ou en français honorable société (les mafieux ayant été soumis à un code d'honneur).

Matteo Messina Denaro
Information
Nom de naissance Matteo Messina Denaro
Naissance
Castelvetrano, Italie
Surnom Don Ciccio, Diabolik, U Siccu
Actions criminelles Mafieux, trafic de stupéfiants, trafic d'armes, assassinats, rackets, attentats a la bombe.
Victimes Environ une centaine de personnes actuellement
Période 1993-
Pays Italie
Régions Sicile
Ville Castelvetrano

Ce mafioso sicilien fut candidat à la succession de Bernardo Provenzano en 2006 comme capo di tutti capi, à la tête de Cosa Nostra, mais il avait été évincé par Salvatore Lo Piccolo, arrêté le . Il est en fuite depuis 1993.

Biographie

Surnommé « Don Ciccio », « Diabolik » ou « U Siccu » (« le maigre »), Matteo Messina Denaro est une réplique de son mentor, le Corleonais Totò Riina, connu pour sa violence et son habileté en affaires. Le père de Matteo était le patron de la famille mafieuse de Castelvetrano et également le capo de la région de Trapani (Capo commissione di Trapani).

L'infiltration des milieux politiques et judiciaires est très importante pour une organisation criminelle de l'envergure de Cosa Nostra. Matteo Messina Denaro crée des liens avec le sénateur Antonio d'Ali, un élu de Trapani et un membre de Forza Italia, le parti de Silvio Berlusconi. Messina Denaro aurait donné des millions à d'Ali pour des fonds politiques[1].

Surnommé « Diabolik », en référence à une bande dessinée italienne qu'il affectionne[1], il apprit à manier une arme à feu à 14 ans et commit son premier meurtre à 18 ans. Il est soupçonné d'avoir commis au moins 50 meurtres avant d'avoir 30 ans, ce dont il se vante, déclarant par exemple : « Con le persone che ho ammazzato, io potrei fare un cimitero.» (Avec toutes les personnes que j'ai tuées, je pourrais remplir un cimetière a moi tout seul.) se vanta-t-il un jour[1].

Au sein de la Cosa Nostra, Matteo Messina Denaro commença à prendre de l'importance lorsqu'il devint le capo commissione de Trapani, lors de l'arrestation de Vincenzo Virga, alors « boss » de la Famille de Trapani et « capo commissione ».

Parmi les meurtres les plus célèbres de Matteo, il y a en juillet 1992 l'assassinat de Vincenzo Milazzo, « boss » de la « Famille d'Alcamo » et rival de Totò Riina. « Diabolik » tua également Antonella Bonomo, la fiancée de Milazzo, suspectée d'être de la famille de membres des services secrets. Il étrangla la jeune femme, alors enceinte de 3 mois.

Le , il tenta de tuer Calogero Germanà, le commissaire de police de Mazara del Vallo.

En 1993, le capo di tutti capi Totò Riina fut arrêté. La même année, Matteo, qui venait d'avoir 31 ans, entrait dans la cupola, un groupe de capi sélectionnés qui seraient au courant de tous les secrets de la Cosa Nostra.

À la même période, « Diabolik » décida d'entrer en guerre contre l'État italien, en pleine opération Mains propres lancée par les magistrats. Toto Riinà impliqua Denaro dans les négociations avec l'État visant à faire libérer les principaux chefs mafieux incarcérés contre la promesse de dissoudre Cosa Nostra. En , des bombes explosèrent dans les villes de Rome, Florence et Milan, faisant en tout dix morts. Une de ses cibles était l'Église catholique[2]. Il envoya également des messages clairs aux médias, en exécutant plusieurs journalistes qui s'intéressaient de trop près à Cosa Nostra. La justice s'aperçut alors que l'arrestation de Totò Riina et de plusieurs autres criminels importants n'avait pas déstabilisé Cosa Nostra. Ils découvrirent également une nouvelle génération de mafiosi, probablement aussi cruels et violents que Riina. Depuis 1995, Denaro est déclaré en fuite.

En 1996, Giovanni Brusca, un ancien mafioso devenu « pentito » (repenti), brisa l'omertà et témoigna au gouvernement tout ce qu'il savait à propos de Messina Denaro. La justice décida alors d'émettre un avis de recherche concernant Matteo, qui fut condamné à la prison à vie par contumace.

Mais cela n'arrêta en rien Messina Denaro, qui continua sa carrière criminelle. Après l'arrestation de Riina, Bernardo « U traturri » Provenzano, un autre Corléonais, devint d'abord « reggente » (chef intérimaire quand le titulaire est empêché d'exercer ses fonctions), puis le nouveau Capo di tutti capi. Matteo n'aimait pas Provenzano et sa stratégie consistant à rendre « invisible » Cosa Nostra. Avec cette stratégie, il n'était plus question de meurtres de policiers ou encore d'attentats-spectacle, Cosa Nostra voulait pacifier ses relations avec l'État italien. Denaro gagna à sa cause les plus jeunes mafiosi, qui interprétaient cela comme un signe de faiblesse.

Le , Bernardo Provenzano fut arrêté par la police dans une ferme à Montagna dei Cavalli, à trois kilomètres de Corleone, en Sicile. Salvatore Lo Piccolo lui succéda mais à la suite de son arrestation en , beaucoup de gens ont pensé que Matteo Messina Denaro était devenu le nouveau capo di tutti capi[1].

D'après la justice italienne, Matteo Messina Denaro est au centre de la stratégie de mort lancée par Cosa Nostra, mais il n'a été condamné par contumace que pour les attentats de 1993. Le , il est condamné par contumace à la peine de prison à vie pour les massacres des juges Falcone et Borsellino par la cour d'assises de Caltanissetta[3].

Activités

Impliqué dans des affaires typiquement mafieuses, tels que la collecte du « pizzo » (le racket de commerçants), le détournement de fonds, il a fait fortune dans le trafic d'héroïne et de cocaïne, en association avec des barons de la drogue colombiens. Fiché par le FBI, Denaro est considéré comme un des cinq plus gros trafiquants de drogue au monde, à la tête d'un réseau international[1]. Il est également impliqué dans le trafic d'armes.

Personnalité

Messina Denaro est le contraire de Provenzano et de tous les chefs mafieux traditionnels ; il est réputé brutal, impulsif, arrogant et plutôt exhibitionniste. Il roule en Porsche, porte des costumes de luxe (Armani ou Gianni Versace), des lunettes Ray Ban et des montres Rolex en or. Il passe pour être un grand séducteur ; il est marié à Maria Mesi mais a déjà eu une fille avec une femme nommée Francesca Alagna. Ses passe-temps sont les jeux vidéo et les bandes dessinées, notamment Diabolik. Il apprécie également les ouvrages de Daniel Pennac[1].

Amateur d'antiquités, il tente de dérober en 1998 le Satyre de Mazara del Vallo[4].

Liens politiques

L'infiltration des milieux politiques et judiciaires est très importante pour une organisation criminelle de l'envergure de Cosa Nostra. Matteo Messina Denaro crée des liens avec le sénateur Antonio d'Ali, un élu de Trapani et un membre de Forza Italia, le parti de Silvio Berlusconi. Messina Denaro aurait donné des millions à d'Ali pour des fonds politiques[1].

Un des beaux-frères de Matteo, Vito Panicola, a été arrêté pour avoir accidentellement tué son fils, alors qu'il essayait de tuer un autre homme. Avant cet évènement, Vito Panicola était un des membres du conseil communal (it) de la ville de Trapani[5].

Bibliographie

  • (it) Salvatore Mugno [a cura di], Matteo Messina Denaro. Lettere a Svetonio. Il capo di Cosa Nostra si racconta, Viterbo, Stampa Alternativa, 2008, (ISBN 9788862220538).
  • (it) Giacomo Di Girolamo, Matteo Messina Denaro: l'invisibile, Editori Riuniti, Rome, 2010.
  • (it) Alessandra Dino, Gli ultimi padrini. Indagine sul governo di Cosa Nostra, Rome-Bari, Laterza, 2011.
  • (it) Fabrizio Feo,Matteo Messina Denaro, la Mafia del Camaleonte , Rubbettino, 2011.
  • (it) Salvatore Mugno, Matteo Messina Denaro. Un padrino del nostro tempo, Bolsena (VT), Massari Editore, 2011. (ISBN 978-88-457-0269-3)

Notes et références

  1. L'Express.fr
  2. Un nouveau parrain pour la Mafia sicilienne, Le Figaro, 26 avril 2006
  3. (it) Salvo Palazzolo, « Inchiesta sulla fuga di Messina Denaro, il 'fantasma' che conosce i segreti delle Stragi », sur la Repubblica, Repubblica, (consulté le ).
  4. « Tra il Caravaggio, l’Efebo e il Satiro gli appetiti di Cosa nostra per l’arte », sur www.lasicilia.it (consulté le )
  5. The World's ten most wanted, le 25 avril 2008 sur Forbes.com


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