Matines
En Occident, l'office de matines ou des vigiles est la première prière du cursus de l'office divin, destiné à sanctifier le temps de la nuit. Il est caractérisé par une psalmodie prolongée (récitation de psaumes alternés), entrecoupée de lectures longues et du chant de répons destinés à l'intériorisation des lectures.
Pour l’article ayant un titre homophone, voir Mateen.
Ne pas confondre avec les vigiles urbains, service de sécurité de la Rome antique.
Description
L'heure de sa célébration a beaucoup varié au cours de l'histoire. Initialement, il était chanté à la fin de la nuit. L'heure de son début était calculé de telle sorte que l'office de laudes qui le suit commence au lever du jour. À la fin du Moyen Âge, il a fini par être célébré à heure fixe au milieu de la nuit, puis le soir, après les complies et avant le coucher. Par le fait d'une tolérance plus récente, les clercs séculiers peuvent le réciter à l'heure qui leur convient, s'ils sont légitimement empêchés à l'heure convenable.
Constatant l'impossibilité du clergé séculier et des religieux impliqués dans la vie active à respecter la « vérité » des heures canoniques en les célébrant au moment correspondant à leur destination symbolique, la réforme liturgique qui a suivi le concile Vatican II a remplacé, dans le cursus romain, l'office des matines, en tant qu'office célébré la nuit, par un Office des lectures, ne comprenant plus que trois Psaumes enrichi d'une longue lecture patristique, pouvant être récité à n'importe quel moment de la journée.
Les moines et moniales contemplatifs qui suivent la règle de saint Benoît continuent à célébrer l'office de matines tel que le décrit la règle de saint Benoît ; certaines communautés l'ont aménagé différemment, comme saint Benoît en laisse la liberté à l'abbé. D'autres encore, communautés religieuses et cléricales, ou clercs séculiers de l'Église latine, célèbrent la liturgie des heures selon les réformes de Pie X ou de Jean XXIII, conformément à l'esprit du Concile Vatican II qui promeut le respect de la pluralité des formes et des rites traditionnels de célébration comme un déploiement des richesses des mystères célébrés (constitution Sacrosanctum Concilium).
Par synecdoque, on appelle aussi matines un livre d'heures (livre de piété de la fin du Moyen Âge) et/ou une laque.
« La plupart des hymnes portent ces indications. Quand, par exemple, il est dit 'la nuit, levons-nous et veillons toutes' et ailleurs 'nous coupons la nuit par un chant' ou : 'nous nous levons pour confesser ta gloire, et nous coupons les longueurs de la nuit', et ailleurs : 'la nuit couvre toutes les nuances des choses de la terre', ou : 'nous nous levons de notre lit pendant le calme de la nuit', et encore : 'nous rompons les longueurs de la nuit par un chant' et autres chants semblables, les hymnes témoignent assez d'elles-mêmes qu'elles sont des hymnes de nuit. De même, les hymnes du matin portent souvent l'indication du moment spécial où elles doivent être chantées. Par exemple, quand il est dit : 'voici que l'ombre de la nuit commence à s'affaiblir', et ailleurs : 'voici que se lève le jour doré', on bien : 'l'aurore commence à éclairer le ciel', ou : 'l'éclat de l'aurore resplendit', et ailleurs : 'l'orient avant-coureur du jour chante la prochaine apparition de la lumière'... par ces mots et d'autres de même nature, les hymnes nous apprennent à quels moments elles doivent se chanter[1]. »
— une lettre de Pierre Abélard avec ses hymnes, Lettres d'Abélard et d'Héloïse (traduction par Octave Gréard) Garnier Frères, Paris 1859
Dans le rite byzantin
Dans le rite byzantin, l'office de matines, aussi appelé Orthros, est, avec les vêpres, le plus important de la journée. Il se chante à des heures variables après minuit, idéalement avant le début du jour. En cas de grande fête (saint particulièrement vénéré ou commémoration d'un événement de la vie du Christ ou de la Mère de Dieu) l'office des matines est réuni à celui de vêpres dans ce que l'on appelle des Vigiles nocturnes : cet office particulièrement long est célébré à partir d'une heure tardive dans la soirée, et peut durer jusqu'au matin en fonction du style de chant utilisé.
L'office de matines se compose, au niveau élémentaire, de l'hexapsalme, du chant de l'apolytikion du jour précédé de Le Seigneur est Dieu, de lectures du psautier, de plusieurs chants liés à ces lectures appelés cathismes poétiques, de la lecture du psaume 50 du chant du canon, de la lecture des laudes et de la Grande Doxologie, du chant des apostiches et du congé. Diverses ecténies sont dites par le diacre tout au long de l'office.
Ordo festif
En fonction de la solennité du jour indiquée dans le ménée l'office peut s'enrichir du chant des laudes et de la Grande Doxologie ; voire de l'ajout du polyéléos et d'une lecture de l'évangile et de chants qui l'accompagnent.
En carême
Au lieu du chant Le Seigneur est Dieu au début de l'office on chante l'Alléluia suivi d'hymnes triadiques. Le congé comporte la prière de saint Ephrem, Seigneur et Maître de ma vie.
Articles connexes
Liens externes
- Dictionnaires
- définitions lexicographiques et étymologiques de « matines » dans le Trésor de la langue française informatisé, sur le site du Centre national de ressources textuelles et lexicales
- Robert Le Gall, Dictionnaire de liturgie, C.L.D., 1982, extrait : Matines
- La liturgie des heures, portail officiel Conférence des évêques de France
- Présentation des offices monastiques
- Texte liturgiques & offices (en direct et en différé)
- Offices monastiques
Notes et références
- Portail du christianisme
- Portail du catholicisme