Mathieu de Bourbon

Mathieu de Bourbon dit le Grand Bâtard de Bourbon[1], né, probablement, vers 1462[2] dans le Forez[3] et mort en 1505 au château de Chambéon, est un bâtard princier et un militaire français de la fin du Moyen Âge et du début de la Renaissance qui servit sous les rois Charles VIII et Louis XII. Seigneur de Bouthéon et baron de la Roche-en-Régnier, il fut également gouverneur et amiral de Guyenne, maréchal et sénéchal du Bourbonnais et peut-être gouverneur de Picardie.

Mathieu de Bourbon
Titre Amiral et Gouverneur de Guyenne
(1495-1502)
Autres titres Seigneur de Bouthéon (1486)
Baron de la Roche (1486)
Seigneur du Bois-d'Oingt (1490)
Capitaine-châtelain de Cervières (1486), Bourbon-l'Archambault (1492) et Château Trompette (1503)
Maréchal et sénéchal du Bourbonnais (1503)
Arme cavalerie
Allégeance  Royaume de France
Grade militaire Capitaine
Conflits Guerre folle
Guerres d'Italie
Faits d'armes Bataille de Saint-Aubin-du-Cormier
Bataille de Fornoue
Autres fonctions Chambellan de la maison du roi
Frère d'armes de Charles VIII
Biographie
Dynastie maison capétienne de Bourbon
Naissance  ?
Forez
Décès
château de chambéon
Père Jean II de Bourbon
Mère Marguerite de Brunant

Il est l'aîné des bâtards du duc Jean II de Bourbon et de Marguerite de Bruant (ou Brunant). Il n'eut pas de descendance.

Biographie

Mathieu passa probablement son enfance au château de Bouthéon que son père, le duc de Bourbon, avait acheté en 1462, sans doute pour y accueillir justement cet enfant naturel et sa mère[2].

En 1486, Jean II de Bourbon donna à son fils la seigneurie de Bouthéon, puis celle de Roche-en-Régnier, qu'il érigea en baronnie. En 1490, après la mort prématurée de son oncle Pierre, bâtard de Bourbon lui-aussi, la terre du Bois-d'Oingt lui fut cédée.

Toujours en 1486, son père, le duc de Bourbon, le nomma également lieutenant général d'une compagnie de cent lances[3]. Par la suite, Mathieu devint capitaine d'une bande de cinquante puis cent lances des ordonnances du roi[4].

Mathieu fut nommé capitaine-châtelain de Cervières vers 1486 puis de Bourbon-l'Archambault en 1492[2]. Enfin, selon les comptes de 1503, il était capitaine de Château Trompette (Bordeaux)[5] pour 100 livres de gages[6].

À Bouthéon, qui était son séjour ordinaire, il fit superbement reconstruire le château[3]. On peut encore y avoir aujourd'hui, sculptés en plusieurs endroits, l'initiale M ainsi que des pots à feu, une des devises des Bourbons depuis Charles Ier[2].

Philippe de Commynes le considérait comme un grand chevalier, vaillant combattant, jouteur hors pair, amateur de faits d'armes héroïques[7]. Il pouvait néanmoins être violent et emporté, encourant la disgrâce royale pour avoir publiquement giflé l'évêque de Saint-Malo, Guillaume Briçonnet[2]. Vers 1488-1489, il eut aussi des démêlés avec le cardinal d'Orange, Pierre Carré. Il le soupçonnait notamment d'avoir extorqué de l'argent à son père, dont il était le confesseur[8]. Il fit défenestrer également un certain Jean Berry, qu'il accusait d'avoir ensorcelé son père, le duc Jean, dont il était l'un des secrétaires et le conseiller favori[9].

Les rois Charles VIII et Louis XII en firent leur conseiller et chambellan.

Frère d'armes de Charles VIII

Bataille de Fornoue, 6 juillet 1495.

Sous Charles VIII (1483-1498), Mathieu se distingua pendant la guerre folle, d'une part lors de la bataille de Béthune en 1487 aux côtés du maréchal d'Esquerdes et, d'autre part, lors de la Bataille de Saint-Aubin-du-Cormier en 1488 où il se trouvait à l'avant-garde[10].

Lors de son expédition napolitaine de 1494, le roi lui fit l'honneur de le choisir parmi les huit frères d'armes qui devaient l'accompagner. Ces nouveaux Neuf Preux étaient vêtus et équipés par le roi lui-même et portaient ses couleurs. Le Grand Bâtard en était le premier après le souverain. C'est ainsi que lors de la bataille de Fornoue, en 1495, il sauva le roi et poursuivit ses ennemis avant d'être fait prisonnier[11] par les armées de la Ligue de Venise avec, à leur tête, le marquis François II de Mantoue. Pour obtenir sa libération, il fallut l'intervention de son oncle, le duc Pierre II de Bourbon, et d'un cousin, le comte Gilbert de Montpensier[12], par ailleurs beau-frère du marquis de Mantoue, son geôlier. Mathieu fut échangé contre un beau cheval blanc de race turque que le marquis de Mantoue avait perdu à Fornoue et que le roi fit revêtir d'un drap d'or[13],[14]. Mathieu revint en France en fin d'année 1495. En récompense, Charles VIII lui donna la charge d'amiral de Guyenne (1495-1503) et le fit aussi gouverneur et capitaine général de cette province où il avait une compagnie de cinquante lances sous ses ordres.

Lorsque Charles VIII meurt, à 27 ans, le , au château d'Amboise, après avoir violemment heurté du front un linteau de pierre de la galerie Hacquelebac, en allant assister à une partie de jeu de paume, c'est dans les bras de Mathieu de Bourbon et d'Adrien de Montberon que le roi tombe à la renverse[15].

Au service de Louis XII et du Bourbonnais

Sous Louis XII (1498-1515), Mathieu participa également à la deuxième Guerre d'Italie : il fit notamment partie du cortège lors de l'entrée du roi dans Milan, le , et, en , il laissa son lieutenant, le seigneur Mauvoisin, et 50 de ses lances en garnison dans le duché, sous le commandement de Louis II de La Trémoille[16]. En 1498, il fut nommé gouverneur de Picardie, selon certaines sources.

En 1503, il fut nommé maréchal et sénéchal du Bourbonnais par sa tante, la duchesse de Bourbon, Anne de France. Cette charge était auparavant détenue par son demi-frère bâtard, Charles de Bourbon-Lavedan. Cette même année, il figura également parmi les exécuteurs testamentaires de son oncle, le duc Pierre II.

Mathieu meurt en 1505 dans le Forez, au château de Chambéon. Il fut enterré dans la Collégiale Notre-Dame-d'Espérance de Montbrison, au pied de la chapelle de Berry qu'il avait fait bâtir en repentance du meurtre du secrétaire de son père[3].

Mathieu portait les armes des ducs de Bourbon (Bourbon ancien) mises en bande sur un écu d'argent[17], avec un phénix essorant d'un brasier (de couleurs inconnues) pour cimier. Sur son sceau, dont la matrice a été retrouvée à Culan à la fin du XIXe siècle, on peut lire en minuscules gothiques la légende : S(ceau de). Mathieu. gra(n)t. bastard. de Bourbon. s(eigneur). de. Boutheon[18].

Postérité

À Andrézieux-Bouthéon, la rue du château de Bouthéon porte son nom.

Sources et bibliographie

Notes et références

  1. Le terme n'est pas péjoratif à l'époque.
  2. Christophe Mathevot, Le château de Bouthéon et les Bourbon : in Colloque Forez et Bourbon, Montbrison, La Diana, (lire en ligne), p. 117 et suiv.
  3. Jean-Marie de La Mure, Histoire des ducs de Bourbon et des comtes du Forez, t. II, Paris, Potier, 1868 (1675) (lire en ligne), p.364 et suiv.
  4. P. Contamine le classe comme tel pour l'année 1490 : Philippe Contamine, Guerre, État et société à la fin du Moyen Âge : Études sur les armées des rois de France (1337-1494), t. II, Editions de l'EHESS, (lire en ligne), p.132
  5. Château Trompette (Bordeaux) fut construit par son père, Jean II.
  6. Jean d'Auton, Chroniques de Louix XII, t. II, Paris, Société de l'Histoire de France, , 408 p. (lire en ligne), p. 101.
  7. Joël Blanchard, Philippe de Commynes : Mémoires : Edition critique : variantes, notes, glossaire, index analytique, index des lieux et personnes, t. II, Genève, Droz, coll. « Textes littéraires français », (lire en ligne), p.1282
  8. Camille Gagnon, Le démêlé de l'évêque d'Orange et du Grand Bâtard de Bourbon : Bulletin de la Société d'Émulation du Bourbonnais, t. 32, Moulins, (lire en ligne), p. 137 à 141
  9. Bernard de Mandrot, Le meurtre de Jean Berry, secrétaire de Jean, Duc de Bourbon (1488) : Extrait de la Revue historique, Paris, (lire en ligne)
  10. P. Pélicier, Lettres de Charles VIII, roi de France : Tome III : 1490-1493, t. III, Paris, (lire en ligne), pp.381 et 382
  11. Bernard de Mandrot, Mémoires de Philippe de Commynes : Tome II : 1477-1498, t. II, Paris, (lire en ligne), p.275 et suiv.
  12. Jean Ier de Bourbon étant le grand-père de Gilbert de Montpensier et l'arrière-grand-père de Mathieu.
  13. Michèle Fogel, Roi de France : De Charles VIII à Louis XVI, Paris, Gallimard, coll. « Folio Histoire », (lire en ligne), p.477
  14. Yvonne Labande-Mailfert, Charles VIII : Le vouloir et la destinée, Paris, Fayard, (lire en ligne), p.384
  15. Yvonne Labande-Mailfert, Charles VIII : Le vouloir et la destinée, Paris, Fayard, (lire en ligne), p.454
  16. Jehan d'Authon, Chroniques de Louis XII, t. 1, Paris, Société de l'histoire de France, par R. De Maulde La Clavière, (lire en ligne), p.100, 148 et 383
  17. D'après Gaignières. Pour J. M. de La Mure (1675), l'écu est d'or. Il a d'ailleurs été peint ainsi au XIXe siècle dans la chapelle du château de Bouthéon.
  18. Société des antiquaires du Centre, Mémoires de la Société des antiquaires du Centre, 1887-1888, vol. XV, (lire en ligne), p.307-310
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