Marthe Condat

Marthe Louise Lydie Condat est une femme médecin Française née le à Graulhet dans le Tarn et morte le à Toulouse.

Marthe Condat
Marthe Condat.
Naissance
Graulhet (France)
Décès (à 53 ans)
Toulouse (France)
Domicile Toulouse
Nationalité Française
Domaines thérapeutique et pédiatrie
Diplôme Médecin
Formation Interne des Hôpitaux de Paris
Renommée pour 1ère femme agrégée de médecine

Signature

Spécialisée en thérapeutique et en pédiatrie, elle sera notamment en 1923 la première femme agrégée de médecine en France ainsi que la première femme titulaire d'une chaire de médecine en 1932 à la faculté de médecine et de pharmacie de Toulouse.

Biographie

Graulhet, 1886-1902

Marthe Condat est née le à 7 heures du soir dans la maison familiale de la rue de l'église à Graulhet (aujourd’hui rue André Bru). Son père Georges, 39 ans est mercier et sa mère Bru Marie Athénaïs Victorine est modiste[1],[2]

Toulouse, 1903-1907

Après sa scolarité à Graulhet, elle rejoint sa sœur ainée Honorine mariée à un manufacturier de chaussures, à Toulouse où elle va fréquenter la pension des dames Lafont, rue des 36 ponts (aujourd'hui institution Notre-Dame[3]).

Le , dans l'Express du Midi, la directrice de la pension Lafont, Marie-Louise Roques, revendique la brillante réussite de Marthe Condat au brevet supérieur des jeunes filles et qui plus est avec dispense d’âge.

Le , elle va passer son baccalauréat ès-lettres (rhétorique) avec mention. Le , elle est reçue à son baccalauréat lettres et mathématiques avec mention.

Après ses deux baccalauréats, en 1905, elle entre en PCN (Physique, Chimie, Sciences naturelles)[1], année du concours préparatoire notamment aux études de médecine. Toujours dans l’Express du midi du , une note de la directrice de la pension Lafont souligne la brillante réussite de son élève Marthe Condat qui est reçue première et remporte les 4 premiers prix du concours « grâce à sa haute intelligence et à son travail assidu ».

En 1906, en 1ère année de médecine à Toulouse elle est lauréate de la faculté et remporte le prix Adrien Gaussail (médaille d’or). En 1907 elle est en 2ème année et est de nouveau lauréate de la faculté avec le prix Gaussail (médaille d’or).

Paris, 1907-1919

On va la retrouver au deuxième semestre 1907 à la faculté de médecine de Paris où elle présente le concours de l'externat[4], reçue, elle entrera en fonction le . L’année suivante, en 1909, elle prépare le concours de l’internat des hôpitaux de Paris[4], elle sera brillamment reçue 13ème sur 60 admis (c’est la 12ème femme à obtenir ce titre prestigieux).

Marthe Condat va être interne des hôpitaux de Paris du au [4] (l’internat dure 4 ans). Au cours de ces quatre années elle va parcourir les hôpitaux parisiens et se spécialiser plus précisément sur la médecine des enfants.

En 1911 et 1912, elle est interne à la maternité du boulevard du port Royal.

En 1913 et 1914, elle fait son internat à l’hôpital des enfants malades.

En , la guerre est déclarée, elle va reprendre bénévolement du service pendant 5 années supplémentaires pour pallier l'absence du personnel masculin et permettre le fonctionnement normal de l'hôpital des enfants malades[5].

En 1916, elle soutient sa thèse de doctorat : « leucocytolyse et fragilité leucocytaire[6]».

Toulouse, 1920-1939

En 1920 elle retourne à Toulouse comme chef de laboratoire au service des enfants malades (Professeur Morel). En elle réussit brillamment au concours de l'agrégation et devient ainsi la première femme agrégée de médecine en France[7],[8].

Elle va alors enseigner la pathologie médicale[7],[9],[5].

En 1932, elle se voit confier, après 9 années d'attente, la chaire de thérapeutique[5], c'est la première fois qu'une femme occupera, en France, ce poste.

En 1936, à la suite du décès du professeur Joseph Baylac, elle occupe la chaire de clinique infantile[10],[7] (pédiatrie) et de puériculture.

Tout en assurant son enseignement, elle va continuer à publier de nombreux articles scientifiques[11], recevoir de nombreux malades à sa consultation et participer à des congrès sur l'hydrologie, la climatologie et la géologie médicale.

Elle s’éteint le à l’âge de 53 ans d’une hémoptysie consécutive à une tuberculose pulmonaire[10],[12],[13].

À son décès, le monde médical, a salué ses mérites et l’énorme travail accompli. Sa disparition a privé la faculté de médecine de Toulouse et le monde de la pédiatrie d’un de ses membres les plus éminents. Le Docteur Jules Comby dans le Numéro de janvier- des archives de médecine infantile écrit sa nécrologie[5], il souligne notamment encore une fois l’injustice dont elle a été l’objet quand, au terme de la grande guerre tout le corps médical et le personnel administratif de l’hôpital ont demandé pour elle, à son insu, la légion d’honneur qu'elle n'a pas obtenu, la preuve encore une fois qu’à l’époque où elle a vécu et exercé son art, les femmes n’étaient pas aussi bien considérées que les hommes et qu’elles devaient redoubler de zèle pour obtenir des résultats équivalents. Toutes les sociétés savantes dont elle était membre ont salué sa brillante carrière et regretté sa disparition en pleine maturité.

Elle repose avec sa sœur et ses parents dans le caveau des familles Gril et Condat au cimetière de Salonique à Toulouse.

Mémoire

Jusqu’en 2016, sa mémoire a été très discrètement saluée : une pouponnière au premier étage de la pédiatrie à Purpan débaptisée depuis le déménagement de ce service à l’hôpital des enfants, une impasse à Toulouse et une modeste rue dans le quartier Saint Pierre à Graulhet.

En , Jean-Pierre Vinel, Président de l’université Paul Sabatier, lance auprès de la communauté universitaire une consultation pour choisir un nom au grand auditorium rénové.

Cinq personnalités féminines sont proposées :

  • Simone Balfet-lff (1924-2014) : ancienne présidente du Mouvement français pour le planning familial. Elle a été nommée membre du cabinet d'Yvette Roudy et nommé au Conseil économique et social.
  • Marguerite Canal (1890-1978) : cette Toulousaine fut la première femme à diriger un orchestre en 1917. Elle a obtenu le grand prix de Rome de composition musicale.
  • Marthe Condat (1886-1936) : elle effectue à Toulouse ses deux premières années de médecine, puis s'inscrit à Paris. En 1923, elle est la première femme à être reçue au concours d'agrégation. Elle enseigne ensuite dans la Ville rose et publie des travaux consacrés surtout à la pédiatrie. Marthe Condat est élevée au grade de Chevalier de la Légion d'honneur en 1935.
  • Lise Meitner (1878-1968) : cette Autrichienne apporte une contribution majeure à la physique moderne en découvrant le processus de fission nucléaire. Elle est la première femme professeure d'université de physique en Allemagne en 1926. Malgré 21 récompenses scientifiques et trois nominations pour le prix Nobel, elle n'a jamais obtenu ce dernier.

Sur 1486 votants Marthe Condat obtient 35% des voix devant Marie Curie 22%.

Le mercredi , Laurence Rossignol, Ministre des familles, de l’enfance et des Droits des femmes, inaugure l’auditorium Marthe Condat de l’Université Paul Sabatier dans le cadre d’un atelier sur l’égalité Femmes/Hommes.

Notes et références

  1. Commission municipale d'histoire locale, Histoire et images du pays Graulhétois, Millau, Maury, , N°32
  2. Henry Manavit, Graulhet et ses célébrités, Les cahiers d'Arc en ciel - Graulhet, Studio Bimouat, , 196 p. (ISSN 1274-2171), p91
  3. Benoit, « Histoire de l'école », sur notre-dame-toulouse.com (consulté le )
  4. « Medic@ - Résultats — BIU Santé, Paris », sur www.biusante.parisdescartes.fr (consulté le )
  5. Jules Comby, Archives de médecine des enfants : janvier février 1940, Paris, Masson et Cie, janvier - février 1940, Tome 43 N°1 et 2 - Page 64
  6. Condat, Mlle. Auteur du texte, « Leucocytolyse et fragilité leucocytaire, par Mlle Condat,... », sur Gallica, (consulté le )
  7. Jacques Frexinos, Histoire de la médecine à Toulouse : de 1229 à nos jours, Toulouse, Privat, , 485 p. (ISBN 978-2-7089-1781-1), p 213-214-221
  8. « L'Express du Midi, 19 juin 1923 — Rosalis, Bibliothèque numérique de Toulouse », sur numerique.bibliotheque.toulouse.fr (consulté le )
  9. « Banque d'images et de portraits — BIU Santé, Paris », sur www.biusante.parisdescartes.fr (consulté le )
  10. Claude Régnier et Antoine Dalous, Un siècle de pédiatrie à Toulouse, Toulouse, CHU Toulouse, , 103 p. (ISBN 2-913646-11-5), p 13-14
  11. « Medic@ - Résultats — BIU Santé, Paris », sur www.biusante.parisdescartes.fr (consulté le )
  12. Société de pédiatrie de Paris. Auteur du texte, « Archives de médecine des enfants », sur Gallica, (consulté le )
  13. « Bulletin municipal de la ville de Toulouse, novembre 1939 — Rosalis, Bibliothèque numérique de Toulouse », sur rosalis.bibliotheque.toulouse.fr (consulté le )

Voir aussi

Liens internes

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