Marie Quinton

Marie Quinton (née à Royat le , morte à Royat le [1]) est une aubergiste auvergnate à qui l'on doit l'œuvre intitulée Le Journal de la Belle Meunière.

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Marie Quinton
Portrait de Marie Quinton du peintre Paul Merwart (1855-1902).
Alias
« La mère Quinton », « Belle Meunière »
Naissance Royat, le 14 juin 1854
Décès Royat, le 25 octobre 1933
Nationalité française

Biographie

Vue aérienne sur le cabaret Belle Meunière (1900).

Jeunesse

Elle se marie à 18 ans avec un homme violent, duquel elle divorcera rapidement. Sa famille possède un modeste moulin sur les bords de la Tiretaine.

Rénover l'auberge familiale

En 1879, à la mort de son père, elle n’a que 25 ans et entreprend, avec sa sœur et sa mère, de rénover les bâtiments familiaux, pour en faire une pension accueillant les curistes et baigneurs des environs, mais surtout un restaurant et des salons particuliers. L'Auberge des Marronniers[2], tel qu’il a été baptisé, devient vite un lieu mondain recevant, en toute discrétion, des hommes illustres du monde entier et leurs maîtresses. L’arrivée du train à Royat en 1885 participera grandement à ce bouleversement économique et culturel.

Dans les confidences d'amours clandestins

C'est dans cette auberge, sise à Royat près de Clermont-Ferrand, où était tenu aux arrêts de rigueur le général Boulanger, l'« Empereur des amoureux », que se retrouvait sa maîtresse, Marguerite, vicomtesse de Bonnemains, la « Dame aux œillets rouges », à partir de 1887[3]. Marie Quinton fut leur amie jusqu'aux derniers moments en 1891[4]. Pour leur servir une cuisine raffinée, elle engageait une cuisinière réputée : la mère Mesure[5].

En 1895, elle publia ses mémoires, extraits de son journal intime et de sa correspondance, sous le nom de Journal de la Belle Meunière[6].

« De bonne heure, j’ai pris une habitude que personne ne m’a enseignée : écrire le journal de ma vie. Je lui ai confié, à ce cher journal, et à lui seul, toutes les angoisses ignorées de l’existence d’une pauvre femme … Cependant, une clarté est venue traverser quelques années de mon existence. Le hasard m’a fait approcher le général Boulanger à l’époque la plus passionnante de sa carrière. J’ai vu de près, comme je crois que personne n’a pu la voir, sa vie intime, toute pleine de l’amour surhumain qui l’a étreinte jusqu’à l’étouffer. On ne cesse de me dire que ces choses sont devenues de l’Histoire et que je n’ai plus le droit de les garder pour moi. C’est bien. Je détache ces pages de mon livre… »[6].

La mère Quinton, appelée dans sa jeunesse « Belle Meunière », fut la confidente de l'amour clandestin entre le général Georges Boulanger et sa maîtresse, la vicomtesse Marguerite de Bonnemains. Elle les accueillit quatre fois secrètement dans son Auberge des Marronniers à Royat, au pied des volcans d'Auvergne, et pour la première fois le . Elle les suivit dans leur exil de l'île de Jersey, à Londres, et pour finir à Bruxelles. Elle devait élever leur enfant illégitime et partir aux États-Unis avec eux.

Une renommée sur tout le territoire

Après cela, Marie Quinton, veuve, sortit un livre à succès, réédité quarante-deux fois de son vivant, Le Journal de la Belle Meunière, le général Boulanger et son amie, ce qui lui valut une grande notoriété. Lors de l'Exposition universelle de 1900 (Paris), on installa même au pied du palais du Trocadéro, le cabaret Belle Meunière, de style Art nouveau, construit par le concessionnaire M. Tronchet. On fit des chars au carnaval de Nice comme celui de 1909, sans oublier la pièce de théâtre sur le général Boulanger donnée théâtre de la Porte-Saint-Martin à Paris en 1931, dont Marie Quinton est la narratrice. Elle investit également le Grand Hôtel Nice Palace, ainsi que son restaurant au palais Donadéï et son hôtel particulier (actuellement, Hôtel Belle Meunière à Nice).

Œuvres

  • Journal de la Belle Meunière, Paris, Dentu, 1895 lire en ligne sur Gallica.
  • Le coq au vin : historiette gastronomique, [s.l.], Imp. Schiffer, 1898.
  • La truite au bleu : historiette gastronomique, [s.l.], Imp. Schiffer, [189.-19..]

Bibliographie

  • Jean Ajalbert, Les Amants de Royat, Albin Michel, Paris, 1939.
  • Bernard Boucheix, Belle Meunière, la mère Quinton, les amours clandestins, éditions Créer, 2014, 135 p. (ISBN 978-2848195292).
  • Bernard Boucheix, Les Mères auvergnates, triptyque gastronomique dans la vallée de Royat[7], éditions Créer, 2016, 82 p. (ISBN 978-2848195810).
  • Bernard Boucheix, La Mère Quinton, « Belle Meunière », le général Boulanger, pièce de théâtre de Maurice Rostand[8], éditions Créer, 2016.
  • Pierre Denis Le Mémorial de Saint-Brelade, Paris, Ollendorff, 1894 lire en ligne sur Gallica.

Notes et références

  1. Royat-Chamalières, inventaire du patrimoine thermal, p. 25.
  2. Office de tourisme, « La Belle Meunière », sur tourisme-royat-chamalieres.com, (consulté le ).
  3. Auberge La Belle Meunière, « Un petit bout d'Histoire », sur la-belle-meuniere.com, (consulté le ).
  4. Ville de Clermont-Ferrand, « Le général Boulanger, rebelle et amoureux », sur clermont-ferrand.fr, (consulté le ).
  5. Bernard Boucheix, Les Mères auvergnates, triptyque gastronomique dans la vallée de Royat, ouvrage cité en bibliographie.
  6. Marie Quinton, « Le journal de la Belle Meunière », sur projet Gutenberg, (consulté le ).
  7. Il s'agit de trois cuisinières de Royat à la fin du XIXe siècle : la mère Gagnevin, la mère Mesure et la mère Quinton.
  8. Le Général Boulanger, pièce en deux parties et dix tableaux, en vers et en prose, écrite avec Pierre Mortier, Paris, Porte Saint-Martin, 5 octobre 1931. La narratrice est la Belle Meunière.

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