Marie Duplessis
Rose Alphonsine Plessis dite Marie Duplessis, comtesse de Perregaux, née le à Nonant-le-Pin et morte le à Paris, est une célèbre courtisane française qui inspire à Alexandre Dumas (fils) le personnage de Marguerite Gautier dans La Dame aux camélias.
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Nombre de faits connus au sujet d’Alphonsine Plessis sont mélangés aux légendes contemporaines et au personnage littéraire auquel elle a donné naissance.
Biographie
L’enfance et la première jeunesse d’Alphonsine Plessis sont marquées par une extrême pauvreté, celle-ci devant travailler très jeune comme servante d’hôtel à Exmes, puis dans une fabrique de parapluie à Gacé. Montée à Paris à l’âge de quinze ans, elle travaille d’abord comme blanchisseuse et chapelière jusqu’à ce qu’elle devienne la maîtresse d’un riche commerçant qui la met dans ses meubles. Cette jeune femme extrêmement attirante au sourire enchanteur, dont la beauté inhabituelle, l’élégance et le style feront la célébrité, devient rapidement, à peine âgée de seize ans, la courtisane la plus convoitée et la plus onéreuse de Paris.
Dans le portrait donné d’elle par Alexandre Dumas (fils), elle était « Grande et mince jusqu'à l'exagération, [...] La tête, une merveille, était l'objet d'une coquetterie particulière. [...] Dans un ovale d'une grâce indescriptible, mettez deux yeux noirs surmontés de sourcils d'un arc si pur qu'il semblait peint; voilez ces yeux de grands cils, qui, lorsqu'ils s'abaissaient, jetaient de l'ombre sur la teinte rose de ses joues; tracez un nez fin, droit, spirituel, aux narines un peu ouvertes par une aspiration ardente de la vie sensuelle; dessinez une bouche régulière, dont les lèvres s'ouvraient gracieusement sur des dents blanches comme du lait; colorez la peau de ce velouté qui couvre les pêches qu'aucune main n'a touchées, et vous aurez l'ensemble de cette charmante tête. » (p.11-12 de l'édition H.Piazza, 1935) Elle apprend alors à lire et à écrire, apprend le piano, et finira par être considérée comme extrêmement vive et extraordinairement cultivée, capable de converser sur tous les sujets, les hommes riches en vue étant disposés à lui accorder une aide financière régulière en échange de sa compagnie dans leur vie sociale et privée. Édouard Viénot a fait son portrait[1].
Elle se met alors à tenir un salon fréquenté par les écrivains et les politiciens en vue. Elle se montre au bois de Boulogne et à l’Opéra. Elle modifie également son nom, ajoutant un « du » qui sonne plus noble à son patronyme et abandonnant le prénom d’Alphonsine pour celui de Marie[2].
Durant sa courte vie, Marie Duplessis fut célèbre pour sa réputation de discrétion, d’intelligence et d’amoureuse pleine d’esprit. Nul de ceux l’approchant pour la première fois n’aurait pu penser être face à une courtisane. Elle est, pour ces raisons, restée populaire et dans les bonnes grâces de plusieurs de ses bienfaiteurs même après la fin de leur liaison. Elle fut la maîtresse d’Alexandre Dumas fils de septembre 1844 à août 1845. Ensuite elle est censée être devenue la maîtresse de Franz Liszt, qui a affirmé plus tard lui avoir offert de vivre avec elle[3].
Devenue la maîtresse du vicomte Édouard de Perregaux (1815-1898), fils d'Alphonse Perregaux, petit-fils du financier de l’Empire, elle l’épouse le 21 février 1846 à Londres[4]. Sincèrement épris, le vicomte a 29 ans et elle 22. Cependant, le mariage ne semble pas convenir à cette « courtisane » car Marie, devenue comtesse de Perregaux, retourne en France où elle s’abîme dans une vie de plus en plus agitée et dissipée en dépit de la phtisie qui la consume.
Moins d’un an plus tard, elle s’éteint dans son logement du 11 boulevard de la Madeleine, complètement ruinée et abandonnée de tous, sauf de deux de ses anciens amants, le comte Gustav von Stackelberg et le comte de Perregaux, restés à ses côtés. Indigente, elle est inhumée dans une fosse commune, mais son mari, le comte de Perregaux, la fait exhumer pour lui assurer des funérailles décentes.
Pauvre fille ! on m’a dit qu’à votre heure dernière,
Un seul homme était là pour vous fermer les yeux,
Et que, sur le chemin qui mène au cimetière,
Vos amis d’autrefois étaient réduits à deux !
— Alexandre Dumas fils
En réalité, les chaises de l’église de la Madeleine où eurent lieu les obsèques religieuses avaient été louées par vingt personnes environ. Toujours est-il que sa translation au cimetière de Montmartre, où elle repose dans une petite tombe, toujours fleurie, ornée de ces mots « Ici repose Alphonsine Plessis », passe pour avoir été somptueuse avec des centaines de personnes présentes.
Postérité
Théophile Gautier et Jules Janin, ont fait son éloge, mais le plus beau et le plus touchant est sans doute celui de Franz Liszt qui a dit une fois :
« Lorsque je pense à la pauvre Marie Duplessis, la corde mystérieuse d’une élégie antique résonne dans mon cœur. »
Lors de la vente aux enchères de ses biens pour défrayer ses dettes, toute la bonne et la moins bonne société de Paris se retrouva parmi les acheteurs tentant de s’arracher ses possessions.
Moins d’un an plus tard, Alexandre Dumas fils lui rend hommage avec sa Dame aux camélias, dont il disait « n’ayant pas encore l’âge où l’on invente, je me contente de raconter » ; il y narre sa relation, sous le nom d’« Armand Duval » avec Marie Duplessis dépeinte sous les traits de « Marguerite Gautier ». De ce roman, il fait ensuite une pièce qui sera jouée en . L’année suivante, Verdi crée, d’après cette pièce, le célèbre opéra La traviata, où il représente Marie sous le nom de « Violetta Valery ».
Le roman de Dumas fils ou l'histoire sont adaptés à plusieurs reprises au cinéma. En 1936, George Cukor réalise Camille, sorti en France sous le titre Le Roman de Marguerite Gautier. Marguerite Gautier est interprétée par Greta Garbo et Armand Duval par Robert Taylor. Par la suite, le réalisateur Baz Lhurmann s'en inspirera pour créer le film musical : Moulin Rouge ! Nicole Kidman y tient le rôle de Marie Duplessis, qui s'appelle dans le film « Satine » et Ewan McGregor celui d'Alexandre Dumas fils qui dans le film s'appelle « Christian ».
En 1981, le cinéaste italien Mauro Bolognini délaisse l'œuvre écrite pour s'attacher à la réalité historique en mettant en scène Isabelle Huppert dans le rôle d'Alphonsine Plessis pour sa version de La Dame aux camélias avec Mario Maranzana (en) et Fabrizio Bentivoglio dans les rôles respectifs d'Alexandre Dumas père et fils.
Notes et références
- (en) State University College at Fredonia New York. Dept. of Foreign Languages, Nineteenth-Century French Studies, vol. 2-3, (lire en ligne), p. 86.
- Sa mère Marie Deshayes est originaire de Saint-Germain-de-Clairefeuille.
- (en) James Huneker, Franz Liszt, BoD – Books on Demand, , 248 p. (ISBN 978-3-75233-22-09, lire en ligne), p. 26.
- Petite illustration, vol. 341-353, L'Illustration, (lire en ligne), p. 387.
Articles connexes
- Adaptations dans la littérature (romans, théâtre) et la danse La Dame aux camélias
- L'opéra La traviata
Liens externes
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