Marguerite Gérard

Marguerite Gérard est une artiste peintre française, née le à Grasse et morte le à Paris.

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Biographie

Jeunesse et formation

Marguerite Gérard est la fille du parfumeur grassois Claude Gérard et de sa femme Marie Gilette. Elle est la cadette d'une fratrie de sept enfants. Selon Sophie Chauveau (Fragonard. L'Invention du bonheur, 2011), Marguerite Gérard serait la mère biologique d'Alexandre-Évariste Fragonard.

En 1775, Marguerite Gérard entre en apprentissage chez sa sœur Marie-Anne Gérard et son beau-frère le peintre Jean Honoré Fragonard, installés au Louvre, à Paris[1]. Elle apprend la peinture et participe à l'exécution d’œuvres signées par Jean Honoré Fragonard, pratique commune au XVIIIe siècle. Jean Honoré Fragonard et Marguerite Gérard peignent à la manière des peintres hollandais, jeux d'ombres et de lumières, soieries, lustres[2].

Portraits intimistes

Dans les années 1780, Marguerite Gérard entreprend une série de petits portraits. Ces portraits correspondent à des portraits privés réservés aux intimes, en opposition au portrait public qu'encourageait l'Académie royale de peinture. À partir de 1786, Marguerite Gérard réalise des portraits d'enfants peu individualisés. De 1787 à 1791, elle peint plusieurs dizaines de portraits d'artistes et mécènes, sur des supports de bois, de dimension réduite (21 × 16 cm). Les mécènes prennent plaisirs à être représentés en artistes et les artistes acquièrent une position sociale plus importante. Les personnages regardent le spectateur, ils ont tous les yeux noirs. Un guéridon, une chaise et une table recouverte d'une étoffe rouge forment le décor. Elle ajoute un objet qui représente l'activité ou la profession du modèle. Les personnages sont vêtus de costumes contemporains, portent parfois la cocarde. Pour la première fois, elle peint sans Jean Honoré Fragonard, ce qui lui permet d'expérimenter de nouvelles techniques et de trouver son style[2]. Elle rencontre le succès, ce qui lui donne indépendance et aisance financière[1].

Marguerite Gérard réalise le portrait de Marie Ledoux et de ses filles (huile sur bois, 21 × 16 cm, collection particulière). L'architecte Claude-Nicolas Ledoux avait épousé Marie Bureau en 1764. Ils ont deux filles : Adélaïde en 1771 et Alexandrine en 1776. Marie Bureau meurt en 1794, ce qui permet de dater le tableau de 1787. Elle peint également le portrait de Ledoux vers 1787 en le représentant debout de face, s'appuyant sur un guéridon où est posé un dessin de la barrière de Reuilly (huile sur bois, 21 × 16 cm, Paris, musée Cognacq-Jay)[3].

L'enquête historique de Carole Blumenfeld réalisée dans les années 2000 a permis de redécouvrir l’œuvre de Marguerite Gérard. Nombre de ces portraits intimes, pour la plupart conservés dans des collections particulières, ont été présentés pour la première fois au public en 2009 au musée Cognacq-Jay à Paris[4].

Scènes de genre

Connue comme portraitiste, elle s'illustre aussi avec talent dans la peinture de genre et laisse dans ce domaine plusieurs chefs-d'œuvre, dont La Liseuse (vers 1783-1785, Cambridge, collection particulière), Le Petit Messager, Le Concert, L'Heureux Ménage.

Dans un portrait, les traits sont individualisés. Dans une scène de genre, Marguerite Gérard invente le modèle. Le personnage des deux tableaux du musée Antoine Vivenel à Compiègne (dits autrefois Portrait de Mlle Chatard) se retrouvent dans des scènes de genre comme Le Retour à la campagne. Le paysage de La Petite fille au panier de fleurs (musée Antoine Vivenel) ressemble à la peinture anglaise et montre que Marguerite Gérard sait s'adapter au goût anglais en vogue dans les années 1790[3].

De 1799 à 1824, Marguerite Gérard expose régulièrement au Salon, gagnant trois médailles[5]. Napoléon Ier se porte acquéreur de quelques-unes de ses œuvres[1]. La collection du cardinal Joseph Fesch (1763-1839), oncle de Napoléon Bonaparte comprend onze tableaux de Marguerite Gérard[6].

Œuvres de Marguerite Gérard

Plusieurs de ses peintures sont entrées en 2011 dans les collections du musée Fragonard à Grasse.

Exposition

  • Paris, musée Cognacq-Jay, Marguerite Gérard, Artiste en 1789, dans l'atelier de Fragonard, du au .

Notes et références

  1. (en) « Marguerite Gérard », sur National Museum of Women in the Arts (consulté le ).
  2. Carole Blumenfeld, Marguerite Gérard et ses portraits de société, Paris, Paris musées, , 175 p. (ISBN 978-2-7596-0109-7).
  3. Musée Cognacq-Jay, Marguerite Gérard : artiste en 1789, dans l'atelier de Fragonard, Paris, Paris Musées, , 175 p. (ISBN 978-2-7596-0109-7), p. 77-78.
  4. José de Los Laanos, De l'atelier au Salon. La sociabilité de l'artiste au XVIIIe siècle, Paris, Paris Musées, , 175 p. (ISBN 978-2-7596-0109-7), p. 46.
  5. « Marguerite Gérard », sur Dictionnaire des femmes de l'Ancienne France (consulté le ).
  6. Pierre Rosenberg et Carole Blumenfeld, Le cardinal Fesch et l'art de son temps : Fragonard, Marguerite Gérard, Jacques Sablet, Louis-Léopold Boilly : exposition, Ajaccio, Musée Fesch, 15 juin-30 septembre 2007, Paris, Ajaccio, Gallimard, Musée Fesch, , 181 p..
  7. « Portrait présumé de Jean-Jacques Lagrenée dit Portrait d'un homme dans un manteau croisé », notice sur parismuseescollections.paris.fr.
  8. « Portrait de l'architecte Claude-Nicolas Ledoux », notice sur parismuseescollections.paris.fr.

Annexes

Bibliographie

  • (en) Rena M. Hoisington et Perrin Stein, « Sous les yeux de Fragonard : The Prints of Marguerite Gérard », Print Quarterly, XXIX, no 2, p. 142-162.
  • Carole Blumenfeld et José de Los Llanos, Marguerite Gérard : artiste en 1789, dans l'atelier de Fragonard, Paris, Musée Cognacq-Jay, , 175 p. (ISBN 978-2-7596-0109-7).
  • (fr + et + en) Carole Blumenfeld, Marguerite Gérard, 1761-1837, Paris, Editions Gourcuff-Gradenigo, , 280 p. (ISBN 978-2-35340-273-1).

Liens externes

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