Rue du Marché aux Fromages

La rue du Marché aux Fromages, jadis Smaelbeek, aujourd'hui également désignée sous le sobriquet de rue des Pitas[1] ou rue des Pittas[2], est une très ancienne rue bruxelloise.

La rue du Marché aux Fromages, dessin par Léon van Dievoet.

Après avoir été renommée par les édiles communaux, rue du Cercueil, elle a retrouvé son nom historique.

Elle commence rue des Chapeliers et finit rue des Éperonniers.

Dans la rue du Marché aux Fromages, débouchent deux antiques impasses: l'impasse du Dragon (Draeckenganck), et l'Impasse du Poivre (Peperganck).

Maisons remarquables

La "nouvelle, grande et belle maison" nommée le Dragon de Fer ou den Eyseren Draeck, construite en 1709 par Jean-Baptiste van Dievoet (1663-1751), actuel 15-17 du Marché au Fromage. Le rez-de-chaussée a été transformé en 1882 pour en faire un espace commercial, on y voyait jadis au XVIIIe siècle, des boiseries avec des peintures encastrées et des cuirs dorés dans la pièce avant du rez-de-chaussée vers la rue. Sur la façade pendait comme enseigne un dragon de fer. Photo 2020.
Le 19 rue du Marché aux Fromage (en briques rouges), considéré comme la plus petite maison de Bruxelles, où s'ouvre l'impasse du Dragon.

Le Marché aux Fromages a conservé de nombreuses maisons anciennes, la plupart reconstruites après le bombardement de Bruxelles de 1695 ont subi de lourdes transformations au XIXe siècle mais sans perdre leur aspect original.

L'on y remarque les maisons nommées:

  • Zeepeerd (au Cheval Marin), actuel n° 1 au coin de la rue des Chapeliers. Encadrement de porte de style Louis XV.
  • Drij Pagekens (aux Troix Pages), actuel n° 5-7. Façade en briques et grès récemment décapée.
  • Den Eijseren Draeck (au Dragon de Fer), actuel 15-17. Vaste maison de maître construite[3] en 1709 par Jean-Baptiste van Dievoet (1663-1751), et située à droite de l'Impasse du Dragon. Le rez-de-chaussée a été totalement défiguré en 1882 et transformé en deux devantures commerciales[4]. On peut le regretter quand on lit dans les Wyckboeken[5] ou livre des Quartiers de Bruxelles, la belle description qui en est faite: "une nouvelle grande et belle maison que l'acheteur (Jean-Baptiste van Dievoet) a fait construire peu de temps après l'achat du terrain (en 1709)[6] et où actuellement pend le Dragon de Fer située sur le Marché aux Fromages". L'acte précise plus loin: "avec toutes les boiseries incluant les peintures qui y sont encastrées et les cuirs dorés qui sont tendus dans la pièce avant du rez-de-chaussée vers la rue, tout comme les menuiseries qui sont clouées dans ladite maison". Ce nom plonge son origine dans l'histoire la plus ancienne de Bruxelles puisque, selon la tradition, cette maison est située au lieu même où Saint Géry vainquit le Dragon qui semait la terreur sur le territoire de la future cité et dont l'antre était situé à cet endroit près du ruisseau appelé Smaelbeek[7].
  • De Kat (au Chat), actuel n° 35 formant le coin avec la rue des Éperonniers où elle porte le n° 43. Immeuble élevé[8] en 1697.

Situation administrative

Dans l'ancien régime, la ville de Bruxelles était divisée en 10 quartiers, comprenant chacun quatre sections (wijcken) formant les 40 sections (Wijcken).

Chaque quartier avait un "capitaine de la garde bourgeoise" et chaque section un "centenier" (hondersteman - centurio).

Le Marché aux Fromages, faisait partie du 10e quartier dit du Marché aux Fromages ( Kaesmarktwijk) ou du Marché aux herbes (Gersemercktwijk) et de la Trente-huitième Section (Wijck 38), appelée "Smaelbeekwijk", et appartenait à la paroisse de Saint-Nicolas.

Au XIXe siècle il faisait partie de la Section 8.

Bibliographie

  • Guillaume Des Marez et A. Rousseau, Guide illustré de Bruxelles, 1979, pp.30, 32, 62,151, 152.
  • Eugène Bochart, Dictionnaire historique des rues, places...de Bruxelles, Bruxelles, 1853.p. 281.
  • Le patrimoine monumental de la Belgique, Bruxelles, Pentagone, tome 1B, Bruxelles, 1993, pp. 404-406.
  • Albert Mehauden et Michel Vanwelkenhuyzen, La Ville de Bruxelles. Ses habitants, leurs métiers et leurs adresses vers 1767, Bruxelles, 1998.
  • Jean d’Osta, Dictionnaire historique et anecdotique des rues de Bruxelles, Bruxelles, 1986, pp. 187-188.

Notes

  1. « La Rue des Pitas n’est plus le Las Vegas bruxellois », sur www.lavenir.net (consulté le )
  2. N. G., « La rue des Pittas relookée », sur La Dernière Heure/Les Sports, (consulté le )
  3. Jean-Baptiste van Dievoet va y construire en 1709 la grande et belle demeure nommée Den Eyseren Draeck ou den Draeck sur le Marché-aux-Fromages. La construction de cette maison provoqua un procès avec son voisin Gérard Van Arckel à cause d’une fissure apparue dans son mur. (Archives Ville de Bruxelles, procès 4882. Procès, 1701-1710. Jan Baptista Van Dievoet contre Gérard Van Arckel. – 1710). Ce fait est relaté dans : Remarques sur le commentaire de Me Louis Le Grand, sur la coutume de Troyes, à l'usage des Pays-Bas Autrichiens et principalement du Duché de Brabant, partie première, Bruxelles, 1777 : « À quelles reparations est tenus celui, qui en bâtissant dans son propre fond, préjudicie à son voisin. N. Van Divoet faisant rebâtir sa Maison, et ayant fait des fondemens plus profonds que du passé, cela fut cause que le mur de N. Van Arckel, son Voisin, se fendit : Van Arckel le tira en justice, et il fut contraint à réparer la fente au dire des Experts ; mais Van Arckel ne s'étant pas contenté de cela ; le Magistrat de Bruxelles jugea que Van Divoet devoit passer parmi cette réparation, et cette Sentense fut confirmée au Conseil en Janvier 1711. au rapport de M. Farisseau, sous le Greffier Bodry ».
  4. Le patrimoine monumental de la Belgique, "Bruxelles. Pentagone", 1B, p. 405 : « R. d. ch. commercial aux devantures jumelées et "classiques" érigées en 1882 ».
  5. Archives Générales du Royaume, Wyckboecken de Bruxelles, SMALBEECK WYCK. N° 23: « schoonen grooten nieuwen huijse die den transportant corts naer sijn vercrijge daer op heeft doen maecken alwar tegenwooordigh is uijthanghende den eijseren Draeck gestaen ende geleghen op de Casemerckt....nieuwen grooten huijse genoemt den Eijseren Draeck ende dat met allen de boiseringhen in den selven huijse wesende beneffens de schilderijen in de selve boiseringhen sijnde ende de goude leiren hanghende in de voor camere beneden ter straete alsmeede de schrapprijen staende naghelvast in den voors. huyse »
  6. Lors du bombardement de 1695, la maison au Grand Dragon, (den Grooten Draeck) située Marché aux Fromages, avait été détruite et sur son emplacement ainsi que sur celui de la maison à sa droite également bombardée appelée au Petit Dragon (den Cleijnen Draeck) appelée ensuite de Witte Roose, avait été construite en 1709 par Jean-Baptiste van Dievoet la maison au Dragon de Fer (den Eijseren Draeck) sur un grand terrain bombardé, actuel n° 15 et 17 du Marché aux Fromages (Archives Générales du Royaume de Belgique, Notariat Général de Brabant, Notaire Van den Eede, protocole n° 1159, acte du 4 mai 1709, n° 69) : « op den vierden may 1709 daer by heer ende meester François Heymans, advocaat vanden Souvereynen Raede van Brabant cum suis is vercoopende aen Sr. Jan baptista van Dievoet coopman van wijnen deser stadt eene groote erve gelegen op de Caesemerckt alhier voor drye duysent guldens courant gelt » pour une valeur de 3.000 florins. Cette maison qui y sera construite par Jean-Baptiste van Dievoet immédiatement après son achat du terrain bombardé, est décrite comme étant une nouvelle belle et grande maison appelée au Dragon de Fer (Den Eyseren Draeck): een groote schone nieuwe huys appelée "Den Eyseren Draeck" ou "Dragon de Fer" d'où pendait comme disent les wijckboecken un dragon de fer: "waer hangt een eyseren draeck" (Archives Générales du Royaume, Wijckboeken, n° 23, Coop « Sekere groote gebombardeerde hoffstadt ofte erve waar op desen twee huijsen hebben gestaen genoemt den Grooten ende den Cleijnen Draeck, behoudelijck dat het huijs den Cleijnen Draeck daer naer is geheeten geworden de Witte Roose metten erve van het achterste huijsken gelegen in t' Draeckstraetien achter de voors. groote hoffstadt....metten schoonen grooten nieuwen huijs die den transportant corts naer sijn vercrijge daerop heeft doen maecken alwaer tegenwoordig is uijthangende den Eijseren Draeck ».Nous donnons ici la retranscription complète de l'acte des Wijckboecken de Bruxelles: Archives Générales du Royaume, Wijckboeken de Bruxelles. « SMALBEECK WYCK. N° 23 COOP Item 7 April 1740 voermiddagh ten thien ure heeft Sr Joannes Bapta van Dievoet den Jonghen ende Joe Elisabeth van der Meulen sijne huijsvrouwe vercreghen weghens Sr Joannes Bapta van Dievoet den Ouden, sekere groote gebombardeerde hoffstadt ofte erven waerop voor desen twee huijsen hebben gestaen genoemt den Grooten ende den Cleijnen Draeck, behoudelijck dat het huijs den Cleijnen Draeck daernaer is geheeten geworden de Witte Roose metter erve van het achterste huijsken geleghen int’ Draeckstraetien achter de voors groote hoffstadt beneffens alnoch sekere erffken ofte plaetsken in de lenghde ende breede geleijck dat aldaer geleghen was achter den wonhuijse des transportants met een ander erffken twelff voeten buijten s’muurs ende breedt tusschen de 5 a 6 voeten allent t’welck ineen is geincorporeert metten schoonen grooten nieuwen huijse die den transportant corts naer sijn vercrijge daer op heeft doen maecken alwar tegenwooordigh is uijthanghende den eijseren Draeck gestaen ende geleghen op de Casemerckt comende met d’eene zeijde ter kercke van St Jans weerts teghens eenen ganck aldaer sijnde ende metter andere zeijde ter merckt weerts aen de goeden der weduwe Walravens Meeus ende nu Segher Goossens Item alnoch sekere onder erve alwaer teghenwoordige de kokene oft eteplaetse van Sr Claudius Empereur ende Joe Maria Joanna Michelle sijne huijsvrouwe op is staende van sekeren hunnen achter huijse geleghen in de Hoedemaeckers straete in eenen ganck achter den huijse den Rooden Houdt wesende de selve onder erve breedt elft voeten salvo justo die is lanck 14 ½ voeten salvo justo is comende teghens de ete plaetse des transportants van het welck hij heeft gemaeckt een kelderken die hij heeft geunieert aen sijnen voors. nieuwen grooten huijse genoemt den Eijseren Draeck ende dat met allen de boiseringhen in den selven huijse wesende beneffens de schilderijen in de selve boiseringhen sijnde met buffet rebbanck ende de goude leiren hanghende in de voor camere beneden ter straete alsmeede de schrapprijen staende naghelvast in den voors. huyse, voor vrij suijver ende onbelast et prout latius in his..St Stadts Pontpengen. Gepassert sub G. van Veen 5 April 1740. COOP Item 24 Januarij 1777 naer middagh ten drij ure hebben D’heer Joannes Baptista van Dievoet ende Joe Anna Maria Lambrechts gehuijschen vercreygen teghens Joe Anna Maria Francisca van Dievoet geassisteert van d’hr Henricus Josephus vander Borcht haeren man ende momboir, Item teghens D’heer Petrus Jacobus Josephus ende D’heer Franciscus Josephus van Dievoet ende Jo Maria Elisabeth ende Maria Anna Josepha van Dievoet ieder van hun voor een sesde paert van ende in de naerbes(schreve) goederen waervan het resterende sesde paert aen den acceptant is competerende, dats te weten vijff sesde paerten van ende in sekere groote gebombardeerde hoffstadt ofte erven in den wijckboeck gequ(oteert) n° 23 Smaelbeeckwijck hier voren breeder vermelt. St Stadts Pontpengen f 17500 out. Gepasseert sub H. T’kint 17 Januarij 1777. Verte. CONSTITUTIE Item ijsdem die et hora hebben den heere Henrikus T’kint secretaris deser stadt Brussel ende Joe Maria Theresia Josepha, Joanna Barbara ende Joe Maria Cornelia T’kint huijsvrouwe van d’heer Lucas Joannes de Roovere die bij den voors. instrumente present sijne huijsvrouwe ten effecte naerbes. heeft geauthoriseert vercreghen teghens D’heer Joannes Baptista van Dievoet ende Joe Anna Maria Lambrechts gehuijsschen eene erffelijcke rente van drij hondert sestige guldens courant geldt s’jaers a rate den penninck xxv gemodificeert op drij hondert vijffthien guldens courant gelt s’jaers ende also teghens drij ende een halff per conto in capitael neghen duijsent guldens wissel geldt, Item alnoch eene erffelijcke rente van twee hondert veertige gul(den)s courant gelt s’jaers aen den voors. D’heer Lucas Joannes de Roovere ende Joe Maria Cornelia T’kint gehuijsschen gemodifieert op twee hondert thien guldens courant gelt s’jaers ende alsoo a rate van drij ende een helff par cento altijt beijde de respective renten achthien Januarij vallende in cappitael sesse duijsent guldens beset ende bewesen op den huijse hiervoren vermelt ende ist’selve geschiet met consent der naeste vrinden et prout latius in his. Non debet pontpeningen. Gepasseert sub P. W. de Fraye 18 Januarij 1777. »
  7. Victor Devogel, Légendes bruxelloises, illustrations de C.-J. Van Landuyt, Bruxelles, p.29 à 36. Voir p. 34: « Un dragon dévastait Bruxelles, ses campagnes, ses bois et ses marais. D'aucuns affirment même que l'allée du Dragon, qui existait autrefois dans notre cité, tirait son nom du séjour qu'y fit cet animal fabuleux. ». L'allée du Dragon s'appelle maintenant impasse de la Poupée.
  8. Le patrimoine monumental de la Belgique, Bruxelles, Pentagone, 1B, Bruxelles, 1993, p. 24 (rue des Éperonniers).

Voir aussi

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