Marc Machin

Marc Machin, né le à Paris[1] est un délinquant français, connu pour être la victime d'une erreur judiciaire.

Marc Machin
Innocenté
Information
Naissance
Paris, France
Nationalité française [réf. souhaitée]
Actions criminelles Accusé de meurtre , accusé de viol en 2018
Pays France

Il a été accusé en du meurtre d'une femme sur le pont de Neuilly. Il est condamné à dix-huit ans de réclusion criminelle pour ce crime en 2004. En , un SDF s'accuse du meurtre et son ADN est retrouvé sur les effets de la victime. Marc Machin est libéré en et acquitté en 2012 lors d’un procès en révision. C'est la huitième personne, depuis 1945, à être acquittée lors d’un procès en révision. Il a ainsi passé à tort 6 ans et demi en prison.

Depuis sa sortie de prison en 2008, il cumule les condamnations pour recel de vol, violences et agressions sexuelles, et, en , il est mis en examen pour viol et placé en détention provisoire[2].

Jeunesse

Fils d'un gardien de la paix vivant dans le 18e arrondissement à Paris, il est confié à la DDASS dès l'âge de 5 ans après une violente dispute entre ses parents : sa mère a tiré dans le mur avec l'arme de service de son père. Il est ensuite placé dans une famille d'accueil et y subit des viols de la part d'un adolescent. À 8 ans, ses grands-parents le recueillent à Marseillan dans l'Hérault, où il passe « les plus belles années de sa vie », malgré la mort de sa mère un an après, du Sida. Sa grand-mère meurt d'un cancer quatre ans plus tard. Il passe alors de foyer en foyer jusqu'à ce qu'il regagne le domicile de son père à l'adolescence. Il ne tarde pas à sombrer dans la délinquance. À 19 ans, sans emploi, il passe son temps à boire et fumer du cannabis[3].

Meurtre de Marie-Agnès Bedot et condamnation de Marc Machin

Le , Marie-Agnès Bedot, 45 ans, est retrouvée morte sur le pont de Neuilly vers 10h. Elle a été frappée deux fois à l'arme blanche dans le haut du thorax (sans doute des coups de couteau dont un mortel). Le lendemain, une infirmière, qui était passée sur les lieux du crime vers 7h35, affirme avoir vu « un jeune homme de type européen, les cheveux courts en arrière noirs ou bruns, portant notamment un blouson de cuir marron clair type aviateur avec un col en fourrure beige » d'après le signalement qu'elle donne aux policiers. Ce dernier lui aurait proposé de lui « sucer la chatte ». La diffusion de son témoignage dans tous les commissariats de la région parisienne donne vite des résultats : un policier de Suresnes se rappelle une phrase similaire prononcée dans une affaire d'agression sexuelle commise dans le hall d'un immeuble en par un jeune homme, Marc Machin, qui a « déjà un casier judiciaire chargé : vols en réunion, violences, dégradation de bien public et deux agressions sexuelles ». Les policiers se rendent au domicile de Marc Machin. Ils y découvrent un blouson de cuir marron avec un col doublé de fourrure synthétique. Marc Machin est conduit le [1] au 36 quai des Orfèvres pour interrogatoire[3].

Marc Machin affirme avoir deux témoins qui peuvent lui fournir un alibi pour la nuit du vendredi au samedi 1er décembre. Mais ses deux amis, marginaux comme lui, se montrent incapables de confirmer ses dires. Puis l'infirmière l'identifie de « façon quasi certaine » alors qu'il pose seul, revêtu du fameux blouson, placé derrière une vitre sans tain[3]. Elle réitère sa déclaration lors d'une brève reconstitution sur le lieu où elle dit l'avoir croisé[source insuffisante]. Marc Machin commence à douter de lui-même, car il mène une vie dissolue, sans horaires fixes comme ses deux copains, embrumée par l'alcool et le cannabis : à la fin de la deuxième journée de garde à vue, il en vient à se demander s'il ne souffre pas d'un dédoublement de personnalité, comme Guy Georges, le tueur en série. Pour France info, son erreur est d'en faire part aux enquêteurs[3]. Il se retrouve face à Jean-Claude Mulès, un policier très réputé, expert des aveux. Ce dernier parle avec Marc Machin de son enfance, devinant qu'il a été victime d’abus sexuels. Il lui promet aussi une détention ferme de seulement 5 années. Le jeune homme passe aux aveux, bien qu'il soit incapable de décrire directement le meurtre[4], se contentant de raconter ce qu'il est sûr d'avoir fait avant et après, sans pouvoir décrire l'acte lui-même[source insuffisante]. Il les renouvelle face au juge d’instruction, pressé qu'on arrête de lui poser des questions[3]. Il déclarera par la suite qu'il a dit au policier ce que celui-ci voulait entendre sortir de sa bouche[source insuffisante].

Une fois placé en détention provisoire à la maison d'arrêt de Nanterre, Marc Machin se reprend et affirme être innocent. Il explique au juge d'instruction comment s'est déroulée sa garde à vue et les pressions exercées. Le , une autre femme, Maria-Judith Araujo, est retrouvée morte sur le pont de Neuilly, tuée à coups de tesson de bouteille et violée. Malgré des similitudes avec le précédent crime, le juge d'instruction refuse de joindre les deux dossiers. En , les résultats du test ADN tombent : l'ADN de Machin n'est présent ni sur le corps de la victime, ni sur les lieux du crime. Mais il est toujours le suspect numéro 1 et il n'est pas relâché. Il est condamné à 18 ans de réclusion criminelle le . Sa peine est confirmée en appel avec douze ans de sûreté en prime le .

Découverte du vrai coupable et procès en révision

Le , David Sagno, un SDF d'origine guinéenne entre dans le commissariat de La Défense et vient se constituer prisonnier en s'accusant des deux meurtres pour soulager sa conscience. Il fait des aveux circonstanciés en donnant des détails précis aux policiers qui l'entendent, même si certains éléments de ses déclarations et son comportement froid et détaché par rapport à l'horreur de son récit questionnent un peu les enquêteurs sur son discernement et son état de santé mentale. Ils se demandent si Sagno n'a pas pu entendre tous les détails qu'il donne des meurtres par l'intermédiaire de la presse, ou s'il n'a pas pu parler avec Machin étant donné que les 2 hommes ont fréquenté le même établissement pénitentiaire. Mais après quelques hésitations, Sagno admet ne pas connaître Machin et ne jamais lui avoir parlé au cours d'une très brève confrontation entre les 2 suspects. Sagno ira même jusqu'à demander pardon à Marc Machin d'avoir écopé à sa place. L'enquête de personnalité va montrer qu'il est atteint d'une forme de dédoublement de personnalité (il s'est inventé un double), et qu'il s'intéresse de très près à l'ésotérisme et aux croyances rituelles (il dit avoir léché le sang des victimes par terre pour se sentir fort). Malgré son état de SDF et sa forte consommation d'alcool depuis l'adolescence, les policiers découvrent qu'il est néanmoins cultivé, s'exprime bien et fréquente assidûment les bibliothèques. Examiné par des experts psychiatres pendant sa détention, ceux-ci estiment que même si ses facultés ont pu être altérées pendant ces actes odieux, David Sagno est accessible à une sanction pénale.

Le , Rachida Dati, garde des sceaux, saisit la commission de révision des condamnations pénales[3]. Le , Machin sort de prison. Le , David Sagno est condamné à 30 ans de réclusion dont 20 de sûreté. Son ADN a été retrouvé sur les corps des deux victimes[5].

Le , Marc Machin est acquitté. La cour d'appel examine le sa demande de dommages de 2 millions d'euros faite à l’État pour les 2 126 jours passés derrière les barreaux[4]. Il obtient, en 2014, 663 320 € d'indemnisation, l'une des plus fortes sommes jamais octroyée pour une erreur judiciaire[6]. Il dilapidera cet argent en quelques années[7].

Affaires ultérieures

Le , Marc Machin est interpellé pour trois agressions sexuelles, dont deux sur mineures. Il écope de trois ans de prison ferme le . Il bénéficiera d'une libération conditionnelle le .

En , il est à nouveau brièvement incarcéré pour non-respect de ses obligations de suivi[3].

Le , rue Saint-Maur, dans le 11e arrondissement de Paris, une jeune femme ouvre la porte de l'appartement avec sa clé laissée sous le paillasson. Un individu est dans l'appartement qui l'aurait contrainte à des relations sexuelles, puis aurait quitté les lieux en emportant sa carte bleue pour retirer de l'argent au distributeur. C'est là que les images de surveillance de la banque parviennent à confondre Marc Machin, malgré son visage dissimulé, grâce au tatouage qu'il porte au cou. Le , il est mis en garde à vue pour cette affaire. Son ADN aurait été retrouvé sur la jupe de la victime[8].

Documentaires télévisés

  • « Marc Machin, les meurtres du pont de Neuilly » le dans Faites entrer l'accusé présenté par Frédérique Lantieri sur France 2.
  • « Psychose sur le pont de Neuilly » (premier reportage) dans « ... en Ile-de-France » le dans Crimes sur NRJ 12.
  • « Affaire Marc Machin : les meurtres du pont de Neuilly » (premier reportage) le dans Chroniques criminelles sur NT1.
  • « Spéciale erreurs judiciaires » (premier reportage) dans l'émission Présumé Innocent sur D8.

Références

  1. Sandrine Briclot, « L'affaire : Marc Machin ou la fabrication d’un coupable », sur leparisien.fr, (consulté le )
  2. Mis en examen pour viol, Marc Machin retourne en prison, article sur le site lemonde.fr, daté du 20 mai 2018.
  3. « Marc Machin : retour sur une erreur judiciaire en sept étapes », Franceinfo, (lire en ligne, consulté le )
  4. « Victime d'une erreur judiciaire, Marc Machin réclame 2 millions d'euros à l'Etat », Franceinfo, (lire en ligne, consulté le )
  5. « Marc Machin acquitté à l'issue de son procès en révision », Franceinfo, (lire en ligne, consulté le )
  6. « Marc Machin, victime d'une erreur judiciaire, obtient 663 320 euros », sur Le Monde.fr (consulté le )
  7. Valérie Mahaut, « Affaire Marc Machin : «Il n’a pas mûri», estime son avocat », sur leparisien.fr, (consulté le )
  8. « Marc Machin en garde à vue pour viol sous la menace d'une arme », sur LCI (consulté le )

Articles connexes

Bibliographie

  • Valérie Mahaut, Une erreur judiciaire presque parfaite, éd. du Moment,
  • Marc Machin, Seul contre tous, éd. Pascal Galodé,
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