Marathon aux Jeux olympiques de 1900

L'épreuve du marathon aux Jeux olympiques de 1900 s'est déroulée le à Paris, en France. Elle est remportée par le Français Michel Théato en 2 h 59 min 45 s. La distance parcourue est de 40,260 km.

Marathon aux Jeux olympiques de 1900
Les coureurs du marathon aux Jeux olympiques de 1900 peu après le départ, pris par Jules Beau.
Généralités
Sport Athlétisme
Marathon
Organisateur(s) Comité international olympique
Édition 2e
Lieu(x) Paris, Croix-Catelan (départ et arrivée)
Date
Nations 5
Participants 13
Palmarès
Tenant du titre Spyrídon Loúis (non présent)
Vainqueur / Michel Théato
Deuxième Émile Champion
Troisième Ernst Fast

Navigation

Contexte

Les Jeux olympiques de 1900 sont organisés du 14 mai au dans le cadre de l'Exposition universelle, où ils sont appelés les « Concours internationaux d'Exercices physiques et de Sports ». Si un nouveau stade d'une capacité de 70000 spectateurs est construit pour l'occasion, il n'est pas utilisé pour les épreuves d'athlétisme[1]. Celles si sont tenues du 14 au 22 juilllet dans les infrastructures du Racing Club de France dans le bois de Boulogne, le Comité international olympique (CIO) n'en possédant pas[1].

Déroulement

Les coureurs pris avant la course par le photographe Jules Beau.
...au départ.

Quatorze athlète de quatre nationalités prennent part à la course[2]. Le départ est donné depuis le Croix-Catelan, un stade alors situé dans le bois de Boulogne[2].

Arrivée de Len Hurst au marathon professionnel de Paris de 1900, en 2 h 26 min 48 s pour 40 km, soit trente minutes plus rapidement que Michel Théato lors des Jeux olympiques.

La course se déroule le 19 juillet 1900, un des jours les plus chauds de l'été avec des températures atteignant les 39 °C à l'ombre[2],[3],[4]. L'épreuve est toutefois maintenue et le départ est même donné à précisément 14h36, soit à un moment les plus chauds de la journée[2],[4]. Certains coureurs sont munis de canotiers pour se protéger du soleil[4]. Cette décision des organisateurs de faire partir une telle course d'endurance lors d'une « canicule » est vivement critiquée par les journalistes sportifs de l'époque dans La Vie au grand air[5].

La distance à parcourir est de 40,260 km, la valeur contemporaine de 42,195 km n'étant pas encore fixée[4]. Les athlètes commencent par quatre tours du stade du Croix-Catelan, d'une longueur de piste de 500 mètres, puis réalisent un tour de Paris en emprentant les rues de la capitale[2]. Un participant, Johan Nyström abandonne très rapidement avant d'avoir accompli un tour du stade[2].

Peu d'informations sont connues sur les positions après la sortie du stade. Le reste du parcours consiste à un tour des fortifications de Paris, ce qui vaut à ce marathon d'être parfois surnommé le « marathon des fortifs »[4],[6]. La vie quotidienne des parisiens n'ayant pas été encadrée, les coureurs doivent donc éviter la circulation des automobiles ou tramways, les piétons ainsi que des troupeaux de bêtes à proximité des abattoirs de la Villette[6],[7].

Il apparaît que Georges Touquet-Daunis aurait mené jusqu'à plus de la moitié de la course, accompagné par Ernst Fast  qui se serait par ailleurs un temps trompé de direction en sortant du stade[2],[4]. Le premier abandonne cependant, et le second est très émoussé physiquement malgré son statut de favori[7]. Georges Touquet-Daunis aurait par ailleurs quitté la course après s'être arrêté à un café et bu plusieurs bières, mettant en cause la chaleur[7].

Émile Champion portant le dossard numéro 2 et ses entraîneurs, l'un étant en train de boire de l'eau.

Ernst Fast est ensuite dépassé par Michel Théato près de Châtillon à environ six kilomètres de l'arrivée[5], suivi de près par Émile Champion, et fini près de quarante minutes après les deux coureurs français[2],[4].

Michael Théato conclut sa course avec un retour au Croix-Catelan en 2 h 59 min 45 s[2], et serait arrivé « très frais »[5]. Deux mille spectateurs sont présents à l'arrivée[4]. Émile Champion, pourtant donné favori[4], finit quant à lui en 3 h 4 min 37 s[2]. Seuls sept coureurs sur les treize engagés finissent ce tour de Paris, probablement à cause de la chaleur[2],[4]. Ces performances sont notées comme décevantes par les journalistes sportifs d'époque, qui mentionnent que le vainqueur du marathon professionnel de la même année avait fini plus d'une demi-heure plus vite[5].

Michel Théato passant sur le boulevard Murat, devant la porte de Saint-Cloud. Il est encouragé par des cyclistes et des piétons.

L'américain Arthur Newton, qui finit cinquième après plus de quatre heures de course, accuse a posteriori les deux français arrivés en tête d'avoir utilisé leurs connaissances des rues de Paris afin de frauder car il ne les a jamais vu le dépasser[2]. Les deux coureurs canadiens Dick Grant et Ronald J. MacDonald auraient également porté des accusations similaires[4]. Elles sont notamment étayées par le fait que Michel Théato travaillait dans une boulangerie et connaissait bien Paris pour ses livraisons, mais la prise de raccourcis est contredite par les rapports de course et aucune preuve n'est apportée[2],[4]. Il est par ailleurs ensuite établi avec certitude que Michel Théato était plutôt ouvrier ébéniste à Saint-Mandé[3],[4].

Les trois premiers arrivés ne reçoivent comme récompense après la course que des potteries sans réelle valeur[8]. Les médailles olympiques d'or, d'argent et de bronze ne sont introduites qu'à l'olympiade suivante à Saint-Louis en 1904[8] et les vainqueurs du marathon de 1900 ne reçoivent leur médaille rétroactivement qu'en 1912 sans cérémonie[4].

Arrivée de Michel Théato lors du marathon, prise par Jules Beau.
L'arrivée de Michel Théato vue sous un autre angle, publiée dans La Vie au grand air. À gauche le journaliste sportif Frantz Reichel[5].
Arrivée d'un concurrent portant le numéro 21. Jules Beau classe cette image avec celles du marathon des Jeux olympiques 1900 bien qu'aucune personne n'y portait le dossard 21.

Michel Théato est considéré comme le premier champion olympique de l'athlétisme français[4],[6]. Il décide après cette course de passer professionnel mais ne connaîtra pas le succès[4],[6]. Dans les années 1990, l'historien et statisticien de l'athlétisme Alain Bouillé confirme que l'athlète n'était pas français au moment de la course mais bien luxembourgeois, car né à Luxembourg-Ville en 1878 et n'ayant pas réalisé de service militaire pour la France[2],[7]. Les athlètes Suédois se seraient plaints pour la même raison de l'attribution de la victoire à la France peu après la course, mais auraient été déboutés car il courrait sous les couleurs du Racing Club et à ce titre pour la France[4],[6].

Le Luxembourg porte toutefois réclamation un siècle plus tard mais est débouté par le CIO en 2004, de façon « définitive »[6],[7]. Cependant, en 2021, le site du CIO affiche pour les résultats de la course le drapeau luxembourgeois associée Michel Théato, impliquant que la médaille est à présent attribuée au Luxembourg[9].

Résultats

Sources : Olympedia[2] et Comité international olympique[9].

Place Numéro Athlète Temps
1 3 / Michel Théato 2 h 59 min 45 s
2 2 Émile Champion 3 h 04 min 17 s
3 14 Ernst Fast 3 h 37 min 14 s
4 6 Eugène Besse 4 h 00 min 43 s
5 4 Arthur Newton 4 h 04 min 12 s
6 15 Dick Grant Inconnu
7 16 Ronald MacDonald Inconnu
13 Auguste Marchais DNF
8 Johan Nyström DNF
5 E. Ion Pool DNF
11 Frederick Randall DNF
9 William Saward DNF
1 Georges Touquet-Daunis DNF
Records et Performances

  AR : Record continental (area record)
  CR : Record des championnats (championship record)
  MR : Record du meeting (meet record)
  NR : Record national (national record)
  OR : Record olympique (olympic record)
  PB : Record personnel (personal best)
  SB : Meilleure performance personnelle de la saison (season's best)
  WL : Meilleure performance mondiale de l'année (world leader)
WJR : Record du monde junior (world junior record)
  WR : Record du monde (world record)

Circonstances et Conditions

DNF : N'a pas terminé (did not finish)
DNS : N'a pas pris le départ (did not start)
  DQ : Disqualification (disqualification)
    Q : Qualifié « directement » au prochain tour (ou à la prochaine compétition), lors d'une compétition majeure, grâce au classement ou à la réalisation des minima (automatic qualifier)
    q : Qualifié au prochain tour (ou à la prochaine compétition), lors d'une compétition majeure, grâce au repêchage ou à la réalisation de l'une des meilleures performances parmi celles des « non qualifiés directement » (grâce au meilleur temps ou à la meilleure distance par exemple) (secondary qualifier)

Notes et références

  1. Martin et Gynn 2000, p. 25.
  2. (en) « Marathon, Men - 1900 », sur www.olympedia.org (consulté le )
  3. Marjorie Michel, « Dans le rétro des JO : quand Paris accueillait les Jeux olympiques, en 1900 et 1924 », sur Sud Ouest, (consulté le )
  4. Eric Michel, « A la Croix-Catelan, dans le bois de Boulogne, Michel Théato, le champion olympique oublié », sur Le Parisien, (consulté le )
  5. La Vie au grand air : revue illustrée de tous les sports, Paris, , 602 p. (lire en ligne), p. 593
  6. Pierre Lagrue, « Michel THÉATO (1878-1919) », sur L'olympisme inattendu (consulté le )
  7. « Le premier champion olympique de l'athlétisme français était… Luxembourgeois! », sur RTL Télé Lëtzebuerg, (consulté le )
  8. Martin et Gynn 2000, p. xi.
  9. (en) Comité international olympique, « Paris 1900 : Résultats marathon hommes », sur Olympics.com (consulté le )

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

 : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • Daniel Mérillon (dir.), Rapports : Concours Internationaux d'exercices physiques et de sports, t. 2, Paris, Imprimerie nationale, , 427 p. (lire en ligne).
  • (en) Charles C. Lovett, Olympic marathon : a centennial history of the games' most storied race, Praeger, (ISBN 0-275-95771-3 et 978-0-275-95771-1, OCLC 35770999).
  • (en) Bill Mallon, The 1900 Olympic Games : Results for All Competitors in All Events, with Commentary, Jefferson (Caroline du Nord), McFarland & Company, , 232 p. (ISBN 978-0786403783, lire en ligne).
  • (en) David E. Martin et Roger W. H. Gynn, The Olympic marathon [« Le marathon olympique »], Human Kinetics, , 532 p. (ISBN 0-88011-969-1 et 978-0-88011-969-6, OCLC 42823784, lire en ligne), « 1904: Tom Hicks Conquers Heat Wave In St. Louis ». .
  • André Drevon, Les Jeux olympiques oubliés : Paris 1900, Paris, CNRS Éditions, , 218 p. (ISBN 2-271-05838-4).
  • Raymond Pointu, Les marathons olympiques : Athènes 1896-Athènes 2004, Calmann-Lévy, (ISBN 2-7021-3380-0 et 978-2-7021-3380-4, OCLC 417374610).
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