Manoir d'Argouges
Le manoir d'Argouges est une demeure, de la fin du XVe siècle, qui se dresse sur la commune de Vaux-sur-Aure dans le département du Calvados, en région Normandie. C'est un lieu de féerie avec la légende de la fée d'Argouges, dont l'empreinte d'un pied est encore visible, dit-on, sur le rebord d'une fenêtre du manoir.
Le manoir fait l’objet d’un classement au titre des monuments historiques par décret du [1].
Localisation
Le manoir est situé dans un site sauvage et préservé à 2,2 kilomètres au nord-ouest de l'église Saint-Aubin de Vaux-sur-Aure, dans le département français du Calvados.
Historique
Le fief de la puissante famille d'Argouges est mentionné pour la première fois au VIIIe siècle. Il est la possession de la famille de Vautier d'Argouges. Ce dernier est un proche de Guillaume le Conquérant, qu'il nomme membre du conseil de régence lorsque Guillaume s'embarque pour aller conquérir l'Angleterre[2].
Lors de la guerre de Cent Ans, le manoir est pillé et en partie détruit. Une garnison anglaise y sera massacrée par du Guesclin. Le manoir est reconstruit à la fin du XVe siècle par Pierre d'Argouges. En 1632, Joachim d'Argouges, vend la seigneurie à Madelaine de Choisy, sœur de Jean de Choisy, comte de Choisy, seigneur de Balleroy et de Beaumont-le-Richard[3].
Quasi-abandonné dès 1524, le déclin fait son œuvre. Joachim d’Argouges, dernier seigneur des lieux, vend le fief sous Louis XIII. L’acquéreur, Jean de Choisy, seigneur de Balleroy, fait préciser dans son état des lieux que « l’édifice est déjà devenu définitivement impropre à l’habitation » et installe seulement un métayer dans une partie secondaire. Cette seule présence évite cependant les habituels pillages de ce type de demeure délaissée et ce ne sont pas moins de onze cheminées monumentales que l’on peut encore aujourd’hui contempler[réf. nécessaire].
En 1722, le manoir est acquis par Claude Olivier Regnault, président trésorier de France à Caen[3].
Laure et Bertrand Levasseur, en 1983 en font l'acquisition. Très délabré et menaçant ruine, ils entreprennent alors sa restauration et la mise en valeur du domaine[3] que Gustave Flaubert, parmi d’autres non moins célèbres, décrivait déjà comme « livré aux cochons[réf. nécessaire] ». Il n’est pourtant pas le seul à avoir souligné l’immense intérêt de ces lieux singulièrement préservés : Prosper Mérimée, à la suite de nombreux abbés savant du XVIIIe siècle, de même qu’Arcisse de Caumont, vantèrent le manoir d’Argouges.
Description
Le manoir d'Argouges offre un exemple de transition entre une féodalité finissante et les débuts de la Renaissance. Entouré de douves en eau, c'est l'un des plus beaux manoirs médiévaux de Normandie. Il fut édifié à partir du XIVe siècle (mur d'enceinte et tour Sud-Est) continué au XVe (corps de logis, colombier, granges, écuries) modifié vers 1510 (corps de logis reconstruit, écuries restaurées, portail et deux tours ajoutées, au nord et à l'ouest, baies, cheminées et escalier refaits, deux grandes salles superposées commencées). Les travaux s'arrêtèrent en 1530 avant que soient achevés le Grand Escalier et les grandes salles. La famille d'Argouges se sépara du manoir en 1634 et il fut transformé en ferme. La salle basse devint écurie, la maison du jardinier devint fournil, etc. Arcisse de Caumont le remarqua, et il fit l'objet de tableaux et de lithographies à l'époque romantique.
Guère remanié depuis sa construction, c'est sa partie droite, enceinte de la cour et tour sud-est, qui seraient les plus anciennes, et remonteraient à la fin du XIVe siècle[4].
La partie gauche comprend notamment le porche, avec porte charretière et porte piétonne, surmonté de trois créneaux. Un modillon sculpté figurant la tête d'un homme est apposé au dessus et à gauche de la porte charretière. À côté du porche se trouve un four à pain[5].
Le logis seigneurial, ceint de douves et d'un petit mur d'enceinte, se présente sous la forme de deux pavillons bâti en pierre de Caen. Le pavillon de droite, a en son centre une tour polygonale, et celui de gauche, une tour hexagonale avec une fenêtre centrale surmontée d'un fronton sculpté, plus basse que la précédente car inachevée. Le logis s'éclaire majoritairement pas des fenêtres à meneaux. Autour du logis, et l'entourant de dressent des dépendances ainsi qu'une tour de garde ronde couronnée de mâchicoulis et percée d'embrasures de tir, et une grosse tour servant de colombier avec 1 474 boulins. Les communs, dont un à usage de pressoir, accessible grâce à un escalier en pierre, prennent place à l'extérieur des douves[5].
À proximité du manoir, et aujourd'hui ruinée, se dressent les restes d'une église romane, épaulée de solides contreforts, dédiée à saint Pierre, et édifié probablement à la place d'un fanum, (petit temple gallo-romain)[5].
Le portail. Le colombier et la façade. Le pressois. Les vestiges de l'église Saint-Pierre.
Notes et références
- « Ancien manoir d'Argouges », notice no PA00111781, base Mérimée, ministère français de la Culture.
- Pierre Brunet et Bernard Gourbin, Fermes-manoirs du Bessin, Bayeux, Éditions OREP, , 80 p. (ISBN 978-2-8151-0207-0), p. 72.
- Brunet et Gourbin 2014, p. 72.
- « Château dit Manoir d'Argouges », notice no IA00122134, base Mérimée, ministère français de la Culture.
- Brunet et Gourbin 2014, p. 73.
Voir aussi
Bibliographie
- Arcisse de Caumont, Statistique monumentale du Calvados, t. 3 : Arrondissements de Vire et de Bayeux, Caen, Hardel, (lire en ligne), p. 596 à 598
Articles connexes
Liens externes
- Ressource relative à l'architecture :
- Site officiel
- [PDF] Le manoir d'Argouges sur le site de la communauté de commune
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