Mancomunidad de Catalogne

La Mancomunidad de Catalogne (en espagnol Mancomunidad de Cataluña ; en catalan Mancomunitat de Catalunya)[1] fut une institution qui regroupa, entre 1914 et 1925, les quatre institutions provinciales catalanes (Diputacions de Barcelone, de Tarragone, de Lérida et de Gérone).

Mancomunidad de Catalogne
(ca) Mancomunitat de Catalunya
(es) Mancomunidad de Cataluña

1914–1925


Drapeau

Blason
Informations générales
Statut Mancomunidad de provinces
Capitale Barcelone
Langue(s) Catalan
Espagnol
Histoire et événements
6 avril 1914 Création de la Mancomunidad de Catalogne
20 mars 1925 Dissolution de la Mancomunidad de Catalogne

Le projet fut présenté par Enric Prat de la Riba le à José Canalejas, président du gouvernement espagnol. Il fut voté par le Congrès le . Le , un décret royal fut publié, par lequel les diputacions étaient autorisées à se fédérer et, le , le gouvernement approuva le statut de Mancomunitat. Elle se constitua finalement le , et Prat de la Riba en fut élu président. Onze ans plus tard, le dictateur Miguel Primo de Rivera suspendit la Mancomunidad de Catalogne.

Histoire

Naissance

En 1911, Enric Prat de la Riba, leader de la Ligue régionaliste catalane (en catalan Lliga Regionalista) et président de la députation provinciale de Barcelone depuis 1907, décide de redonner une impulsion à une vieille revendication catalane, qui apparaissait également dans le programme de la coalition Solidarité catalane (en catalan Solidaritat Catalana), qui avait remporté les élections générales en Catalogne en 1907 : fusionner les quatre députations provinciales catalanes en une unique députation régionale de Catalogne. Le , les quatre députations provinciales approuvent ensemble un texte, les Bases de la mancomunidad catalane (en catalan Bases de Mancomunitat Catalana), qui prévoit la formation d'une assemblée composée de tous les députés provinciaux et d'une conseil exécutif permanent de huit membres, à raison de deux par province. Un mois et demi plus tard, le projet est soumis au président du gouvernement José Canalejas, qui le présente le aux Cortes générales espagnoles, au cœur d'un projet de loi plus général sur les mancomunidad. Cependant, le projet de loi rencontre l'opposition d'une partie de son propre parti, le Parti libéral fusionniste, menée par Segismundo Moret et Niceto Alcalá Zamora.

Afin d'obtenir le soutien de la majorité des députés libéraux, Canalejas ne ménage pas ses efforts : le projet est adopté le par les députés des Cortes générales. Mais lorsque Canalejas est assassiné par l'anarchiste Manuel Pardiñas Serrano, le , le projet n'a pas encore été approuvé par le Sénat espagnol. Afin de soutenir publiquement le vote de la loi, les quatre députations catalanes organisent un plébiscite en faveur du projet dans toutes les communes catalanes. Le , une grande manifestation est également organisée dans les rues de Barcelone[2]. Finalement, la loi est votée par le Sénat. C'est le conservateur Eduardo Dato qui promulgue le décret royal. Le , le roi Alphonse XIII signe le décret sur les mancomunidades provinciales.

Bien que le décret soit applicable pour toutes les provinces d'Espagne, seules les quatre provinces catalanes voient leur projet aboutir. La mancomunidad de Catalogne est formée le . D'autres projets, comme celui de mancomunidad valencienne, ne voit pas le jour. Certaines provinces, comme celles de Castille, s'opposent même fermement au projet dans un texte commun présenté le .

Chronologie

  • 1907. La députation de Barcelone, sous la présidence d'Enric Prat de la Riba, crée l'Institut d'études catalanes. Elle crée également la Bibliothèque de Catalogne, liée à l'Institut.
  • 1914. Constitution de la Mancomunidad de Catalogne et inauguration de la Bibliothèque de Catalogne.
  • 1917. La Ligue régionaliste prend la tête du mouvement de l'Assemblée des parlementaires. À la suite de la mort de Prat de la Riba, Josep Puig i Cadafalch devient le nouveau président de la Mancomunidad. La Ligue régionaliste entre pour la première fois au gouvernement espagnol.
  • 1918-1919. Campagne en faveur de l'autonomie de la Catalogne.
  • 1923. Le capitaine général de Catalogne, Miguel Primo de Rivera, prend le pouvoir à la suite d'un coup d'État.
  • 1924. Le général Carlos de Lossada est nommé président de la Mancomunidad. Il est ensuite remplacé par Alfons Sala, nommé comte de Egara en 1926.
  • 1925. La dictature de Primo de Rivera dissout la Mancomunidad.

Organisation

La Mancomunidad de Catalogne est formée par la Présidence (en catalan Presidència), le Conseil permanent (en catalan Consell permanent) et l'Assemblée générale (en catalan Assemblea general).

Le Président de la Mancomunidad est élue par les membres de l'Assemblée générale. Les présidents furent :

  • Enric Prat de la Riba (1914-1917), membre de la Ligue régionaliste catalane, mort en fonction ;
  • Josep Puig i Cadafalch (1917-1924), membre de la Ligue régionaliste catalane, destitué à la suite du coup d’État de Primo de Rivera ;
  • Carlos de Lossada y Canterac (1924), gouverneur militaire de Barcelone et président par interim au mois de  ;
  • Alfons Sala (1924-1925), membre de l'Union monarchiste nationale, mis en place par le régime de Primo de Rivera, jusqu'à la suppression de la mancomunidad.

Rôle politique

Les présidents des quatre députations catalanes (couverture de La Ilustració Catalana, 22 octobre 1911).

Bien que ses fonctions ne fussent que d'ordre administratif et que ses pouvoirs n'excédassent pas ceux des diputaciones provinciales, elle acquit une grande importance politique : elle représentait le premier pas dans la reconnaissance de la personnalité et de l'unité territoriale de la Catalogne de la part de l'État espagnol depuis 1714.

Elle était formée par une assemblée qui regroupait les quatre-vingt-seize députés de Catalogne aux Cortès espagnoles. Le Conseil était formé de huit conseillers et d'un président.

En 1918, la Mancomunidad lança une campagne en faveur du statut d'autonomie de la Catalogne. Le projet (es) aboutit en 1919 et fut approuvé par 98 % des citoyens catalans consultés[3].

Une autre étape importante fut la promotion de l'œuvre de Pompeu Fabra qui normalisa la langue catalane.

L'activité de la Mancomunitat de Catalunya cessa sous la dictature de Primo de Rivera, capitaine général de Catalogne, qui prit le pouvoir par un coup d'État en 1923. Il suspendit très rapidement le statut d'autonomie[3], puis dissolut la Mancomunidad de Catalogne le .

Références

  1. Pierre Vilar, Histoire de l'Espagne: « Que sais-je ? » n° 275, Que sais-je, (ISBN 978-2-13-080339-3, lire en ligne) :
    « La "Mancommunauté", organe d'autonomie partielle. »
  2. (ca) Albert Balcells, 2010, p. 27.
  3. « El « problema perpetuo » del Estatuto catalán », ABC, 4 avril 2012.

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

Liens externes

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