Maison centrale de Clairvaux

La prison de Clairvaux est une maison centrale française située à Ville-sous-la-Ferté, dans le département de l'Aube, région Champagne-Ardenne, établie sur le site de l'abbaye de Clairvaux depuis 1804[1].

La fermeture de la centrale a été annoncée[2] le au cours d'un discours donné à l'École nationale de l'administration pénitentiaire, à Agen, par le ministre de la justice Jean-Jacques Urvoas.

Malgré la mobilisation d'élus et d'habitants[3], l'arrêté ministériel du , décret n° 301 du , entérine la fermeture de la centrale de Clairvaux pour le .

Situation

L'établissement est situé dans l'aire judiciaire de la cour d'appel de Reims et du tribunal de grande instance de Troyes.

Histoire

Transformation en prison

La transformation d'abbayes en prisons est courante au XIXe siècle (le Mont-Saint-Michel, Fontevraud etc) et est liée à la réforme du système pénal qui institue une nouvelle peine : la privation de liberté. Les abbayes, avec leurs murs d'enceinte et leurs cellules, semblent alors idéales[4]. De plus, l'expulsion des moines à la suite de la Révolution française a vidé de nombreux monastères, et les biens du clergé ont été déclarés biens nationaux.

L'ensemble de l'abbaye est ainsi transformé en prison[5] : le bâtiment des convers devient la prison des femmes puis les ateliers de travail ; le grand cloître est voué à la détention masculine. En 1812, l'église abbatiale est vendue comme carrière de pierres pour honorer des dettes. Le directeur de la prison est révoqué à la suite de la vente de l'église car il n'y a plus de lieu de culte pour les détenus. L'ancien réfectoire des moines est alors transformé en chapelle des prisonniers[6].

Pendant la Seconde Guerre mondiale, Clairvaux sert également de lieu d'internement pour les opposants politiques, militants communistes et syndicalistes, ainsi que des Juifs habitant dans la région. Les détenus souffrent de conditions d’internement particulièrement dures et peuvent être livrés aux Allemands quand ces derniers réclament des otages[7].

La maison centrale proprement dite bénéficie de nouveaux locaux bâtis dans les années 1960.

Les bâtiments appartenant au ministère français de la culture sont ouverts toute l'année aux visites.

Détenus

Au XIXe siècle

Parmi les détenus, en détention provisoire ou condamnés à des peines plus ou moins longues ou récurrentes :

  • Claude Gueux, condamné à la peine capitale, il fut l'inspirateur de Claude Gueux, l'un des premiers livres de Victor Hugo contre la peine de mort,
  • Auguste Blanqui, détenu à Clairvaux de 1872 à 1877[5].
  • Pierre Kropotkine, anarchiste russe, détenu entre 1883 et 1886. Son expérience a nourri son analyse du système des prisons[8].
Au XXe siècle

La maison centrale compte 240 places hébergeant, en 2009, 160 longues peines, dont 48 perpétuités[14].

Références

  1. (fr) « La maison centrale de Clairvaux », sur l'annuaire du site Internet du ministère français de la justice
  2. « Prison : la maison centrale de Clairvaux, vétuste, va "vite" fermer », sur www.europe1.fr (consulté le )
  3. Clément Renard, « La centrale de Clairvaux aux portes de la pénitence », sur leparisien.fr, (consulté le ).
  4. « Falk Bretschneider, Julie Claustre, Isabelle Heullant-Donat, Elisabeth Lusset, webdocumentaire Le cloître et la prison. Les espaces de l'enfermement, 2018 »
  5. Fey Dominique et Herbelot Lydie, CLAIRVAUX, vies emmurées au XIXe siècle, Saint-Parres-aux-Tertres, TheBookEdition, , 447 p. (ISBN 978-2-7466-6688-7, lire en ligne)
  6. « Falk Bretschneider, Julie Claustre, Isabelle Heullant-Donat, Elisabeth Lusset, webdocumentaire Le cloître et la prison. Les espaces de l'enfermement, 2018 »
  7. Claudine Cardon-Hamet, Pierre Cardon, « La maison centrale de Clairvaux », sur politique-auschwitz.blogspot.fr, (consulté le ).
  8. Extraits d'une conférence que Pierre Kropotkine fit à Paris, salle Rivoli, le 20 décembre 1887.
  9. « Notice ROMAGON Maurice, par René Lemarquis », sur Maitron en ligne,
  10. Jacques Prévotat, op. cit., p. 520-521.
  11. Les principales prises d'otage dans des prisons françaises.
  12. Jean-Marc Ducos, « Clairvaux (Aube) : « La France n'a pas honte de la centrale de Clairvaux » », sur Le Parisien, (consulté le ) : « Guy Georges, le tueur de l'Est parisien, y est également incarcéré. »
  13. AFP, « Projet d'évasion: garde à vue prolongée » sur Le Figaro, 19 mai 2010
  14. Bastien Bonnefous, « «20 Minutes» a rencontré plusieurs détenus à perpétuité de la centrale de Clairvaux », (consulté le )

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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