Madeleine Guilbert
Madeleine Guilbert, née le à Deneuille-les-Mines (Allier), morte le à Rognes (Bouches-du-Rhône), est une sociologue du travail, militante féministe et syndicaliste française. Elle est la première sociologue française à mener des recherches sur le travail des femmes.
Biographie
Née Madeleine Gazut, dans le département de l'Allier, fille d'instituteurs[1], elle fréquente donc le lycée de jeunes filles de Montluçon, puis celui de Moulins. Elle part faire des études de philosophie à Paris.
Dans les années 1930, au moment du Front Populaire, elle rejoint le mouvement des Jeunesses socialistes.
Elle passe la Seconde Guerre mondiale à Marseille où son époux, le lexicologue Louis Guilbert, a été nommé enseignant ; ils y participent à la Résistance. À la Libération, elle adhère au Parti communiste français. Elle entre au Ministère du Travail et de la Sécurité Sociale dirigé par Ambroise Croizat. Elle y conduit, à la demande du ministre, des recherches dans le cadre du programme de reconstruction. C’est ainsi qu’elle effectue des enquêtes sur le travail des femmes salariées. En 1946-1947, elle publie, à partir de celles-ci, trois articles novateurs dans La Revue Française du Travail[2].
À la fin des années 1940, elle participe à la création de la Revue des Comités d’entreprise de la CGT et en est, pendant deux ans, secrétaire de rédaction.
Enquêtes sur le travail des femmes
En 1950, elle entre au CNRS, dans le laboratoire de Georges Friedmann ; elle y rédige un projet sur le travail des femmes sur le thème de l’égalité entre hommes et femmes. Elle reste au CNRS jusqu’en 1969 comme maître de recherches.
Lors de nombreuses enquêtes auprès des travailleuses des usines Renault et celles travaillant à domicile pour la confection parisienne, Madeleine Guilbert peut enfin se lancer dans une thèse de doctorat en sociologie, sur les fonctions des femmes dans l’industrie, sous la direction de Georges Gurvitch. Dans ses travaux de recherches publiés en 1966, elle montre que les hommes et les femmes ne sont pas à égalité dans l'accès aux emplois mais également que le travail exercé par les femmes n'est pas recensé ce qui le rend invisible. Travail domestique, activités professionnelles exercées au sein du ménage en tant que femmes d'agriculteurs, d'artisans ou de commerçants ne sont pas comptabilisés[3].
En 1965, Madeleine Guilbert, en compagnie de Colette Audry, Marguerite Thibert, Gisèle Halimi, Andrée Michel, Évelyne Sullerot, participent au Mouvement démocratique féminin, sorte d’union de la gauche avant la lettre qui soutient la candidature de François Mitterrand aux présidentielles de 1965 et veut unir socialisme et féminisme[4].
En 1969, elle devient professeur de sociologie à Tours, et le reste jusqu’à sa retraite en 1979. Sous la direction d’Ernest Labrousse, elle présente une thèse annexe, devenue elle aussi un ouvrage de référence, "Les femmes et l’organisation syndicale jusqu’à 1914".
Elle est membre du "Comité du Travail Féminin" depuis sa création en 1965, jusqu’en 1981, responsable de diverses commissions, entre autres de celle sur l’égalité des salaires masculins et féminins.
Elle est membre de la Commission de la main d’œuvre du Veplan.
Elle réalise la première étude sur les entreprises de travail temporaire.
Membre de la présidence de l'Association France-URSS depuis 1970, il est la présidente déléguée de cette association à partir de 1980, succédant à Guy Desson[5] .
Madeleine Guilbert est décédée le .
Bibliographie
- Madeleine Guilbert, "Les Fonctions des femmes dans l'industrie", éditions Mouton : 1966
- Madeleine Guilbert, "Les Femmes et l'organisation syndicale avant 1914. Présentation et commentaires de documents pour une étude du syndicalisme féminin", éditions du Centre national de la Recherche scientifique (CNRS) : 1966
- Madeleine Guilbert, Nicole Lowit, Joseph Creusen, "Le Travail temporaire", éditions Société des Amis du Centre d'Études Sociologiques : 1970
- Madeleine Guilbert, Nicole Lowit, Joseph Creusen, "L'Évolution industrielle et le travail des femmes. Enquête dans les industries des métaux", éditions Centre National de la Recherche Scientifique, Centre d'Études Sociologiques.
Liens externes
- Notice « Madeleine Guilbert, née Madeleine Gazut », par Marie-Hélène Zylberberg-Hocquard, site Le Maitron en ligne.
- Margaret Maruani et Chantal Rogerat, "Madeleine Guilbert" Revue Travail, genre et sociétés, no 16, février 2006
Notes et références
- Notice du Maitron
- Biographie sélective de Madeleine Guilbert
- Buscatto, Marie., Sociologies du genre, Paris, A. Colin, dl 2014, ©2014, 183 p. (ISBN 978-2-200-29063-4 et 2200290632, OCLC 892580302, lire en ligne)
- Sylvie Chaperon, Une génération d’intellectuelles dans le sillage de Simone de Beauvoir
- France-URSS magazine, N°134, janvier 1981, compte-rendu du XVe congrès, p. 34
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