Louxor (navire)

Le Louxor (également orthographié Luxor ou Louqsor[1]) est un navire spécialement conçu pour acheminer l'obélisque de la Concorde depuis le temple de Louxor en Égypte, jusqu'à la place de la Concorde à Paris[2].

Pour les articles homonymes, voir Louxor (homonymie).

Le Louxor remorqué par le Sphinx lors de son voyage de retour vers la France

Histoire

Le navire est construit selon les préconisations de Jean Tupinier et Apollinaire Lebas, ingénieurs du Génie maritime. Mis à l'eau à Toulon le , la veille des Trois Glorieuses, il s'agit d'un trois-mâts à fond plat, spécialement étudié et capable de naviguer sur le Nil, traverser la mer Méditerranée et caboter sur l'océan Atlantique puis remonter la Seine. Large de neuf mètres au maximum pour tenir compte des arches les plus étroites des ponts de Rouen à Paris, sa longueur était de 43 mètres pour qu'il ne s'enfonce pas trop[3].

Le fond est plat et la structure inhabituelle (la charpente repose sur cinq quilles au lieu d'une habituellement) la proue sera découpée et grutée pour embarquer l'obélisque, puis refermée et calfatée, une disposition qui préfigure avec plus d'un siècle d'avance les actuels navires type Ro-Ro et Car-ferries.

Comme l'obélisque occupe le fond du navire, les mâts ne reposent pas sur la quille centrale mais sur des emplantures surélevées, et la voilure, très réduite est envisagée comme une propulsion de secours, le voyage devant se faire en remorque.

Comme le navire est à usage quasi-unique, il est construit en bois blanc goudronné et non pas en chêne.

Après le chargement de l'obélisque, il est remorqué d'Aboukir au Havre par le Sphinx, la première corvette à vapeur de la marine française[4]. Ses mâts sont abattus pour franchir les ponts et il est pris en charge par un remorqueur de la Seine[1]. Il arrive à Paris le après un trajet de 12 000 kilomètres[5], consacrant ainsi la réussite du baron Pierre Jacques Nicolas Rolland, ingénieur en chef du génie maritime et concepteur du programme adopté pour le transport de l'obélisque[6].

En 1835 toujours remorqué par le Sphinx, le Louxor transporte de l'Aber-Ildut dans le Finistère jusqu'à Paris les blocs de granit qui vont former le piédestal de l'obélisque, au centre de la place de la Concorde[7].

Le Louxor est représenté par une gravure taillée dans le socle de l'obélisque de La Concorde et dorée à la feuille ; on peut noter sa proue soulevée par des bigues et un système de cabestans et de retours de palan servant à hâler le monolithe dans la cale ; une vue en coupe montre bien les cinq quilles, le fond plat et le système d'arrimage de l'obélisque.

Articles connexes

D'autres navires sont connus pour avoir transporté des obélisques :

Notes et références

  1. Jean-Marguerite Tupinier lien auteur1=Jean Tupinier, Mémoire du baron Tupinier, Paris, éditions Desjonquères, , p. 277-278.
  2. Jacques-Joseph Champollion-Figeac et Jean-François Champollion, L'Obélisque de Louqsor, transporté à Paris : notice historique, descriptive et archaéologique sur ce monument, Paris, Firmin Didot frères, (lire en ligne), p. 3
  3. Jean-François Champollion, Obélisques égyptiens à transporter à Paris, cité par Robert Solé, in Le Grand Voyage de l'obélisque, p. 34
  4. « Maquette de bateau, Sphinx, corvette à roues, 1829 / 23 MG 2 | Musée national de la Marine », sur mnm.webmuseo.com (consulté le )
  5. « L'obélisque de la Concorde », sur le site egyptos.net, site personnel de Nicolas Monté (consulté le ).
  6. http://www.developpement-durable.gouv.fr/IMG/pdf/2011_phares.pdf
  7. Louis Chauris, La Saga des granites de l'Aber-Ildut, 26 août 1995, [lire en ligne]
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