Lucio Fulci

Lucio Fulci [ˈlut͡ʃo ˈfult͡ʃi][1], né le à Rome et mort le dans la même ville, est un réalisateur, scénariste et acteur italien.

Biographie

Après des études de médecine, Lucio Fulci opte pour une carrière cinématographique et étudie au Centro Sperimentale di Cinematografia de Rome. Il est l’assistant-réalisateur de Marcel L'Herbier pour le film Les Derniers Jours de Pompéi, avant d’amorcer une longue collaboration avec le réalisateur Steno, alias Stephano Vanzina, dont il est l'assistant puis le scénariste. Pour Steno, Lucio Fulci écrit de nombreuses comédies dont L'uomo, la bestia e la virtù (d'après L’Homme, la bête et la vertu de Pirandello), Un Américain à Rome avec Alberto Sordi et plusieurs films avec Totò. Totò est également la vedette du premier film réalisé par Fulci, I ladri, en 1959. Le film, à petit budget, ne remporte pas de succès. Fulci enchaîne avec Les Mordus du juke-box, un film musical qui reçoit un accueil beaucoup plus encourageant. À côté de sa carrière de cinéaste, il se fait connaître comme parolier dans la musique de variétés. En 1961, il écrit notamment, avec Piero Vivarelli, les paroles du grand succès d'Adriano Celentano, 24.000 baci[2].

Pendant les années 1960, Fulci réalise treize films mettant en vedette le tandem comique de Franco Franchi et Ciccio Ingrassia. Selon le critique Paolo Albiero, Lucio Fulci a mis sa compétence technique au service des gags des deux humoristes siciliens et leur collaboration est analogue à celle que le réalisateur Steno a eu avec Totò[3]. Ensuite, Lucio Fulci se diversifie et explore d'autres genres : le western (Le Temps du massacre), la comédie policière (Au diable les anges), le mélodrame historique (Liens d'amour et de sang, qui connaît un échec commercial), le film d’aventure pour adolescent (Croc-Blanc, qui à l’inverse rencontre le succès). Mais c’est surtout dans le domaine du giallo que Lucio Fulci s’illustre de plus en plus souvent avec des films comme Perversion Story, Le Venin de la peur, La Longue Nuit de l'exorcisme ou L'Emmurée vivante. Ces gialli sont à la fois des succès commerciaux et des objets de controverse à cause de leur représentation de la violence et de la religion.

En 1971 dans le film Le Venin de la peur une scène de vivisection sur des chiens, où figurent des cœurs encore palpitants, provoque un scandale. La séquence est tournée de façon si réaliste qu’elle semble authentique. La justice italienne s'apprête à poursuivre le réalisateur pour cruauté envers les animaux. Lucio Fulci évite deux années de prison grâce à l’intervention du concepteur des effets spéciaux Carlo Rambaldi qui présente aux jurés les chiens du film : de simples marionnettes[4].

En 1979, Fulci réussit une percée internationale avec L'Enfer des zombies, un film de zombies extrêmement sanglant qui profite de la popularité de Zombie (Dawn of the Dead, 1978) de George A. Romero. Sorti en Italie sous le titre de Zombi 2, le film de Fulci n'a pas de lien avec le film de Romero. Fulci tourne ensuite d'autres films d'horreur et de surnaturel, dont nombre d'entre eux mettent à nouveau en scène des zombies et sont considérés comme faisant partie des films les plus sanglants jamais réalisés. L'Au-delà (1981), sorte de long poème gore, baroque et onirique faisant référence au surréalisme, demeure selon de nombreux admirateurs le point d'orgue de la filmographie de Lucio Fulci[5]. Au sommet de sa célébrité et de sa popularité, il est à égalité avec son compatriote Dario Argento. Au moment de leur sortie, ses films sont généralement dénigrés par le grand public qui taxe son œuvre de pure exploitation, mais Fulci est immédiatement adulé par les fans d'horreur, et plus tard une grande partie de son œuvre tend à être appréciée comme une œuvre pionnière.

Après 1982 la carrière de Fulci est considérée comme moins glorieuse, le réalisateur souffrant de problèmes personnels et de santé. Pour beaucoup, la qualité de la filmographie du réalisateur décline. Pourtant, des films comme Le Miel du Diable, Soupçons de mort et Voix profondes connaissent de plus en plus de défenseurs. Son dernier film est Le porte del silenzio, inédit en France. La mort de Fulci en 1996 reste obscure : le cinéaste n'a pas pris son insuline pour traiter son diabète et meurt cette nuit-là ; certains suggèrent qu'il s'agit d'un suicide. Au moment de son décès, Fulci se préparait à réaliser Le Masque de cire. Ce drame d'horreur aurait été la première collaboration entre Fulci et Dario Argento, producteur du film. À la suite de la disparition de Fulci, Sergio Stivaletti (it) signe la mise en scène. Le film est dédié à Lucio Fulci.

Filmographie

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Comme réalisateur

Comme scénariste

Comme acteur

Comme producteur

Comme superviseur ou assistant-réalisateur

Distinctions

  • 1980 : Grand Prix du Public au Festival du cinéma fantastique de Paris pour Frayeurs
  • 1983 : nomination au Prix du meilleur film au Festival international du film fantastique de Porto (Fantasporto) pour La Maison près du cimetière
  • 1986 : Prix Section peur du Festival d'Avoriaz pour Murder Rock

Bibliographie

Livres

  • (it) Paolo Albiero et Giacomo Cacciatore, Il terrorista dei generi : tutto il cinema di Lucio Fulci, Palerme, LEIMA, 2015, 503 p.
  • Régis Autran, Hugues Deprets, Lionel Grenier... [et al.], Lucio Fulci : le poète du macabre, 2e éd., Paris, Bazaar & Co, 2010, 183 p., coll. Cinexploitation vol. 3
  • (en) Mike Baronas et Troy Howarth, Splintered visions : Lucio Fulci and his films, Baltimore, Midnight Marquee Press, 2015, 365 p.
  • (it) Francesco Basso, Lucio Fulci : le origini dell'horror, Piombino, Il foglio, 2013, 139 p., coll. Saggi
  • (en) Chas. Balun, Lucio Fulci : beyond the gates, 2e éd., Key West, Fantasma Books, 1997, 79 p.
  • (en) Antonio Bruschini et Antonio Tentori, Lucio Fulci : poet of cruelty, Rome, Profondo rosso, 2010, 263 p., coll. Italian gothic n° 6
  • (it) Claudio Calia, Massimo Perissinotto et Niccolò Storai, Lucio Fulci : poeta del macabro, Battipaglia, Nicola Pesce, 2006
  • (it) As Chianese et Gordiano Lupi, Filmare la morte : il cinema horror e thriller di Lucio Fulci, Piombino, Il foglio, 2006, 231 p., coll. Splitscreen
  • (es) Rubén Higueras, Lucio Fulci : epifanías del horror, Pontevedra, Scifiworld, 2013, 152 p.
  • (it) Giovanni Modica, Dardano Sacchetti, Ernesto Gastaldi... [et al.], Sette note in nero di Lucio Fulci : viaggio nel cinema della precognizione e del tempo, Rottofreno, Morpheo, 2008, 232 p.
  • (es) Javi Pueyo, Lucio Fulci : autopsia de un cineasta, Les Franqueses del Vallès, Tyrannosaurus Books, 2015, 306 p.
  • (it) Michele Romagnoli, L'occhio del testimone : il cinema di Lucio Fulci, Ferrara, Kappalab, 2015, 174 p., coll. Lab
  • (en) Stephen Thrower, Beyond terror : the films of Lucio Fulci, 2e éd., Godalming, FAB Press, 2018, 430 p.

Parties de livres

  • Lionel Grenier, « Fulci, le gore et la censure », dans Christophe Triollet (dir.), Gore & violence, La Madeleine, Lettmotif, 2017, coll. Darkness, censure et cinéma n° 1, p. 131-144
  • Vivien Villani, « Notes sur la collaboration entre Lucio Fulci et Fabio Frizzi », dans Frank Lafond (dir.), Cauchemars italiens : volume 1, le cinéma fantastique, Paris, l'Harmattan, 2011, coll. Champs visuels, p. 115-127

Numéros spéciaux de revues

  • Monster bis : Lucio Fulci, [1996]
  • Toutes les couleurs du bis : Lucio Fulci, le maestro du cinéma de genre, n° 6, , 84 p.

Articles de revues

  • Stéphane Du Mesnildot, « Les morts contre les vivants : les mondes décomposés de Lucio Fulci », Simulacres, n° 5, septembre-, p. 50-57
  • Lionel Grenier, « Lucio Fulci : dernières lueurs du crépuscule (1983-1991) », CinémagFantastique n° 2, 2e semestre 2012, p. 41-43
  • Lionel Grenier, « Dossier : Lucio Fulci », Cinétrange : nos années 80, vol. 1, hors série, 2012
  • Vincent Malausa, « Lucio Fulci : l'horreur jusqu'à l'hypnose », Cahiers du cinéma, n° 733, , p. 94-99
  • Pierre Pattin, « Lucio Fulci : poète du macabre », Mad Movies, n° 22, 1982, p. 13-23

Films documentaires

  • Fulci Talks d'Antonietta De Lillo, 2021, 80 min.
  • Fulci for fake de Simone Scafidi, 2019, 95 min.
  • Paura : Lucio Fulci remembered, volume 1 de Mike Baronas et Kit Gavin, 2008, 225 min.

Notes et références

  1. Prononciation en italien standard retranscrite selon la norme API.
  2. « 24000 baci », sur italiansongwriters.com (consulté le 16 septembre 2020).
  3. (it) Paolo Albiero, Il terrorista dei generi : Tutto il cinema di Lucio Fulci, Un mondo a parte, (ISBN 978-8890062964)
  4. http://www.empireonline.com/features/carlo-rambaldi
  5. François-Xavier Taboni , « L'Au-delà, le chef-d'œuvre de Lucio Fulci ? », dans Régis Autran, Hugues Deprets, Lionel Grenier... [et al.], Lucio Fulci : le poète du macabre, 2e éd., Paris, Bazaar & Co, 2010, coll. Cinexploitation vol. 3, p. 117-122

Liens externes

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