Lucien Dautresme

Lucien Dautresme, né le à Elbeuf et mort le à Paris 8e, est un compositeur, entrepreneur et homme politique français.

Lucien Dautresme

Lucien Dautresme (1875)
Fonctions
Ministre du commerce
Ministre du Commerce et de l'Industrie
Député
Sénateur
Biographie
Nom de naissance Lucien Auguste Dautresme
Date de naissance
Lieu de naissance Elbeuf
Date de décès
Lieu de décès Paris 8e
Nationalité Française
Entourage David Dautresme
Diplômé de École polytechnique
Profession Compositeur

Biographie

Il est issu d’une famille très anciennement présente dans la région elbeuvienne, à Criquebeuf-sur-Seine où vivait déjà un Dautresme au XVIIe siècle. Son père, David Dautresme, était venu s’installer à Elbeuf, où il fut successivement commissionnaire en draperie, maître-décatisseur puis fabricant de drap.

Après des études au collège de Rouen, puis au lycée Henri-IV à Paris, Lucien Dautresme intègre l’École polytechnique en 1846. Il en sort deux ans plus tard (56e sur 300) avec le grade d’aspirant et ingénieur de marine.

Mais la Révolution de 1848 éclate. L’École prend part au mouvement et lui-même affirme des convictions franchement républicaines. Le ministre de l’Intérieur Ledru-Rollin le nomme secrétaire d’Emmanuel Arago, alors commissaire général de la République dans le département du Rhône ; il se signale en l’aidant à éviter une insurrection ouvrière à Lyon.

Il regagne ensuite à Elbeuf, où son père est l’un des chefs du parti républicain. En butte à l’hostilité des autres dirigeants d’entreprises, ils sont violemment expulsés du Cercle des commerçants, principal lieu de sociabilité de la bourgeoisie locale. Ayant menacé de duel le plus excité d’entre eux, il obtient des excuses pour son père.

Ayant refusé de prêter serment à Louis Napoléon Bonaparte, il démissionne de son grade, abandonne toute velléité de carrière dans la marine et se tourne désormais vers la musique. Bon pianiste, il se lie à Paris avec Meyerbeer, dont il devient un disciple, et compose de nombreuses mélodies, publiées à partir de 1859. Il achève Sous les charmilles (opéra-comique en un acte) représenté en 1862 au Théâtre Lyrique en dépit des relations exécrables avec Léon Carvalho, directeur de ce théâtre et réussit à faire jouer Cardillac créé en 1867 sur la scène parisienne du Théâtre Lyrique, puis l’année suivante à Rouen. Mais ayant souffleté un directeur de théâtre, il est condamné à six mois de prison.

Il se tourne alors brièvement vers le journalisme, à Paris d’abord, puis en Normandie : c’est l’un des fondateurs (avec Richard Waddington et Charles Besselièvre) du Petit Rouennais, « organe politique populaire », qui voit le jour le et dont il restera le directeur politique jusqu’en 1887.

Il épouse à Paris le 21 avril 1863 Marie-Blanche Victoire Girard (1838-1912), chanteuse à l’opéra comique. Ils habitent successivement rue Saint-Lazare puis avenue Montaigne (maison Gucci).

Revenu à Elbeuf pour codiriger l’entreprise paternelle, il entre finalement en politique après la proclamation de la IIIe République. Soutenu par un comité démocratique local composé presque exclusivement d’ouvriers, il échoue d’abord aux élections législatives de , mais est élu au conseil général de la Seine-Inférieure en octobre de la même année, face à de grands notables elbeuviens ; réélu en 1877, il démissionne en 1880 ne désirant pas cumuler les mandats. Entre-temps, il a été en effet élu député, en , dans la circonscription d’Elbeuf, Grand-Couronne et Boos. Il siège avec la gauche radicale, entre l’Union républicaine et l’extrême gauche. Il réclame l’amnistie pour les Communards et signe le Manifeste des 363 en . Après la dissolution de l’Assemblée, il est réélu en , puis en 1881, 1885 et 1889.

Œuvres musicales

  • Enfant, rêve encore, paroles de Victor Hugo (Feuilles d'Automne), Paris, chez S. Richault, 1859 (FRBNF42937523).
  • Si ! Paroles de Victor Hugo, Paris, chez S. Richault, 1859 (FRBNF42937527).
  • Barcarolle, paroles de M. H. de Baulieu, Paris, chez S. Richault, 1859 (FRBNF42937515).
  • Chanson pour quatre voix (dans le genre d'Orlande de Lassus), paroles de Dufresny, op. 1, n° 2,  Paris, chez Richault, 1859 (FRBNF42937520).
  • Sonate pour piano, Paris, Richault, 1859 (FRBNF42937528).
  • Le Chant de Jocelyn, Paris, chez S. Richault, 1859 (FRBNF42937521).
  • Six mélodies..., paroles de M. H. de Beaulieu, musique de Lucien Dautresme, op. 3, Paris, S. Richault, 1859 (FRBNF42937525).
  • Sous les charmilles, paroles de M. Kauffmann, musique L. Dautresme, Théâtre Lyrique, Paris2,1862.
  • Le Chant des conscrits, paroles et musique de Lucien Dautresme. [Chœur à 4 voix d'hommes sans accompagnement] op. 6, Paris, À l’Orphéon, 1864 (FRBNF42937522).
  • Le Bon temps, paroles et musique de Lucien Dautresme, Paris, S. Richault, 1864 (FRBNF42937517).
  • Le retour des champs [chœur à 4 voix d'hommes, sans accompagnement], paroles et musique de Lucien Dautresme, op. 7, Paris, À l’Orphéon, 1866 (FRBNF42937526).
  • Cardillac, Opéra-comique en trois actes et quatre tableaux[1] (parole de Nuitter et Beaumont, musique de L.Dautresme), créé au Théâtre Lyrique, à Paris, le . Le baryton français Ismaël créa le rôle-titre[2] (Paris, S. Richault, 12 fasc. [s.d.], 258 p. (BnF notice : FRBNF43991552).
  •  Le Nin ! Paroles d'A. Aram, musique de Lucien Dautresme,  Rouen, impr. J. Lecerf, 1868 (FRBNF42937530). 1 google books Cardillac [archive] 
Lucien Dautresme. Portrait gravé publié à la une de plusieurs journaux parisiens lors de son décès en 1892.

Mandats parlementaires

Député de la Seine-Inférieure de 1876 à 1891. Il siège d’abord sous l’étiquette « gauche radicale », puis comme « républicain progressiste » à partir d’. Républicain et anticlérical (il est membre d’une loge maçonnique), il se prononce pour la séparation des Églises et de l’État, la suppression des budgets affectés aux cultes et vote l’application des lois relatives aux congrégations. Il réclame des poursuites contre le général Boulanger, vote en faveur de l’inamovibilité de la magistrature et appuie les nouvelles lois sur la presse et le droit de réunion. Il est favorable à la réduction du service militaire à trois ans, à la réduction des heures de travail et la suppression du livret ouvrier. Cherchant visiblement à améliorer la condition ouvrière, il rêve d’une amélioration des rapports entre le capital et le travail. Il prône l’instauration ou le maintien de droits de douanes élevés, afin de défendre les entreprises (notamment les manufactures textiles elbeuviennes) mais aussi pour protéger l’emploi ouvrier de la concurrence étrangère. Il se fait nommer pour cela rapporteur de la commission générale des douanes et président du groupe du « Travail national ». Il devient aussi vice-président du Conseil supérieur du commerce et de l’industrie. Il vote également les crédits alloués à l’expédition au Tonkin et prend position (en 1888) en faveur du protectorat sur la Tunisie. Il se prononce enfin contre la révision de la constitution. Mis en minorité sur cette question, le cabinet dont il fait partie est renversé.

Sénateur de la Seine-Inférieure, il ne siégea que brièvement, de à sa mort en . Il défend à nouveau, au Sénat, les tarifs protectionnistes.

Responsabilités ministérielles

Dans la droite ligne de son action parlementaire, Lucien Dautresme devient ministre du Commerce, une première fois brièvement dans le cabinet Brisson (du au , grâce à l’appui de Jules Grévy (qui avait été son avocat lors de ses démêlés judiciaires).

Puis il est nommé ministre du Commerce et de l’Industrie dans les cabinets Rouvier et Tirard (du au ). 

Une figure locale

Monument à la mémoire de L. Dautresme, Elbeuf, place Lécallier (Ce monument n'existe plus aujourd'hui).

Lucien Dautresme participe ensuite activement à la préparation de l’Exposition universelle de 1889, à Paris, en tant que Commissaire général. Très populaire dans sa circonscription, même s’il se heurta à la fois aux notables conservateurs et aux socialistes ou « collectivistes », on lui reconnaissait en général de nombreuses qualités personnelles, dont l’intégrité et la courtoisie. Grand travailleur, méthodique, toujours modéré mais ferme dans ses choix, c’était un bon orateur (mais avec une faible voix). Il décède le 18 février 1892 à Paris (VIIIe arrondissement), à presque 66 ans, d’une crise cardiaque selon les uns, d’une congestion pulmonaire selon les autres. Ses funérailles ont lieu le lendemain à Elbeuf, après des obsèques religieuses. Il avait épousé en 1863 à Paris (IXe arrondissement) Marie Antonine Blanche Girard (1838-1912) ; le couple n’eut, semble-t-il, pas d’enfant. En 1897, la ville d’Elbeuf inaugura un buste à son effigie (place Lécallier), lequel fut enlevé par les Allemands en 1942 (pour récupération du bronze) et jamais remplacé. [doc. : Portrait publié en 1re page du Voleur illustré n° du et de l’Univers illustré n° du , du Journal illustré, etc. (d’après une photographie de [-] Camus). Monument élevé à Elbeuf, carte postale, Musée d'Orsay, fonds Dubuisson) Site Geneanet Jean-Pierre Moutiez ; site Geneastar Astrid Noël.

Publications

Très actif à l’Assemblée, il a rédigé de nombreux rapports, sur des sujets très divers (voies navigables, ports de Dieppe, du Havre, de Honfleur, d’Oran ; conventions commerciales avec les États-Unis, le Mexique, la Chine). Il a publié notamment :

  • Rapport... [Sur l’amélioration de la navigation sur la Seine entre Paris et Rouen), par M. Dautresme, etc. ()], Versailles, impr. de Cerf et fils, s.d., 16 p. (FRBNF30303761).
  • Projet de loi ayant pour objet la réduction à 10 heures de la journée de travail dans les usines et manufactures, présenté par MM. Richard Waddington, Lucien Dautresme, Duvivier, Pierre Legrand... (), Paris, impr. de A. Quantin, s.d. (FRBNF36248223).
  • Rapport... (État des travaux et compte des dépenses de l’Exposition universelle de 1889, à la date du ), par M. Lucien Dautresme, etc. (), Paris, impr. de P. Mouillot, s.d., 41 p., plan (FRBNF30303775).
  • Ministère du commerce et de l'industrie. Exposition universelle internationale de 1889. Commissariat général. Rapport au président de la République française sur l'état des travaux et sur le compte des dépenses de l'Exposition universelle de 1889, Paris, Imprimerie nationale, 1889 (FRBNF34079366).
  • Projet de loi déclarant jours fériés le lundi de Pâques et le lundi de la Pentecôte, présenté... par M. Henri Brisson, etc. et par M. Lucien Dautresme, etc. (), Paris, A. Quantin, s.d., (FRBNF36214978).
  • Rapport... [Sur un crédit de 3 millions de francs pour subventions à la marine marchande], , Paris, impr. A. Quantin, s.d. (FRBNF30303774).
  • Rapport... [Récompenses à l'occasion de l'Exposition française de Moscou], (), Paris, impr. P. Mouillot, s.d., (Bnf, notice : FRBNF30303777).

Notes et références

Bibliographie

    • Lydie Demante, « Lucien Dautresme, un ministre elbeuvien », Bulletin de la Société de l’histoire d’Elbeuf, no 39, , p. 43-52.
    • Lydie Demante, « L’ascension sociale d’une famille elbeuvienne : les Dautresme (XVIIIe et XIXe siècles) », mémoire de maîtrise d’histoire sous la direction d’Alain Becchia, Université de Rouen, 2002 (Centre d’archives patrimoniales d’Elbeuf, BH 1100).
    • Alain Becchia, « Lucien Dautresme », dans Jean-Pierre Chaline (dir.) et Anne-Marie Sohn (dir.), Dictionnaire des parlementaires de Haute-Normandie 1871-1940, Publications de l'Université de Rouen, 2000, 352 p., p. 103-105 (ISBN 2-87775-294-1).
    • « Lucien Dautresme », dans le Dictionnaire des parlementaires français (1889-1940), sous la direction de Jean Jolly, Paris, P.U.F., 1960 (détail de l’édition).
    • « Lucien Dautresme », dans Adolphe Robert et Gaston Cougny, Dictionnaire des parlementaires français, Paris, Edgar Bourloton,1889-1891 (détail de l’édition).
    • Henri Saint-Denis, Histoire d’Elbeuf, t. XI et XII, Elbeuf, 1904 et 1905.
    • Nombreux articles de la presse parisienne et normande (voir le site BnF Gallica).
    • « Lucien Dautresme », Société de l'histoire d'Elbeuf : shelbeuf.wordpress.com

Liens externes

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