Lucie Varga

Lucie Varga (ou Lucia Varga), de son vrai nom Rosa Stern, est une historienne francaise d'origine autrichienne, née le à Baden et morte le à Toulouse. Elle fait partie de celles que l'histoire des femmes appelle les historiennes invisibles.

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Juive, mais non croyante, Lucie Varga est chassée de son pays par les Nazis et se réfugie en France. Assistante de Lucien Febvre, historien français, elle fait partie de l'école des Annales et devient l'une des premières femmes à publier dans la revue des Annales. Elle a notamment travaillé sur l’Allemagne et l’Autriche pendant l’entre-deux-guerres, en particulier sur la naissance du national-socialisme. Elle a également étudié la religion des Cathares.

Biographie

Lucie Varga naît dans une famille juive originaire de Hongrie, mais est élevée à Vienne par sa mère[1]. Au lycée pour jeunes filles qu'elle fréquente, elle fait la rencontre de Hélène Weigel et de Marie Jahoda. C'est aussi à cette époque qu'elle choisit un nouveau prénom : « Lucie »[1].

En 1931, à l'Université de Vienne, elle soutient un mémoire sur le cliché de l'obscurantisme au Moyen-Âge, sous la direction d'Alfons Dopsch (1868-1953), un éminent historien autrichien du XXe siècle spécialiste de l'histoire économique médiévale[2]. Elle s'engage très tôt dans l'opposition au nazisme.

En 1923, alors âgée de 19 ans, elle épouse un médecin juif hongrois, József Varga de douze ans son aîné[3] et en 1925, elle donne naissance à son premier enfant, Berta. Après que son diabète lui a fait arrêter ses études, elle finit par obtenir un master en Histoire à l'Université de Vienne avec une thèse sur le cliché du « Moyen-Âge obscur » en 1931[3].

Deux ans plus tard, elle rencontre Franz Borkenau, un intellectuel allemand. Lors de la montée du nazisme en Autriche, ils décident de s'éxiler et choisissent Paris pour que Lucie puisse continuer son travail sur la religion des Cathares, entamée à Vienne[1].

A Paris, elle devient la secrétaire de Lucien Febvre, créateur de l'École des Annales[2], l'aidant dans ses tâches éditoriales. Vers 1937, leur relation devient plus qu'amicale, ce qui pousse l'épouse de Lucien à exiger leur rupture[1]. Cet événement change la vie de Lucie Varga qui travaille comme représentante de commerce et même ouvrière pour subvenir aux besoins de Berta et elle[3]. En 1939, elle intègre l'agence Havas en tant que traductrice.

En 1940, lors de l'Exode, Lucie Varga se réfugie dans le Midi de la France. Cependant, les difficultés de la vie quotidienne l'affaiblissent et la jeune femme, diabétique, a en plus des problèmes pour se procurer l'insuline nécessaire à sa santé. Elle meurt le , à l'âge de trente-six ans[4]. Sa fille Berta sera déportée en 1944 après être retournée à Budapest à la demande de son père[3].

Notes et références

  1. Un siècle d'historiennes, Paris, Des Femmes-Antoinette Fouque, , 350 p. (ISBN 978-2-7210-0634-9), p. 315
  2. Aurell, Martin, « Peter Schöttler, Lucie Varga. Les autorités invisibles. Une historienne autrichienne aux Annales dans les années trente », Médiévales, vol. 12, no 24, (lire en ligne, consulté le )
  3. (en) Peter Schöttler, « Lucie Varga: A Central European Refugee in the Circle of the French "Annales", 1934-1941 », History Workshop Journal, , p. 100-120 (lire en ligne)
  4. Martin Aurell, « Peter Schöttler, Lucie Varga. Les autorités invisibles. Une historienne autrichienne aux Annales dans les années trente [compte-rendu] », Médiévales, , p. 185-187 (lire en ligne)

Bibliographie

  • Lucie Varga - Les Autorités invisibles, une historienne autrichienne aux Annales dans les années trente, biographie et textes compilés et commentés par Peter Schöttler, éditions du Cerf, 1991. (ISBN 2204044067)
  • Peter Schöttler, "Lucie Varga ou la face cachée des annales", in Sextant, no 13-14, p. 227-246, 2000. (Demande de photocopie)
  • Christian Amalvi (dir.), Dictionnaire biographique des historiens français et francophones - De Grégoire de Tours à Georges Duby, Boutique de l'Histoire éditions, 2004. (ISBN 2-910828-32-8)
  • Peter Schöttler, « Lucie Varga (1904-1941) », in André Burguière et Bernard Vincent (dir.), Un siècle d'historiennes [sous-titre : « Vingt historiennes présentées par vingt historiens »], Des Femmes-Antoinette Fouque, Paris, 2001, p. 315-330
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