Louis Daguerre

Louis Daguerre, né le à Cormeilles-en-Parisis, mort le [1] à Bry-sur-Marne, est un peintre et photographe français[2]. Sa commercialisation du daguerréotype inspiré des travaux de Joseph Nicéphore Niépce a fait qu'il a un temps été considéré comme l'inventeur de la photographie.

Pour les articles homonymes, voir Daguerre.

Il épouse le Louise Georgina Smith (ou Arrowsmith) à Paris (anc. 2e)[3].

Biographie

Panneau central du seul diorama subsistant de Louis Daguerre, dans l'atelier de restauration de Bry-sur-Marne, septembre 2007.

Le peintre et décorateur

Louis Daguerre fut d'abord peintre avant de se convertir au métier de décorateur de théâtre pour lequel il exécuta des tableaux remarquables (notamment les décorations d'Aladin ou la Lampe merveilleuse à l'Opéra). Il fut l'élève de Pierre Prévost et contribua à réaliser des panoramas.

Œuvres picturales :

Il fournit en outre des illustrations pour les Voyages pittoresques et romantiques dans l'ancienne France.

Invention du diorama

Il connaît son premier succès grâce au diorama, un spectacle conçu avec son associé Charles Marie Bouton en 1822. Ces très grandes toiles translucides peintes en trompe-l'œil et animées par des effets d'éclairage variés donnent aux spectateurs une illusion de réalité. Selon l'éclairage, la scène, représentée sur une toile de vingt-deux mètres sur quatorze, passe du jour à la nuit, change de climat, etc.
Le diorama mis en place dans l'église de Bry-sur-Marne (1842), seul subsistant encore aujourd'hui, est peint de cette façon. Lors des sermons de monsieur le curé, les fidèles étaient parfois distraits de leur pieuse méditation lorsqu'un nuage passait devant le soleil et modifiait l'éclairage de la scène peinte. Excédé par cette concurrence, le curé le cacha en plaçant un rideau devant[4]. Après sept années de restauration, le diorama est de nouveau exposé dans l'église depuis 2013.
Daguerre et Bouton utilisent une chambre noire pour peindre ces immenses toiles de façon aussi réaliste que possible.

L'association Niépce-Daguerre

Daguerre fait la connaissance, grâce à leur ingénieur-opticien commun Vincent Chevalier, de Joseph Nicéphore Niépce, qui, après avoir reproduit photographiquement des gravures, a entrepris de réaliser des « points de vue » (il nous en reste, de 1827, le Point de vue du Gras). Intéressé, Daguerre écrit une première lettre à Niépce en janvier 1826. Mondain, homme de théâtre, Daguerre impressionne, lors de leur première rencontre à Paris pendant l'été 1827, l'inventeur chalonnais. Ils se mettent à correspondre. Niépce est réticent à montrer les avancées de ses travaux « héliographiques », qui avaient débouché sur des premières images stabilisées. Cependant, l'entregent de Vincent Chevalier conduit les deux hommes à signer, le à Chalon, un contrat d'association, dans le but d'améliorer le procédé de Niépce par les perfectionnements que Daguerre y apporterait. Ce contrat stipule que l'invention, objet du traité, est due à Joseph Nicéphore Niépce. Mais la mort subite de Niépce le laisse le champ libre à Daguerre, qui pourra un temps se laisser attribuer le mérite principal de l'invention de la photographie. De fait, en s'appuyant notamment sur les travaux de Bernard Courtois sur les propriétés de l'iode, qu'il utilise comme agent sensibilisateur sur une plaque de cuivre recouverte d'une couche d'argent, il met au point, entre 1833 et 1839, le procédé par lequel le monde prendra connaissance de la photographie et qu'il décide d'appeler daguerréotype.

Le daguerréotype

Après la mort de Niépce, en 1833, Daguerre décide de poursuivre les recherches sur les propriétés photochimiques de l'iode. De 1835 à 1837, il va progresser sur les méthodes de développement et de fixation des images, en découvrant que la vapeur de mercure agit comme révélateur de l'image. Avec le principe du développement de l'image latente, Daguerre apporte une contribution majeure en trouvant le procédé qui a pour conséquence pratique de raccourcir le temps de pose, jusqu'alors très long (plusieurs heures), à quelques dizaines de minutes seulement.
En 1837, il parvient à fixer ces images avec de l'eau chaude saturée de sel marin. Le daguerréotype est né, sans que le nom de Niépce y soit associé.

L’atelier de l'artiste, daguerréotype, 1837

Daguerre fait la démonstration de son invention à François Arago, homme politique et savant célèbre. Vivement intéressé, Arago perçoit le potentiel du nouveau procédé et annonce officiellement cette découverte par une communication à l'Académie des sciences, le . Durant l'été 1839, à l'instigation d'Arago, une loi est votée par laquelle l'État français acquiert le nouveau procédé contre une pension annuelle de 6 000 francs à Daguerre et de 4 000 francs à Isidore Niépce, le fils de Nicéphore, successeur de son père dans l'association formée avec Daguerre. Le , les détails techniques sont présentés devant les Académies des sciences et des beaux-arts réunies[5].

L'engouement du public est immédiat. Le daguerréotype se répand rapidement dans toute la France, en Europe, puis dans le monde entier. Le premier français à l'exporter aux États-Unis est François Fauvel-Gouraud, commissionné par Alphonse Giroux en . Il connait un immense succès pendant une dizaine d'années, avant d'être détrôné par d'autres procédés. La commercialisation des chambres et du matériel nécessaire à ces images photographiques firent la fortune de Daguerre.

Avant sa mort, Daguerre avait exigé que fût gravé sur sa tombe « Daguerre, Artiste Peintre, Chimiste, Inventeur de la photographie », ce qui fut fait. Sa tombe se trouve au cimetière de Bry-sur-Marne. Il faudra quelques années pour que la paternité de l'invention, confisquée un temps par Daguerre, soit définitivement rendue à Niépce. Ceci grâce aux initiatives d'un archiviste de Chalon-sur-Saône, Victor Fouque[6] qui voulut sans doute défendre la mémoire d'un compatriote.

Publications de Louis Daguerre

  • Historique et description du daguerréotype et du diorama[7] en 1839.
  • Nouveau moyen de préparer la couche sensible des plaques destinées à recevoir les images photographiques[8] en 1844.

Distinction

Hommages

La maison de Daguerre à Bry-sur-Marne.
  • Le nom de Louis Daguerre est inscrit sur la tour Eiffel.
  • Une rue du 14e arrondissement de Paris (rue Daguerre) a été nommée en son honneur en 1867, près de la place Denfert-Rochereau, une autre à Reims depuis 1979.
  • A Cormeilles-en-Parisis, sa ville natale, une souscription publique est décidée en août 1880, pour élever un monument à la mémoire de Daguerre. La Société française des Archives photographiques, historiques et monumentales la prend en charge. Ce monument est inauguré trois ans plus tard, le , en présence d'un public nombreux[10],[11]. Sur un projet d'Alfred Leclerc, architecte en chef du château de Versailles, qui réalise le piédestal du monument, le buste en bronze est du sculpteur Charles-Romain Capellaro. Disparu pendant la Seconde Guerre mondiale, il a été restitué à l'identique en 1957 grâce au travail du sculpteur Albert-Lucien Biard. Ce même buste a été restauré en 2017 à l'occasion du 230e anniversaire de la naissance de Daguerre.
  • A Cormeilles-en-Parisis, la rue Caroline prend le nom de Daguerre en 1877. En 1883, c'est tour du square entourant l'église Saint-Martin dans lequel est érigé le monument à Daguerre. Une plaque est apposée sur sa maison natale, 105 Grande Rue (aujourd’hui rue Gabriel Péri). En 1937, le 150e anniversaire de sa naissance est célébré. Le premier collège de la ville est inauguré en 1972 et baptisé Jacques Daguerre. En 1987, la ville de Cormeilles célèbre le 200e anniversaire de la naissance de Daguerre par une importante exposition : "Les miroirs qui se souviennent". En 2017, les Musées Réunis de Cormeilles inaugurent un diorama à la façon de Daguerre, dû au peintre Stéphane Belzère.
  • En 1883, Mathieu-Meusnier réalise le buste en marbre de Daguerre pour l'Opéra Garnier à Paris.
  • En 1890, un mémorial Daguerre est inauguré à Washington.
  • En 1897, un monument est érigé à Bry-sur-Marne, la ville où il habita et mourut, et où il est enterré.
  • En 1935, l'Union astronomique internationale a donné le nom de Daguerre à un cratère lunaire.
  • Depuis 2004, le joailler Lorenz Bäumer a créé une montre dont le cadran personnalisable est un daguerréotype[12].
  • Dans le jeu video Life is strange, le professeur en photographie Mark Jefferson expliqua le procédé inventé par Louis Daguerre après avoir remarqué que le personnage principal, Maxine Caulfield a fait un selfie.

Notes et références

  1. notice BnF no FRBNF12015773
  2. D'origine basque, Daguerre est la forme francisée du nom basque Aguirre
  3. Archives de Paris. État civil reconstitué.
  4. Exposition "le diorama de Daguerre" au musée Adrien Mentienne à Bry-sur-Marne, hivers 2013
  5. François Arago, « Le daguerréotype », Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie des sciences, vol. 9, , p. 250-267 (lire en ligne)
  6. Manuel Bonnet et Jean-Louis Marignier, Niépce : correspondance et papiers, Saint-Loup-de-Varennes, Maison Nicéphore Niépce, , 1560 p. (ISBN 2-9520921-0-9, lire en ligne)
  7. Voir le livre scanné : « Historique et description du daguerréotype et du diorama », sur https://gallica.bnf.fr/ (consulté le )
  8. Voir le livre scanné : « Nouveau moyen de préparer la couche sensible des plaques destinées à recevoir les images photographiques », sur https://gallica.bnf.fr/ (consulté le )
  9. Le , cf. « Cote LH/646/53 », sur Léonore (consulté le )
  10. Adrien Mentienne, La découverte de la photographie en 1839, Série The sources of modern photography, Arno Press, New York, 1979 (réimpr. de l'édition de 1892 publié par Imprimerie Paul Dupont, Paris), p. 126. Aperçu partiel sous Google Livres. Consulté le 17 mars 2010.
  11. Éric Michaud, « Daguerre, un Prométhée chrétien », Études photographiques, no 2, (lire en ligne, consulté le )
  12. « Maison Bäumer - Joaillerie et Haute Joaillerie Place Vendôme », sur Lorenz Bäumer (consulté le ).

Sources

Voir aussi

Monument élevé à Daguerre à Cormeilles-en-Parisis en 1883. Le buste est sculpté par Charles-Romain Capellaro.

Bibliographie

  • Adrien Mentienne, La découverte de la photographie en 1839 - Description du procédé faite aux Chambres législatives par Daguerre (Inventeur) 1892
  • R. Colson (ed.), Mémoires originaux des créateurs de la photographie. Nicéphore Niepce, Daguerre, Bayard, Talbot, Niepce de Saint-Victor, Poitevin, Paris, 1898
  • Helmut and Alison Gernsheim, L.J.M. Daguerre. The History of the Diorama and the Daguerreotype, London 1956 (revised edition 1968)
  • Beaumont Newhall, L'histoire de la photographie depuis 1839 et jusqu'à nos jours, Bélier-Prisma, Paris, 1967
  • Beaumont Newhall, An Historical and Descriptive Account of the Various Processes of the Daguerreotype and the Diorama by Daguerre, New York 1971
  • Jean Loup Princelle, « Ces noms qui ont fait la photo : Louis Daguerre », dans Réponses Photo (ISSN 1167-864X), no 186,
  • Louis Daguerre par J Roquencourt - Revue Vivre en Val-d'Oise, no 48
  • Hans Rooseboom, What’s wrong with Daguerre? Reconsidering old and new views on the invention of photography, Nescio, Amsterdam, 2010 (www.nescioprivatepress.blogspot.com)
  • Ennery Taramelli, Le roman de Daguerre, l'artiste qui fixa le temps, Contrejour, 2013, (ISBN 979-10-90294-10-3)

Iconographie

Articles connexes

Liens externes

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