Logos (christianisme)
Le Logos est une notion empruntée à la philosophie hellénistique qui signifie « parole », au sens premier, mais aussi « raison, intelligence », et qu'on traduit par le terme Verbe ou Parole dans les textes anciens. Le titre 'Logos' est donné à Jésus par saint Jean dans le prologue de son Évangile (Jn 1:1-18). De là s'est développée la théologie chrétienne du 'Verbe de Dieu': le Logos s'est fait chair en la personne de Jésus-Christ.
D'un point de vue christologique, l'idée que le Christ soit le Logos (λóγος, du grec ancien, « verbe », « sagesse » ou « lien »[1]) a joué un rôle important dans l'affirmation de la divinité de Jésus-Christ et sa position en tant que Dieu le Fils dans la Trinité comme indiqué dans le credo de Chalcédoine (451).
Dans l'Ancien Testament
Dans le récit de la Genèse, c'est la Parole (Dabar en hébreu) de Dieu qui crée.
La Parole de Dieu est éternelle (Esaïe, 40:8, « L'herbe sèche, la fleur tombe, Mais la parole de notre Dieu subsiste éternellement. ») et sert à communiquer à l'homme (Psaumes, 147:15 : « Il envoie ses ordres sur la terre : Sa parole court avec vitesse »). Elle est aussi présentée comme créatrice (Psaumes, 33:6, dans la traduction d'Augustin Crampon : « Par la parole de Yahweh les cieux ont été faits, et toute leur armée par le souffle de sa bouche. »)
Dans le Nouveau Testament
L'Évangile selon Jean commence avec, selon les traductions, le Verbe ou le Logos.
« Dans l'histoire de l'Annonciation ce qu'enseigne l'exégèse, c'est que le Verbe auquel la Vierge se soumet dans le moment même de sa soumission, ce Verbe miraculeusement féconde le ventre de la Vierge. L'histoire de l'Annonciation n'est pas son réel : ce qui se passe réellement, ce qui bouleverse tout, les lois de la nature, cours du temps, salut des humains, cela traverse obliquement le récit […] Ce qui se passe réellement, c'est qu'à ce moment-là le Verbe divin s'incarne en Marie », écrit Georges Didi-Huberman[2].
Dans l'histoire du christianisme
Le pape Damase Ier s'intéresse à la formule « le Verbe s'est fait chair » de l'évangile de Jean et refuse l'idée que Dieu devienne homme dans l'incarnation de Jésus-Christ, et considère que l'expression « Dieu tout entier a assumé l'homme tout entier est plus exacte. Le pape Léon précise que le Logos ne s'est pas transformé, mais que Dieu s'est uni à l'homme.
Pour Justin de Naplouse, le Christ est le Logos incarné.
Pour Apollinaire de Laodicée, le Verbe prend totalement possession de Jésus, qui n'a qu'une enveloppe humaine et est entièrement Dieu. Cette opinion, appelée apollinarisme, est considérée comme hérétique par l'Église.
Pour l'arianisme, le Logos n'a pas toujours existé, et a été par la suite créé par le Père.
Le théologien et philosophe juif Philon d'Alexandrie a beaucoup écrit sur le Logos d'une manière qui rappelle la théologie du Nouveau Testament. Par exemple, son enseignement, suivant lequel « le Verbe de Dieu vivant est le lien de tout, qui détient la totalité des choses ensemble et contraignant toutes les parties, et les empêche d'être dissoutes et séparées » ressemble à 1:17 Colossiens[réf. souhaitée].
Voir aussi
Notes et références
- Martin Heidegger, Introduction à la Métaphysique, Trad. G. Kahn, Tel, Gallimard, 1985, p. 139.
- Georges Didi-Huberman 1995, p. 212.
Bibliographie
- Brunor, La question interdite : enquête pour l'unité, , 301 p. (ISBN 978-2-35770-071-0)
- Georges Didi-Huberman, Fra Angelico Dissemblance et Figuration, Paris, Flammarion, coll. « Champs », , 446 p. (ISBN 2-08-081618-7).
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