Littérature tunisienne

La littérature tunisienne existe sous deux formes : en langue arabe et en langue française.

La littérature arabophone remonte au VIIe siècle avec l'arrivée de la civilisation arabe dans la région. Elle est plus importante que la littérature en langue française — qui suit l'implantation du protectorat français en 1881[1] — tant en volume qu'en valeur[2].

La bibliographie nationale recense 1 249 livres non scolaires publiés en 2002 en Tunisie, dont 885 titres sont en arabe[3]. Près du tiers des ouvrages publiés sont destinés aux enfants[3].

Le budget de l'État consacré au soutien à la littérature est en 2003 de trois millions de dinars tunisiens[3]. Il existe une centaine de maisons d'éditions tunisiennes privées qui publient la quasi-totalité des ouvrages[3].

Littérature arabophone ancienne

Plusieurs grands écrivains arabophones sont originaires de l'Ifriqiya :

Littérature arabophone du XIXe siècle

Littérature arabophone contemporaine

Parmi les figures littéraires arabophones de la Tunisie contemporaine surgissent Ali Douagi (1909-1949), qui a produit plus de 150 contes radiophoniques, plus de 500 poèmes et chansons populaires et près de quinze pièces de théâtre[4], Abdelaziz El Aroui (1898-1971), Tahar Haddad (1899-1935), Mohamed Hédi El Amri (1906-1978), Mahmoud Messadi (1911-2004), Béchir Khraïef (1917-1983), qui a redonné souffle au roman arabe dans les années 1930 et publié en 1937 sa première nouvelle qui fit scandale car les dialogues étaient rédigés en dialecte tunisien[4], Moncef Ghachem (1946-), Habib Selmi (1951-), Nafila Dhahab (1947-) (contes pour enfants, recueils de nouvelles) ou Walid Soliman (1975-).

Quant à la poésie, elle opte pour le non-conformisme et l'innovation : Abou el Kacem Chebbi (1909-1934) apporte ainsi un nouveau langage en déplorant la pauvreté de l'imagination dans la littérature arabe[4], comme en témoigne son Ela Toghat Al Alaam (1934).

Littérature francophone

Albert Memmi en 1982.

La littérature francophone tunisienne concerne à proprement parler principalement le XXe siècle[1]. Elle est alimentée dans un premier temps tant par des auteurs musulmans arabes — comme Mahmoud Aslan (1902-1975 ?) ou Salah Farhat (1894-1979) — que par des auteurs issus des minorités : juive avec Ryvel (1898-1972), Jacques Vehel, Vitalis Danon (1897-1969) ou César Benattar (1868-1937), italienne voire maltaise avec Marius Scalesi (1892-1922) et Sicca Venier (1922-2005). Par ailleurs, la littérature francophone prend également un essor grâce aux Français installés en Tunisie qui fondèrent une vie littéraire tunisoise en prenant modèle sur la vie littéraire parisienne.

Contrairement au pessimisme d'Albert Memmi (1920-2020), prédisant que la littérature tunisienne était condamnée à mourir jeune[5], des écrivains tunisiens percent à l'étranger : Abdelwahab Meddeb (1946-2014), Tahar Bekri (1951-), Mustapha Tlili (1937-2017), Hélé Béji (1948-) ou encore Fawzi Mellah (1946-). Les thèmes de l'errance, de l'exil et du déchirement constituent l'axe principal de cette création littéraire. À l'intérieur du pays, beaucoup de noms sont à citer comme Souâd Guellouz (1937-), Anouar Attia (1939-), Moncef Ghachem (1946-) et Ali Toumi Abassi, entre autres. De jeunes voix semblent cependant prendre la relève, à l'instar d'Aymen Hacen (1981-) et de Wafa Ghorbel (1975-).

Hédi Kaddour (1945-) est un auteur tuniso-français d'importance[6].

Annexes

Notes et références

  1. « La littérature tunisienne de langue française »(ArchiveWikiwixArchive.isGoogle • Que faire ?), sur francophonie.philo.ulg.ac.be.
  2. (en) « Tunisia », sur everyculture.com (consulté le ).
  3. « Littérature tunisienne »(ArchiveWikiwixArchive.isGoogle • Que faire ?), sur culture.tn.
  4. « Fantaisie arabe et poésie »(ArchiveWikiwixArchive.isGoogle • Que faire ?), sur guides.tangka.com.
  5. « Littérature francophone »(ArchiveWikiwixArchive.isGoogle • Que faire ?), sur guides.tangka.com.
  6. Jean-Sébastien Josset, « Hédi Kaddour : « Nous n'avons pas vraiment fait de travail de connaissance sur notre passé colonial » », Jeune Afrique, (ISSN 1950-1285, lire en ligne, consulté le ).

Bibliographie

  • Ali Abassi, Espaces francophones tunisiens, Paris, L'Harmattan, , 208 p. (ISBN 978-2-296-55513-6).
  • Ali Abassi, Littératures tunisiennes : vers le renouvellement, Paris, L'Harmattan, , 220 p. (ISBN 978-2-296-01727-6, lire en ligne).
  • Ali Abassi, « Une problématique identitaire de la littérature francophone en Tunisie : la femme et le féminin », Revue de littérature comparée, vol. 3, no 327, , p. 319-341 (ISSN 0035-1466, lire en ligne, consulté le ).
  • Taoufik Baccar (ar) et Salah Garmadi, Écrivains de Tunisie, Tunis, Sud Éditions, , 230 p. (ISBN 978-9938-01-108-1)
  • Alia Bornaz Baccar, Essais sur la littérature tunisienne d'expression française, Louvain-la-Neuve, Academia-Bruylant, , 174 p. (ISBN 978-2-87209-796-8).
  • Tahar Bekri, Littératures de Tunisie et du Maghreb : essais, Paris, L'Harmattan, , 254 p. (ISBN 978-2-7384-2816-5).
  • Malek Ben Amor et Manoubia Ben Guedahem, Essais sur la littérature tunisienne, Tunis, Nawafedh, , 144 p. (ISBN 9973-51-946-9).
  • Afifa Chaouachi-Marzouki, La littérature tunisienne de langue française : voix anciennes et nouvelles voies, Tunis, Sud Éditions, , 200 p. (ISBN 978-9938-01-034-3).
  • Robert Estivals, « Le livre en Tunisie », Communication & Langages, no 48, , p. 84-107 (ISSN 1778-7459, lire en ligne, consulté le ).
  • Jean Fontaine, Vingt ans de littérature tunisienne, 1956-1975, Tunis, Maison tunisienne de l'édition, .
  • Jean Fontaine, Aspects de la littérature tunisienne, 1975-1983, Tunis, RASM, .
  • Jean Fontaine, Histoire de la littérature tunisienne par les textes, t. I : Des origines à la fin du XIIe siècle, Le Bardo, Turki, .
  • Jean Fontaine, Études de littérature tunisienne, 1984-1987, Tunis, Dar Annawras, .
  • Jean Fontaine, La littérature tunisienne contemporaine, Paris, Centre national de la recherche scientifique, .
  • Jean Fontaine, Regards sur la littérature tunisienne, Tunis, Cérès Productions, .
  • Jean Fontaine, Histoire de la littérature tunisienne par les textes, t. II : Du XIIIe siècle à l'indépendance, Tunis, Sahar, .
  • Jean Fontaine, Propos sur la littérature tunisienne contemporaine, 1881-1993, Tunis, Sud Éditions, , 116 p. (ISBN 9973-703-80-4).
  • Jean Fontaine, Le roman tunisien de langue française : essai, Tunis, Sud Éditions, , 168 p. (ISBN 9973-844-29-7).
  • Jean Fontaine, Histoire de la littérature tunisienne par les textes, t. III : De l'indépendance à nos jours, Tunis, Cérès, .
  • Samia Kassab-Charfi et Adel Kheder, Un siècle de littérature en Tunisie : 1900-2017, Paris, Honoré Champion, , 550 p. (ISBN 978-2-7453-5069-5).
  • Myriam Louviot, La littérature tunisienne francophone, Paris, Éditions Didier, coll. « Mondes en VF », , 10 p. (lire en ligne).
  • Sihem Sidaoui, « Du refoulement de l'identité africaine dans la littérature tunisienne », dans Pierre-Yves Dufeu et Antoine Hatzenberger (dir.), L'Afrique indéfinie, Louvain-la-Neuve, Academia, coll. « Sefar » (no 4), (ISBN 978-2-8061-0053-5).

Articles connexes

Liens externes

  • Portail de la Tunisie
  • Portail de la littérature africaine
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.