Lidia Litviak

Lidia Litviak (en russe : Лидия Владимировна Литвяк, Lidia Vladimirovna Litviak) (), également connue sous le nom de Lili Litviak, fut l'une des deux seules as soviétiques féminin de la Seconde Guerre mondiale (et par extension de l'Histoire mondiale) et certainement la plus connue avec Iekaterina Boudanova.

Surnommée le Lys Blanc ou la Rose de Stalingrad par la presse soviétique, elle avait à 22 ans accompli 168 missions et comptait 12 victoires personnelles à son actif, chiffre parfois contesté par certains qui ne lui attribuent que de deux à cinq victoires. Elle était surnommée le Lys Blanc à cause de cette fleur peinte sur chaque flanc du fuselage et la Rose de Stalingrad parce qu'à chaque fois qu'elle abattait un avion nazi, elle faisait peindre une rose blanche sur le nez de son chasseur.

Biographie

Lidia Litvyak est né à Moscou le . Son père, Vladimir Leontievich Litvyak, était conducteur de train et disparu pendant la Grande Purge de 1937[1]. Elle est attirée par l'aviation dès son plus jeune âge et entre à quatorze ans dans un aéro-club, où elle effectue son premier vol en solo un an plus tard. Elle intègre ensuite l'école d'aviation de Kherson et obtient un brevet d'instructeur[2]. Après l'invasion de l'Union soviétique, elle désire rejoindre une unité de combat, mais voit ses demandes refusées en raison de son manque d’expérience. Elle falsifie alors son temps de vol en l’augmentant d’une centaine d’heure, ce qui lui permet d’intégrer au début de l'année 1942 le 586e régiment de chasse créé par Marina Raskova, une unité équipée de Yakovlev Yak-1, qui défend la région de Saratov. Elle effectue ses premières missions de combat, de janvier à août 1942[3],[4].

En septembre, Litviak et plusieurs pilotes, dont Raissa Beliaïeva, Iekaterina Boudanova, Maria Kouznetsova (en), sont affectées à une unité masculine, le 437e régiment de chasse, opérant dans le secteur de Stalingrad, unité équipée de chasseurs Lavotchkine La-3[5]. Le , trois jours seulement après son arrivée, elle remporte ses deux premières victoires, abattant un Junkers Ju 88 et, surtout, un Bf 109 G-2 piloté par l’as allemand Erwin Maier[6],[7], devenant ainsi la première femme pilote ayant abattu un appareil ennemi[8]. Elle abat un autre Bf 109 le lendemain, puis de nouveau un Ju-88 le [9].

Les quatre femmes sont mutées en au 9e régiment de chasse de la Garde, commandé par Lev Chestakov[8]. Elles y restent jusqu'en janvier 1943, puis elles intègrent le 296e régiment de chasse, dirigé par Nikolaï Baranov[10]. Le , elle reçoit l'Ordre du Drapeau rouge, est promue second lieutenant et sélectionnée pour pratiquer la chasse libre ou okhotniki[11]. Le , elle abat un Ju-88 et un Bf 109, mais est elle-même blessée et doit se poser en urgence dans un champ, où elle est secourue par le pilote d’un IL-2 qui se pose à proximité ; la gravité de ses blessures l’oblige néanmoins à rester hospitalisée jusqu’en mai[12]. Lorsqu'elle rejoint son unité, celle-ci est devenue le 73e régiment de chasse de la Garde. Dès son retour, elle abat deux Bf 109 les 5 et 7 mai, mais est durement affectée par la mort de son leader, Alexeï Solomatine (en), lors d’un exercice le [11].

Litviak est blessée une nouvelle fois le , mais refuse d’être mis au repos, considérant sa blessure mineure, et demande à retourner au combat. Deux semaines plus tard, le elle est portée disparue lors d’une mission d’interception de bombardiers dans la région du Donetsk, en Ukraine[13].

En 1969, des enfants découvrirent l’épave d’un avion contenant les restes d’un pilote de petite taille dans un champ près du village de Dmitriyeva. Ayant eu vent de cette découverte en 1979, Valentina Vaschenko, un professeur qui avait déjà cherché, sans succès, ce qui était arrivé à Litviak, fit exhumer le corps, dont l’analyse confirma qu’il s’agissait de la pilote. Vaschenko monta alors un musée consacré à la jeune femme et aux autres femmes pilotes de l’Union Soviétique, et obtint finalement de Mikhaïl Gorbatchev la nomination de Lidia Litvyak au titre d’Héroïne de l'Union soviétique le [13].

Controverse

Plusieurs historiens contestent la version officielle soviétique de la mort Lidia Litviak, considérant qu’elle n’a pas été tuée le , mais capturée par les Allemands. Kazimiera Cottam affirme notamment que le corps découvert à Dmitriyeva n’a jamais été exhumé comme le prétend Valentina Vaschenko, mais identifié uniquement à partir du croisement de documents d’archives. Par ailleurs, elle fait remarquer que le pilote soviétique Vladimir Lavrinenkov a affirmé l’avoir vu dans le camp de prisonnier où il se trouvait[14].

Gian Piero Milanetti fait lui remarquer qu’une femme pilote a sauté en parachute de son appareil dans la zone où Litiviak a disparu, et qu’elle est la seule femme pilote à avoir disparu à cet endroit le . Il rapporte par ailleurs que l’historien russe Anatoly Plyac, anciennement major au KGB, lui a dit que Litviak avait survécu et été faite prisonnière[15].

Enfin, en l’an 2000, l’ancienne pilote Nina Raspopova déclare avoir reconnue Litviak dans un reportage diffusé à la télévision et tourné en Suisse, dans lequel intervient une ancienne pilote soviétique n’indiquant pas son nom, mais disant avoir été blessée à deux reprises[16].

Notes et références

  1. Milanetti 1937, p. 211.
  2. Seidl 1998, p. 134.
  3. Pennington 2003, p. XV.
  4. Pennington 2003, p. 130.
  5. Pennington 2003, p. 130-131.
  6. Seidl 1998, p. 135.
  7. Goodpaster 2007, p. 27.
  8. Cottam 1998, p. 150.
  9. Sakaida 2012, p. 14.
  10. Pennington 2003, p. 135, 163.
  11. Pennington 1997.
  12. Sakaida 2012, p. 14-15.
  13. Sakaida 2012, p. 15.
  14. (en) Kazimiera Cottam, « Lidya (Lily) Vladimirovna Litviak (b. 1921) » (consulté le ).
  15. Milanetti 2006, p. 231.
  16. Polunina 2004.

Annexes

Bibliographie

  • (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Lydia Litvyak » (voir la liste des auteurs).
  • (en) Kazimiera Cottam, Women in War and Resistance : Selected Biographies of Soviet Women Soldiers, Focus Publishing, (ISBN 1585101605).
  • (en) Amy Goodpaster, Flying for Her Country : the American and Soviet women military pilots of World War II, Westport, Greenwood Publishing Group, (ISBN 9780275994341).
  • (en) Gian Piero Milanetti, Soviet Airwomen of the Great Patriotic War : A pictorial history, Rome, Italy, Istituto Bibliografico Napoleone, , 284 p. (ISBN 978-88-7565-146-6).
  • (ru) Yekaterina Polunina, Девчонки, подружки, летчицы, Moscou, (ISBN 0313327076).
  • (en) Reina Pennington, Wings, Women and War : Soviet Airwomen in World War II Combat, University Press of Kansas, (ISBN 0700615547).
  • (en) Reina Pennington, Amazons to Fighter Pilots : A Biographical Dictionary of Military Women, Westport, Greenwood Press, (ISBN 0313327076).
  • (en) Henri Sakaida, Heroines of the Soviet Union 1941-1945, vol. 90, Oxford, Osprey Publishing, coll. « Elite », (ISBN 9781841765983).
  • (en) Hans Seidl, Stalin's Eagles : An illustrated Study of the Soviet Aces of World War II and Korea, Schiffer Publishing, (ISBN 0764304763).

Articles connexes

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