LilyPond

LilyPond est un logiciel libre de notation musicale créé en 1996 par Han-Wen Nienhuys et Jan Nieuwenhuizen alors qu'ils étaient encore lycéens à Eindhoven (Pays-Bas)[5]. Développé par une communauté internationale dans le cadre du projet GNU, ce logiciel offre un langage de description de la musique, qu'il compile ensuite sous forme de partition écrite. Selon ses auteurs[6], cette approche classique[note 1] permet ainsi de libérer les musiciens de toute préoccupation typographique pour offrir un rendu de haute qualité esthétique.

Pour l’article homonyme, voir Lily Pond.

LilyPond
Introduction de la sonate pour piano no 16 de Beethoven. Cette partition a été créée avec LilyPond.
Informations
Créateur Han-Wen Nienhuys (d) et Jan Nieuwenhuizen (d)
Développé par Projet GNU
Première version
Dernière version 2.22.0 ()[1],[2]
Version avancée 2.23.0 ()[3],[4]
Dépôt git.savannah.gnu.org/cgit/lilypond.git, git://git.sv.gnu.org/lilypond.git et gitlab.com/lilypond/lilypond
Écrit en Scheme, C++, Metafont, PostScript, Python
Système d'exploitation GNU/Linux, Microsoft Windows, macOS et Linux
Environnement Multiplate-forme
Formats lus LilyPond music score (d)
Formats écrits LilyPond music score (d), Standard MIDI File (d), Portable Document Format, PostScript, Portable Network Graphics, SVG et Encapsulated PostScript
Type Logiciel de notation, de création et de gravure musicale
Licence Licence publique générale GNU version 3 et GFDL-1.1 (d)
Documentation lilypond.org/manuals.html
Site web lilypond.org

Son nom signifie « mare aux nénuphars » en langue anglaise ; c'est un jeu de mots[7] faisant allusion à un autre logiciel libre d'édition musicale, Rosegarden.

Justification

Selon les développeurs de LilyPond, la qualité de l'édition musicale souffre actuellement d'une méconnaissance des principes et du savoir-faire des graveurs de musique des XIXe et XXe siècles, qu'ils considèrent comme à l'apogée de cet art. Le musicien, normalement ignorant des règles typographiques, ne peut que s'improviser graveur, le résultat sur un logiciel WYSIWYG dépend alors du jugement d'un non-typographe. Les partitions-modèles ont été analysées, une fonte (feta) développée pour LilyPond ainsi que les algorithmes de placement des glyphes selon l'art des graveurs. LilyPond automatise donc le processus de « mise en scène » des glyphes et ne requiert du musicien-opérateur que de gérer la partie musicale du travail de notation, et occasionnellement de corriger certaines décisions graphiques du logiciel (essentiellement en cas de chevauchement).

Principe d'utilisation

S'il utilise seulement Lilypond, le musicien décrit son intention musicale (il enregistre notes, signes d'articulation et dynamiques, etc.) dans un fichier textuel, puis donne à Lilypond l'ordre de compiler ce fichier (donc en particulier de le mettre en forme, et de prendre les décisions typographiques). Le résultat est, par défaut, une partition au format PDF, ainsi qu'un fichier sonore au format MIDI. Un certain nombre de séquenceurs génèrent eux-mêmes un fichier Lilypond, permettant d'écrire tout d'abord la musique sur une portée, tablature, etc.

L'utilisateur écrit dans un éditeur de texte :

{ c d e f g } ou bien { do ré mi fa sol }

puis sauve le fichier en ajoutant l'extension « .ly ».

L'utilisateur lance ensuite la compilation du code avec la commande :

lilypond musique.ly

Lilypond lit alors le fichier musique.ly et crée le document musique.pdf dont l'illustration est ci-dessous.

Dans certains environnements, il peut aussi glisser l'icône du fichier .ly sur celle de LilyPond, pour obtenir le même résultat.

Concepts de base

Les notes sont définies par les lettres de a à g (notation néerlandaise) qui correspondent aux notes de la à sol[8]. Une commande spéciale permet aussi de déclarer les notes dans d'autres langues, notamment en notation française[8].

Il suffit de déclarer la succession de notes et Lilypond réalise automatiquement un certain nombre de tâches :

  • position sur la portée (par défaut en clé de sol) ;
  • ajout des barres de mesure (par défaut à 4 temps) ;
  • espacement des notes ;
  • orientation des hampes de note ;
  • groupement des notes avec les ligatures adaptées.

Chaque note peut être suivie de :

  • une apostrophe « ' » pour monter d'une octave ou une virgule « , » pour descendre d'une octave :
Code
(notation anglo-saxonne[8])
Code
(notation latine[8])
Résultat
c do
c' do'
c'' do''
  • is (dièse) ou es (bémol) pour ajouter une altération, respectivement d ou b avec la notation française :
Code
(notation anglo-saxonne[8])
Code
(notation latine[8])
Résultat
d' re'
dis' red'
des' reb'
  • un nombre pour indiquer sa durée et éventuellement un point pour ajouter une demi durée. Si la note suivante a la même durée, il n'y a pas besoin de préciser à nouveau sa durée. Les silences sont définis de la même façon avec la lettre r.
Code
(notation anglo-saxonne[8])
Code
(notation latine[8])
Résultat
{ e'1 e'1. r2 }{ mi'1 mi'1. r2 }
{ e'2 e'2. r4 }{ mi'2 mi'2. r4 }
{ e'4 e'4. r8 }{ mi'4 mi'4. r8 }
{ e'8 e'8. r16 }{ mi'8 mi'8. r16 }
{ e'16 e'16. r32 }{ mi'16 mi'16. r32 }

Exemple qui résume ces différents points et met en évidence les automatismes de Lilypond :

Code
(notation anglo-saxonne[8])
Code
(notation latine[8])
Résultat
{ bes'8 bes' a' g'16 f' f' d'8. c'4 f'2 r2 }{ sib'8 sib' la' sol'16 fa' fa' re'8. do'4 fa'2 r2 }

Pour plus de détails sur la création de partitions, un didacticiel est disponible sur Wikibooks. À voir aussi : la page d'aide de la version anglaise de Wikisource.

Fonctions diverses

Un certain nombre de modules (ordres) permettent de structurer le fichier .ly, dont voici un choix très réduit :

  • fonction relative : chaque nouvelle note est lue par rapport à la précédente et positionnée au plus près de la précédente (dans l'exemple précédent, on obtiendrait un tétracorde ascendant) et évite ainsi les numéros d'octave ;
  • définition de motifs : entouré de motif = { a b c d } (ou tout autre nom), le premier exemple peut être utilisé autant de fois que souhaité. Par exemple :
\relative c' { d e f g \motif e, f g \motif e f, g \motif e f }

(les virgules ordonnent de mettre cette note une octave plus bas que ne le ferait sinon le programme dans le contexte \relative) et donnerait trois gammes suivies ;

  • les transpositions peuvent être intégrées à souhait, par exemple :
\relative c' { \transpose a d' { \motif } \motif }

qui donne :

  • les fonctions de commentaires permettent d'écrire des remarques (numéros de mesure, aide-mémoire, etc.) invisibles pour le programme, par exemple :

% Ceci est un commentaire
\relative c' { c8 d e f g a b c }
qui donne :

  • Lilypond ne considère pas non plus les retours de chariot, tabulateurs et certains signes réservés, ce qui permet de structurer le fichier de manière visuelle.

Avantages

Les avantages de ce logiciel sont :

  • la capacité de réaliser des partitions d'aspect professionnel sans intervenir dans la mise en forme ;
  • la diversité des genres de partitions possibles (chant grégorien, conducteur d'orchestre, musique contemporaine, etc.) ;
  • le faible espace occupé par le texte permettant d'engendrer les sorties ;
  • la facilité pour communiquer les données qui peuvent être traitées par un éditeur de texte ;
  • la disponibilité (MS Windows, Mac OS, GNU/Linux, FreeBSD et code) ;
  • la capacité à concevoir et organiser la musique à un haut niveau d'abstraction, en définissant des thèmes ou motifs plutôt que de ne la voir que comme une succession de notes.
  • la possibilité de réaliser des partitions hiérarchisées, comprenant les pages de titre, la table des matières, la liste d'orchestration, des pages de commentaires, l'insertion de texte dans les partitions, etc.

Les auteurs du logiciel ont beaucoup travaillé sur l'aspect graphique des notes et des signes musicaux en se basant sur des éditions du XIXe siècle. Ils parlent de LilyPond comme logiciel de gravure de musique, en références aux techniques anciennes d'édition.

Inconvénients

Les inconvénients possibles pour l'utilisateur novice sont :

Inconvénients possibles pour l'utilisateur débutant ou avancé
inconvénient solution
une phase d'apprentissage qui peut être assez longue, par la logique différente de celle des éditeurs WYSIWYG un apprentissage rudimentaire permet de dessiner 90 % des partitions courantes. Ce problème est résolu grâce à l'utilisation d'une interface graphique qui utilise LilyPond, tels Frescobaldi ou Denemo, Rosegarden, etc.
dans certaines partitions denses, l'automatisation de la mise en page réclame une mise au point, essentiellement pour éviter des collisions lire la documentation
la syntaxe devient assez compliquée pour l'utilisation des fonctions avancées les cas plus complexes sont appris au fur et à mesure des nécessités. Un logiciel non-libre a contrario enferme dans les seules possibilités des menus.
la relative pauvreté du mécanisme générant des fichiers MIDI à des fins d'écoute compensée par un séquenceur (ceci n’a rien de spécifique à Lilypond)

En ce qui concerne ce dernier point, nous devons garder à l'esprit que la logique du développement du logiciel libre est généralement différente de celle du développement de logiciels commerciaux, c'est-à-dire que l'intention est de créer un produit qui ne sache faire qu'une seule chose, mais faite extrêmement bien. Le fichier MIDI est donc conçu comme un moyen de vérifier qu'il n'y a pas d'erreurs de transcription, et non comme un résultat à utiliser dans un autre but. En fait, pour ces tâches, il existe des logiciels spéciaux, également compatibles avec LilyPond, tels que Rosegarden.

Pour l'utilisateur aguerri, il est possible que la syntaxe permettant d'intervenir dans les décisions typographiques (tweaking) soit relativement complexe, contrepartie des fonctions très avancées. Les modes d'emploi de Lilypond offrent par ailleurs une riche bibliothèque de modules prêts à être copiés et adaptés. La version 2.18 () simplifie grandement la syntaxe de cette commande, de même que des autres commandes d'affinement (override, set)

Interaction avec LaTeX, LibreOffice, OpenOffice et Scribus

Un programme nommé lilypond-book permet de construire des documents LaTeX élaborés, contenant des fragments de musique de longueur variable (une note ou tout un mouvement) mélangés dans du texte et tout autres symboles qu'offre par ailleurs LaTeX (formules mathématiques, stéréochimie, jeu d'échecs, etc.).

On peut aussi lancer LilyPond avec le paramètre --tex ce qui génère du code TeX qui peut ensuite être intégré dans un autre fichier.

Un plugin OOoLiLyPond[9] existe pour LibreOffice et OpenOffice, qui permet d'intégrer des fragments de partition dans le texte. Scribus inclut un plugin équivalent, de même qu'un plugin gregorio plus spécialisé pour le chant grégorien.

Choix d'un éditeur et génération d'un fichier

En principe, n'importe quel éditeur permet de générer et éditer un ficher ly. Mais dans la pratique, on recherche une aisance de manipulation de données (vérification syntaxique, macros ou fonction préprogrammées, permettant entre autres la création de la structure générale du « fichier .ly », l'introduction des titres, sous-titres, auteur, instruments, etc.). Certains éditeurs viennent avec un module destiné au travail avec LilyPond comme emacs, Vim et surtout jEdit, très pratique pour les débutants, très performant pour les plus avancés, disponible sous GNU GPL et multi-plateforme.

Certains éditeurs de texte offrent la possibilité de colorer les commandes (coloration syntaxique), signaler les fautes (commandes non achevées par exemple).

jEdit possède ainsi un plugin (greffon) extrêmement puissant qui permet de lancer la compilation du fichier LilyPond, permet la visualisation du fichier PDF, la modification (limitée) de ce fichier par point-and-click, la recherche dans le fichier source de la ligne de code générant un glyphe donné, etc. Ce plugin n'est plus maintenu depuis .

L'interface de travail de Frescobaldi, qui utilise Lilypond. À droite la partition compilée ; à gauche l'onglet du script.

Un éditeur, Frescobaldi, est entièrement consacré à LilyPond. Il permet l'édition de texte avec saisie automatique des mots-clé, mais possède également une fenêtre de visualisation, avec correspondance du texte source vers la visualisation et réciproquement. À l'opposé, Frescobaldi représente une aide efficace et indispensable pour les grands projets (œuvres symphoniques, nécessitant l'utilisation de plusieurs dizaines de fichiers différents). La dernière version de Frescobaldi permet même une génération de la partition en temps réel, fonctionnelle pour les petits projets.

Notes et références

Notes

  1. Cette approche correspond aux premiers programmes informatique de traitement de texte \TeX. MusixTeX ou Amadeus (notation musicale) avait déjà repris cette formule, avec un succès mitigé.

Références

  1. « https://lilypond.org/doc/v2.22/Documentation/web/news » (consulté le )
  2. « https://git.savannah.gnu.org/cgit/lilypond.git/tag/?h=release/2.22.0-1 », (consulté le )
  3. « https://lilypond.org/doc/v2.23/Documentation/web/news » (consulté le )
  4. « https://git.savannah.gnu.org/cgit/lilypond.git/tag/?h=release/2.23.0-1 », (consulté le )
  5. (en) documentation LilyPond, « GNU LilyPond Learning Manual: Preface », sur lilypond.org, (consulté le ).
  6. documentation LilyPond, « Essai sur la gravure musicale automatisée », sur lilypond.org, (consulté le ).
  7. (en) « The name of the game », sur lilypond.org, (consulté le ).
  8. « Nom des notes dans d’autres langues », Notation musicale générale, sur lilypond.org, LilyPond — Manuel de notation (v. 2.18.2), (consulté le ).
  9. (en) Samuel Hartmann, « OOoLilyPond (OLy) - Music notation in OpenOffice.org », sur ooolilypond.sourceforge.net, (consulté le ).

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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