Ligne 38A (Infrabel)

Dans les années 1860, la région de Herve et des trois frontières ne possédait pas encore sa propre desserte ferroviaire. A cette époque, une part importante du réseau ferroviaire belge était construit par des compagnies privées. Le secteur privé voyait justement de possibilités d’exploitation rentable dans la région et présentèrent plusieurs projets qui furent d’abord refusés[1]. Une première concession est accordée en 1869 pour une ligne entre Chênée et Verviers via Battice qui doit transporter les voyageurs de cette région peuplée et évacuer la production de quelques charbonnages locaux[1]. Cette ligne évitait cependant la région d'Aubel et son marché aux grains et ne ralliait pas Plombières et ses gisements de métaux.

En 1873, alors que les travaux ont déjà commencé est décidée la création d’une ligne reliant Liège à l’Allemagne via le plateau de Herve passant par Plombières qui est déjà reliée au chemin de fer mais via un itinéraire moins direct. La ligne a déjà atteint Battice et doit être prolongée vers Aubel (qui sera atteint en 1881) et Plombières. Cette dernière section ne sera pas réalisée avant 1895 en raison du contexte[1].

Pendant ce temps, la section Verviers - Battice visant à faire déboucher le trafic du plateau de Herve à Verviers est mise en chantier. Elle représente un défi de taille en raison de la très importante déclivité (150m) sur une distance très courte d’une dizaine de kilomètres[2].

La pente sera comprise entre 17 et 20 pour mille et fait de cette ligne une des plus escarpées du réseau. En outre, il faut construire cinq viaducs, de nombreux ponts et remblais ou sections à flanc de coteau ainsi que trois gares sur des sections dépourvues de pente pour des raisons de sécurité. La ligne et ses ouvrages étaient tous prévus pour la double voie qui ne sera jamais installée[2].

Bien qu’elle fut fort profitable au reste de la ligne 38, l’ouverture de la dernière section de la ligne 38 entre Aubel et Plombières en 1895 porte un coup très dur à la ligne 38A qui perd désormais une bonne partie de son trafic de transit[2] et cette situation est encore accrue avec la construction de la ligne 24 par l’occupant allemand et de ses raccordements avec les lignes 38 et 39.

Au lendemain de la guerre, les lignes changent de dénomination et une continuité est établie sur les lignes Chênée - Battice et Battice - Plombières. La section Battice - Verviers devient, elle une ligne séparée.

Dans les années 1930, une ligne d’autobus concurrente est mise en place entre Verviers et Herve. Le Tramway de Verviers qui desservait Dison retire également au train ses passagers sur la section la plus fréquentée. Conséquence, le nombre d'allers-retours quotidiens qui était de six trains passe à trois début 1940[2].

Au déclenchement des hostilités, une partie de la ligne qui passe sur les emprises du fort de Battice est fermée et le Tunnel de la Croix Polinard est dynamité par l’armée belge afin que les troupes allemandes ne puissent pas passer par cet endroit.

Les dégâts sont tels que la voie est coupée et elle ne sera pas reconstruite en raison de son manque d’importance. Le trou fut comblé pour reconstruire la route qui passait au dessus[2].

Le service des voyageurs ne reprend pas au lendemain du conflit et le tronçon Dison - Chaîneux (sur lequel se trouvait le tunnel détruit) perd tout trafic faute de client. En revanche, l’usine de déchets textiles 'déchets de Verviers', qui possédait un raccordement près de Dison, justifie la reprise du trafic marchandises sur cette section[2] qui sera rebaptisée Ligne 37A[3]. Cette exploitation prit fin en 1961 et la ligne sera déjà déferrée l’année suivante[2].

En effet, l’autoroute E42 doit desservir Verviers et la descente, très accidentée entre l’échangeur de Battice et Verviers va nécessiter de nombreuses expropriations. Le site de l’ancienne voie ferrée, moins loti sera en grande partie détruit (viaducs dynamités, sections excavées ou ensevelies sous les talus, tunnels comblés, gares démolies...). La quasi-totalité des infrastructures sera démolie, y compris des ponts et tunnels qui ne se trouvaient pas directement dans le chemin des nouvelles routes à construire. Très peu de vestiges de cette ligne subsistent[2].

• Transport ferroviaire en Belgique
• Compagnie des chemins de fer des Plateaux de Herve

• « Verviers - Battice/Herve : Chronique d'une ligne maudite », sur Railations (consulté le 19 novembre 2019).

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