Les Vitelloni
Les Vitelloni (I vitelloni) est un film franco-italien de Federico Fellini, de style proche du néoréalisme italien, sorti en 1953, tourné en noir-et-blanc, qui fut commercialisé aussi en France sous le titre Les Inutiles. Il reçut le Lion d'argent au Festival de Venise en 1953.
Titre original | I vitelloni |
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Réalisation | Federico Fellini |
Scénario |
Federico Fellini Tullio Pinelli Ennio Flaiano |
Acteurs principaux | |
Sociétés de production |
PEG Film Cité-Films |
Pays d’origine |
Italie France |
Genre | Comédie dramatique |
Durée | 103 minutes |
Sortie | 1953 |
Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution
Le sujet du film, écrit initialement par Ennio Flaiano, se situe dans la petite ville de Pescara, sa ville natale. Le terme vitelloni[1] est une expression qui était utilisée à Pescara immédiatement après guerre pour désigner les jeunes sans emploi qui passaient leurs journées au bar. Fellini décide de déplacer la localisation du film à Rimini, sa ville natale, il recrée l'univers de sa jeunesse, de ses souvenirs les plus chers et raconte un monde avec un regard nostalgique, sarcastique et mélancolique.
Synopsis
Cinq adolescents attardés, déjà âgés d'une trentaine d'années, vivotent aux crochets de leurs parents dans une petite ville italienne du littoral romagnol. Ils n'ont pas commencé à travailler, n'en ont même pas l'intention et ne savent comment donner à leur existence du rêve, de l'aventure voire de l’amour[2]. Tous de profils différents (un tombeur, un ténébreux, un apprenti-écrivain, un ténor de bord de plage, un cynique), ils se rassemblent en bande mais la médiocrité, la frustration, la solitude de leurs conditions et situations ne parviennent pas à disparaître malgré leurs pauvres tentatives illusoires et désespérées d'échapper au quotidien ensemble, et devant le désespoir de leurs parents respectifs. Seule la fuite de leur ville leur permettrait de s'échapper du nid familial petit-bourgeois mais ils ne s'y résolvent pas et parcourent la ville et la nuit, désœuvrés.
Le film suit plus particulièrement l'évolution de Fausto, « chef et guide spirituel » de la bande, dans sa relation avec Sandra [2]: la première scène est la découverte de la grossesse de Sandra (juste après que Fausto, flirtant avec une autre demoiselle, a déclaré : « Sandra ? Qui c'est, Sandra ? »), puis s'ensuit le mariage, et les… difficultés de Fausto pour accepter ses responsabilités d'époux, voire de père. Il semble pourtant qu'à la fin, Fausto, dûment corrigé, rentre dans le rang, aidé par l'amour de l'honnête mais un peu naïve Sandra.
L'autre personnage central, même s'il se maintient toujours en retrait (sauf dans les scènes avec la statue volée) est Moraldo, le seul dont on sent que le rôle de parasite, d'inutile, lui pèse, et dont l'évolution, solitaire et silencieuse, conclura le film.
Personnages
- Moraldo
Sérieux, rêveur et romantique, il est le frère de Sandra, une jeune fille séduite et mise enceinte par son ami Fausto. Quoique le plus jeune de la bande, il est également le plus mature, et essaie d'aider les autres, en particulier Fausto, à évoluer, sans pour autant se poser en donneur de leçons. Dans la scène finale, Moraldo quitte la ville et, seul de la bande, s'arrache au désœuvrement et à la médiocrité pour tenter sa chance ailleurs. Même s'il n'est pas clair dans le film si Moraldo en est le narrateur (puisque le narrateur parle de Moraldo à la troisième personne, comme de tous les autres personnages), il est clairement le personnage le plus positif de la bande, et le plus sympathique. Il représente Fellini lui-même, qui a déclaré que le film était largement autobiographique, et a laissé un indice dans la dernière scène du film : lorsque le train quitte la gare, c'est la voix du réalisateur qui se substitue à celle de l'acteur pour dire au-revoir à Guido, le jeune employé des chemins de fer, laissant pressentir que Moraldo est enfin devenu Federico, en route vers son destin. Une suite aux Vitelloni, intitulée Moraldo in città (Moraldo dans la ville) a été envisagée par Fellini en 1954, mais il semble que cette idée ne soit pas allée plus loin qu'une ébauche de scénario. - Fausto
Coureur de jupon, lâche et vaniteux, il séduit et engrosse la sœur de Moraldo. Obligé à l'épouser de vive force, il continue à la tromper, jusqu'à tenter de séduire la patronne de la boutique d'objets de piété où son beau-père lui a finalement trouvé un emploi de magasinier[2]. Après avoir poussé sa jeune femme au désespoir, il rentrera dans le rang à la suite d'une correction administrée à coups de ceinturon par son père. - Alberto
Personnage léger, capricieux et émotif. Son affection sans borne pour sa mère, l'attention jalouse qu'il porte à sa sœur, ainsi que quelques scènes équivoques (dont celle du carnaval) font planer sur Alberto un soupçon d'homosexualité refoulée. - Leopoldo
Intellectuel aux ambitions littéraires avouées, écrivain que personne ne lit[2], Leopoldo se trouve au centre d'une des scènes les plus étranges du film. Ayant appris le passage, au théâtre local, d'un acteur célèbre auquel il souhaite présenter son manuscrit, Leopoldo, accompagné de ses amis Vitelloni, le retrouve dans le recoin sordide qui lui sert de loge, puis finit la soirée seul avec lui, pour réaliser que l'intérêt que lui porte le vieux cabot n'a rien de littéraire. - Riccardo
Figure secondaire du quintette, Riccardo est le bon camarade, solidaire et bon vivant, distrayant les autres par ses talents de chanteur et toujours prêt à suivre la dernière mode qu'ils ont adoptée. - Sandra
Sœur de Moraldo, elle sert de fil rouge au scénario. Dans les premières scènes du film, elle s'évanouit pendant un concours de beauté et on découvre vite qu'elle est enceinte et que Fausto est le père de son enfant. L'aveu, le mariage, le départ en voyage de noces et le retour, le ménage et les tromperies de son nouvel époux émaillent le film d'incidents domestiques qui évoquent le carcan des règles provinciales et constituent un repoussoir pour les autres Vitelloni.
Fiche technique
- Titre original : I Vitelloni
- Titre français : Les Vitelloni ou Les Inutiles
- Réalisation : Federico Fellini, assisté de Max de Vaucorbeil
- Scénario : Federico Fellini, Tullio Pinelli et Ennio Flaiano
- Décors : Mario Chiari
- Costumes : Margherita Marinari
- Photographie : Carlo Carlini, Otello Martelli, Luciano Trasatti
- Montage : Rolando Benedetti
- Musique : Nino Rota
- Production : Lorenzo Pegoraro
- Sociétés de production : PEG Film, Cité-Films
- Société de distribution : RKO Radio Pictures
- Pays d'origine : France, Italie
- Langue originale : italien
- Format : noir et blanc — 35 mm — 1,37:1 — son Mono
- Genre : Comédie dramatique
- Durée : 103 minutes
- Dates de sortie :
- Italie : (Biennale de Venise)
- France :
Distribution
- Franco Interlenghi : Moraldo
- Alberto Sordi : Alberto
- Franco Fabrizi : Fausto
- Leopoldo Trieste : Leopoldo
- Riccardo Fellini : Riccardo
- Leonora Ruffo : Sandra
- Jean Brochard : le père de Fausto
- Carlo Romano : Michele, l'antiquaire
- Enrico Viarisio : le père de Moraldo et Sandra
- Paola Borboni : la mère de Moraldo et Sandra
- Claude Farell : Olga, la sœur d'Alberto
- Gigetta Morano : la mère d'Alberto
- Lída Baarová : Giulia, l'antiquaire
- Vira Silenti : l'amie de Moraldo
- Achille Majeroni : le comédien de théâtre
- Silvio Bagolini : l'idiot
- Franca Gandolfi : une ballerine
- Giovanna Galli : une ballerine
- Maja Nipora : la soubrette
- Arlette Sauvage : la femme dans le cinéma
- Guido Martufi : le jeune cheminot
Récompenses
- Au Festival de Venise en 1953 : Les Vitelloni reçut le Lion d'argent (le Lion d'or ne fut pas attribué cette année-là). Le « Prix de la meilleure régie » alla à Fellini, et le « Prix du meilleur second-rôle » à Alberto Sordi.
- En 1955, Les Vitelloni obtint trois prix dans le cadre de l'Étoile de Cristal : le « Prix International » au film lui-même, le « Prix de la Meilleure Actrice Étrangère » à Leonora Ruffo, et le « Prix du Meilleur Acteur Étranger » à Franco Fabrizzi.
Accueil
« C’est une œuvre satirique où l’étude des mœurs d’un certain milieu est l’occasion de nombreuses scènes fort drôles et parfois dramatiques (…). Tout cela est fort bien évoqué par le metteur en scène et par les interprètes au premier rang desquels il faut signaler Fabrizi dans le rôle du Don Juan local, et Sordi, dans une composition étonnante (…). Les Vitelloni sont une œuvre intéressante qui ouvre, dans un registre inhabituel, des possibilités nouvelles au sein de l’école néo-réaliste. »
— Armand Monjo, L’Humanité, 08 avril 1954
« Il manquait encore un grand satirique au néo-réalisme, Federico Fellini sera celui-là s’il tient et développe les promesses d’une œuvre déjà aussi accomplie que ses Vitelloni. Son film a le mérite d’ambitionner la densité romanesque. Il ne l’atteint pas toujours, parce que l’arrière-plan (les parents notamment) est un peu trop sommairement esquissé. Le décor est souvent mieux vu que le fonds social proprement dit. Mais l’œuvre reste importante et riche. Saluons donc avec joie la nouvelle gloire de Federico Fellini. »
— Georges Sadoul, Les Lettres françaises, 29 avril 1954
« Nous aurions préféré un peu plus de nerf dans le dessin des personnages et la conduite de l’action. Le réalisateur semble avoir été contaminé par la mollesse et l’aboulie de ses héros. Le film est terne et lent et bourbeux. On ne sait vraiment à qui ou à quoi accrocher son intérêt. »
— Jean de Baroncelli, Le Monde, 28 avril 1954
Autour du film
- La traduction littérale du titre italien serait « Les Gros Veaux », ou bien, au sens premier du terme vitellone, « Les Vieux Veaux », c'est-à-dire ceux qui ont dépassé l'âge d'un an. Dans le film, sous-titré les Inutiles, c'est une façon ironique de nommer la bande d'adolescents attardés, sans buts, que sont ces vieux jeunes gens qui ne vivent que des subsides de leurs parents et ne sortent que la nuit à l'abri de la lumière, comme les veaux de lait.
- Le mot vitellone est passé dans le langage courant en italien : les vitelloni sont des jeunes gens fainéants, excessivement attirés par les femmes et par l'argent.
- La musique de Nino Rota inclut deux occurrences de la mélodie de la chanson Je cherche après Titine, l'une sifflotée, l'autre jouée par un orchestre lors d'une fête de carnaval.
Notes et références
- En italien, il vitello signifie le veau et il vitellone, le veau à l’engrais, « le gros veau ». Le pluriel de vitellone est vitelloni.
- Jean-François Rauger, « Six films pour faire “la révolution de l’oisiveté”. “Les Vitelloni” (1953) : le refus de l’âge adulte », Le Monde, (lire en ligne)
Liens externes
- Ressources relatives à l'audiovisuel :
- Allociné
- Centre national du cinéma et de l'image animée
- Ciné-Ressources
- Cinémathèque québécoise
- Unifrance
- (en) AllMovie
- (en) British Film Institute
- (en) Internet Movie Database
- (en) LUMIERE
- (en) Metacritic
- (de) OFDb
- (en) Oscars du cinéma
- (en) Rotten Tomatoes
- (mul) The Movie Database
- Chronique du film dans BlogNot.
- Les dessins de Fellini : Satyricon, Casanova, Amarcord...
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