Amiri Baraka
Everett LeRoi Jones connu sous le pseudonyme d'Amiri Baraka est né le à Newark (New Jersey) et mort dans la même ville le , est un dramaturge, romancier, nouvelliste, poète, essayiste, éditeur et professeur d'université américain.
Pour les articles homonymes, voir Baraka.
Il est le fondateur du Black Arts Movement. À l'avant-garde d'une forme d'esthétique engagée, Amiri Baraka s'est fait le chantre d'une esthétique afro-américaine émancipée de l'hégémonie des canons de la culture occidentale.
Biographie
Jeunesse et formation
Everett LeRoi Jones dit Amiri Baraka[1],[2],[3] est le fils de Coyt Leverette Jones, un chauffeur livreur de l'United States Postal Service, et d'Anna Lois (née Russ) Jones, une travailleuse sociale qui avait fait des études universitaires à l'Université Fisk de Nashville, études qu'elle a interrompues pour se marier. Il a une sœur cadette Sandra Elaine Jones. Everett a grandi dans des quartiers mixtes, il s'est fait des camarades de diverses origines européennes, Italiens comme Irlandais. Dès l'école primaire, il montre une curiosité littéraire, jeune il dévore les œuvres de Charles Dickens et de Rudyard Kipling, et comme le rapporte son père lors d'une interview « Il lisait tout ce qui lui tombait sous la main ». Alors qu'il n'a que huit ans, ses parents le surprennent à réciter par coeur le Discours de Gettysburg prononcée par le président Abraham Lincoln en 1863. Élève particulièrement doué, il surprend ses enseignants par ses remarques et son imagination débordante. Il fait ses études secondaires à la Barringer High School (en) un établissement non ségrégué de Newark. I+l écrit plusieurs nouvelles pour le journal de l'établissement et finit brillamment ses études secondaires à seulement l'âge de seize ans. Durant ses études secondaires, il découvre le Jazz et commence des études de trompette pour imiter son idole Miles Davis, mais découragé par un enseignement centré sur la musique classique, il abandonne ses études musicales, choses qu'il regrettera plus tard. Son dossier scolaire lui permet d'obtenir une bourse d'études et d'être accepté par plusieurs universités, il choisira la plus proche, l'Université Rutgers de Newark. En 1952, se sentant isolé en tant qu'Afro-Américain dans cette université qu'il juge « trop blanche » il demande à être transferré à l'Université Howard située à Washington (district de Columbia) qui l'accepte. Pour la première fois de sa vie, Everett LeRoi Jones quitte le foyer familial[4].
où il étudie la philosophie, la littérature et la religion, il y obtiendra en 1954 son Bachelor of Arts, (licence) option littérature anglaise.
Jones rejoint en 1954 l'US Air Force, atteignant le grade de sergent. Une lettre anonyme ayant dénoncé ses convictions communistes supposées à ses supérieurs, il reçoit un blâme pour violation de son serment militaire, et est affecté aux cuisines.
Il reprend des études universitaires à l'université Columbia où il soutient avec succès un Master of Arts (mastère 2) de philosophie et à la New School for Social Research où obtient un Master of Arts de littérature de langue allemande[5],[6],[7],[8].
Carrière
La même année, il quitte l'armée et se rend à Greenwich Village, le quartier « bohème » de New York, où il découvre le jazz et le mouvement des poètes de la "Beat Generation", comme Allen Ginsberg, Frank O’Hara, Gilbert Sorrentino et Charles Olson[8],[9] qui influencent grandement son propre travail poétique et dramatique[10],[11] Jones devient l'un des dandys les plus notoires du quartier. En 1958, il fonde la maison d'édition Totem Press[12], qui publie les travaux d'icônes de la Beat Generation, telles que Jack Kerouac et Allen Ginsberg. Cette année est également celle de son mariage avec Hettie Cohen Jones, avec qui il coéditera jusqu'en 1963 le magazine littéraire Yugen[13],[14].
En 1960, il se rend à Cuba, une visite qui fait de lui un artiste beaucoup plus engagé politiquement. Il publie en 1961 Preface to a Twenty Volume Suicide Note (Préface à une Note de Suicide en 20 Volumes), suivi en 1963 de Blues People: Negro Music in White America (Le Peuple du Blues : une musique noire dans une Amérique blanche), qui reste encore aujourd'hui considéré comme l'un des travaux critiques les plus influents au sujet du Blues et du Jazz.
En 1964, Jones remporte un grand succès avec sa pièce de théâtre Dutchman (Le Métro fantôme), qui lui vaut un Obie Award.
À la suite de l'assassinat de Malcolm X en 1965, Jones rompt avec les poètes Beat, quitte sa femme et leurs deux enfants et part vivre dans le quartier noir new-yorkais de Harlem, rejoignant le mouvement du nationalisme noir.
Dans la foulée, il crée le Black Arts Movement[15] avec l'ouverture du Black Arts Repertory Theater à Harlem en 1965, qui est le pendant culturel, esthétique du mouvement politique du Black Panther Party[16],[17],[18].
En 1966, Jones épouse en secondes noces la poète Sylvia Robinson, qui va devenir Amina Baraka (en)[19],[20] lorsqu'il changera son nom, l'année suivante, pour le patronyme africain Imamu Amear Baraka, puis Amiri Baraka.
Devenu en 1967 professeur à l'université d'État de San Francisco, il est arrêté en 1968 à Newark pour port d'arme illégal et résistance à l'autorité, au cours d'une des émeutes qui suivent le meurtre de Martin Luther King. Condamné à 3 ans de prison ferme, il est finalement acquitté en appel.
Sa plus grande contribution au mouvement du Black Power est l'ouvrage Le Peuple du Blues (Blues People), où il développe la thèse révolutionnaire que l'évolution du statut des Afro-Américains a trouvé un écho dans les modifications de la musique afro-américaine. Sa lecture sociale et politique du blues et du jazz a eu une influence très importante dans le domaine des Popular Music Studies.
À titre de professeur invité, il enseigne la culture et la littérature afro-américaines à l'université Columbia, puis est un temps professeur à temps plein à l'université Rutgers. En 1987, il participe avec Toni Morrison et Maya Angelou à la cérémonie à la mémoire de James Baldwin. En 1998, il incarne le personnage de Rastaman dans le film Bulworth de Warren Beatty. Il reçoit de nombreux honneurs et distinctions : il devient notamment en 2001 un des membres de l'Académie américaine des arts et des lettres.
Vie personnelle
Le , il épouse Hettie Cohen Jones, le couple divorce en août 1965, de leur union naissent deux filles Kellie Elisabeth et Lisa Victoria Chapman.
En août 1966, il épouse Sylvia Robinson qui prend le nom de Bibi Amina Baraka, de leur union naissent cinq enfants Dbalaji Malik Ali, Ras Jua Al Aziz, Shani Isis, Amiri Seku et Ahi Mwenge[7].
Il décède des suites de complications post-opératoires au Beth Israel Medical Center de Newark, le , où il était hospitalisé depuis le [21],[22],[23],[13],[10],[15].
Archives
Les archives d'Amiri Baraka sont déposées et consultables à la bibliothèque de l'université de Syracuse[24] et à la bibliothèque de l'université George Washington (district de Columbia)[25].
Œuvres
Recueils de poésies
- (en-US) Preface to a Twenty Volume Suicide Note, Totem/Corinth, 1961, rééd. 1 août 1968), 48 p. (ISBN 9780870910487),
- (en-US) The Dead Lecturer, Grove Press, , 76 p. (ISBN 9780394172477),
- (en-US) Reggae or Not, Contact II Publications, , 22 p. (ISBN 9780936556048),
- (en-US) Wise, Why's, Y's: The Griot's Song Djeli Ya, Third World Press, 1 février 1994, rééd. 1 décembre 1995, 132 p. (ISBN 9780883780473),
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Romans et recueils de nouvelles
- (en-US) The System of Dante's Hell, Akashic Books, 1 janvier 1965, rééd. 16 février 2016, 160 p. (ISBN 9781617753961),
- (en-US) Tales, Akashic Books, 1967, rééd. 16 février 2016, 150 p. (ISBN 9781617753954),
- (en-US) Tales of the Out and the Gone, Akashic Books, 1 janvier 1968, rééd. 1 décembre 2009, 221 p. (ISBN 9781933354125)
Essais
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- (en-US) Home: Social Essays, Ecco Press, 30 novembre 1965, rééd. 1 décembre 1998, 252 p. (ISBN 9780880015721),
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- (en-US) The Music: Reflections On Jazz And Blues, William Morrow & Company, , 332 p. (ISBN 9780688043889),
- (en-US) The Essence of Reparations, House of Nehesi, août 2003, rééd. 1 juin 2007, 44 p. (ISBN 9780913441923),
- (en-US) Razor, Third World Press, 1 novembre 2008, rééd. 28 avril 2011, 300 p. (ISBN 9780883783009),
Autobiographie
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Compilations et anthologies de ses œuvres
- (en-US) Black Magic: Sabotage, Target Study, Black Art; Collected Poetry, 1961-1967, Bobbs-Merrill Co, , 225 p. (ISBN 9780672506178),
- (en-US) Raise, Race, Rays, Raze: Essays Since 1965, University Place Book Shop, , 169 p. (ISBN 9780685770573),
- (en-US) The motion of history, and other plays, William Morrow & Co, , 225 p. (ISBN 9780688082727, lire en ligne),
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Anthologies
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Traductions française
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Prix et distinctions
- 1965 : boursier de la fondation John-Simon-Guggenheim[26],
- Juillet 2002 / juillet 2003 : nomination à charge de Poète lauréat du New Jersey (en), nomination fut controversée suite à la lecture du publique de poème Somebody Blew Up America reprenant des thèses antisémites et complotistes sur l'attentat du 11 septembre 2001 qui a frappé le World Trade Center. Le gouverneur du New Jersey, James McGreevey lui demande sa démission, Amiri Baraka se maintien à sa charge, n'ayant pas pu trouver de moyens juridiques pour le pousser à la démission, le New Jersey a mis fin à la nomination d'un Poète lauréat de son État[27],[28],[29].
Bibliographie
Notices dans des encyclopédies et manuels de références
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Liens externes
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