Laudomia Bonanni

Laudomia Bonanni (né à L'Aquila le et morte à Rome le ) est une écrivaine italienne.

Pour les articles homonymes, voir Bonanni.

Biographie

Laudomia Bonanni-Caione était une fille de Giovanni, marchand de charbon et violoniste dans l'orchestre du théâtre communal de L'Aquila et d'Amelia Perilli, maîtresse d'école primaire à L'Aquila. Elle a commencé comme maîtresse, dans des écoles en province de l'Aquila et a publié des livres pour les enfants. Dans les années de sa maturité, elle a écrit des romans et des recueils de nouvelles et a publié dans des quotidiens, (surtout des elzévirs pour Il Giornale d'Italia) et dans des revues littéraires. Son activité d’écrivain a été enrichie par une longue expérience de que conseillère auprès du Tribunal des mineurs de L'Aquila.

Sa prose traite deux thèmes principaux, une politique sociale et une philosophie existentielle qui appréhende les souffrances de la vie. Laudomia Bonanni c'est l'écrivaine italienne qui adhère pleinement au néo-réalisme[1].

Laudomia Bonanni, L'adultera, Bompiani 1964, peinture de Orneore Metelli

Romans et recueils de nouvelles

En 1948, pour une sélection de contes intitulée Il fosso, cette écrivaine reçut le prix pour un'œuvre inédite d'auteur inédit, discerné par les Amis du Dimanche, c'est-à-dire par les lettrés appartenant au « salotto » culturel de Maria Bellonci. Ce livre a été publié l'année suivante par Mondadori et a remporté en 1950 le Prix Bagutta opera prima, qui n'avait jamais été décerné à une femme écrivaine. Il fosso fut recensé, entre autres critiques littéraires, par Eugenio Montale[2], par Emilio Cecchi[3], par Giuseppe De Robertis (it)[4], par Goffredo Bellonci et par Enrico Falqui (it). Le critique littéraire Ferdinando Giannessi, pour l'un des récits, Il mostro, écrivit: « Le phénomène de l'adolescent qui se réveille à la virilité est vu de façon nouvelle et suggestive, comme rarement il se produit : pas directement, avec une de ces introspections qui sont maintenant le brevet du meilleur Moravia, mais à travers les réactions d'une femme mûre et digne, qui en subit par inadvertance les réflexes. »[5].

En 1954, Laudomia Bonanni a publié le recueil de nouvelles intitulé Palma e Sorelle; en 1960, avec l'éditeur Valentino Bompiani, elle publia le roman à fond policier L'imputata, entièrement adapté à L'Aquila. Avec le roman suivant, L'adultera, Laudomia Bonanni s'est détachée du milieu des Abruzzes et a raconté l'histoire d'une jeune femme qui à Milan est représentante de tissus pour la mode. Après un long et drammatique voyage en train, à destination de Naples, Linda rencontre son amant et meurt dans une chambre d'hôtel, étouffée par une fuite de gaz.

Elle a ensuite publié, avec l'éditeur Valentino Bompiani, Città del tabacco, Vietato ai minori, Il bambino di pietra et Le droghe. Laudomia Bonanni a été pour trois fois finaliste au Prix Strega (1960, 1974, 1979). En 1985, puisque Bompiani avait refusé son dernier roman La rappresaglia, elle cessa d'écrire et se retira dans la solitude.

Après sa mort, on a créé à L'Aquila le Prix Laudomia Bonanni dédié à la poésie e l'Association internationale de culture Laudomia Bonanni. L'édition posthume du roman La rappresaglia (2003), la publication du premier volume de l'Epistolario (2006)[6] une bibliographie des œuvres de Laudomia Bonanni (2007)[7] et la réédition des livres Il fosso (2004) et L'imputata (2007) ont ravivé l'intérêt pour cette écrivaine italienne.

Laudomia Bonanni, Epistolario

Œuvres

  • Storie tragiche della montagna, Novelle d'Abruzzo, L'Aquila, Vecchioni, 1927.
  • Il canto dell'acqua, Palerme, Ires, 1928.
  • Il pesco vestito di rosa, Palerme, Ires, 1928.
  • Noterelle di cronaca scolastica, L'Aquila, Vecchioni, 1932.
  • Damina Celina ed altri racconti, Florence, Bemporad, 1935.
  • Men, avventura al Nuovo Fiore, Milan, Bompiani, 1939.
  • Le due penne del pappagallino Verzè, Turin, Paravia, 1948.
  • Il fosso, Milan, Mondadori, 1949, Prix Bagutta opera prima.
  • Palma e Sorelle, Rome, Casini, 1954, Prix Soroptimist.
  • L'imputata, Milan, Bompiani, 1960, Prix Viareggio[8].
  • L'adultera, Milan, Bompiani, 1964, Prix Campiello (Sélection)[9].
  • Il fosso, réédition avec Palma e Sorelle, Milan, Bompiani, 1968.
  • Vietato ai minori, Milan, Bompiani, 1974; Prix national Rhegium Julii pour la narrative[10].
  • Città del tabacco, Milan, Bompiani, 1977.
  • Il bambino di pietra : una nevrosi femminile, Milan, Bompiani, 1979.
  • Le droghe, Milan, Bompiani, 1982.
  • La rappresaglia, L'Aquila, Textus, 2003 (curatelle de Carlo De Matteis).
  • Il fosso, réédition, L'Aquila, Textus, 2004, (curatelle de Carlo De Matteis).
  • Noterelle di cronaca scolastica, réédition, Turin, Aragno, 2006 (curatelle de Maria Luisa Jori).
  • L'imputata, réédition, L'Aquila, Textus, 2007 (curatelle de Liliana Biondi).
  • Elzeviri, Pescara, Tracce, 2007 (curatelle de Anna Maria Giancarli).
  • L'adultera, réédition, Rome, Elliot, 2016.
  • Vietato ai minori, réédition, L'Aquila, Fond. Cassa risparmio della prov. dell'Aquila, 2017 (curatelle de Carlo De Matteis).

Traductions en espagnol

  • Proceso a una mujer (L'imputata), Barcelone, Vergara, 1965 (curatelle de A. Lupo Canaleta).

Traductions en français

  • L'adultère (L'adultera), Paris, Albin Michel, 1965 (trad. d'Elsa Bonan)[11].
  • L'inculpée (L'Imputata), Paris, Albin Michel, 1968, (trad. d'Elsa Bonan)[12].

Traductions en anglais

  • The Reprisal (La rappresaglia), Chicago, University of Chicago Press, 2013, (curatelle et trad. de Susan Stewart et de Sara Teardo).

Cinéma et télévision

  • Io che ero una donna di domani, documentaire, Rai Educational, auteur Loredana Rotondo, mise en scène de Lucia Luconi, 2007.
  • Come se il fiore nascesse dalla pietra. Omaggio a Laudomia Bonanni, documentaire, Académie des Beaux Arts de L'Aquila, auteur Patrizia Tocci, mise en scène de Carlo Nannicola, 2007.

Notes et références

  1. Lire Goffredo Bellonci, sur le récit Il seme (1949): « Elle fait une épreuve très audacieuse et difficile, c'est-à-dire qu'elle veut nous faire sentir maintenant l'inconscient, non pas en une personne, mais dans un pays, dans la cohabitation forcée de soldats allemands, de peuples des Abruzzes, de soldats britanniques errants et de juifs et persécutés politiques cachés ou déguisés, ennemis entre eux, et prêts à se tuer, mais motivés par des impulsions et je voudrais dire par les impulsions sexuelles d'une mystérieuse nature, qui suscite de la mort les germes d'une vie nouvelle. ». « [...] fa una prova molto ardita e difficile, vuol cioè farci ora sentire l'inconscio, non in una persona, ma in un paese, nella forzata convivenza di soldati tedeschi, di popolani abruzzesi, di soldati britannici alla macchia e di ebrei e perseguitati politici nascosti o travestiti, nemici tra loro, e pronti ad uccidersi, ma mossi dagli impulsi e vorrei dire dagli impulsi sessuali di una misteriosa natura, che suscita dalla morte i germi di una nuova vita. ». Goffredo Bellonci 1949.
  2. « Mais on peut parler de néo-réalisme pour elle aussi, sans vouloir imposer une étiquette. Elle n'imite pas les Américains, son réalisme est celui de certains récits de Joyce (Les morts). » « langue-it » Eugenio Montale 1949.
  3. « Le drame des saisons, la matière épuisée et putréfiée qui revient dans les nouvelles spores, le perpétuel passage des forces vitales à travers l'horreur de la guerre et l’exaltation aveugle de l'amour : ce sont des choses dignes de la poésie, qu'elle ressent. ». « Il dramma delle stagioni, la materia esausta ed imputridita che rifermenta nelle nuove spore, il continuo trapasso delle forze vitali attraverso l'orrore della guerra e la cieca esaltazione dell'amore: queste sono le cose degne della poesia, che ella sente. ». Emilio Cecchi 1950.
  4. « Même ici un peu de mode [...] les gros mots. Désormais ils ne nous disent plus rien, tant nous nous sommes fait l'oreille et, sinon le goût, une habitude mélancolique. ». « Anche qui un poco di moda [...] le parolacce. Ormai esse non ci dicono più nulla, tanto ci abbiamo fatto l'orecchio e, se non proprio il gusto, una malinconica abitudine. ». Giuseppe De Robertis 1949.
  5. « Il fenomeno dell'adolescente che si sveglia alla virilità è visto in modo nuovo e suggestivo come raramente accade: non per via diretta, con una di quelle introspezioni che sono ormai brevetto del migliore Moravia, ma attraverso le reazioni di una donna matura e dignitosa, che ne subisce inavvertita i riflessi. » Ferdinando Giannessi 1950, p. 19.
  6. Lettres de Laudomia Bonanni à Maria Bellonci, à Sibilla Aleramo, à Cecchi, à Giuseppe Dessì, à Falqui, à Gianna Manzini, etc.
  7. « Les autres critiques [Falqui à part] se sont intéressés aux livres de Laudomia Bonanni, en perdant de vue la production dans des périodiques : récits et nouvelles, notes sur le tribunal des mineurs, épisodes de guerre dans des villages des Abruzzes, lieux de D'Annunzio, impressions de voyage, [...] atmosphères estivales sur les plages et les montagnes des Abruzzes, souvenirs comme maîtresse de province, suggestions de cuisine authentique, notes sur la ferme militaire, notes sur la superstition et la magie populaire, [...] pour répondre aux requêtes des journaux, elle puisait dans le roman inédit Prima del diluvio. Ses elzévirs lui donnèrent plus de notoriété que ses livres. ». « Gli altri critici [a parte Falqui] si occuparono dei libri della Bonanni, perdendone di vista la produzione su periodici: racconti e novelle, note sul tribunale minorile, episodi di guerra in borghi abruzzesi, luoghi dannunziani, impressioni di viaggio, [...] atmosfere estive sulle spiagge e sulle montagne d'Abruzzo, ricordi come maestra di provincia, suggestioni di cucina genuina, note sulla ferma militare, appunti su superstizione e magia popolare, [...] per far fronte alle richieste dei giornali attinse al romanzo inedito Prima del diluvio. Gli elzeviri le diedero più notorietà dei libri. ». Fausta Samaritani-Bibliografia p. 98.
  8. (it) « Premio letterario Viareggio-Rèpaci », sur premioletterarioviareggiorepaci.it (consulté le ).
  9. (it) « Premio Campiello, opere premiate nelle precedenti edizioni », sur premiocampiello.org (consulté le ).
  10. (it) « Albo d'oro », sur circolorhegiumjulii.wordpress.com (consulté le ).
  11. Interview de Claude Couffon à Laudomia Bonanni, dans Les Lettres françaises, Paris, 1965, 24 avril. Interview de Josane Duranteau à Laudomia Bonanni, dans Combat, Paris, 22 avril 1965. Adrien Jans a écrit: « L'adultère est de ceux œuvres à definir : elle est écrite avec des mots feutrés. Très près du réel, elle glisse en quelque sorte sur les réalités. Grave, elle est sans concessions, sauf dans le domaine moral. L'écriture est simple et belle : il y a, dans cette œuvre, une extraordinaire fluidité. » cf. Adrien Jans, « Quatre grands de la littérature italienne », Le Soir, Bruxelles, . Les autres « grands » pour Adrien Jans sont : Moravia, Giuseppe Ungaretti et Cesare Pavese.
  12. « [...] j'y ai bien vu quel rôle de ferment une sensualité honteuse d'elle même joue dans cette chronique de quartier. Mais j'ai eu l'impression aussi d'être en face d'une œuvre néo-réaliste cusinée à la sauce d'un cinétisme anonime. Femmes, enfants, filles, garçons et maris à peu à près interchangeables n'en finissent pas d'entrer et de sortir, de monter et de descendre des étages, de s'eloigner et de se rapprocher. ». cf. Georges Piroué, « Laudomia Bonanni, "L'inculpée" », Les Lettres françaises, Paris, 1968, 18 septembre.

Annexes

Livres

  • (it) Sandra Petrignani, Le signore della scrittura, Milan, La Tartaruga, .
  • (it) Antonio Iliano, Invito al romanzo d'autrice '800-'900. Da Luisa Saredo a Laudomia Bonanni, Florence, Cadmo, .
  • (it) Pietro Zullino (curatelle de), La vita e l'opera di Laudomia Bonanni: con una raccolta delle recensioni: Il fosso, Palma e sorelle, L'imputata, L'adultera, Vietato ai minori, Città del tabacco, Il bambino di pietra, Le droghe e la presentazione di tre romanzi inediti, Rome, s.e., .
  • (it) Fausta Samaritani (curatelle de), Laudomia Bonanni - Epistolario, vol. I, Lanciano (CH), Carabba, (ISBN 88-88340-99-8).
  • (it) Maria Cristina Biggio (curatelle de), Luci da Il Fosso. Ventiquattro segni terrestri per Laudomia Bonanni, Milan, La Vita Felice, .
  • (it) Gianfranco Giustizieri, "Io che ero una donna di domani". In viaggio tra gli scritti di Laudomia Bonanni, L'Aquila, Consiglio regionale dell'Abruzzo, .
  • (it) Gianfranco Giustizieri, Laudomia scrittrice senza tempo. Secondo viaggio tra gli scritti di Laudomia Bonanni, Lanciano (CH), Carabba, (ISBN 978-88-6344-131-4).
  • (it) Simone Gambacorta et Anna Ventura, Scrittura e scrittori. Conversazioni sulla poesia, su Laudomia Bonanni e su Gennaro Manna, Giulianova (CH), Duende, .
  • (it) Fausta Samaritani (curatelle de), Affettuosamente sua Laudomia Bonanni. Risorsa elettronica, Rome, Repubblicaletteraria.it, .
  • (it) Gianfranco Giustizieri, Laudomia Bonanni tra memoria e futuro. Itinerari di lettura nelle pagine della critica letteraria. Con una testimonianza di Luciano Paesani e il copione dell'adattamento teatrale del racconto "Città del tabacco", Lanciano (CH), Carabba, (ISBN 978-88-6344-279-3).
  • (it) Gianfranco Giustizieri, Antologia sommersa. Catalogazione di 1232 scritti di Laudomia Bonanni su giornali e riviste: emozioni, appunti, note, sottolineature, scoperte, interviste, elzeviri e racconti, Lanciano (CH), Carabba, .
  • (it) Liliana Biondi, Laudomia Bonanni : il potere vitale della donna, L'Aquila, One group, (ISBN 978-88-89568-74-3)

Articles

  • (it) Eugenio Montale, « Aggredisce i mostri la ragazza dell'Aquila », Corriere d'informazione, Milan, 1949, 6-7 décembre, p. 3.
  • (it) Ferdinando Giannessi, « Libri autori critici. La Medusa degli italiani », ...e chi non sa su' danno, Pise, Industrie grafiche V. Lischi & figli, vol. XVIII, nos 10-11, , p. 18-19.
  • (it) Goffredo Bellonci, « Il fosso di Laudomia Bonanni », Il Giornale d'Italia, Rome, 1949, 1 novembre, p. 3.
  • (it) Enrico Falqui, « Saltare il fosso », Il Tempo, Rome, 1950, 19 février, p. 3.
  • (it) Emilio Cecchi, « Narratore e narratrice », L'Europeo, Rome, 1950, 23 avril.
  • (it) Eugenio Montale, « Bonanni », Il Nuovo Corriere della Sera, Rome, 1954, 7 novembre, p. 3.
  • (it) Giuseppe Ravegnani, « L'amaro realismo di Laudomia Bonanni », Il Giornale d'Italia, Rome, 1960, 15-16 juin, p. 3.
  • (it) Giuseppe De Robertis, « I progressi della Bonanni », La Nazione, Florence, 1960, 1er septembre, p. 3.
  • (it) Ottaviano Giannangeli, « La Bonanni e il dialetto », Dimensioni. Rivista abruzzese di cultura e d'arte, Pescara, nos 5-6, , p. 45-49. (Republié dans: Ottaviano Giannangeli, Scrittura e radici. Saggi: 1969-2000, Lanciano, Carabba, 2002, p. 153-165.)
  • (it) Vittoriano Esposito, « Realismo critico di Laudomia Bonanni », Nuove note di letteratura abruzzese, Rome, Edizioni dell'Urbe, .
  • (it) Fausta Samaritani, « Per una bibliografia di Laudomia Bonanni », Esperienze letterarie, Pise-Rome, Istituti Editoriali e Poligrafici Internazionali, no 32, , p. 97-111.
  • (it) Patrizia Tocci, « Memoria e filtro letterario », Oggi e Domani, Pescare, Ediars, no 399, , p. 7-12.
  • (it) Fausta Samaritani, « Laudomia Bonanni (la Penna dell'Aquila) fuori dal coro », La donna italiana da Salò alla Prima Repubblica. Curatelle de Romain H. Rainero, Milan, Cuesp, , p. 155-189.

Liens externes

  • Portail des Abruzzes
  • Portail des femmes et du féminisme
  • Portail de la littérature italienne
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.