La Rose et le Réséda

La Rose et le Réséda est un poème de Louis Aragon. Il s'agit d'un appel à l'unité dans la Résistance, par-delà les clivages politiques et religieux.

Historique

Le poème paraît d'abord le [1] dans Le Mot d'ordre, un journal marseillais[2] diffusé également à Lyon[1] « au ton à la fois maréchaliste et anticonformiste »[2], dont les pages littéraires sont dirigées par Stanislas Fumet[2]. Il est ensuite largement copié et diffusé clandestinement par tracts anonymes, notamment dans la Contribution au cycle de Gabriel Péri (mi-1944).

En décembre 1944, Aragon le publie au sein du recueil de poésie La Diane française dont le thème est la Résistance, en ajoutant la dédicace aux quatre résistants : Guy Môquet, Gabriel Péri, Honoré d'Estienne d'Orves et Gilbert Dru.

Commentaire

Le titre

Rose rouge.
Réséda blanc.

Le titre contient une allusion aux dernières lignes d'une nouvelle de Jules Barbey d'Aurevilly, Le Dessous de cartes d'une partie de whist :

« Et, cassant le cou à une rose bien innocente qu'elle prit à son corsage et dont elle éparpilla les débris dans une espèce d'horreur rêveuse :
– Voilà qui est fini ! ajouta-t-elle ; je ne porterai plus de résédas. »

La pointe que constitue ce passage, énigme irrésolue sur laquelle le récit se conclut, a certainement fasciné Aragon lorsqu'il a lu Les Diaboliques, le recueil contenant la nouvelle[3].

Dès le titre de son poème, Aragon appelle à l’union au-delà des convictions politiques. La conjonction de coordination « et » unit les deux fleurs aux couleurs symboliques fortes : la rose (rouge) symbolise le communisme et le réséda (une fleur blanche) symbolise le royalisme et par extension le catholicisme.

Le texte

À première vue, ce poème ressemble à une chanson de geste tirée de l'univers médiéval. Il est ici question d'une belle qu'il faut délivrer de soldats, d'une citadelle. « La belle » désigne ici la Liberté ou la France de façon allégorique, métaphore filée tout au long du poème. Le poème dit que les sacrifices de « Celui qui croyait au Ciel / Celui qui n'y croyait pas » seront utiles : « Mûrisse un raisin muscat ».

Le poème souligne par de nombreuses répétitions des deux premiers vers que, dans la Résistance, l'« union sacrée » transcendait les clivages religieux. L'auteur appelle à la Résistance, au-delà des divergences de religion ou d'opinion (anaphore de « Celui qui croyait au Ciel / Celui qui n'y croyait pas ») afin de libérer « la belle prisonnière des soldats ».

Comme tous les poèmes de La Diane française, ce poème résistant ne comporte aucune ponctuation. Il comporte 64 heptasyllabes et n'est pas divisé en strophes. Entièrement en rimes alternées ABAB, il n'utilise que deux rimes « el » (ciel, belle, chapelle, échelle...) et « a » (pas, soldats, dérobât, bras...) ; ce sont des sons voyelles ouverts et plutôt joyeux qui contrastent avec le contenu du poème.

Interprètes

Utilisation

Arnaud Montebourg a nommé ainsi son mouvement politique, courant du Parti socialiste[7].

Il existe au sein de la Grande Loge de France, une obédience maçonnique, un atelier à Lyon qui a pris comme nom de loge « De l’esprit à l'action : la rose et le réséda », marquant l'acceptation des différences que devraient avoir les Humains entre eux[réf. souhaitée].

Notes et références

  1. Nicole Racine, « Aragon, Louis », Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français, 2002, consulté le 26 octobre 2007.
  2. Xavier Affre, « Le Mot d’ordre, un journal "de gauche" à Marseille à l’époque de Vichy et sous l’occupation (août 1940 – février 1944) », université de Provence, Aix-Marseille I, début thèse : novembre 2003.
  3. Anne Doustaly, « La Rose et le Réséda : éclairage média », médiathèque INA Jalons (lire en ligne).
  4. « La Rose et le Réséda » [vidéo], sur ina.fr (consulté le )
  5. https://musique.rfi.fr/actu-musique/chanson/20121220-louis-aragon-ferrat-ferre-brassens / consulté le 6 mai 2020.
  6. « Poètes en résistance : La Rose et le Réséda », Pour aller plus loin (lire en ligne) sur le site reseau-canope.fr du ministère de l'éducation nationale
  7. Thomas Wieder, « Arnaud Montebourg, une PME politique à lui tout seul », lemonde.fr, 4 février 2012.

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