La Morte amoureuse
La Morte amoureuse est une nouvelle fantastique de Théophile Gautier, parue en 1836 dans La Chronique de Paris. Cette nouvelle a provoqué un tollé négatif chez les catholiques au XIXe siècle.
La Morte amoureuse | |
Publication | |
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Auteur | Théophile Gautier |
Langue | Français |
Parution | France, 1836, dans La Chronique de Paris |
Intrigue | |
Genre | fantastique |
Personnages | Romuald Clarimonde Le père Sérapion la gouvernante |
Résumé
Le vieux Romuald, âgé de 66 ans, raconte à un autre ecclésiastique, Sérapion, qu'il nomme « frère », les faits étranges qui ont suivi son ordination.
Alors jeune desservant d'une cure de campagne, il vit une expérience troublante : le jour, il est homme d'église, la nuit, il est un jeune seigneur de Venise. Cette existence bicéphale prend sa source dans sa rencontre avec Clarimonde, une courtisane sur laquelle courent les plus sordides rumeurs. Frère Sérapion met en garde Romuald : il ne doit pas se laisser tourmenter par une goule, un vampire qui n'a d'autre volonté que de l'éloigner de Dieu.
Mais la fascination qu'elle exerce sur lui est telle qu'il naît entre eux un amour plus fort que la mort. Un amour qui permit à Clarimonde de revenir d'un endroit « Sans Soleil ni Lune » pour rejoindre son aimé.
Pour Romuald tout est de plus en plus confus. Il ne sait qui, du prêtre ou du gentilhomme, est l'identité chimérique. Mais un soir, il découvre que Clarimonde le drogue pour qu'il s'endorme profondément de façon qu'elle le pique de son aiguille en or et puisse se nourrir parcimonieusement du sang vermeil de Romuald.
Violemment encouragé par Sérapion, ils vont chercher tous deux la tombe de Clarimonde dans le cimetière de la commune. Trouvant l'emplacement du cercueil, le vieil abbé Sérapion n'hésite pas à le profaner et l'ouvre. La belle courtisane y gît, blanche mais fraîche, sereine, un filet de sang coulant de ses lèvres. Saisi d'une rage folle, Sérapion exorcise la morte dont le cadavre se disloque, en un tas de « cendre et d’os ».
La couleur dans l'œuvre
Gautier aurait voulu être peintre. Il reçoit une formation rigoureuse dans l'atelier d'un maître reconnu : Louis Edouard Rioult. Mais celui-ci le congédie en 1829, et Gautier abandonne le pinceau pour la plume. Son ami indéfectible, Gérard Labrunie (Gérard de Nerval), lui présente Eugène Delacroix l’année suivante, en 1830.
Le chef de file de la peinture romantique française, à l’origine de l’orientalisme, a eu une influence esthétique certaine sur l’œuvre de Gautier. Celui-ci lui rend hommage dans les premières lignes de La Morte amoureuse en décrivant la vie rêvée de son héros comme « une vie de mondain et de Sardanapale », allusion au tableau d'Eugène Delacroix, La Mort de Sardanapale, considéré comme un véritable manifeste de l’artiste et du mouvement, l’artiste étant souvent cité par les critiques comme hyperonyme de l’autre.
La référence à l’orientalisme ne s’arrête pas à cette citation. Gautier use des teintes attachées à ce genre nouveau, dont les couleurs maîtresses sont le rouge, le vert, le blanc (ou argent) et l'or. Toutes ces tonalités sont à la base de la symbolique picturale dans La Morte Amoureuse
Enfin le talent du coloriste est particulièrement remarquable dans la description de Clarimonde, fantasme d’un peintre voyant apparaître sa muse : je la voyais étincelante des couleurs du prisme, et dans une pénombre pourprée comme lorsqu'on regarde le soleil. Gautier utilise un vocabulaire déroutant pour les néophytes, parlant par exemple de nacarat ou de vert de mer. Tous ces artifices servent à discourir sur l’inaccessible représentation ; la beauté, si tôt vouée à se défaire, n’est viable que dans l’indicible.
Adaptations de l'œuvre
Peter Kassovitz réalise en 1979 un téléfilm homonyme, qui adapte pour notre époque ("en inspiration libre") la nouvelle de Gautier (François Marthouret, Jean Martin, Gérard Desarthe et Daniel Russo au générique). Scénario signé Pierre Badel et Chantal Rémy, l'épouse du metteur en scène (et mère de leur fils, Mathieu), ordinairement monteuse.
« Clarimonde » (1998) est un épisode écrit par Gérard Wexler pour la série télévisée Les Prédateurs.
En 2010, la réalisatrice Flavia Coste met en scène un moyen-métrage inspirée de l'œuvre de Théophile Gautier, tourné pour des raisons techniques dans le château de Crazannes en Charente-Maritime. Produit par Gary Saint-Martin, il a été acquis par France 3 pour une diffusion au deuxième semestre 2011.
Le groupe français ECHO a écrit une chanson intitulée La Morte Amoureuse (2011) s'inspirant directement de l'histoire de Théophile Gautier.
Bibliographie
- Jean Decottignies, « À propos de « La Morte amoureuse » de Théophile Gautier : fiction et idéologie dans le récit fantastique », Revue d'histoire littéraire de la France, Paris, Armand Colin, no 4, 72e année « Théophile Gautier », , p. 616-625 (lire en ligne).
- NRP Lettres collège n° 632, « Théophile Gautier, La Morte amoureuse », .
Article connexe
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