La Mort de Chioné (Poussin)

La Mort de Chioné, réalisé en 1622 lors d'un séjour à Lyon, est considérée comme la première œuvre connue du peintre Nicolas Poussin. Il représente une scène tirée des Métamorphoses d'Ovide. Le tableau est conservé au musée des Beaux-Arts de Lyon[1].

Le mythe

« Mais que sert à Chione d’être mère de deux enfants, et d’avoir inspiré de l’amour à deux divinités ? Que lui sert d’avoir un père illustre et Jupiter pour aïeul ? Hélas ! la gloire elle-même n’est-elle pas fatale à plusieurs ? Ne le fut-elle pas à Chione ? Elle osa se préférer à Diane et mépriser la beauté de la déesse. Diane irritée : « Peut-être, s’écrie-t-elle, ne mépriseras-tu pas mes flèches ». Aussitôt elle courbe son arc, tend la corde, et une flèche va traverser la langue de la criminelle Chione. Elle veut parler ; sa langue est impuissante ; elle perd tout à la fois et son sang et sa vie. »

 Ovide, Les Métamorphoses, Livre onzième (441-442)[2].

Les Métamorphoses du poète Ovide sont des mythes latins datés à partir de l'an 1, rédigés en vers latins. Le thème des Métamorphoses d'Ovide est rarement traité dans l'histoire de la peinture.

Thème du mythe

Chioné[3] est une magnifique jeune fille qui suscite l'intérêt de deux divinités : Hermès et Apollon. Le divin ne pouvant se montrer sous son apparence divine au mortel, Hermès la séduit en l'endormant avec son caducée, tandis qu'Apollon se transforme en vieille femme. Elle met alors au monde deux jumeaux : l'un, Philammon, est le fils d'Apollon tandis que l'autre, Autolycos, est celui d'Hermès. Fière d'avoir été l'amante de deux dieux, Chioné ose comparer sa beauté à celle de Diane, sœur d'Apollon. Celle-ci, révoltée par tant d'audace, la perce d'une de ses flèches.

Le tableau

Composition

La mort de Chioné est le sujet principal du tableau. Elle est placée au centre de la composition, dans une position verticale et sous les rayons d'une lumière lunaire due à la déesse Diane. Autour d'elle se trouvent les deux enfants apeurés et prenant la fuite. Son oncle Céyx a le corps penché vers elle. Au loin se distingue la silhouette de Dédalion ailé fuyant après que la divinité Apollon l'ait transformé en épervier afin d'éviter son suicide. Diane flotte au-dessus de Chioné, son arc bandé dans sa direction. Une flèche aux plumes rouges dépasse de la bouche de Chioné touchée à mort.

Diane est représentée comme le seul corps faisant partie du ciel et semble complètement détachée de l'espace terrestre des hommes. La nature autour d'elle est un lieu de violence : les arbres sont brouillés, les cieux nuageux ne laissent entrevoir qu'un rayon lumineux que l'on peut attribuer à la lumière d'Apollon sauvant Dédalion du suicide.

Postures, regards et expressions

Les deux protagonistes principales sont dans une position latérale dans la composition. Diane surplombe Chioné qui est allongée, inerte. Leur visage à toutes deux est impassible : Chioné parce qu'elle est morte, Diane car divine ne peut témoigner d'émotions exagérées. Autour d'elles les positions des corps sculpturaux sont tendus, les visages crispés empreints de douleur.

Inspirations

L'inspiration des Métamorphoses d'Ovide est peu commun. Il semble que Poussin s'inspire de gravures des éditions des Métamorphoses qui lui sont contemporaines, notamment d'une eau-forte d'après Antonio Tempesta Diane transperçant Chioné d’une flèche (1606). Il s'inspire également d'une gravure de Polidoro da Caravaggio de 1525 relatant l'histoire de Niobé, Apollon et Diane tuant les enfants de Niobé à Rome[1].

Analyse

Dans La Mort de Chioné de Poussin, il est question d’un deus ex machina qui viendrait redonner l’ordre perdu au monde. Chioné a fait preuve d’hubris, une vertu divine, et le divin lui-même vient rétablir l’ordre entre le divin et le mortel. Ici, nous sommes face à un mythe latin où le divin vient rétablir une justice naturelle par un droit divin[réf. nécessaire].

Notes et références

  1. « Acquisition de l'œuvre de Nicolas Poussin (1594-1665), La Mort de Chioné » [PDF], sur mba-lyon.fr, .
  2. Ovide, Les Métamorphoses (lire en ligne), p. Livre XI, 441-442.
  3. Fille de Dédalion dans la mythologie latine, et la petite-fille d'Éosphoros.
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