Caducée
Le caducée[1] est un des attributs du dieu Hermès dans la mythologie grecque, représenté comme une baguette de laurier ou d'olivier surmonté de deux ailes et entouré de deux serpents entrelacés. Le caducée sert à guérir les morsures de serpents et c'est pourquoi il en est orné.
Ne doit pas être confondu avec Bâton d'Asclépios ou Coupe d'Hygie.
Le caducée est souvent confondu, à tort, avec l'emblème du corps médical, le bâton d'Asclépios ou bâton d'Esculape, avec la coupe d'Hygie des pharmaciens ou d'autres symboles médicaux ou paramédicaux dérivés de ces derniers.
Mythe
Le caducée[1] est un des attributs du dieu Hermès dans la mythologie grecque ; il est représenté comme une baguette de laurier ou d'olivier surmontée de deux ailes et entourée de deux serpents entrelacés. Le serpent est un animal chthonien dont le symbolisme est clair : les serpents du caducée, dressés et entrelacés, signifient l’union du ciel et de la terre et l’éveil de la conscience cosmique, comme cela apparaît aussi avec le serpent d’airain de Moïse[2]. Ce symbole est d’origine sumérienne[3]. Le caducée sert à guérir les morsures de serpents, c'est pourquoi il en est orné. Il est parfois représenté avec une paire d'ailes. À l'origine, ce n'était qu'un bâton orné de rubans qui flottaient au vent, remplacés avec le temps par les fameux serpents. Le caducée symbolise tout ce qui se rapporte au commerce et au transport, voire à l'alchimie : les deux serpents se faisant face symboliseraient les substances élémentaires que sont le soufre et le mercure quand elles se trouvent en parfait équilibre[réf. nécessaire].
Outre Hermès, la déesse Iris était aussi représentée avec un caducée, car elle était la messagère d'Héra, pendant féminin d'Hermès, messager de Zeus.
Selon l'hymne homérique qui lui est dédié, c'est Apollon qui a donné à Hermès son bâton emblématique. En effet, alors qu'il était encore enfant, il lui déroba une partie de son troupeau et se cacha dans une grotte pour échapper à la colère olympienne. Le dieu de la beauté et des arts se mit alors à sa recherche pour le punir de ce larcin. Or, lorsqu'il trouva Hermès, ce dernier se mit à jouer de la lyre qu'il avait inventée. Apollon en fut à ce point charmé que sa colère s'apaisa immédiatement. Un accord eut lieu entre les deux divinités : Apollon épargna Hermès en échange de l'instrument mélodieux. Il en fut tellement ravi qu'il gratifia le dieu des carrefours du caducée.
Selon une autre version, après que Hermès eut donné sa lyre à Apollon, il inventa la flûte de Pan ; en échange de l'instrument, Apollon lui offrit le caducée et lui apprit à prédire l'avenir avec des cailloux.
Jacques de Guyse, dans ses Chroniques du Hainaut, 1390, reprend des chroniqueurs ou auteurs plus anciens qui présentent le caducée tenu par l'idole d'or représentant le dieu Mercure dans le temple de Mercure de la mythique ville de Belgis comme « une baguette qui avait une vertu somnifère »[4]
Ce caducée est le sceptre porté par les hérauts, qui rend leur personne inviolable. À l'origine, il est simplement en olivier, encore orné de ses branches. Par la suite, les branches sont enroulées autour du bâton pour figurer des serpents.
Symbole
Aujourd'hui encore c'est le symbole du commerce et de l'éloquence (il figure notamment sur les côtés de la tribune de l'Assemblée nationale de France). Alors que le caducée d'Asclépios[pas clair] sert de symbole à la médecine en Europe[5], celui d'Hermès représente la médecine en Amérique[6].
Le caducée ne doit pas être confondu avec le bâton d'Asclépios (ou Esculape, de son nom latin) autour duquel ne s'enroule qu'un seul serpent, symbolisant la couleuvre que promenait ce dieu antique. Par ailleurs, le bâton d'Esculape ne porte jamais l'attribut hermaïque que sont les ailes, mais est parfois surmonté d'un miroir symbolisant la prudence. Le bâton d'Esculape est un emblème de la médecine. On parle tout aussi abusivement de « caducée » pour désigner l'emblème des pharmaciens, la coupe d'Hygie, qui représente en réalité une coupe enlacée d'un unique serpent. Enfin, par extension, le terme de caducée s'emploie pour désigner d'autres emblèmes dérivés des précédents, tels le bâton surmonté d'un diapason des audioprothésistes ou le serpent représentant la courbure du ventre de la personne enceinte pour les sages-femmes.
Parallèles dans les religions
Origine biblique
Dans l'Ancien Testament[7], on trouve déjà mention d'un bâton orné de serpents d'airain, qui joue un rôle thérapeutique (guérir des morsures de serpent) :
« 8 - L'Éternel dit à Moïse : Fais-toi un serpent brûlant, et place-le sur une perche ; quiconque aura été mordu, et le regardera, conservera la vie.
9 - Moïse fit un serpent d'airain, et le plaça sur une perche ; et quiconque avait été mordu par un serpent, et regardait le serpent d'airain, conservait la vie. »
Le nom du bâton orné de serpents d'airain s'appelle Nehuschtan[8]. Le suffixe -an spécifie qu'il y a en réalité deux serpents sur le bâton d'airain, un symbole alors très proche des serpents entrelacés du caducée d'Hermès :
« 14 - Il (Ezéchias, roi de Judas) fit disparaître les hauts lieux, brisa les statues, abattit les idoles, et mit en pièces le serpent d'airain que Moïse avait fait, car les enfants d'Israël avaient jusqu'alors brûlé des parfums devant lui : on l'appelait Nehuschtan. »
Dans le Nouveau Testament[9], le fait de regarder le serpent symbolise la vie éternelle avec Jésus-Christ :
« 14 - Et comme Moïse éleva le serpent dans le désert, il faut de même que le Fils de l'homme soit élevé,
15 - afin que quiconque croit en lui ait la vie éternelle.
16 - Car Dieu a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse point, mais qu'il ait la vie éternelle.
17 - Dieu, en effet, n'a pas envoyé son Fils dans le monde pour qu'il juge le monde, mais pour que le monde soit sauvé par lui.
18 - Celui qui croit en lui n'est point jugé ; mais celui qui ne croit pas est déjà jugé, parce qu'il n'a pas cru au nom du Fils unique de Dieu.
19 - Et ce jugement c'est que, la lumière étant venue dans le monde, les hommes ont préféré les ténèbres à la lumière, parce que leurs œuvres étaient mauvaises.
20 - Car quiconque fait le mal hait la lumière, et ne vient point à la lumière, de peur que ses œuvres ne soient dévoilées ;
21 - mais celui qui agit selon la vérité vient à la lumière, afin que ses œuvres soient manifestées, parce qu'elles sont faites en Dieu. »
Origine hindouiste
Il existe deux forces selon le yoga qui s'entremêlent autour d'une troisième et forment ainsi schématiquement un caducée le long de la colonne vertébrale, en remontant du premier chakra jusqu'au septième. Le yoga parle même d'une énergie primitive lovée au niveau du premier chakra, symbolisé par un serpent, dénommé kundalini, qu'il faut faire jaillir afin d'atteindre l'hypothétique état appelé "éveil". Dans de nombreux livres yogiques, on peut retrouver le symbole de ces trois forces : ida, pingala et sushumna[10].
Ésotérisme
Les ésotéristes de toutes époques ont interprété à leur façon ce symbole. Voici l'interprétation de Omraam Mikhaël Aïvanhov. Le caducée a un axe, deux lignes s'élevant en « un mouvement de spirales entrelacées », cinq renflements. Il représente la structure occulte de l'anatomie humaine, telle que la voient Tantra-Yoga et Kundalinî Yoga. Le bâton central est le canal (nâdî) médian sushumna, à l'intérieur de la moelle épinière ; le long de ce canal, qui est « l'axe de la colonne vertébrale », s'élève l'énergie kundalinî ; les deux serpents sont les deux canaux Idâ, « polarisé négativement et lié à la Lune », et Pingalâ, « polarisé positivement et lié au Soleil » ; de haut en bas, pour les cinq renflements : cerveau (hémisphère droit et gauche), poumons (poumon gauche, cœur ; poumon droit), foie et rate (foie à droite, rate à gauche), rein (rein gauche, rein droit), glandes génitales (glande à droite, glande à gauche).
« D'après la Science initiatique, deux courants partent des hémisphères droit et gauche du cerveau et descendent en passant alternativement de part et d'autre de la colonne vertébrale. Le courant qui part de l'hémisphère droit du cerveau passe par le poumon gauche et le cœur, se dirige vers le foie, passe ensuite par le rein gauche et la glande génitale droite, puis se rend dans la jambe droite. Le second courant part de l'hémisphère gauche du cerveau, se rend au poumon droit, puis dans la rate et de là dans le rein droit, puis dans la glande génitale gauche et la jambe gauche. Ces courants se croisent donc et, à chaque croisement, s'opère le passage du positif au négatif, du masculin au féminin, et inversement[11]. »
Sources antiques
- Cornélius Népos, Vies des grands hommes, Hannibal [lire en ligne] : « Hannibal, pour indiquer clairement aux siens où se trouvait Eumène, envoie un messager dans un esquif avec le caducée. » Le caducée était un symbole de paix mais c'est aussi une allusion aux serpents venimeux utilisés pour effrayer les Pergaméniens.
- Ovide, Métamorphoses [détail des éditions] [lire en ligne], I : « Mercure met à ses pieds des ailes, dans sa puissante main le caducée qui fait naître le sommeil, et sur sa tête un casque […]. Il se sert de ce caducée, comme un berger de sa houlette, pour conduire […] un troupeau de chèvres. »
- Homère, Hymne homérique à Hermès
- Hygin, Astronomie [détail des éditions] [(la) lire en ligne], II, 7.
- Plutarque, Vies parallèles [détail des éditions] [lire en ligne], Thésée : « Il [le héraut] accepta les couronnes ; mais, au lieu de les mettre sur sa tête, il en entoura son caducée. »
Culture populaire
Dans la série Lost : Les Disparus, La Caducée est l'une des stations du Projet Dharma. Il s'agit, en fait, d'une station à but médical.
Dans le jeu vidéo Assassin's Creed Odyssey, le Bâton d’Hermès est un artéfact de la Première Civilisation.
Notes
- Définitions lexicographiques et étymologiques de « caducée » dans le Trésor de la langue française informatisé, sur le site du Centre national de ressources textuelles et lexicales
- Jean Richer, Géographie sacrée du monde grec, Guy Trédaniel éditeur, 1983, p. 251 note 4.
- André Parrot, Sumer, Gallimard, collection L’Univers des formes, 1968, p. 236 figure n° 289, Gobelet de Lagash orné de serpents entrelacés.
- Fortia d'Urban, dans son introduction à l’Histoire de Hainaut de J. de Guyse, traduite en français avec le texte latin en regard, en 19 vols, Paris, 1826-38 ; Voir page 359.
- Nicolas Julienne, Étude symbolique du caducée médical français contemporain (Thèse d'exercice de médecine),
- (en) F. H. Garrison, M. C., « THE USE OF THE CADUCEUS IN THE INSIGNIA OF THE ARMY MEDICAL OFFICER », Bull Med Libr Assoc., (lire en ligne)
- Bible Segond 1910/Nombres (complet) 21,8-9.
- Bible Segond 1910/Deuxième livre des Rois 18,4.
- Bible Segond 1910/Évangile selon Jean 3,14-21.
- Swami Satyananda Saraswati, Kundalini Tantra, Swam éditions (ISBN 2950338917).
- « La force kundalini et les chakras », dans Vous êtes des dieux, éd. Prosveta, Fréjus, 1997, p. 178-180 et 440-441.
Voir aussi
Bibliographie
- Jean-Pierre Bayard, Le Symbolisme du caducée, Guy Trédaniel, 1978, 175 p.
- Cazenave, M. éd. (1989), Encyclopédie des symboles, La Pochothèque, p. 94-95 et 238-239.
- Grimal, P. (1969), Dictionnaire de la mythologie grecque et romaine, PUF, p. 206-207.
Articles connexes
Liens externes
- « La guerre des serpents n'aura pas lieu... » ou le Caducée est-il caduc ?, R. van Tiggelen et R. Derleyn, 1996
- (en) The Caduceus vs the Staff of Asclepius, Keith Blayney, 2002
- [PDF] Les Emblèmes officiels de la pharmacie française, Dominique Kassel, 2003
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