La Marianne de Mai 68

La Marianne de Mai 68 (également appelée La Marianne de 68 ou La Jeune Femme au drapeau) est une photographie prise par Jean-Pierre Rey sur la place Edmond-Rostand à Paris, au cours d'une manifestation de Mai 68. La jeune fille représentée sur cette photo, assise sur les épaules de son ami en brandissant un drapeau d'indépendantistes vietnamiens lors de la guerre du Viêt Nam, a été assimilée par les médias à Marianne, et la photo, devenue emblématique des événements de Mai 68, à La Liberté guidant le peuple.

Image externe
La Marianne de Mai 68
(Jean-Pierre Rey)

Caractéristiques de la photographie

Drapeau du Parti nationaliste vietnamien (1929–1945), agité par Caroline Bendern.

La photographie est prise le par Jean-Pierre Rey, reporter couvrant les événements de Mai 68, et publiée pour la première fois dans Life le [1], puis par Paris Match le .

La scène a lieu sur la place Edmond-Rostand près du jardin du Luxembourg, dans le 6e arrondissement de Paris. Il y passe alors le cortège d'une manifestation unitaire parisienne, étudiants, syndicats, travailleurs, entre les places de la République et Denfert-Rochereau.

La photographie représente une jeune fille de 23 ans, Caroline de Bendern, sur les épaules de son ami, le peintre Jean-Jacques Lebel, brandissant le drapeau du Front national de libération du Sud Viêt Nam, au moment de la guerre du Viêt Nam[2].

Le titre donné à cette photo par les médias fait référence à la figure allégorique de Marianne. Cette image, devenue emblématique, est en effet rapidement assimilée, par la presse nationale et internationale, à La Liberté guidant le peuple[3], bien que le tableau Delacroix ne représente pas Marianne à l'origine.

Conséquences

Caroline de Bendern, jeune top-model britannique, est la petite-fille du richissime Maurice Arnold de Forest (en), anobli par la reine Victoria, puis titré comte de Bendern par le prince souverain de Liechtenstein. Lorsqu'il découvre la photo de sa descendante dans Paris Match, il en est tellement outré qu'il la déshérite immédiatement. Elle ne pourra pas se réconcilier avec son aïeul, qui meurt quelques mois après en . De plus, les agences de mannequins refusent de travailler avec cette figure iconique de « dangereuse gauchiste ».

Caroline de Bendern porte plainte contre le photographe Jean-Pierre Rey en 1978, pour le dixième anniversaire de Mai 68, pour défendre son droit à l'image. Elle perd le procès, cette image étant considérée comme relatant un fait historique. Elle intente deux autres procès en 1988, puis en 1998 avant la prescription des faits. Elle perd à nouveau, pour les mêmes raisons que lors du premier procès[4].

Les différents procès ont fait jurisprudence sur les affaires concernant le droit à l'image lors d'un événement public relatant des faits historiques.

Caroline de Bendern a été mariée au musicien français Jacques Thollot, décédé le .

Postérité

Cette photographie, devenue célèbre dès le mois de , fait rapidement le tour du monde, reprise depuis dans la presse française et étrangère pour illustrer les événements de Mai 68. Elle illustre également la couverture du premier livre de Patrick Poivre d'Arvor, Mai 68, Mai 78, ainsi que la couverture de Paris Match pour le 20e anniversaire des événements de Mai 68. Le , Life publie un photomontage où la photo détourée chevauche La Liberté guidant le peuple[5],[6].

La démystification lors de l'exposition de 2018

L'exposition Icônes de Mai 68, les images ont une histoire a montré que cette photographie, ainsi que celle de Daniel Cohn-Bendit face à un CRS devant la Sorbonne, ne se sont imposées que plusieurs décennies plus tard « au fil des anniversaires » de Mai 68[7].

La Marianne de Mai 68 n'est publiée pour la première fois dans Paris Match qu'un mois après avoir été prise, le , en tout petit, face à une pleine page de la photo d'une autre jeune femme sur les épaules d'un homme, armée d'un drapeau noir[7]. En 1978, Paris Match choisit de publier en double page intérieure celle de Caroline de Bendern[7], puis en 1988 la fait passer en première page, mais recadrée, et sans son drapeau vietnamien[7].

Notes et références

  1. (en) « Students Unmask! Comes the Youth Revolt », Life, vol. 64, no 21, (lire en ligne).
  2. Hélène Fresnel, « Les Femmes de mai : Caroline de Bendern, égérie malgré elle », Elle, (consulté le ).
  3. Frantz Vaillant, « Femmes de mai 68 : Caroline de Bendern, la Marianne déshéritée (1/10) », TV5 Monde, .
  4. « Droit à l'image et illustration d'événements historiques : Cour d'appel, Versailles, 1re chambre sect. A, , Caroline de Bendern c/ Agence de presse Gamma », Légipresse, no 179, , p. 35-36.
  5. Leprince 2018.
  6. Gunthert 2018.
  7. Valérie Oddos, « exposition Icônes de Mai 68, les images ont une histoire », France Télévisions, (consulté le ).

Voir aussi

Bibliographie

Articles connexes

Liens externes

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