La Main du diable

La Main du diable est un film fantastique français réalisé par Maurice Tourneur en 1942, sorti en salle le 21 avril 1943[1], inspiré de la nouvelle de Gérard de Nerval, La Main enchantée.

La Main du diable
Réalisation Maurice Tourneur
Scénario Jean-Paul Le Chanois
Acteurs principaux
Sociétés de production Continental-Films
Pays d’origine France
Genre Film fantastique
Durée 82 minutes
Sortie 1943


Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution

Synopsis

Le film commence dans un relais de montagne. Des clients sont rassemblés dans la salle du restaurant et discutent. Tout d'un coup, un étrange individu fait irruption. Il porte sous le bras un objet empaqueté qui a la forme d’un coffret, n'a pas de main gauche et paraît avoir le diable à ses trousses. À la suite d'une coupure de courant, le paquet disparaît. Les clients le pressent de raconter son histoire.

Flash-back : Roland Brissot, un piètre peintre éconduit par Irène, la femme qu'il aime, acquiert pour un sou une main gauche à un restaurateur. Cette main lui apportera le talent et la célébrité dans le monde de la peinture, ainsi que l'amour d'Irène. Or, cette acquisition scelle un pacte avec le Diable, qui réclame son âme en échange. La valeur de rachat de l'âme de Brissot est calculée de façon diabolique par le petit homme qui incarne le diable : un sou le premier jour, deux sous le deuxième jour… et ainsi de suite, jusqu'à valoir plus de six millions de francs le vingt-huitième jour… Désespéré car ne pouvant rembourser sa dette, Roland Brissot se retrouve face aux anciens propriétaires de la main, les « maillons de la chaîne », qui racontent chacun à leur tour comment les pouvoirs de ce membre ont changé leur vie, pour le meilleur d'abord et pour le pire ensuite. Le petit homme intervient alors, ainsi que Maximus Léo, un moine d’Allevard, le véritable propriétaire de la main, que le diable avait volée. Roland n'a donc aucune dette envers le diable car la main ne lui appartenait pas.

Fin du flash-back : retour au relais de montagne. Roland explique aux clients incrédules qu'il recherche la tombe du moine pour lui rendre définitivement sa main, qui était dans la boîte disparue, et qu'il est poursuivi par le petit homme qui veut le tuer. Ce qui va se produire, dans une dernière scène mouvementée, qui se termine par la chute mortelle de Roland Brissot sur la tombe du moine. C'est ainsi que la main revient à son propriétaire.

Fiche technique

Distribution

Analyse

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Le thème du film évoque le mythe de Faust, qui, pour réaliser tous ses désirs, accepte de vendre son âme au diable. Contrairement à Faust, le héros de l'histoire ne sait pas qu'il pactise avec le diable lorsqu'il acquiert le coffret contenant la main 'porte-bonheur'[3].

Un film rare dans le cinéma français qui a peu donné dans le genre, et une grande réussite, par le jeu des ambiances, l'habileté de la narration des histoires dans l'histoire. Et aussi l'évolution psychologique des personnages, notamment celui d'Irène, beauté délicate au début, et qui se révèle être une harpie vénale presque aussi dangereuse que le diable ; celui de Roland, brillamment interprété par Fresnay, qui sombre dans le désarroi, trouve un sursis inespéré, puis se laisse enfermer dans un piège infernal : c'est en cela un symbole de toutes les assuétudes.

Pour Maurice Tourneur, ce qui fait peur n'est pas ce que l'on montre, c'est ce que l'on suggère. Par exemple le regard épouvanté de la chiromancienne (Gabrielle Fontan), lorsqu'elle regarde à la loupe la main gauche de son client Roland Brissot, est plus angoissant que n'importe quelle tentative de représenter concrètement l'enfer.

Le film fut réalisé pendant la guerre, tout comme Les Visiteurs du soir (1942) de Marcel Carné, dans lequel le diable intervient également (sous les traits de Jules Berry)… Le personnage revient dans un autre des rares films fantastiques français sorti moins d'une dizaine d'années plus tard : La Beauté du diable (1950) de René Clair, interprété alternativement par Michel Simon et Gérard Philipe.

Le film a été produit par la Continental, société de production cinématographique française financée par des capitaux allemands durant l'Occupation[3].

Il a quelque lien de parenté avec le film britannique Une question de vie ou de mort de Michael Powell et Emeric Pressburger[réf. souhaitée], sorti quelques années plus tard.

Accueil

« Maurice Tourneur et Jean-Paul Le Chanois modernisent la nouvelle de Gérard de Nerval en conservant sa vénéneuse poésie. Plusieurs récits se répondent, comme des instruments de musique au service d'une étrange mélodie. Le sortilège opère grâce à une fertile recherche esthétique : ombres géantes, collages, tableaux hallucinés... Le pire se déroule toujours hors champ. »

 Cécile Mury, Télérama, 6 juin 2009

Autour du film

La préparation et le tournage de La Main du diable sont racontés avec précision dans Action ![4], les mémoires de Jean Devaivre, assistant de Maurice Tourneur pour ce film. Devaivre a assuré les huit derniers jours de la réalisation du film (sur 28 jours au total), et notamment le tournage du jugement, où les possesseurs successifs de « La Main enchantée » retracent l'histoire de la détention du sort. C'est lui aussi qui eut l'idée de représenter la main en mouvement dans son coffre, malgré les réticences du scénariste Jean-Paul Le Chanois. Le plan est tourné avec la propre main de Devaivre. L'anecdote est reprise dans le film Laissez-passer de Bertrand Tavernier, qui a utilisé pour ce film les cent pages des mémoires de Jean-Devaivre relatives à la Continental.

Notes et références

  1. Maurice Bessy et Raymond Chirat, Histoire du Cinéma français : encyclopédie des films 1940-1950, Paris, Pygmalion/Gérard Watelet, , 599 p. (ISBN 2-85704-221-3)
  2. Jean Devaivre a également assuré le découpage du scénario, et le final de la réalisation.
  3. Jean Tulard, Guide des films : L Z, Paris, Éditions Robert Laffont, , 1221 p. (ISBN 2-221-06820-3)
  4. Jean Devaivre, Action !, Éditions Nicolas Philippe (2002) (ISBN 978-2748800173)

Liens externes

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