La Gustave (montgolfière)
La Gustave est le nom d'une montgolfière, qui décolle des Brotteaux à Lyon le avec une des premières femmes de l'histoire de l'aéronautique, la première à avoir effectué un vol libre, Élisabeth Tible. La montgolfière est baptisée ainsi par son propriétaire et pilote, le peintre Fleurant, en hommage au roi de Suède Gustave III[1].
La Gustave | |
![]() Montgolfière La Gustave, par Charles Ange Boily, de l'Académie de Lyon. London Sciences Museum | |
Équipage | 2 |
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Premier vol | |
Motorisation | |
Moteur(s) | vol libre |
Dimensions | |
Envergure | 70 pieds, soit 22 m |
Masses et capacité d'emport | |
Passagers | M. Fleurant Élisabeth Tible |
Performances | |
Altitude de croisière | 1 500 m |
Préparatifs
Le troisième voyage aérien de l'histoire a lieu à Lyon le , sous le nom de La Flesselle, en hommage à Monsieur de Flesselles, intendant de Lyon. La montgolfière décolle d'un champ au dehors de la ville, les Brotteaux, avec Jean-François Pilâtre de Rozier, le comte de Laurencin, le comte de Dampierre, le marquis de Laporte d'Anglefort, le prince de Ligne, et Joseph-Michel de Montgolfier, membre de l'Académie des sciences. Le ballon se déchire après une douzaine de minutes, retombant à une centaine de mètres[2],[3].
Quelques mois plus tard, le de la même année, l'artiste-peintre Fleurant affrète une montgolfière de 70 pieds de diamètre sur le même champ des Brotteaux. Profitant du passage à Lyon du populaire roi de Suède, Gustave III, qui voyage en France sous le nom de comte de Haga, il la baptise La Gustave[4].
Fleurant doit effectuer l'ascension accompagné du comte de Laurencin, qui avait déjà été passager à bord du Flesselles, mais, probablement refroidi par l'atterrissage brutal de ce ballon, il décide de ne pas repartir. Fleurant propose alors à une belle et capiteuse Lyonnaise de 19 ans[réf. nécessaire], Élisabeth Tible, d'être sa compagne de voyage[5].
Vol
L'engin décolle des Brotteaux à Lyon, entre les actuelles rues Duguesclin, Créqui, Sèze et Bossuet[6]. En quelques minutes, il atteint mille cinq cents mètres d'altitude, parcourant environ huit kilomètres en une heure. L'atterrissage est rude, non loin du château de la Duchère, et la passagère a la cheville foulée.
L'expérience est relatée par Fleurant lui-même : « Un froid subit nous saisit en même temps, ma compagne et moi ; il fut suivi d'un bourdonnement aux oreilles qui nous fit craindre de ne plus pouvoir nous entendre [...] Ces deux sensations durèrent peu et firent place à un état de bien-être et de suave contentement qu'on ne goûterait, je pense, dans aucune potion ; Mlle Tible l'exprima en chantant l'ariette de La Belle Arsène : « Je triomphe ! Je suis reine… » : je lui répondis par celle de Zémir et Azor : « Quoi ! voyager dans les nuages !… » »

Quelques semaines plus tard, le , le roi Gustave III de Suède est à Paris et assiste avec Louis XVI à l'envol d'une nouvelle montgolfière, La Marie-Antoinette, depuis les jardins du château de Versailles[7].
Postérité

Un panneau de la fresque "Carnet de voyage", avenue Bertelot (Lyon), sur la gare RER de Jean Macé rappelle cet événement[8].
- Hommage philatélique bicentenaire
- Timbre poste de Cuba, 1983.
- Timbre-poste du Zaïre, 1984.
Références
- Michel Faure, Les Frères Montgolfier ou la conquête de l'air (lire en ligne).
- « Ballon 1784. », sur cabanus.e-monsite.com (consulté le ).
- « Aërostat enlevé à Lyon le 10 [sic 19] janvier 1784 Par M. Montgolfier l'ainé, M. Pilatre de Rozier, le Prince Charles fils du P.ce de Ligne les c.tes de Laurencin, de Dampierre, de la Porte &c. : [estampe] », sur Gallica, (consulté le ).
- Alfred Sircos et Th Pallier, Histoire des ballons et des ascensions célèbres : A. Sircos et Th. Pallier ; avec une préface de Nadar ; dessins de A. Tissandier..., (lire en ligne).
- Joseph Louis Lecornu, La navigation aérienne : histoire documentaire et anecdotique... : J. Lecornu, (lire en ligne).
- « Montgolfier - Les Rues de Lyon », sur lesruesdelyon.hautetfort.com (consulté le ).
- « La Montgolfière Marie Antoinette - 2e Expérience faite à Versailles dans la Cour des Ministres par Mr. Pilatre de Rozier en 1784 : [estampe]. 36 », sur Gallica, (consulté le )
- Bloody Webdesign // www.bloody.fr, « CITECREATION », sur cite-creation.com (consulté le )
Annexes
Bibliographie
- Fleurant, Avis du sieur Fleurant sur la montgolfière qu'il a construite aux Broteaux, Lyon, Imprimerie de la ville, , [2] p.
- Elisabeth Tible, « Lettre à Mme ***[relatant les détails du voyage que j'ai fait dans les airs le 4 juin] », Journal encyclopédique ou universel, dédié à Son Alt. Sérénissime Mgr. le Duc de Bouillon Etc. Etc. Etc., vol. 7, no 1, , p. 289-294 (OCLC 421932427, lire en ligne)
- Jean-Baptiste de Laurencin, Lettre de M. le comte de Laurencin à M. J[ose]ph de Montgolfier, Sur l' Expérience Aérostatique faite à Lyon le 4 juin 1784, en présence du Roi de Suède, 32 p. (lire en ligne)
- Le Journal des sçavans, Paris, Jean Cusson, (lire en ligne), p. 760 sqq.
- « De Paris le 18 Juin », La Gazette d'Amsterdam, , p. 5-6 (lire en ligne)
- Louis Petit de Bachaumont, Mémoires secrets pour servir à l'histoire de la république des lettres en France, depuis MDCCLXII jusqu'à nos jours, t. 26, Londres, John Adamson, , 292 p. (lire en ligne), p. 58 et 82
- Pierre-Jean-Baptiste Nougaret, Spectacle et tableau mouvant de Paris ou Variétés amusantes, t. I, Paris, chez la veuve Duchesne, (lire en ligne), p. 99-100
- Jean-Henri Hassenfratz, Encyclopédie méthodique. Physique, Paris, chez Mme veuve Agasse, imprimeur-libraire, , 404-240 p. (lire en ligne), p. 42.
- Raoul de Cazenove, « Ascension du Ballon Le Gustave à Lyon - 4 juin 1784 », Revue lyonnaise, , p. 549 (lire en ligne)
- Ariane, « Les femmes et la conquête de l'air », Nouveauté : modes, ouvrages, variétés, roman, , p. 7 ; 9 (lire en ligne)
- Élisabeth Boselli, « Élisabeth Thible : La première femme volante », Icare, no 124, , p. 112-115
- Nicolas Witkowski, Trop belles pour le Nobel : les femmes et la science, Paris, Seuil, , 259 p.
- Bernard Marck, Elles ont conquis le ciel : 100 femmes qui ont fait l'histoire de l'aviation et de l'espace, Paris, Arthaud, , 232 p. (ISBN 978-2-7003-0121-2).
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