Lénéennes
Dans l'Antiquité, les Lénéennes (en grec ancien Λήναια / Lếnaia) sont des fêtes grecques célébrées à Athènes et en Ionie. À l'instar des Dionysies, elles sont en l'honneur de Dionysos.
Ces fêtes tirent leur nom des lếnai « les bacchantes »[1]. Elles sont très mal connues. On sait qu'à Athènes, elles sont célébrées pendant le mois de gamélion (vers décembre-janvier), deux mois avant les Dionysies urbaines, sous l'égide de l'archonte-roi[2]. Contrairement aux Dionysies, qui sont ouvertes à l'ensemble de l'empire athénien, elles sont plus centrées sur Athènes elle-même[3]. Cependant, les chœurs peuvent accueillir des étrangers et les métèques peuvent être chorèges (sponsors d'un chœur)[4].
Les Lénéennes donnent lieu à un concours de représentations dramatiques : un prix pour la comédie est institué vers 440 av. J.-C. Ainsi, Aristophane participe à ce concours en 425 av. J.-C. et y présente Les Acharniens, puis en 424 av. J.-C. Les Cavaliers, en 422 av. J.-C. Les Guêpes, en 411 av. J.-C. Lysistrata, enfin en 405 av. J.-C. Les Grenouilles. Cinq comédies se disputent le prix[4].
Une inscription datant de 365 à 363 av. J.-C. montre que le concours comprend également des tragédies[5] ; on ignore quand. Contrairement aux Dionysies, les poètes ne présentent pas une tétralogie composée de trois tragédies et d'un drame satyrique, mais une dilogie de deux tragédies[4]. Deux ou trois productions tragiques se disputent le prix[4].
On a longtemps cru que les Lénéennes étaient plus anciennes que les Dionysies urbaines. L'hypothèse repose sur le témoignage de deux lexicographes, expliquant que les concours étaient organisés au Lénaion (temple de Dionysos Lenaios) avant que le théâtre ne soit bâti[6]. Elle a été contestée, notamment parce qu'on ne connaît pas de lien entre les Lénéennes et deux éléments majeurs des débuts de la tragédie grecque : le sacrifice du bouc (tragos) et le dithyrambe[7].
On appelle « vases des Lénéennes » un groupe d'à peu près 70 vases attiques du Ve siècle av. J.-C. dont on a d'abord pensé qu'ils représentaient des scènes des Lénéennes[8] ; cette hypothèse est largement abandonnée aujourd'hui[9].
Notes et références
- Jean Haudry, Le feu dans la tradition indo-européenne, Archè, Milan, 2016 (ISBN 978-8872523438), p. 375
- Aristote, Constitution d'Athènes [détail des éditions] (lire en ligne), 57, 1.
- Aristophane, Les Acharniens [détail des éditions] [lire en ligne], 504-508.
- Peter Wilson, The Athenian Institution of the Khoregia: The Chorus, the City and the Stage, Cambridge University Press, 2003, p. 28.
- John McK. Camp II, « Tragedies presented at the Lenaia of 364/363 B.C. », Hesperia 40 (1971), p. 302-307.
- Hésychios d'Alexandrie, s.v. Leniaō agōn et Photius, s.v. Lenaiōn.
- Christiane Sourvinou-Inwood, Tragedy and Athenian Religion, Lexington Books, 2002, p. 120.
- August Frickenhaus, Lenäenvasen (Programm zum Winckelmannsfeste der Archäologischen Gesellschaft zu Berlin, 72), Berlin, 1912.
- Sarah Peirce, « Visual Language and Concepts of Cult on the "Lenaia Vases" », CA 17/1 (avril 1998), p. 60, note 3 [59-95].
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