Kroumirie

La Kroumirie ou Khroumirie (arabe : جبال خمير) est une région montagneuse d'Afrique du Nord qui couvre en grande partie les gouvernorats tunisiens de Jendouba et de Béja ainsi que, pour une moindre mesure, le gouvernorat de Bizerte et la wilaya d'El Tarf (Algérie).

Paysage de Kroumirie (Tunisie).

Géographie

Elle est délimitée au nord par la mer Méditerranée, au sud par le cours de la Medjerda, à l'ouest par la région d'El Kala dans la wilaya algérienne d'El Tarf et à l'est par la région de Sejnane dans le gouvernorat de Bizerte.

La région est couverte de forêts extensives de chênes-lièges et de chênes zéens. Elle compte deux parcs nationaux où la faune, la flore et le milieu naturel sont protégés : le parc national d'El Feija dans le gouvernorat de Jendouba et le parc national d'El-Kala dans la wilaya d'El Tarf. Cela s'explique par le fait que la région est l'une des plus humides du Maghreb, avec une pluviométrie de 1 000 à 1 500 millimètres par an[1].

La région est principalement rurale. Néanmoins les villes les plus peuplées de la région sont El Kala, Tabarka, Ghardimaou, Aïn Draham, Nefza, Amdoun, Sejnane, Joumine et Fernana.

Économie

La région dispose d'atouts agricoles en raison du taux de précipitation important. La pêche est également pratiquée depuis l'ancien port génois de Tabarka. Les organismes de développement de Tunisie font également la promotion du tourisme de randonnée en raison de sa richesse botanique et biologique ainsi que du thermalisme. Les villes d'Aïn Draham et Beni M'Tir figurent parmi les pôles de ce développement. La ville de Tabarka connaît également une émergence du tourisme, ce qui lui permet de mettre en avant sa culture et son patrimoine[2].

Démographie

La région tire son nom des Kroumirs, une confédération tribale en très grande majorité arabe qui vit dans la région. Elle se compose d'au moins 25 fractions.[3].

En 1891, Lucien Bertholon donne plusieurs versions sur l'origine de cette population, en soulignant toutefois l'absence d'une tradition écrite à ce sujet. Ainsi, l'historien arabe Ibn Khaldoun (fin du XIVe siècle) la fait descendre d'Abdallah-el-Khoumiri, membre d'une tribu originaire d'Arabie arrivée en Afrique du Nord en 973 et dont les sept fils auraient constitué les fondateurs des Kroumirs actuels. Selon d'autres versions, datant de l'époque coloniale, la population serait issue des Chabid, une confédération religieuse arabe venue du Sud tunisien, ou encore d'un mélange de populations berbères[4].

Jacques Taïeb, dans son article de l'Encyclopédie berbère consacré à la région, rapporte que les habitants déclarent descendre d'une tribu arabe, les Banû Khamr ou Khumayr, dont un représentant, Khumayr Ben ‘Umar, était un compagnon du conquérant de l'Ifriqiya, Oqba Ibn Nafi al-Fihri[3]. Il juge cette tradition plausible[3].

Culture

Selon Jacques Taïeb, la langue arabe parlée dans le massif appartient au groupe dit des parlers arabes nomades, diffusés dès le XIe siècle, l'arabisation s'étant vraisemblablement effectuée au XIIIe siècle par l'installation de nomades arabes ou d'origine berbère mais arabisés[3]. Il mentionne également le caractère profondément arabisé de la région et l'originalité du mode de vie de la population[3].

Taïeb se fonde sur des écrits d'Ibn Khaldoun pour appuyer son propos, celui-ci signalant en effet que la majorité de la population d'Afrique du Nord est encore berbérophone au XIVe siècle[3]. Toutefois, cela contredit d'autres écrits d'Ibn Khaldoun qui sont plus précis sur l'histoire de la Kroumirie, puisqu'il affirme que les Kroumirs descendent d'une tribu arabe arrivée dès le Xe siècle et que ses membres étaient les premiers ancêtres des kroumirs actuels[4].

En 1892, deux militaires français, Henri Guérard et Émile Boutineau, avancent également le fait que les Kroumirs sont « primitivement de race arabe » de par leurs mœurs et leur physique où ils sont décrits comme étant « grands », « bien découplés », « très fort », avec une musculature très développée. Ils témoignent également de la similarité des Kroumirs avec les autres Arabes de par leurs vêtements et leurs coutumes de mariage[5].

Notes et références

  1. Roger Genoud, L'évolution de l'économie tunisienne, Genève, Faculté des sciences économiques et sociales de l'université de Genève, , 404 p., p. 17.
  2. Tahar Ayachi, « Tabarka : la belle aux atouts dans la manche », sur webmanagercenter.com, (consulté le ).
  3. Jacques Taïeb, « Kroumirie », dans Encyclopédie berbère, vol. XXVIII-XXIX : Kirtēsii – Lutte, Aix-en-Provence, Édisud, (lire en ligne), p. 4294–4297.
  4. Lucien Bertholon, « Exploration anthropologique de la Khoumirie », dans Bulletin de géographie historique et descriptive, Paris, Ernest Leroux, (lire en ligne), p. 417.
  5. Henri Guérard et Émile Boutineau, La Khroumirie et sa colonisation, Paris, Augustin Challamel/Lecène, Oudin et Cie, , 163 p. (lire en ligne), p. 32-34.

Voir aussi

Bibliographie

  • Frédéric Sandron et Bénédicte Gastineau, Fécondité et pauvreté en Kroumirie (Tunisie), Paris, L'Harmattan, , 175 p. (ISBN 978-2-7475-3383-6, lire en ligne).

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