Khadija Ismayilova

Khadija Ismayilova, née le , est une journaliste d'investigation et chroniqueuse radio azerbaïdjanaise. Elle a travaillé pour l'Organized Crime and Corruption Reporting Project (OCCRP).

Pour les articles homonymes, voir Ismayilov.

Biographie

Khadija Ismayilova est diplômée en philologie après des études à l'université de Bakou. Elle travaille d'abord pour le journal russophone Zerkalo, ainsi que pour le journal anglophone Caspian Business News et le média Voice of America[1]. Puis, à partir de 2007, elle travaille pour Radio Free Europe, d'abord en freelance, puis de façon permanente. En 2009, elle devient directrice du service azerbaïdjanais de Radio Free Europe[2]. Entre 2010 et 2014, elle continue à y travailler en tant que journaliste indépendante[2]. Elle signe une série d'articles sur la corruption au niveau de l'État en Azerbaïdjan visant explicitement le président Ilham Aliyev, son épouse Mehriban Aliyeva et leurs enfants[3].

En 2012, le pouvoir azéri installe une caméra dans son appartement puis diffuse sur Internet des vidéos de la journaliste ayant des relations sexuelles avec son compagnon[4],[5].

Le , elle est arrêtée sous l'inculpation d'incitation au suicide d'un de ses collègues[6]. Elle est placée en détention provisoire dans l'attente de son procès. Le , elle est condamnée à 7 ans et demi de prison[7],[8].

Cette arrestation a suscité des protestations internationales dans de nombreux pays. Elle a été libérée le , à la suite d'un appel de la cour du Tribunal de Bakou. Au cours du processus, Ismailova a toujours rejeté les accusations, les qualifiant de politiquement motivées[9],[10].

En février 2020, la Cour européenne des droits de l'homme juge infondées l'arrestation et la détention d'Ismayilova en rapport avec l'incitation au suicide de son collègue et en rapport avec les accusations de fraudes commises à Azadliq. L'Azerbaïdjan est condamnée à différents titres (dont le non-respect la présomption d'innocence et la détention sans cause) par la CEDH et doit payer 25 000  à Ismayilova en dédommagement[2].

En , une enquête du consortium de journalistes Forbidden Stories révèle qu'elle a été la cible pendant trois ans du logiciel espion Pegasus, utilisé par l'Azerbaïdjan[4],[11].

Distinction

Khadija Ismayilova est une des 4 récipiendaires du prix Right Livelihood en 2017 pour l'importance de sa contribution, le courage et la détermination qu'elle a démontré à dénoncer la corruption des liens qui existaient entre le gouvernement d'Azerbaijan et les hommes d'affaires européens[12].

Notes et références

  1. (en) « Biography : Khadija Ismayilova »
  2. (en) « CASE OF KHADIJA ISMAYILOVA v. AZERBAIJAN (No. 2) », Cour européenne des droits de l'homme,
  3. « Meydan.TV », sur Meydan.TV (consulté le ).
  4. (en) Dana Priest, Craig Timberg et Souad Mekhennet, « Private Israeli spyware used to hack cellphones of journalists, activists worldwide », The Washington Post, (lire en ligne).
  5. Mathieu Tourlière, Forbidden Stories et Aristegui Noticias, « Du Mexique à l’Inde, en passant par l’Azerbaïdjan, l’obsession de la surveillance des journalistes », Le Monde, (lire en ligne).
  6. Benoît Vitkine, « Bakou accentue la répression des voix indépendantes », Le Monde, (lire en ligne)
  7. (en) « Azerbaijan: Award-Winning Journalist Detained for Two Months », Reportingproject.net, (lire en ligne)
  8. « Azerbaïdjan : Condamnation injuste de Khadija Ismayilova », Human Rights Watch, (lire en ligne)
  9. « Azerbaïdjan. La journaliste Khadija Ismayilova est libre mais sa déclaration de culpabilité doit être annulée », sur www.amnesty.org (consulté le )
  10. (en) Shaun Walker, « Investigative journalist Khadija Ismayilova freed in Azerbaijan », The Guardian, (lire en ligne)
  11. Fabrice Arfi, Camille Polloni et Ilyes Ramdani, « « Projet Pegasus » : des révélations d’une ampleur mondiale sur la surveillance », sur Mediapart (consulté le ).
  12. (en) « Khadija Ismayilova (2017, Azerbaijan) », sur www.rightlivelihoodaward.org, (consulté le )

Liens externes

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