Kemal Kılıçdaroğlu
Kemal Kılıçdaroğlu (prononcé [cɛmɑɫ kɯɫɯt͡ʃdɑɾɔ:'ɫu], né le à Nazımiye dans la province de Tunceli) est un économiste et homme politique turc d'origine Kurdes Zazas. Il est actuellement député de la Grande Assemblée nationale de Turquie et président général du Parti républicain du peuple.
Kemal Kılıçdaroğlu | ||
Kemal Kılıçdaroğlu en 2019. | ||
Fonctions | ||
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Président général du Parti républicain du peuple | ||
En fonction depuis le (11 ans, 3 mois et 24 jours) |
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Prédécesseur | Deniz Baykal | |
Membre de la Grande Assemblée nationale | ||
En fonction depuis le (18 ans, 10 mois et 12 jours) |
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Élection | 3 novembre 2002 | |
Réélection | 22 juillet 2007 12 juin 2011 1er novembre 2015 24 juin 2018 |
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Circonscription | Istanbul II (2002-2015) Izmir II (depuis 2015) |
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Législature | 22e, 23e, 24e, 25e, 26e et 27e | |
Biographie | ||
Nom de naissance | Kemal Kılıçdaroğlu | |
Date de naissance | ||
Lieu de naissance | Nazımiye, Tunceli (Turquie) | |
Nationalité | Turque | |
Parti politique | CHP | |
Diplômé de | Université Gazi | |
Profession | Économiste | |
Religion | Alévisme | |
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Kemal Kılıçdaroğlu est élu 7e et actuel président général du Parti républicain du peuple, créé par Mustafa Kemal Atatürk et principal parti d'opposition au parlement. Il succède à ce poste à Deniz Baykal.
Biographie
Né à Kurkçu [1], village relié à la ville de Nazımiye dans la région de Tunceli, Kemal Kılıçdaroğlu est le quatrième d'une famille de sept enfants. Sa mère, Yemuş, fait partie de la même tribu alévie, nommé Areli, que le député indépendant de Tunceli, Kamer Genç. De par son père Kamer, Kemal Kılıçdaroğlu serait un membre des Quraych, tribu du prophète de l'islam[2]. Kılıçdaroğlu a un jumeau de deux heures son cadet. Il sera le seul de la famille à faire des études universitaires[3]. D'origines alévie par son père[4] il est parfois crédité d'origines zaza[5] ou kurde[6], deux ethnies largement présentes dans la région de Tunceli[7].
Vie étudiante
Il étudie l'école primaire et le collège dans différentes villes d'Anatolie : Erciş, Tunceli, Genç et Elâzığ. Lors de ces années lycéennes, il est ami avec Devlet Bahçeli, président général du MHP[8]. Il est ensuite diplômé, en 1971, de la faculté de commerce et d'économie de l'Université Gazi[9].
Il également est de la génération 68, période d'affrontements très intenses entre la droite et la gauche en Turquie. Kemal Kılıçdaroğlu déclare qu'il n'a jamais raté un seul regroupement d'étudiants gauchistes, participant au passage à quelques échauffourées[3].
Vie professionnelle
Après avoir obtenu son diplôme, il réussit le concours d'entrée aux ministères des finances publiques turques. Il est envoyé une année en France pour perfectionner ses acquis. Il rentre en Turquie et commence le métier d'expert comptable jusqu'en 1983, date à laquelle il est nommé à la tête des ressources économiques du ministère des finances publiques turques[9].
En 1991, il est nommé directeur de l'organisme gérant la sécurité sociale en Turquie, le Bağ-Kur qui deviendra le Sosyal Sigortalar Kurumu en 1992. En , il quittera son poste pour la retraite.
Il donnera des cours à l'Université Hacettepe à Ankara, et sera membre du comité d'administration de la banque turque Türkiye İş Bankası.
Les débuts
Le , il fait prévaloir son droit à la retraite de son poste de directeur de la sécurité sociale dans le but de se lancer dans la vie politique avec le parti de Bülent Ecevit, le Parti démocratique de la gauche lors des élections municipales ou législatives qui se tenaient la même année. Cependant le parti ne le présente dans aucune municipalité turque.
Il se tournera alors vers le Parti républicain du peuple lors des élections législatives du , date à laquelle il est élu député d'Istanbul : il rentre pour la première fois au parlement turc. Il sera réélu député d'Istanbul lors des élections législatives du .
L'ascension
Son second mandat de député va permettre à Kemal Kılıçdaroğlu de se faire connaître de l'ensemble de l'électorat turc. Dès la fin de l'année 2008, il va dénoncer plusieurs affaires de corruption de membres du parti au pouvoir, à savoir l'AKP : Şaban Dişli, député de Sakarya et vice-président de l'AKP démissionnera du parti après avoir été accusé par Kılıçdaroğlu d'avoir empoché un million d'euros dans une affaire de vente de terrain à Silivri ; il a également apporté certains documents dans le procès pour blanchiment d'argent intenté à l'organisation turque de bienfaisance Deniz Feneri basée en Allemagne, et connue pour être proche des milieux conservateurs ; il s'oppose à Dengir Mir Mehmet Fırat, bras droit de Recep Tayyip Erdoğan et député à l'Assemblée, qui démissionnera après un duel télévisé face à Kılıçdaroğlu qui l'accusait de blanchir de l'argent par le biais de sa société de transport[10].
Aux élections municipales de , Kılıçdaroğlu se présente comme candidat à la mairie d'Istanbul. C'est au cours de ses déplacements dans la ville pour rencontrer la population qu'il est surnommé Gandhi Kemal par un passant. L'élection est cependant remportée par le candidat présenté par l'AKP ; Kılıçdaroğlu a néanmoins réalisé le meilleur score de son parti dans cette ville en récoltant près de 37 % des votes.
Président général
En plus d'être député, Kılıçdaroğlu fut vice président du groupe CHP à Grande Assemblée nationale de Turquie jusqu'au , date à laquelle il démissionne pour se présenter à la succession de Deniz Baykal, contraint de démissionner de la tête du parti après une affaire de relation extra conjugale[11]. Il fut le seul candidat[12] à l'élection de président général du parti qui se déroula le , et fut nommé à l'unanimité des 1 189 délégués[13]. Les tentatives de Erdoğan de stigmatiser les origines alévies de Kılıçdaroğlu aliènent le vote alévi à l'AKP[14].
Se posant en adversaire du président Recep Tayyip Erdoğan, dont le régime autocratique et les purges sont critiquées, il organise en une marche entre Ankara et Istanbul, qui réunit des centaines de milliers de personnes[15].
Il fait l’objet d’une information judiciaire pour « terrorisme » après s’être rendu en 2017 en Colombie pour assister au Congrès de l’Internationale socialiste dont son parti est membre[16].
Le , il échappe de peu à un lynchage par « une meute d’hommes en colère »[17] lors des funérailles d'un soldat turc tué par des combattants kurdes à la frontière avec l'Irak. Cette attaque intervient un an après les paroles du ministre de l'Intérieur Süleyman Soylu qui demandait à ce que le CHP ne soit plus accepté dans les funérailles militaires à cause de leur supposée complaisance avec le PKK. Le président turc Erdoğan lui-même traitait régulièrement ses opposants de « terroristes » durant la campagne des élections municipales de 2019[18],[19],[20].
Il soutient en 2019 l'invasion des régions kurdes de Syrie par l'armée turque, empêchant tout débat sur la question à l'intérieur de son parti.[21]
Notes et références
- (tr) CHP'nin yeni Genel Başkanı Kılıçdaroğlu bu evde doğdu
- (tr) « Kılıçdaroğlu : Peygamber soyundan geliyoruz », sur Radikal (consulté le ).
- (tr) A'dan Z'ye Kılıçdaroğlu
- Ali Kazancigil, Faruk Bilici et Deniz Akagul, La Turquie: D'une révolution à l'autre, Fayard/Pluriel, (ISBN 978-2-8185-0453-6, lire en ligne), pt58
- (en) Cafer Solgun, Alevi Sorunu, artcivic, (ISBN 978-9944-330-16-9, lire en ligne), pt102
- (en) Şener Aktürk, Regimes of Ethnicity and Nationhood in Germany, Russia, and Turkey, Cambridge University Press, (ISBN 978-1-107-02143-3, lire en ligne), p. 192
- (en) Susannah Verney, Anna Bosco et Senem Aydın-Düzgit, The AKP Since Gezi Park: Moving to Regime Change in Turkey, Routledge, (ISBN 978-1-351-02344-3, lire en ligne), pt157
- (tr) Bahçeli: Kılıçdaroğlu okul arkadaşımdı
- (tr) Biographie de Kemal Kılıçdaroğlu
- (fr) «Gandhi» élu à la tête de la gauche turque
- (fr) Un homme surnommé Gandhi élu à la tête du principal parti d'opposition turc
- (fr) 33e congrès ordinaire du CHP
- (fr) Kılıçdaroğlu nouveau leader du CHP
- (en) Paul S. Rowe, Routledge Handbook of Minorities in the Middle East, Routledge, (ISBN 978-1-317-23379-4, lire en ligne), p. 220
- Delphine Minoui, « Kılıçdaroğlu, l'homme qui défie Erdogan », Le Figaro, samedi 22 / dimanche 23 juillet 2017, page 6.
- (tr) « Kemal Kılıçdaroğlu'na terör soruşturması », sur Tele1,
- Marie Jégo, « En Turquie, le discours de haine culmine depuis les municipales du 31 mars », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
- (en) « Turkey's main opposition leader escapes lynch mob », sur ahvalnews.com, (consulté le )
- (tr) « CHP lideri Kılıçdaroğlu'na cenaze töreninde saldırı: 'Bu saldırı Türkiye'nin bütünlüğüne yapılmıştır' », sur bbc.com, (consulté le )
- « Erdogan porte plainte contre une opposante », sur 7sur7.be, (consulté le )
- « Analyse. Offensive en Syrie : la Turquie malade de son nationalisme », sur Courrier international,
Annexes
Articles connexes
Bibliographie
- (tr) İşsizlik Sigortası Kanunu-Yorum ve Açıklamalar, Kemal Kılıçdaroğlu, éditions TÜRMOB, 1993.
- (tr) 1948 Türkiye İktisat Kongresi, Kemal Kılıçdaroğlu, éditions DPT (1er tôme), éditions SPK (2e tôme), 1997.
- (tr) Kayıtdışı Ekonomi ve Bürokraside Yeniden Yapılanma Gereği, Kemal Kılıçdaroğlu, éditions TÜRMOB, 1997.
Liens externes
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