KIC 8462852

KIC 8462852 est une étoile jaune-blanc de la séquence principale située dans la constellation du Cygne à environ 451 pc (1 470 a.l.) de la Terre[1]. Elle a fait l'objet d'une attention médiatique en à cause de variations inhabituelles de luminosité.

KIC 8462852
KIC 8462852 dans l’infrarouge et l’ultraviolet.
Données d'observation
(époque J2000.0)
Ascension droite 20h 6m 15,4527s[1]
Déclinaison 44° 27 24,791[1]
Constellation Cygne
Magnitude apparente +11,705±0,017

Localisation dans la constellation : Cygne

Caractéristiques
Type spectral F3V
Astrométrie
Mouvement propre μα = −10,422 mas/a[1]
μδ = −10,288 mas/a[1]
Parallaxe 2,218 5 ± 0,024 3 mas[1]
Distance 450,755 0 ± 4,937 3 pc (1 470 a.l.)[1]
Caractéristiques physiques

Autres désignations

KIC 8462852, TYC 3162-665-1, 2MASS J20061546+4427248[2]

Position de l'étoile dans la constellation du Cygne.

Elle est parfois surnommée « étoile de Tabby » ou « étoile de Boyajian » d'après Tabetha S. Boyajian[3],[4].

Description

En , plusieurs astronomes ont publié un document analysant les fluctuations de lumière inhabituelles de l'étoile, telles que mesurées par le télescope spatial Kepler[5], une sonde qui enregistre les variations de luminosité d'étoiles en orbite éloignée pour détecter des exoplanètes. Les changements irréguliers de luminosité de l'étoile semblent indiquer une grande masse (ou de nombreuses petites masses ensemble) en orbite autour de l'étoile en « formation serrée ». Des hypothèses ont été proposées pour expliquer les variations inhabituelles de lumière (voir infra).

L'étoile a reçu une attention médiatique intense en , avec la spéculation que les variations inhabituelles de lumière pourraient être des signes d'activité associés à une vie extraterrestre intelligente[6],[7].

Deux astronomes (Montet et Simon) ont livré les résultats de leur investigation dans une publication début . Ils constatent que pendant les deux premières années et demi d'observation, la luminosité de l'étoile a baissé régulièrement pour atteindre une diminution de 0,9 % au total, puis cette diminution de luminosité s'est accélérée pour atteindre 2 % en 200 jours. Les astronomes ne proposent pas d'explication pour expliquer leurs observations. Ils proposent cependant que cette baisse de luminosité ne proviendrait pas de l'étoile, elle-même, mais pourrait être due à l'obstruction de l'étoile par un phénomène non identifié à ce jour[8],[9],[10],[11].

Position dans le ciel

KIC 8462852 est située dans la constellation du Cygne à peu près à mi-chemin entre les grandes étoiles visibles à l'œil nu Deneb (Alpha Cygni) et Rukh (Delta Cygni) dans le cadre de la Croix du Nord. KIC 8462852 est localisée au sud de Omicron¹ Cygni (aussi nommée 31 Cygni) et au nord-est de l'amas d'étoiles NGC 6866. Alors que positionnée seulement à quelques minutes d'arc de l'amas, elle est indépendante. Avec une magnitude apparente de 11,7, l'étoile ne peut pas être vue à l'œil nu.

Données de Kepler

Les données de luminosité du télescope spatial Kepler montrent des chutes de luminosité non périodiques fréquentes, avec deux chutes massives de luminosité se produisant environ tous les 750 jours. L'intensité pure et la variabilité des chutes de luminosité de l'étoile ont intrigué les scientifiques. Les changements de luminosité de l'étoile sont compatibles avec une grande masse (ou de nombreuses petites masses ensemble) en orbite autour de l'étoile en « formation serrée ». La première baisse importante obscurcit l'étoile à 15 %, et la seconde à 22 %. En comparaison, une planète de la taille de Jupiter ne ferait que masquer une étoile de cette taille de 1%, ce qui signifie que ce qui bloque la lumière lors des deux diminutions importantes de la luminosité n'est pas une planète, mais plutôt quelque chose masquant une moitié de l'étoile. En raison de la panne de deux roues de réaction de Kepler, la diminution de luminosité de l'étoile qui avait été prédite pour , 750 jours après la précédente, n'a pas été enregistrée.

Hypothèses

Fondés sur l'étude du type spectral de l'étoile, les changements de luminosité de l'étoile ne peuvent pas être attribués à la variabilité intrinsèque. Quelques hypothèses ont été proposées impliquant du matériel en orbite autour de l'étoile et bloquant sa lumière. Aucune de ces explications ne parvient cependant à expliquer pleinement les données observées.

Certains chercheurs avancent, en 2015, l'explication d'une série de morceaux de comètes démantelées en orbite elliptique autour de l'étoile[12].

Les chercheurs pensent que l'explication la plus probable pour l'étrange diminution de la luminosité est que cette chute soit due à un nuage de comètes désintégrées en orbite elliptique autour de l'étoile. Selon ce scénario, les perturbations gravitationnelles engendrées par une étoile voisine provoqueraient la chute de comètes du nuage d'Oort local vers l'étoile. À l'appui de cette hypothèse, une étoile naine rouge a été trouvée dans les environs de cette étoile, à 132 milliards de kilomètres (885 UA). Cependant, le fait que les comètes du nuage d'Oort puissent être présentes en nombre suffisamment élevé pour obscurcir 22 % de la luminosité de l'étoile a été mis en doute. Cette théorie a été abandonnée quand des archives d'analyses de 1890 et 1989 montrant que le phénomène était déjà présent à ces dates ont été remontées. En effet : il aurait alors fallu que depuis un siècle plus de 648 000 comètes d'au moins 200 km passent devant l'étoile, ce qui s'avère impossible[13].

Une autre hypothèse serait que l'étoile ait récemment capturé un champ d'astéroïdes[réf. nécessaire].

Des analyses spectroscopiques à haute résolution de la distribution spectrale d'énergie et des observations d'imagerie ont également été faites. Un scénario de collision massive créerait une grande quantité de poussière chaude qui brillerait dans les longueurs d'onde infrarouges, mais aucun excès d'énergie infrarouge n'a pu être observé, ce qui exclut l'hypothèse d'une collision planétaire massive. D'autres chercheurs pensent que l'explication planétaire de champ de débris est peu probable, étant donné qu'il y a une très faible probabilité que Kepler puisse jamais assister à un tel événement[réf. nécessaire].

Un astronome a émis l'hypothèse que les objets éclipsant l'étoile pourraient être une méga structure faite par une civilisation extraterrestre, comme une sphère de Dyson. Il s'agit d'une structure hypothétique qu'une civilisation avancée pourrait construire autour d'une étoile pour intercepter une partie de la lumière pour ses besoins énergétiques. Le SETI Institute a commencé à observer l'étoile à partir de la mi- à l'aide du Allen Telescope Array (ATA) pour vérifier si des émissions de radio confirment la présence de vie extraterrestre intelligente[14]. Les observations réalisées entre le 15 et le n'ont relevé aucun signal radio prouvant la présence d'une civilisation[15],[16].

De nouvelles observations effectuées de à ont montré que les baisses de luminosités n'étaient pas égales pour toutes les longueurs d'onde, ce qui exclut une sphère de Dyson. L'hypothèse maintenant privilégiée est que les baisses de luminosité soient dues à des masses de poussières, probablement de tailles inférieures au micron, transitant à faibles distances devant l'étoile. La nature exacte de ces poussières reste cependant non résolue[17].

Notes et références

  1. (en) A. G. A. Brown et al. (Gaia collaboration), « Gaia Data Release 2 : Summary of the contents and survey properties », Astronomy & Astrophysics, vol. 616, , article no A1 (DOI 10.1051/0004-6361/201833051, Bibcode 2018A&A...616A...1G, arXiv 1804.09365). Notice Gaia DR2 pour cette source sur VizieR.
  2. (en) TYC 3162-665-1 -- Star sur la base de données Simbad du Centre de données astronomiques de Strasbourg.
  3. Wenz, John (9 février 2016). NASA's Next Great Telescope Will Settle This Alien Megastructure Mystery For Good. Popular Mechanics.
  4. Kimberly Cartier et Jason Wright, « L’étrange étoile de Tabby », Pour la science, vol. 478,
  5. (en) « The Most Mysterious Star in Our Galaxy », sur The Atlantic
  6. (en) « Did Astronomers Find Evidence of an Alien Civilization? (Probably Not. But Still Cool.) », sur Slate
  7. Site bfmtv.com, article "Etoile Tabby: la thèse d'une structure extraterrestre défintivement écartée, consulté le 6 septembre 2021.
  8. Benjamin T. Montet et Joshua D. Simon, « KIC 8462852 Faded Throughout the Kepler Mission », arXiv:1608.01316 [astro-ph], (lire en ligne, consulté le )
  9. STANDARD Verlagsgesellschaft m.b.H., « Mysteriöser Stern KIC 8462852 hinterlässt Forscher ratlos » (consulté le )
  10. (de) heise online, « Neue Rätsel um KIC 8462852: Mysteriöser Stern wird immer dunkler », sur heise online (consulté le )
  11. Futura-Sciences, « L’étoile de Tabby, alias KIC 8462852, plus mystérieuse que jamais » (consulté le )
  12. (en) « The strange star that has serious scientists talking about an alien megastructure », sur The Washington Post
  13. « KIC 8462852, l'étrange étoile, devient... encore plus étrange », sur futura-sciences.com, (consulté le )
  14. « Search For Intelligent Aliens Near Bizarre Dimming Star Has Begun », sur Space.com (consulté le )
  15. (en) G. R. Harp, Jon Richards, Seth Shostak, J. C. Tarter, Douglas A. Vakoch et Chris Munson, « Radio SETI Observations of the Anomalous Star KIC 8462852 » [PDF], (consulté le )
  16. « Pas d'Aliens pour KIC 8462852 », sur L'Obs (consulté le )
  17. Futura, « Étoile de Tabby : la poussière serait bien la clé du mystère », Futura, (lire en ligne, consulté le )

Voir aussi

Articles connexes

  • CTA-102, quasar initialement postulé par Nikolaï Kardashev comme étant un signal potentiel d'une civilisation extraterrestre
  • EPIC 204278916, autre étoile montrant une fluctuation irrégulière et inexpliquée de luminosité
  • LGM-1 Little Green Men 1 »), premier pulsar découvert, à l'origine soupçonné comme un signal radio extraterrestre
  • Signal Wow!, signal radio intrigant soupçonné être d'origine extraterrestre

Liens externes

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