Jurassien
Le jurassien est un dialecte de la langue francoprovençale parlé dans le sud de la Franche-Comté (géographiquement dans le massif du Jura et plus particulièrement dans le département du même nom, le sud du Doubs parlant burgondan).
Cet article concerne le dialecte jurassien du francoprovençal. Pour le dialecte jurassien du franc-comtois, voir Franc-comtois.
Le terme jurassien est également employé parfois pour désigner le franc-comtois, dialecte d'oïl parlé dans le nord de la Franche-Comté et dans le canton du Jura en Suisse.
Domaine
Le jurassien est considéré comme un dialecte de la zone franco-provençale, il couvre les trois quarts du département du Jura hors la zone de Dole. Il est parlé notamment à Lons-le-Saunier. La moitié sud du département du Doubs emploie un dialecte proche, le burgondan.
Études
Le jurassien comme les langues voisines a fait l'objet de nombreuses études aux XIXe et XXe siècles :
- Joseph Tissot sur le patois des Fourg (1865) ;
- Léon Bourgeois Moine sur la Chapelle-des-Bois (1894) ;
- Richenet sur le patois de Petit-Noir (1896) ; ;
- Oskar Kjellén pour la région de Nozeroy (1945).
En 1979, la publication la plus importante est le Glossaire du parler haut-jurassien de Paul Duraffourg, Alice et Roland Janod, Cathie Lorge et André Vuillermoz.
Graphie
Il n'existe pas de graphie commune, ni de dialecte unifié. On peut toutefois dégager des traits communs aux différents patois. Les traits les plus caractéristiques sont le g et le j français qui deviennent dz, le ch devient ts, le s devient parfois ch. Ex : jour = dze (Salins); chien = tsin (Mignovillard)
Les mots singuliers masculins terminés par e en français deviennent ou ; au féminin ils deviennent o ou a. Dans beaucoup de cas, les mots pluriel ne se terminent pas par es mais par et.
Grammaire
À Salins, on distingue deux groupes de verbes : le premier groupe français er devient i ou reste er (acheter : oster ; marcher : martsi); les deuxième et troisième groupes n'ont pas de règles en patois.
À la Chapelle-des-Bois, LB Moine distingue quatre conjugaisons : les terminaisons en er (équivalent au 1er groupe français), i (équivalent aux verbes en ir et er), ae (équivalent aux verbes oir) et re (comme en français).
Exemple de conjugaison (Commenailles) :
Verbe « Aimer » à l'indicatif :
- Présent:
- J'in-me : j'aime
- t'in-mes : tu aimes
- el ou ill in-me : il ou elle aime
- an in-me : nous aimons
- vo in-mez: vous aimez
- es ou ills in-mant : ils ou elles aiment
- Imparfait :
- J'in-mo : j'aimais
- t'in-mo : tu aimais
- el ou ill in-mo : il ou elle aimait
- an in-mo : nous aimions
- vo in-min : vous aimiez
- es ou ills in-min : ils ou elles aimaient
- Conditionnel présent :
- J'in-mero : j'aimerais
- t'in-mero : tu aimerais
- el ou ill in-mero : il ou elle aimerait
- an in-mro : nous aimerions
- vo in-mrin : vous aimeriez
- es ou ills in-mrin : ils ou elles aimeraient
Littérature
Le jurassien est assez pauvre en production littéraire et, contrairement au franc-comtois, il n'y a plus aucun auteur écrivant en jurassien. Les textes les plus significatifs sont les Noëls d'Arbois, rapportés par Max-Buchon et JL Billot et surtout l'histoire de Vise-lou-Bu.
Ce conte est sans doute le récit le plus connu de la littérature jurassienne. Il raconte les aventures d'un Jurassien de Chapelle-des-Bois qui s'engage dans l'armée du roi et va combattre l'ennemi où il tire grand honneur. L'histoire se situerait en 1721 quand les Français s'affrontent à l'empereur Charles VI aux environs de Schelestadt. Elle se base sur un personnage réel, Claude-Antoine Pagnier-Bezet (1693-1779) et aurait été écrite par l'Abbé Blondeau en 1781, selon les suppositions de Léon Bourgeois.
Textes
Tiré du livre Contes et légendes de Franche-Comté :
Francoprovençal jurassien | Traduction en français |
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Lo vouivro c'est no grand sarpent voulânt que ne voit bê que de n'ôeillou; encoua c't'ôeillou ne tin-u quasiment pais à so têto: c'est no bôlo asse reluisant que n'etello, que s'aippêle n'escarbouclio et que vo devant lo bêto c'ment no lantâno. Le baille no se grand'lumîre que lo sarpent mêmo sembli être tout en fûe, et quand le voule de no montaigne à n'âtro, on cude va n'ellezou. Mon revire-pépé la vî no nêue, en descendant u melin, s'ecchapê de pouits à l'Ermittou, s'ellancie de l'âtre sen de lo revêren pôsê tranquilloment son escarbouclio su no grosse pierro de lo rivo, et s'accoulé longtemps ses alêts sur l'âvo c'ment fant les ouzé que se bâgnant |
La vouivre est un grand serpent volant, qui ne voit clair que d'un œil; encore cet œil ne tient-il presque pas à sa tête: c'est une boule aussi brillante qu'une étoile, qui s'appelle escarboucle, et qui va devant la bête comme une lanterne. Elle donne une si grande lumière que le serpent lui-même semble être tout en feu; et quand il vole d'une montagne à une autre, on croit voir un éclaire. Mon arrière-grand-père le vit une nuit en descendant au moulin, s'échapper du Puits de l'Ermite, s'élancer de l'autre côté de la rivière, poser tranquillement son escarboucle sur une grosse pierre du rivage, et secouer longtemps ses ailes sur l'eau comme font les oiseaux qui se baignent." |
Texte des Fourg
Francoprovençal jurassien | Traduction en français |
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Lot nation dès bell'tès |
La nation des belettes |
Notes et références
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
- Identité Comtoise, le francoprovençal en Franche-Comté
- Sur le patois Poligny: http://histoiresdefamille.site.voila.fr/patois_et_regionalismes.html
- Sur le patois de Mignovillard : http://www.mermet.info/jura.html
- Sur le patois de Commenailles : http://www.mairie-commenailles.fr/
- Sur le patois de Saint-Claude : http://www.amisdugrandvaux.com/leparler_lepatois.htm
- Sur le patois de la Chapelle des Bois : http://jeanmichel.guyon.free.fr/monsite/histoire/metiers/patois.htm
- Page lexilogos proposant des ouvrages sur le jurassien : http://www.lexilogos.com/jurassien_dictionnaire.htm
- http://www.arpitania.eu/ : site consacrée à l'espace francoprovençal
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