Julienne de Saxe-Cobourg-Saalfeld

Julienne de Saxe-Cobourg-Saalfeld, en allemand : Juliane von Sachsen-Coburg-Saalfeld, grande-duchesse Anna Fiodorovna, en russe : Анна Фёдоровна, née le à Cobourg, décédée le à Elfenau près de Berne (Suisse).

Née princesse Juliane Henrietta Ulrika de Saxe-Cobourg-Saalfeld, par son mariage avec le grand-duc Constantin Pavlovitch de Russie, elle devint grande-duchesse de Russie.

Famille

Troisième fille du duc François de Saxe-Cobourg-Saalfeld et de son épouse, la comtesse Augusta Reuss d'Ebersdorf (1757-1831).

Mariage

À Saint-Pétersbourg, le , elle épousa le grand-duc Constantin Pavlovitch de Russie (1779-1831), fils de Paul Ier et de son épouse Maria Fiodorovna (1759-1828). Cette union fut dissoute le [1].

Enfants illégitimes

La princesse Julienne de Saxe-Cobourg-Saalfeld eut une liaison avec un aristocrate français, Jules Gabriel Émile de Seigneux (1768-1834).

Un enfant naquit de cette relation :

La princesse eut une relation amoureuse avec un chirurgien suisse, Rudolf Abraham de Schiferli (1775-1837).

Un enfant naquit de cette relation :

  • Louise Hilda Agnès d'Aubert (1812-1837), elle fut adoptée par un réfugié français, Jean François Joseph d'Aubert en 1834, elle épousa Jean Samuel Edouard Dapples (descendance)[2].

Biographie

Grande-duchesse Julienne de Saxe-Cobourg-Saalfeld (Anna Fiodorovna)

La princesse Julienne de Saxe-Cobourg-Saalfeld naquit au sein de la grande famille du duc François de Saxe-Cobourg-Saalfeld, elle fut le troisième enfant du couple ducal. Son père eut la réputation d'un homme très cultivé portant un grand intérêt pour les sciences de la botanique et de l'astronomie. Le caractère de sa mère, Augusta Carolina, née comtesse Reuss-Ebersdorff différait de celui de son époux. Le couple ducal donna une bonne éducation à ses enfants.

Le mariage

La princesse Julienne de Saxe-Cobourg-Saalfeld fut tout d'abord promise en 1793 au tsarévitch Alexandre Pavlovitch de Russie mais elle n'avait que 12 ans et préférant assurer au plus tôt sa dynastie, Catherine II de Russie préféra le grand-duc Konstantin Pavlovitch de Russie, plus jeune. À cette époque, il n'était encore qu'un adolescent âgé de 14 ans.

L'impératrice parla avec fierté de son petit-fils, un parti très enviable pour plusieurs princesses d'Europe, en outre, à cette époque, le grand-duc Constantin Pavlovitch de Russie était le second dans l'ordre de succession au trône impérial de Russie après son frère le tsarévitch Alexandre Pavlovitch de Russie. De façon inattendue, l'impératrice reçut une proposition de la cour royale de Naples. Le roi des Deux-Siciles, Ferdinand Ier et son épouse la reine Marie-Caroline de Habsbourg-Lorraine (sœur de la reine de France Marie-Antoinette de Habsbourg-Lorraine) exprima le désir de fiancer l'une de ses nombreuses filles au grand-duc Constantin Pavlovitch de Russie. Catherine II de Russie horrifiée par cette proposition opposa un net refus. En 1795, le général Andreï Iakovlevitch Budberg fut chargé d'une mission secrète dans les cours d'Europe. En possession d'une longue liste de jeunes filles, il fut chargé de choisir personnellement la future épouse du grand-duc Constantin Pavlovitch de Russie. En chemin, la santé du général s'altéra ; forcé de demeurer à Cobourg, il fit mander un médecin. Le docteur et baron Christian Friedrich Stockmar se présenta devant le malade, ayant eu connaissance des raisons exactes de la visite du général, le médecin commença à faire l'éloge de la jeune princesse Julienne de Saxe-Cobourg-Saalfeld.

De retour en Russie, le général Andreï Iakovlevitch Budberg eut une brève concertation avec Catherine II de Russie, l'impératrice donna son consentement. La duchesse Augusta Reuss d'Ebersdorf, mère de la jeune fille, prit connaissance de la bonne nouvelle, elle fut immédiatement ravie que l'une de ses filles devienne l'épouse du grand-duc russe. De suite, elle comprit tous les avantages d'un tel mariage pour le petit duché. Toutefois en Europe, les opinions divergèrent à propos de ce mariage. Un exemple : Dans ses Mémoires Notes secrètes de Russie Masson écrivit le rôle peu enviable de la future épouse allemande : « Jeune, touchante victime que l'Allemagne envoie en hommage à la Russie, comme la Grèce qui envoya ses filles au Minotaure »[3]

La duchesse de Saxe-Cobourg-Saalfeld et ses trois filles aînées, Sophie (1778-1835), Antoinette (1779-1824) et Julienne (1781-1860) furent invitées par Catherine II à se rendre à Saint-Pétersbourg.

Le , la tsarine désigna officiellement la jeune princesse Julienne de Saxe-Cobourg-Saalfeld comme future épouse de son petit-fils le grand-duc Konstantin Pavlovitch de Russie. Le , la jeune princesse allemande se convertit à la religion orthodoxe russe et prit le nom de Anna Fiodorovna. La célébration du mariage eut lieu le . Julienne de Saxe-Cobourg-Saalfeld n'avait pas encore atteint ses 15 ans, quant au grand-duc, il était âgé de 16 ans. Ainsi l'impératrice Catherine II de Russie avait choisi l'épouse de son petit-fils, le grand-duc Konstantin Pavlovitch de Russie ne put que se plier aux exigences de sa grand-mère[4].

À l'occasion de ses fiançailles avec la princesse Julienne de Saxe-Cobourg-Saalfeld, le grand-duc Constantin Pavlovitch de Russie écrivit à son ancien précepteur Frédéric-César de La Harpe : « Je suis dans une situation de vie agréable et j'ai marié la princesse Juliana de Saxe-Cobourg. Très déçu que vous ne la voyiez pas, elle est une jeune femme belle et je l'aime de tout mon cœur »[4].

Union malheureuse

Ce fut une union très malheureuse. La passion du grand-duc Konstantin Pavlovitch pour la vie militaire et son comportement odieux affectèrent beaucoup la grande-duchesse Julienne de Saxe-Cobourg-Saalfeld. La tendresse du grand-duc à l'égard de sa jeune épouse se transforma rapidement en rudesse, il eut un comportement insultant envers sa jeune femme. Il avait hérité du tempérament coléreux de son père, le tsar Paul Ier de Russie, et fut un être tyrannique et faible. À l'arrière du Palais de Marbre, le jeune homme prenait plaisir à tuer les rats prisonniers dans de petites cages en fer : un jour, terrifiée, la jeune grande-duchesse s'évanouit. Le grand-duc était attentif à la vie de ses soldats, mais montrait peu d'attention pour sa jeune épouse. La lune de miel de la grande-duchesse fut très courte, le peu d'affection démontrée par son jeune époux se transforma vite en une indifférence glaciale, une haine froide. La pauvre jeune femme possédait une nature aimable, certes, elle manquait d'élégance et méconnaissait la vie au sein d'une grande Cour[4]. Un jour, posant devant Élisabeth Vigée-Lebrun pour un portrait, le grand-duc Constantin Pavlovitch de Russie fit irruption dans la pièce, prit son épouse par la main et la conduisit dans le hall du Palais de Marbre, il s'empara de plusieurs grands vases chinois, les jeta à la tête de sa jeune épouse[5]. La grande-duchesse Julienne de Saxe-Cobourg-Saalfeld haïssait le comportement odieux de son époux, ses escapades amoureuses, la vie de couple pour la grande-duchesse devint de plus en plus pénible. Ces violences affectèrent le psychisme de la jeune épouse, au cours des funérailles de Catherine II de Russie, de nouveau la grande-duchesse s'évanouit[4]. En outre, la rivalité entre la Maison de Wurtemberg et la Maison de Saxe-Cobourg attisa la haine de l'impératrice Sophie-Dorothée de Wurtemberg à l'égard de sa bru[5]. Julienne de Saxe-Cobourg-Saalfeld eut également à souffrir de l'hostilité de Paul Ier de Russie, sa mère, qu'il haïssait était à l'origine du choix de l'épouse de son second fils.

Les années passant, la grande-duchesse Julienne devint plus attrayante, la société russe la surnomma « l'Étoile du soir ». Mais la vie dépravée de son époux l'atteignit de plein fouet : elle contracta la syphilis. Les médecins de la Cour lui conseillèrent une cure en Bohème. En séjour à Vienne, le grand-duc prit connaissance de la maladie de sa jeune épouse dont il fut rendu responsable en raison de sa vie licencieuse. Il en éprouva beaucoup de remords et tenta de réparer les fautes commises à l'égard de son épouse. Connaissant la mauvaise nature de son époux, Julienne refusa de revenir en Russie[5]. Elle se confia à ses parents, mais, ne trouva aucun soutien. Ils se souciaient trop de la réputation familiale et de leur propre situation financière. Julienne fut contrainte de revenir à Saint-Pétersbourg. Peu de temps après son arrivée, Paul Ier de Russie envoya son fils le grand-duc Constantin à Tsarskoïe Selo. La grande-duchesse suivit son époux dans le petit village de Tsarskoïe. Malgré la bienveillance de son époux, son séjour fut humiliant pour une jeune princesse de son rang.

À nouveau, la santé de la grande-duchesse Julienne se dégrada. Paul Ier de Russie lui accorda la permission de rentrer à Saint-Pétersbourg afin de recevoir les soins nécessaires à son état de santé[5]. Le grand-duc Constantin montra une certaine bienveillance, il débutait une relation extra-conjugale avec Joanna Grudzinsky qu'il épousera morganatiquement en 1820. L'harmonie du couple fut de courte durée. Paul Ier de Russie n'acceptant pas un divorce entre les deux époux, le grand-duc et son épouse vécurent séparés.

Le , Paul Ier de Russie fut assassiné. Deux mois après cet événement, le grand-duc se sépara de son épouse d'une façon peu digne d'un prince impérial[non neutre]. Il s'adonna à la boisson et au libertinage. La grande-duchesse supporta les écarts de son époux avec patience. En échange de l'effacement de ses dettes, le commandant de cavalerie Ivan Linev, l'un des proches amis du grand-duc, accepta de déclarer qu'il était l'amant de Julienne. Scandalisée, l'impératrice douairière Sophie-Dorothée de Wurtemberg manda le commandant ; ce dernier avoua sa présence dans la chambre de la grande-duchesse le matin même. Éberluées, les personnalités de la Cour se posèrent cette question : « Comment Linev pouvait-il être présent dans la chambre de la grande-duchesse le matin ? Les demoiselles d'honneur à l'intérieur de la chambre de Son Altesse étaient là, comme le chambellan, les pages, le messager de la cour, les valets, les laquais. Comment Linev pouvait-il se rendre dans la chambre à coucher de la grande-duchesse [5].

Des témoins favorables à la grande-duchesse furent recherchés, mais aucun ne prit le risque de se mêler des intrigues de la famille impériale. La pauvre princesse resta seule face à ces ignobles accusations. Sans défense devant ces calomnies et la colère délirante de l'impératrice douairière, en 1813, la grande-duchesse quitta la Russie impériale pour n'y jamais revenir[5]. Sa seule amie et confidente pendant ces terribles années fut l'impératrice Élisabeth Alexeïevna. Presque immédiatement, la grande-duchesse entama les négociations concernant le divorce. En 1814, lors de l'invasion de la France par les troupes russes, Alexandre Ier de Russie manifesta le désir d'une réconciliation entre les deux époux, mais Julienne refusa catégoriquement.

Le , le mariage fut officiellement dissout par un manifeste d'Alexandre Ier de Russie. La même année, le grand-duc Constantin épousa morganatiquement sa maîtresse, Joanna Grudzinsky.

Nouvelle vie de Julienne de Saxe-Cobourg-Saalfeld

La ferme d'Elfenau

La princesse Julienne craignit une réaction défavorable de la société européenne à son encontre, mais il n'en fut rien, elle en reçut plutôt de la sympathie. En 1813, elle s'établit à Berne. Elle se passionna pour la musique, son domicile fut un centre de la vie musicale de ce début du XIXe siècle. En 1814, elle acquit l'Elfenau, une petite ferme bordant l'Aar près de Berne en Suisse. Dans cette demeure, la princesse reçut ses parents, son frère, le futur roi Léopold Ier de Belgique, de nombreux diplomates étrangers, de nombreux Russes[6].

Décès

Julienne de Saxe-Cobourg-Saalfeld décéda le dans son manoir d'Elfenau près de Berne. Elle avait survécu près de 30 ans à son ex-mari.

Ascendance

Notes et références

Articles connexes

Sources


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