Joyeuse (épée)

Joyeuse est, d'une part, le nom de l'épée de Charlemagne dans la Chanson de Roland, et d'autre part, le nom d'une épée utilisée lors du sacre des rois de France à partir du XIIe ou du XIIIe siècle, dite « épée de Charlemagne ». Elle est l'un des plus anciens regalia du royaume de France qui subsistent actuellement.

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L'épée « Joyeuse » de la Chanson de Roland

Selon la légende, elle portait dans son pommeau de nombreuses reliques, entre autres celle de la Sainte Lance, celle qui aurait percé le flanc du Christ sur la croix, ce qui explique son nom.

La Chanson de Roland indique ainsi (laisse CLXXXIII) :

« Nous avons fort à dire sur la lance
Dont Notre Seigneur fut blessé sur la Croix.
Charles, grâce à Dieu, en a la pointe.
Il l'a fait enchâsser dans un pommeau d'or. ;
En raison de cet honneur et de cette grâce,
Le nom de Joyeuse fut donné à l'épée.
Les barons français ne doivent pas l'oublier :
C'est de là que vient « Montjoie », leur cri de guerre
C'est pourquoi aucun peuple ne peut leur résister. »

En réalité, l'étymologie du cri « Montjoie » est discutée, il n'est pas certain qu'il soit en rapport avec le nom de l'épée de Charlemagne[2].

La ville de Joyeuse (Ardèche) devrait son nom à l'épée de Charlemagne. Égarée sur un champ de bataille, celle-ci aurait été retrouvée par un des lieutenants de l’empereur qui, pour le remercier de sa fidélité, lui remit un fief rebaptisé Joyeuse et le droit d'en porter le nom.

L'épée du sacre des rois de France

Une des armoires du trésor de Saint-Denis avec Joyeuse accrochée sur le côté gauche. Gravure de Dom Félibien, 1706.

L'épée utilisée lors du sacre des rois de France, probablement depuis Philippe Auguste en 1179, de manière documentée depuis Philippe III le Hardi en 1271, s'appelait aussi Joyeuse, et l'on prétendait qu'il s'agissait de la même. En fait, elle avait été fabriquée plus tardivement, à partir d'éléments d'époques diverses :

  • le pommeau date de la fin de l'époque carolingienne (Xe siècle) ;
  • les quillons en forme de dragons opposés composant la garde datent du XIIe siècle ;
  • la poignée date du XIIIe ou du XIVe siècle ;
  • la plaque du fourreau ornée de pierreries a été exécutée au XIIIe siècle

Cette épée, conservée dans le trésor de Saint-Denis jusqu'en 1793, est alors entrée dans les collections du musée du Louvre. L'épée a de nouveau été utilisée pour le sacre de Napoléon en 1804, puis sous la Restauration.

Pour son sacre en 1804, Napoléon a fait recouvrir le fourreau d'un velours vert brodé de feuilles de laurier d'or, et remplacer les fleurs de lys par des pierreries. Pour son sacre en 1825, Charles X a demandé à Jacques-Eberhard Bapst-Ménière, joaillier de la Couronne, de retirer du fourreau les particularismes napoléoniens, revenant ainsi à un velours fleurdelysé, encore visible aujourd'hui[3],[4].

Galerie

Notes et références

  1. Notice no 5457, base Atlas, musée du Louvre.
  2. Anne Lombard-Jourdan, « « Munjoie ! », Montjoie et Monjoie : Histoire d'un mot », Nouvelle revue d'onomastique, nos 21-22, , p. 159-180 (DOI 10.3406/onoma.1993.1174).
  3. Hervé Pinoteau, Le chaos français et ses signes : Étude sur la symbolique de l'État français depuis la Révolution de 1789, La Roche-Rigault, Presses Sainte-Radegonde, , 514 p. (ISBN 2-908571-17-X), p. 513.
  4. David Chanteranne, Le Sacre de Napoléon, Paris, Tallandier, coll. « Bibliothèque napoléonienne », , 344 p. (ISBN 2-84734-123-4).

Bibliographie

  • Martin Aurell, Excalibur, Durendal, Joyeuse. La force de l'épée, PUF, 2021, 317 p.

Annexes

Articles connexes

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