Joseph McCarthy

Joseph McCarthy, né le à Grand Chute dans le Wisconsin et mort le à Bethesda dans le Maryland, est un homme politique américain, affilié à l'origine au Parti démocrate, puis au Parti républicain. McCarthy a occupé un poste de sénateur de l'État du Wisconsin au Congrès des États-Unis, pendant 10 ans, de 1947 à sa mort, en 1957.

Pour les articles homonymes, voir MacCarthy.

Joseph McCarthy

Joseph McCarthy en 1954.
Fonctions
Sénateur des États-Unis
pour le Wisconsin

(10 ans, 3 mois et 29 jours)
Prédécesseur Robert M. La Follette, Jr.
Successeur William Proxmire
Biographie
Nom de naissance Joseph Raymond McCarthy
Date de naissance
Lieu de naissance Grand Chute (Wisconsin, États-Unis)
Date de décès (à 48 ans)
Lieu de décès Bethesda (Maryland, États-Unis)
Nature du décès Maladie hépatique due à l'alcoolisme
Nationalité Américain
Parti politique Parti républicain
Religion catholicisme

En dix ans de carrière au Sénat, McCarthy et son équipe sont devenus célèbres pour leurs diatribes contre le gouvernement fédéral des États-Unis, et pour leur campagne contre tous ceux qu'ils soupçonnaient d'être communistes ou de sympathiser avec ceux-ci. Cette période comprise entre 1950 et 1954, connue sous le nom de « Peur rouge » (Red Scare), a aussi pris le nom de maccarthysme.

Pendant cette période, tous ceux qui étaient soupçonnés de sympathies communistes devinrent l'objet d'enquêtes, collectivement nommées la « Chasse aux Sorcières ». Des personnalités des médias, du cinéma, du monde politique et de l'armée furent accusées d'être des espions à la solde des Soviétiques. Les homosexuels furent aussi des victimes du maccarthysme.

Les enquêtes de McCarthy n'ont jamais conduit à des inculpations pour espionnage. Le Sénat des États-Unis provoque sa chute en le censurant début . Alcoolique, il meurt moins de trois ans plus tard.

Le terme de maccarthysme est depuis devenu synonyme d'activités gouvernementales visant à réduire l'expression d'opinions politiques ou sociales gauchisantes, en limitant les droits civils au nom de la sécurité nationale, et en visant à éliminer toute opposition politique de gauche.

Biographie

Jeunesse et début de carrière

McCarthy est né dans une ferme de la ville de Grand Chute, dans le Wisconsin. Il est le cinquième des sept enfants de Timothy McCarthy et de Bridget Tierney, famille catholique de fermiers[1].

Sa grand-mère paternelle était d'origine allemande, et ses trois autres grands-parents d'origine irlandaise. McCarthy abandonna ses études au lycée à l'âge de 14 ans afin d'aider ses parents à l’exploitation familiale, pour les reprendre plus tard dans la Little Wolf High School de Manawa et obtenir son diplôme en une année, le seul de l'histoire de son lycée à avoir accompli pareille performance. Ambitieux, McCarthy se lança simultanément dans des études d'ingénieur et de droit, obtenant un diplôme dans cette seconde spécialité à l'université Marquette, à Milwaukee entre 1930 et 1935, et fut admis à l'association du barreau en 1935. Tout en travaillant dans un cabinet d'avocats à Shawano, il se lança dans une campagne électorale infructueuse afin d'obtenir le poste de District Attorney sous l'étiquette démocrate en 1935. En 1939, il devint le plus jeune juge de l'histoire du Wisconsin, mais provoqua des controverses quant à la rapidité de ses jugements, notamment ses fameux « divorces minute »[2].

En 1942, McCarthy démissionna de son poste de juge pour s'engager comme simple soldat dans les US Marines, et fut plus tard promu au grade de lieutenant. Il servit comme officier de renseignements pour une escadrille de bombardement basée dans les îles Salomon et à Bougainville. Il participa à 11 missions comme photographe et mitrailleur de queue, obtenant une Distinguished Flying Cross en 1952 ; l'attribution de cette médaille a été plus tard soumise à enquête et contestée. McCarthy fut également cité par l'amiral Chester Nimitz pour s'être prétendu victime d'une blessure de guerre, alors qu'il s'était cassé le pied lors d'une cérémonie sur un bateau[3].

Encore en service en 1944, il fit campagne pour la nomination républicaine au Wisconsin ; il s'y fit battre largement par le sénateur en poste, Alexander Wiley (en). Démissionnant de l'armée en 1945 et réélu sans concurrent à ses fonctions judiciaires, il entreprit une campagne électorale systématique pour l'élection sénatoriale de 1946. McCarthy obtint de peu la nomination républicaine, puis battit facilement son concurrent démocrate, Howard J. McMurray (en), au terme d'une campagne acharnée[4].

Carrière sénatoriale

Entre 1946 et 1949, les trois premières années de McCarthy au Sénat se passèrent sans incident particulier. Il était perçu comme une personne chaleureuse et amicale. Il fut l'objet de critiques pour avoir pris la défense d'un groupe de soldats SS condamnés à mort lors d’un procès pour leur rôle dans le massacre de prisonniers de guerre américains à Malmedy et à d'autres endroits en Belgique au cours de la bataille des Ardennes en 1944. Leurs condamnations à mort furent commuées en réclusion à perpétuité grâce à McCarthy, qui contesta que l'instruction et que le procès se soient déroulés en bonne et due forme. Il relaya notamment des accusations selon lesquelles les accusés auraient été torturés durant les interrogatoires précédant le procès. De nombreuses personnes accusèrent McCarthy d'être tombé sous l'influence de néonazis.

McCarthy, en homme ambitieux et avide de popularité, fit des tournées de discours, intervenant devant de nombreuses organisations sur des sujets très divers. L'une de ses plus remarquables campagnes proposait des lois immobilières et s'opposait au rationnement du sucre. Durant la présidence de Harry S. Truman, il acquit une notoriété nationale après un discours, le , devant le Club des Femmes Républicaines de Wheeling, en Virginie-Occidentale. Les paroles prononcées par McCarthy ne furent pas enregistrées de façon fiable, la présence des médias étant minimale, et sont donc sujettes à débat. Il est généralement admis qu'il exhiba une feuille de papier qu'il prétendit être une liste de communistes notoires travaillant au Département d'État. McCarthy aurait notamment déclaré[5] :

« Je tiens là une liste de 205 personnes dont le Secrétaire d'État sait qu'elles sont affiliées au Parti Communiste et qui sont néanmoins en poste et façonnent la politique du Département d'État. »

McCarthy déclara par ailleurs qu'il faisait allusion à 57 « communistes notoires », le nombre de 205 faisait référence au nombre de personnes travaillant au Département d'État et qui pour une raison ou une autre n'auraient pas dû être en poste. Ce chiffre finit par acquérir une certaine importance lorsqu'il fut utilisé comme point de départ à une accusation de parjure contre McCarthy.

Il existait en effet une liste du Département d'État des employés problématiques, pour des raisons de loyauté, mais aussi pour ivrognerie ou incompétence. Le discours de McCarthy, dans un pays inquiet de l'agressivité de l'Union soviétique en Europe, de la guerre de Corée en Asie, en plein procès Alger Hiss et affaire Amerasia (en), fit l'effet d'une traînée de poudre. La population prit les accusations de McCarthy comme une explication de la chute de la Chine aux mains de Mao Zedong, et du développement de l'arme nucléaire soviétique l'année précédente[6].

La réaction des médias étonna McCarthy lui-même, l'amenant à réviser ses accusations et ses chiffres dans les jours qui suivirent, un mouvement qui allait devenir sa marque de fabrique. À Salt Lake City, quelques jours plus tard, il mentionna un chiffre de 57, puis au Sénat, le , le chiffre de 81 ; il donna un discours marathon détaillant chacun des cas, les preuves étant pour la plupart ténues ou inexistantes, mais l'effet du discours fut néanmoins considérable. Le Sénat convoqua le Comité Tydings pour examiner l'accusation, qui se révéla sans fondement. Trois jours après que le Comité eut écarté ces accusations, le FBI arrêtait Julius Rosenberg pour espionnage et pour sa participation dans les fuites du Projet Manhattan afin d'accélérer l'acquisition de l'arme nucléaire par l'Union soviétique.

Pour McCarthy, il fut facile de reformuler ses accusations et de continuer à les marteler devant la presse et au Sénat. L'utilisation habile des médias permit à McCarthy de faire couvrir largement ses nouvelles accusations, tout en laissant sous silence les anciennes qui venaient d'être invalidées[7].

McCarthy se lança aussi dans la destruction politique de ses contradicteurs, une tactique couronnée par sa campagne de 1950 contre Millard Tydings qui avait été quatre fois réélu ; cette victoire intimida les critiques. McCarthy avait fait distribuer une photographie de Tydings en compagnie d'un communiste célèbre, ce qui mit un terme à la carrière de Tydings dans ce qui allait devenir « l'élection la plus sale de l'histoire de la politique américaine ».

Croisade anticommuniste

Entre 1950 et 1953, McCarthy répéta ses accusations selon lesquelles le gouvernement n'agissait pas contre l'infiltration communiste dans ses rangs ; il y gagna un vaste soutien populaire et des sources de revenus importantes. Ses finances furent l'objet d'une enquête sénatoriale en 1952, dont le rapport signalait des irrégularités et des comportements contestables, mais rien qui justifiât une action en justice. Le , il épousa dans la cathédrale Saint-Matthieu de Washington, Jean Fraser Kerr (1924 - 1979), ancienne reine de beauté devenue assistante chercheuse dans son équipe en 1948[8] et avec qui il adoptera une fille en , Tierney Elizabeth[9].

Après sa réélection triomphale de 1952, à laquelle ses accusations ont largement contribué, le Parti républicain le nomma président du « Sous-comité sénatorial d'enquête permanent ». Néanmoins, son manque de fiabilité et sa façon de se soustraire aux questions précises l'empêchent de gagner la confiance du parti (particulièrement du président Dwight D. Eisenhower, qui aurait déclaré : « Je n'irai pas faire un concours de qui pisse le plus loin avec cette espèce de putois »). L'une des têtes de Turc favorites de McCarthy fut le général George C. Marshall, que McCarthy traitait de menteur et de traître, de concert avec le sénateur William Jenner de l'Indiana. Eisenhower écrivit un discours dans lequel il inclut une défense enflammée du général Marshall, que des soutiens de McCarthy parvinrent à lui faire retirer. Harry Truman en éprouva du ressentiment à l'égard d'Eisenhower, qu'il traita de couard. Truman considérait Marshall comme un des plus grands héros de l'histoire des États-Unis.

À la différence de la « Commission parlementaire aux activités anti-américaines » et du « Sous-comité interne de sécurité du Sénat », le comité de McCarthy qui se concentrait initialement sur les universitaires, le parti démocrate ou la presse, s'en prit aux fonctionnaires subalternes des institutions gouvernementales. Il commença par une enquête sur la bureaucratie de Voice of America, et obtint le retrait de livres prétendument pro-communistes à la bibliothèque du Département d'État. Entre-temps, McCarthy continuait de porter des accusations sur des influences communistes au sein du gouvernement, ce qui exaspérait Eisenhower ; ce dernier rechignait à se confronter publiquement à McCarthy en raison de sa popularité croissante, mais il le considérait comme dangereux et hors de tout contrôle, et entreprit de le faire démettre de son poste par différentes manœuvres[10].

Un certain nombre de personnes démissionnèrent précocément de leur poste au comité, notamment Robert F. Kennedy, qui en vint littéralement aux mains avec le conseiller en chef de McCarthy, Roy Cohn. Ces démissions entraînèrent la nomination de Matthews comme directeur exécutif. Ce dernier était un ancien membre de plusieurs organisations de « front communiste », et se vantait d'avoir été membre de plus d'organisations de ce genre qu'aucun autre américain ; cependant, après être tombé dans la disgrâce des groupes radicaux des années 1930, il se transforma en un fervent anticommuniste. Matthews était ministre du culte méthodiste et se faisait souvent appeler « docteur Matthews », bien qu'il n'en eût pas le titre. Il démissionna plus tard, après sa description des sympathies communistes dans le clergé protestant, avec son papier titré « Les Rouges dans nos églises », qui avait fait scandale parmi les sénateurs. Pendant cette période critique, McCarthy maintint son contrôle sur le sous-comité et dicta ses choix dans l'embauche des employés, ce qui suscita plusieurs démissions supplémentaires[6].

McCarthy et Truman

En 1947, peu d'employés du gouvernement américain savaient que les preuves de l'espionnage soviétique massif au sein du gouvernement étaient récoltées par deux organisations : le FBI menait une enquête de contre-espionnage et le Signal Intelligence Service de l'armée américaine, à Arlington Hall, décryptait les communications soviétiques. Chaque service travaillait sur le même sujet en ignorant les activités de l'autre. Aussi, lorsque McCarthy accusa le gouvernement Truman de protéger des agents soviétiques en connaissance de cause, ses accusations parurent vraisemblables à de larges franges du public américain.

McCarthy et le maccarthysme étaient en partie un problème de politique électorale : ils cherchaient à faire passer le président Truman et le Parti démocrate pour des faibles, voire des traîtres à la solde des communistes. Ces accusations tombèrent à plat à propos de Truman, lequel, ignorant les décryptages du Projet Venona qui confirmaient l'interrogatoire d'Elizabeth Bentley, considérait McCarthy comme « le meilleur atout du Kremlin » pour sa capacité à diviser le pays[6].

McCarthy et Eisenhower

Dwight D. Eisenhower, candidat à la présidence de 1952, désapprouvait les tactiques de McCarthy, mais fut néanmoins contraint de faire une partie de sa tournée électorale avec lui, dans le Wisconsin. Il comptait y faire un commentaire dénonçant le programme de McCarthy, mais finit par couper cette partie de son discours, sur le conseil d'un de ses collègues conservateurs. Il fut par la suite vivement critiqué pendant sa campagne pour avoir cédé à la pression de son parti et abandonné ses convictions personnelles. Après qu'il eut été élu président, il fit clairement savoir à son entourage[11] qu'il n'approuvait pas McCarthy, et prit des mesures actives[réf. nécessaire] pour obtenir l'arrêt de ses activités.

La chute de McCarthy est due en partie à son attaque frontale contre le président Eisenhower, contre les fonctionnaires de la CIA et des héros de guerre de l'Armée des États-Unis. D'un côté, ce dernier, qui détestait McCarthy, travaillait en sous-main[11] à le faire démettre et à limiter son influence ; mais de l'autre, la façon dont Eisenhower évitait la confrontation frontale pourrait avoir prolongé le pouvoir de McCarthy en démontrant que des figures aussi éminentes qu'Eisenhower n'osaient pas le critiquer directement[6].

La chute de McCarthy

À l'automne 1953, le comité McCarthy se lança dans son enquête au sein de l'Armée des États-Unis. Il cherchait, sans succès, à démasquer un réseau d'espionnage dans le Army Signal Corps. Le comité en était venu à concentrer son attention sur un dentiste new-yorkais du nom de Irving Peress, qui avait été incorporé comme capitaine dans l'armée, et qui avait refusé de répondre à des questions concernant l'appartenance à des « organisations subversives » sur les formulaires du Département de la Défense, et qui avait été recommandé à la démobilisation par le Chirurgien général de l’armée en . Malgré cela, il demanda et reçut une promotion au rang de major en octobre de la même année. Roy Cohn informa le conseiller de l’armée John G. Adams de ces faits en et Adams promit d’ouvrir une enquête.

Comme aucune action n’avait été ouverte contre Peress le mois suivant, McCarthy le fit comparaître devant le Comité le . Peress s’appuya vingt fois sur le Cinquième Amendement quand il fut interrogé sur son appartenance au Parti communiste, sur sa participation à une école d’entraînement communiste et sur ses efforts pour enrôler du personnel militaire dans le Parti communiste. Deux jours plus tard, McCarthy envoya une lettre au Secrétaire de l’armée Robert Ten Broeck Stevens résumant le témoignage de Peress et demandant qu’il soit appelé à comparaître devant la cour martiale, et que l’armée retrouve qui avait promu Peress, sachant qu’il était un communiste. Le jour même, Peress demanda sa démobilisation, qu’il obtint du brigadier général Ralph W. Zwicker.

En revenant sur cette question, McCarthy s'attira la fureur des médias à propos de son traitement du général Ralph W. Zwicker. Entre autres choses, McCarthy comparait l'intelligence de Zwicker à celle d'un enfant de cinq ans, et déclarait que Zwicker n'était pas apte à porter l'uniforme de général. Charles Potter fut l'un des quelques sénateurs républicains à rompre une lance contre McCarthy ; il écrivit une philippique sur la question, Day of Shame (Jour de Honte), décrivant McCarthy comme une brute terrorisant ses concitoyens. Le traitement de Zwicker, héros de guerre décoré, l'avait particulièrement indigné. Au début de l’année 1954, l’armée accusa McCarthy et son conseiller en chef Roy Cohn d’exercer des pressions pour un traitement de faveur de G. David Schine, ami et ancien adjoint de Cohn. McCarthy réfuta ces accusations, faites selon lui en représailles de ses déclarations sur Zwicker l’année précédente.

Une des attaques les plus virulentes contre les méthodes de McCarthy fut un épisode de la série documentaire See It Now[12] animée par Edward R. Murrow, qui fut diffusé le . L’émission consistait en des extraits de discours de McCarthy, où celui-ci accusait le Parti démocrate de « vingt ans de trahison » (1933-1953) ; il portait la même accusation à l'égard des administrations de Franklin Delano Roosevelt et Harry S. Truman et insultait des témoins, incluant un général de l’armée.

Le reportage de Murrow, couplé à l’affaire de David Schine la même année, déclencha une lourde perte de popularité de McCarthy car il s’agissait de la première remise en cause publique de ses agissements par des personnalités respectables. Pour contrer cette mauvaise publicité, McCarthy fit une apparition dans See It Now trois semaines plus tard et y émit diverses attaques personnelles contre Murrow. Cette réponse fut mal accueillie par le public et fit décroître d’autant plus sa popularité.

Déchéance et mort

Stèle tombale de Joseph McCarthy, avec en arrière-plan la Fox River.

Le , McCarthy est censuré par le Sénat américain par 67 voix contre 22, lequel vote une motion de blâme et lui retire la présidence du sous-comité d’enquête. Même si McCarthy conserve sa charge de sénateur, cette décision ruine définitivement sa carrière en tant que figure majeure de la politique américaine[13]. John Fitzgerald Kennedy, élu démocrate du Massachusetts, est absent au moment du vote. Il a prolongé son séjour dans un hôpital pour ne pas avoir à se prononcer[14]. Sombrant dans l’alcoolisme, McCarthy meurt au National Naval Medical Center (en) le de problèmes hépatiques liés à l'abus de boisson[15].

Ayant droit à des obsèques nationales, une messe de Requiem pontificale est célébrée le dans la cathédrale Saint-Matthieu de Washington en présence de 70 membres du sénat, de personnalités officielles et de dignitaires du clergé. Il est enterré dans le cimetière paroissial St. Mary's Parish d'Appleton30 000 personnes défilent pour lui rendre un dernier hommage[16]. Le démocrate William Proxmire est élu le afin d'occuper son siège laissé vacant[17].

Postérité

Des journalistes et historiens comme Medford Stanton Evans (en)[18] ou Arthur Herman (en)[19], considèrent que le rôle de McCarthy dans l'histoire de la guerre froide devrait être réévalué, le maccarthysme auquel son nom est associé lui forgeant une légende noire. Alors que la commission présidée par McCarthy a traqué d'éventuels agents, militants ou sympathisants communistes aux États-Unis, elle n'est pas impliquée dans les affaires les plus célèbres de cette période, la condamnation d'Ethel et Julius Rosenberg, l'affaire de William Remington (en), d'Alger Hiss ou les auditions des Dix d'Hollywood[6].

Après avoir examiné les messages cryptés de plusieurs agences de renseignement soviétique (projet Venona)[20] et les archives déclassifiées du KGB, l'historien John Earl Haynes (en) conclut que, sur 159 personnes figurant sur les listes utilisées ou mentionnées par McCarthy, la majorité pouvait être considérée comme menaçante pour la sécurité de l'État américain et que neuf d'entre elles avaient apporté leur aide à l'espionnage soviétique[21].

Ces ouvrages sont considérés comme du révisionnisme par plusieurs chercheurs qui rappellent que le maccarthysme, par sa campagne contre les communistes américains et contre les homosexuels, reste le symbole de l’intolérance et de la peur aveugle, reposant sur des dénonciations sans le moindre fondement rationnel ou des accusations sans preuve[22].

La mort de McCarthy est considérée comme suspecte par le théoricien du complot, William Guy Carr, qui écrit que son bulletin de décès indique « cause unknown »[23].

Dans la culture populaire

Peter Boyle l'incarne dans le téléfilm Tail Gunner Joe (1977) de Jud Taylor. En 1992, il est incarné par Joe Don Baker dans le téléfilm Citizen Cohn, le persécuteur. Il apparait sous formes d'images d'archives dans Good Night and Good Luck (2005) de George Clooney. En 2012, McCarthy est présent dans le docufiction The Real American – Joe McCarthy de Lutz Hachmeister sous les traits de John Sessions. Randy Davison l'incarne ensuite dans Billie Holiday, une affaire d'État (2021) de Lee Daniels

Joseph McCarthy est par ailleurs cité dans la chanson Exhuming McCarthy de R.E.M., présente sur l'album Document (1987). On peut y entendre des extraits de discours. Il est également présent dans le morceau We Didn't Start the Fire de Billy Joel sorti en 1989.

Joseph McCarthy et le maccarthysme sont l'un des sujets du roman Un autre monde (The Lacuna, 2009) de Barbara Kingsolver, qui obtient notamment le Prix Orange pour la fiction[24].

Notes et références

  1. (en) Richard H. Rovere, Senator Joe McCarthy, University of California Press, , 280 p. (ISBN 0-520-20472-7, lire en ligne), p. 79.
  2. Oshinsky 2005, p. 27.
  3. Herman 2000, p. 30.
  4. (en) Edwin R. Bayley, Joe McCarthy and the Press, Univ of Wisconsin Press, (lire en ligne), p. 89-90.
  5. (en) Robert Griffith, The Politics of Fear : Joseph R. McCarthy and the Senate, University of Massachusetts Press, , 362 p. (ISBN 0-87023-555-9), p. 49.
  6. Lutz Hachmeister, documentaire « Un vrai Américain : Joe McCarthy » sur Arte, 2011
  7. Gabriel Périès, Construire l'ennemi intérieur, Editions L'Harmattan, (lire en ligne), p. 38-43.
  8. Après la mort de Joseph McCarthy en mai 1957, elle se remariera à G. Joseph Minetti, vice-président du Civil Aeronautics Board, conseil d'aéronautique civile américain.
  9. (en) Mary Brennan, Wives, Mothers & the Red Menace : Conservative Women and the Crusade against Communism, University Press of Colorado, , p. 42.
  10. (en) L. Alan, Voice of America : A History, Columbia University Press, (ISBN 0-231-12674-3), p. 53.
  11. Herbert S. Parmet, Eisenhower and the American Crusades 1998 Transaction Publishers. pp. 248, 337, 577. (ISBN 0-7658-0437-9)
  12. cet épisode fut le thème du film Good Night and Good Luck de George Clooney, sorti en 2005
  13. (en) The Censure Case of Joseph McCarthy of Wisconsin (1954), United States Senate, Historical Office
  14. Frédéric Martinez, John Fitzgerald Kennedy, Paris, Éditions Perrin, , p. 290-291.
  15. Oshinsky 2005, p. 503-504.
  16. (en) Joseph McCarthy Photographs : The Funeral
  17. (en) « WISCONSIN : Running Scared », sur Time, .
  18. (en) Medford Stanton Evans, Blacklisted By History : The Real Story of Joseph McCarthy and His Fight Against America's Enemies, Crown Forum, , 672 p..
  19. Herman 2000.
  20. Haynes 2000, p. 487.
  21. (en) John Earl Haynes, « Senator Joseph McCarthy’s Lists and Venona » , avril 2007, p. 62.
  22. Oshinsky 2005, p. ix-xi.
  23. William-Guy Carr, Brouillard rouge sur l'Amérique, éditions Saint Rémi.
  24. (en-GB) « The Lacuna, By Barbara Kingsolver », The Independent, (lire en ligne, consulté le )

Bibliographie

  • Alerte rouge sur l'Amérique : Retour sur le maccarthysme, Florin Aftalion, Jean-Claude Lattès, 2006 (ISBN 2709626349)
  • Pour en finir avec le maccarthysme, Jean-Paul Török, L'Harmattan, 1999 (ISBN 2738483496)
  • La Chasse aux sorcières, Marie-France Toinet, La mémoire du siècle no 32, Complexe, 1984
  • (en) Arthur Herman, Joseph McCarthy : Reexamining the Life and Legacy of America's Most Hated Senator, Simon and Schuster, , 404 p. (ISBN 978-0-684-83625-6, lire en ligne)
  • (en) David M. Oshinsky, A Conspiracy So Immense : The World of Joe McCarthy, Oxford University Press, , 597 p. (ISBN 978-0-19-515424-5, lire en ligne)
  • (en) John Earl Haynes, Venona : Decoding Soviet Espionage in America, Yale University Press, (ISBN 0-300-12987-4)

Voir aussi

Liens externes

Défense de McCarthy

Critiques de McCarthy

  • Liens vers des livres
    • Richard H. Rovere, Senator Joe McCarthy (extrait)
    • Article extrait de From Seeds of Repression; Harry S. Truman and the Origins of McCarthyism par Athan Theoharis, Quadrangle Books, Chicago, 1971; McCarthy and McCarthyism in Wisconsin, Michael O'Brien, University of Missouri Press, Columbia and London, 1980; Blacklist: Hollywood on Trial, AMC, broadcast Feb 28, 1996
  • Publications académiques
    • Jesse Friedman, The Fight for America (un essai qui affirme que McCarthy est le plus « grand démagogue de l'histoire des États-Unis »)
  • Films :
    • Documentaire Les Derniers Jours du sénateur McCarthy de William Karel (2004)
    • Good Night and Good Luck de et avec George Clooney (2005)
    • Le Prête-nom (The Front) de Martin Ritt, avec Woody Allen (1976)
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