John Berryman

John Berryman, né sous le nom de John Allyn Smith, Jr. le et décédé le , est un poète, essayiste et universitaire américain, né à McAlester dans l'Oklahoma. Figure majeure de la poésie américaine de la seconde moitié du XXe siècle, il est souvent considéré comme l'un des fondateurs du courant littéraire du confessionnalisme. Berryman s'est suicidé en 1972[1].

Pour les articles homonymes, voir John Smith et Smith.

En 1968, il est élu chancelier de l'Academy of American Poets, il occupe cette charge jusqu'en 1972[2].

Biographie

John Berryman, né John Allyn Smith, Jr. à McAlester, Oklahoma[3], est le fils de John Allyn Smith, employé de banque et de Martha Little, institutrice. La famille déménagea fréquemment, pour finalement s'installer à Tampa, en Floride. À la suite de mauvais placements l'ayant ruiné, son père se suicide en 1926. Trois mois plus tard, sa mère épouse John McAlpin Berryman, qui adopte John et lui donne son nom.

La nouvelle famille s'installe à New York. en 1932, John s'inscrit au Columbia College (devenu par la suite université Columbia),où il obtient son Bachelor of Arts en 1936.

Il publie des poèmes dans la Columbia Review et The Nation (1935).

De 1936 à 1938, John part en Grande Bretagne pour étudier à l'université de Cambridge où il rencontre W. B. Yeats, T. S. Eliot, W. H. Auden et Dylan Thomas. Il s'essaie à l'écriture dramatique, et remporte le prix Oldham Shakespeare et publie des poèmes dans la Southern Review (1937).

En 1939, de retour aux Etats Unis, Berryman enseigne à l'université Wayne (plus tard université de Wayne State) à Détroit et tient la rubrique poésie dans l'hebdomadaire The Nation.

Ses premiers recueils de poèmes paraissent en 1940 dans Five Young American Poets.

Alors que Berryman enseigne à Harvard, il épouse en 1942 la première de ses trois femmes Eileen Mulligan et publie Poems.

Invité par le poète R. P. Blackmur, Berryman enseigne à Princeton.

Pendant les vingt années suivantes, Berryman rédige plusieurs ouvrages dans le cadre universitaire : des critiques de W. W. Greg's The Editorial Problem in Shakespeare, une édition critique de King Lear, (jamais publiée), des articles sur Henry James, F. Scott Fitzgerald et Robert Lowell.

En 1946, il devient professeur associé de création littéraire à Princeton.

En 1948, son recueils de poèmes The Dispossessed remporte le prix Shelley Memorial Award de la Poetry Society of America.

En 1950, il remporte le prix de l'American Academy Award pour la poésie.

En 1953, Berryman publie Homage to Mistress Bradstreet dans la Paris Review. Ce poème difficile, un hommage au poète puritain de l'Amérique coloniale, prit cinq ans à Berryman pour le finaliser. Le supplément littéraire du Times le salue comme un chef-d'œuvre innovant, le poète Robert Fitzgerald le qualifie de "poème de sa génération".

Avec cette œuvre, Berryman apparaît comme une figure littéraire majeure.

Au cours de ces années, il remporte différents prix : le National Institute of Arts and Letters Award (1950), le Levinson Prize (1950) et une bourse Guggenheim (1952)

Berryman donne des conférences aux universités de Washington, de Cincinnati et à l'Atelier des écrivains de l'Iowa,le poète Philip Levine décrit ses conférences comme "brillantes, intenses et rigoureuses".

Si sa vie professionnelle est une succession de réussites et de reconnaissances, en revanche, sa vie privée se désagrège progressivement à cause de son alcoolisme et de ses diverses frasques sexuelles.

En 1953, il se sépare de 'Eileen, il est renvoyé de l'université de l'Iowa après son arrestation pour ivresse publique et trouble à l'ordre public.

En 1955, aidé par le poète Allen Tate, Berryman s'installe à Minneapolis et est nommé maître de conférences en littérature à l'université du Minnesota.

Il y restera jusqu'à son décès. La boucle est bouclée puisqu'il revient sur le lieu de naissance de son père suicidaire.

C'est à cette époque qu'il commence The Dream Songs, son œuvre considérée comme la plus importante.

En 1956, Berryman épouse Ann Levine, 24 ans, une semaine plus tard; le couple eut un fils. En 1959, il divorce, son épouse ne pouvant plus supporter son alcoolisme.

De 1959 à 1962, il continue sa vie paradoxale succès professionnel (invitation par l'université de Californie à Berkeley, à Bread Loaf dans le Vermont[4], et à l'université Brown, il remporte des prix, etc.) et vie privée marquée des hospitalisations, des aventures sexuelles et un dernier mariage avec Kate Donahue, vingt-deux ans, en 1961 (ils auront deux filles).

Regard sur son oeuvre

John Berryman publie sa première œuvre, intitulée Poems, en 1942 pendant la Seconde Guerre mondiale, et sa deuxième, Dispossessed, six ans plus tard. Sa première œuvre majeure, Homage to Mistress Bradstreet, paraît en 1956. C'est cependant la série de recueils des Dream Songs, débutée en 1964, qui recueille le plus de succès auprès du public et de la critique.

Le premier volume, intitulé 77 Dream Songs, sort en 1964 et permet à son auteur de remporter le Prix Pulitzer[5] de la poésie. Le second, intitulé His Toy, His Dream, His Rest, sort en 1968. Ces deux volets de Dream Songs ont ensuite été publiés en un seul volume sous le titre de The Dream Songs, en 1969. À cette époque, John Berryman est considéré comme une figure importante de l'univers littéraire de la poésie, et bénéficie d'un vaste lectorat parmi ses contemporains.

Dans le recueil The Dream Songs, les poèmes font entrer en jeu un personnage qui est, tour à tour, le narrateur et son interlocuteur. Dans la mesure où les lecteurs ont considéré qu'il s'agissait là pour Berryman d'une manière de se parler à lui-même, sa poésie a été catégorisée dans le courant du confessionnalisme. Berryman a toujours démenti son appartenance à ce mouvement.

Suicide

La vie de John Berryman fut marquée par la problématique du suicide. En 1924, alors qu'il n'a que 10 ans, son père John Smith, banquier en Floride, se suicide. L’enfant sera la première personne à découvrir le corps. Quelque temps plus tard, sa mère se remarie, et c'est en référence au nom de son beau-père qu'il choisira le pseudonyme de Berryman. L'image du suicide de son père hantera l'imagination de l'homme et imprégnera ses poèmes, le sujet étant à plusieurs reprises abordé de manière indirecte dans The Dream Songs, et de façon directe lorsque le poète assène qu'il aimerait pouvoir tuer le cadavre de son père. John Berryman était un alcoolique notoire, et ses amis rapportent que, lorsqu'il étudiait à l'Université Columbia, il semblait avoir une double personnalité suivant l'étendue de son état d'ébriété. L'alcoolisme et la dépression de Berryman ont petit à petit altéré ses capacités à écrire, parler en public, et travailler convenablement. En 1972, son état dépressif le mènera à suivre l'exemple de son père : il se tue en sautant du pont de la Washington Avenue à Minneapolis, dans le Minnesota.

Il repose au Resurection cimetery des Mendota Heights, dans le comté de Dakota, Minnesota (en)[6]

Œuvres

Recueils de poésie

  • Collected Poems 1937-1971, éd. Farrar Straus Giroux, 1989,
  • Henry’s Fate and Other Poems, éd. Farrar, Straus and Giroux, 1977,
  • Delusions, Etc., éd.Farrar, Straus and Giroux, 1972,
  • Selected Poems, 1938-1968, éd.Faber and Faber, 1972,
  • Love & Fame, éd. Farrar, Straus and Giroux, 1970,
  • The Dream Songs , éd. Farrar, Straus and Giroux, 1969,
  • His Toy, His Dream, His Rest, éd. Farrar, Straus and Giroux, 1968,
  • Homage to Mistress Bradstreet and Other Poems, éd. Noonday Press, 1968,
  • Berryman’s Sonnets, éd. Farrar Straus & Giroux, 1967,
  • Short Poems, éd. Farrar, Straus & Giroux, 1967,
  • 77 Dream Songs, éd. Farrar, Straus & Giroux, 1964,
  • His Thoughts Made Pockets & the Plane Buckt, éd. C. Fredericks, 1958,
  • Homage to Mistress Bradstreet, éd. Farrar, Straus & Cudahy, 1956,
  • The Dispossessed, éd. W. Sloane Associates, 1948,
  • Poems, éd. New Directions, 1942.

Essais

  • The Freedom of the Poet, éd. Farrar, Straus & Giroux, 1976,
  • Recovery, éd. Farrar, Straus and Giroux, 1973,
  • Stephen Crane: A Critical Biography, éd. Sloane, 1950,

Références

  1. (en) « John Berryman | American poet », Encyclopedia Britannica, (lire en ligne, consulté le )
  2. (en) John Berryman, « John Berryman », sur John Berryman, (consulté le )
  3. « John Berryman | Modern American Poetry », sur www.modernamericanpoetry.org (consulté le )
  4. (en) « Bread Loaf School of English | Middlebury », Middlebury, (lire en ligne, consulté le )
  5. (en-US) « John Berryman », sur Poetry Foundation, (consulté le )
  6. (en-US) « John Allyn Berryman », sur Find a grave

Liens externes

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