Jeanne de Belleville

Jeanne de Belleville, (née vers 1300 dans le Poitou - morte vers 1359[1]), dite « la Tigresse bretonne », malgré ses origines poitevines, est une femme noble devenue pirate par vengeance au XIVe siècle .

Jeanne de Belleville

Jeanne de Belleville

Surnom La Tigresse bretonne ou La Lionne de Clisson ou La Lionne sanglante
Naissance ~ 1300
Poitou
Décès ~ 1359 ~ 60 ans)
Origine Poitou
Allégeance Maison de Montfort
Arme Piraterie
Conflits Guerre de Cent Ans
Guerre de Succession de Bretagne
Famille Épouse de Geoffroy de Châteaubriant, puis de Guy de Penthièvre, d'Olivier IV de Clisson, et enfin de Walter Bentley.
Mère d'Olivier V de Clisson

Biographie

Jeanne de Belleville est la fille de Maurice IV de Montaigu, seigneur de Belleville et Palluau (1263-1304) et de Létice de Parthenay (vers 1276 - ? ; fille de Guillaume VI de Parthenay et Jeanne du Perche-Montfort). Son père qui a des terres en Bretagne et dans le Poitou lui fait épouser à quatorze ans Geoffroy (1293-1326), seigneur de Châteaubriant, avec qui elle a deux enfants : Geoffroy et Louise[2].

À sa mort, elle se marie vers 1330 avec Olivier IV de Clisson, avec qui elle a cinq enfants : Ysabeau, Maurice (mort en très bas âge), Olivier (le futur connétable Olivier V), Guillaume et Jeanne[3].

Son époux se rend à Paris pour participer à des tournois, mais il y est arrêté pour son soutien à Jean de Montfort contre Charles de Blois, neveu du roi de France, Philippe VI, et prétendant au trône ducal (voir Guerre de Succession de Bretagne). Il est condamné le 2 août 1343 à la décapitation pour félonie par Philippe VI. Son corps est pendu au gibet de Montfaucon. Sa tête, expédiée à Nantes, est exposée à la tour Sauve-Tout. Jeanne récupère le chef de son époux, et organise sa vengeance. Après avoir rassemblé 400 fidèles, elle se dirige vers le château franco-blésois le plus proche de Clisson : Touffou. A cette époque, le château de Touffou, bâti en lisière de la forêt de Touffou, était sur la paroisse du Bignon, et non loin de l'abbaye de Villeneuve. Le capitaine de la garnison, Le Gallois de la Heuse, ignore la fin tragique d'Olivier IV ... Jeanne de Belleville s'étant fait connaître, le capitaine fait abaisser le pont-levis. Funeste erreur, Jeanne et ses hommes massacrent la garnison. Par miracle, Le Gallois de la Heuse, qui s'était caché, en réchappe. En , Jeanne est condamnée au bannissement du royaume et à la confiscation de ses biens.

L'épouse ne peut pardonner au roi sa cruauté, et à Charles de Blois d'avoir trempé dans ce qu'elle regardait comme un assassinat. La tête d'Olivier avait été envoyée à Nantes et plantée sur une pique aux créneaux du château du Bouffay. Considérant que le roi a agi par traîtrise, elle fait jurer à ses fils Olivier et Guillaume de venger leur père[4]. Elle consacre sa fortune à lever une armée pour assaillir les troupes favorables à la France stationnées en Bretagne[5].

Menacée sur terre, elle fait armer deux navires corsaire et, toujours accompagnée de ses deux fils, mène une guerre contre les bateaux français. Cette guerre de course violente pendant neuf mois (ce qui lui vaut le surnom de « Lionne sanglante »[5]) s'achève lorsque des vaisseaux du roi de France s'emparent des navires de Jeanne de Belleville qui peut s'échapper avec ses deux fils à bord d'une barque. Les cinq jours de dérive suivants sont fatals à Guillaume, qui meurt de soif, de froid et d'épuisement. Olivier et sa mère sont recueillis à Morlaix par des partisans des Montfort, ennemis du roi de France[6]

Réfugiée en Angleterre avec son fils Olivier, futur connétable de France, elle épouse Walter Bentley, lieutenant du roi Édouard III en Bretagne et capitaine des troupes anglaises qui combattent pour Jean de Montfort contre Charles de Blois. Le pape Clément VI, sur requête du roi de France, intervient auprès du roi Édouard III pour qu'il mette un terme aux agissements de la « Tigresse bretonne »[7], alliée positive de l'Angleterre.

Enfin lasse, épuisée par cette vie si mouvementée, elle se retire à Hennebont, près de la comtesse et de son jeune fils, le comte de Montfort. La ville et le château de Blain lui étaient fermés, car le château avait été saisi avec tous ses biens et donné à Louis de Poitiers, ainsi qu'une maison au faubourg de Nantes.

L'un de ses fils, Olivier V de Clisson, bien qu'élevé à la cour d'Angleterre, servira Charles V, puis Charles VI et deviendra connétable de France.

Elle meurt vers 1359[8], probablement en Angleterre[1].

Mariage et postérité

Elle a été mariée quatre fois[9] :

1re union

Aux environs de 1312, à 13 ans, elle est mariée à Geoffroy VIII de Châteaubriant, veuf en premières noces d'Alix de Thouars. Ils auront deux enfants :

2de union

On la marie vers 1328 Guy de Penthièvre devenu veuf de Jeanne d'Avaugour. L'union sera de courte durée car après une enquête, le mariage est annulé par le pape Jean XXII en 1330.

3e union

Elle épouse en 1330 Olivier IV de Clisson. Il apparaît qu'ils ont eu cinq enfants dont une fille aînée née hors mariage :

  • Ysabeau[10] née hors mariage vers 1325 et morte le épouse de Jean 1er de Rieux et mère de Jean II de Rieux,
  • Maurice seigneur de Blain né vers 1333 et mort en 1334,
  • Olivier V surnommé le Boucher, L'Éborgné D'Auray, né le et mort le , mari de Marguerite de Rohan fille d'Alain VII de Rohan et de Jeanne de Rostrenen,
  • Guillaume seigneur de la Trouvière, né vers 1338 et mort dans les bras de sa mère vers 1345, six jours après le naufrage de "Ma Vengeance" le vaisseau amiral de sa mère,
  • Jeanne née vers 1340 Dame de Belleville épouse de Jean Harpedenne, Sénéchal de Saintonge, seigneur de Raine dans le Devonshire, de Montendre, de Fontenay-le-Comte (1361), et Vicomte d'Aunay. Originaire du Devonshire en Angleterre, il fut un lieutenant de Jean Chandos.
4e union

Elle épouse vers 1349 Walter (Gauthier) de Bentley Lieutenant du roi d'Angleterre en Bretagne, Capitaine des troupes anglaises qui combattent contre Charles de Blois. Au titre de ses faits d'armes, il reçoit de nombreux fiefs en Bretagne, entre autres « les terres et châteaux de Beauvoir-sur-Mer, d'Ampant, de la Barre, de la Blaye, de Châteauneuf, de Villemaine, de l'Île-Chauvet et des îles de Noirmoutier et de Bouin ».

Durant le temps de la « course », on lui prête aussi une liaison avec son fidèle lieutenant Raoul de la Guérinière. Ce dernier meurt en mer au cours d'un abordage avant la mise à sac du bourg de l'Epieu.

Notes et références

  1. « Jeanne de Belleville », sur Archives départementales de la Vendée (consulté le )
  2. Gautier Demouveaux, « Jeanne de Belleville, la tigresse bretonne », sur Le Télégramme,
  3. Philippe Richard, Olivier de Clisson, connétable de France, grand seigneur breton, 1336-1407, Éditions Opéra, , p. 21.
  4. Philippe Richard, Olivier de Clisson, connétable de France, grand seigneur breton, 1336-1407, Éditions Opéra, , p. 39.
  5. Stéphanie Janicot, « « Pour ce qu’il me plaist », femme pirate de Bretagne », sur La Croix,
  6. Philippe Richard, Olivier de Clisson, connétable de France, grand seigneur breton, 1336-1407, Éditions Opéra, , p. 40.
  7. Yvonig Gicquel, Olivier de Clisson (1336-1407), Jean Picollec, , p. 32
  8. Élie Durel, « Bellevigny. Jeanne de Belleville, une personnalité méconnue », sur Ouest France,
  9. Medieval Lands : Brittany : Olivier IV de Clisson
  10. Certains historiens la disent morte à la naissance, mais on la retrouve mariée à Jean 1er de Rieux partisan de Charles de Blois.

Annexes

Bibliographie

  • Marie-Ève Sténuit, Femmes pirates : les écumeuses des mers, Paris, Éditions du Trésor, , 185 p. (ISBN 979-10-91534-15-4)
  • Élie Durel, Jeanne de Belleville, corsaire par amour, La Crèche, Geste éditions, , 281 p. (ISBN 978-2-84561-597-7)
  • Laure Buisson, Pour Ce Qu'il Me Plaist : Jeanne De Belleville, Paris, Éditions Grasset, , 316 p. (ISBN 978-2-246-77221-7)

Articles connexes

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