Jean Dollfus
Jean Mathieu Dollfus, né le à Mulhouse[1], décédé le à Mulhouse[1],[2], est un industriel, économiste et homme politique français.
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Il a été maire de Mulhouse de 1863 à 1869[1].
Il est fait chevalier de la Légion d'honneur en 1829, promu officier par décret du , puis élevé à la dignité de commandeur le [3].
Biographie
Il est le fils de Marie Mieg et de Daniel Dollfus, qui présida à la création de la firme textile Dollfus-Mieg et Compagnie (DMC), elle-même héritage d'une entreprise créée en association avec les Koechlin par Jean Dollfus (1729-1800), bourgmestre de Mulhouse de 1781 à 1798. L'arbre généalogique de la famille remonte jusqu'au XVIe siècle.
Jean Dollfus épouse en 1822 Anne-Catherine Bourcart, elle-même fille de Jean-Rodolphe Bourcart et d'Elisabeth Koechlin, ces derniers étant l'une des grandes familles de Mulhouse, originaire de Suisse. Il eut huit frères et sœurs, dont trois se marièrent dans la famille Koechlin : sa sœur Ursule se maria avec André Koechlin, un orléaniste nommé deux fois maire de Mulhouse; son frère, Mathieu, se maria avec Salomé Koechlin, elle-même arrière-petite-fille d'une autre branche des Dollfus-Mieg ; enfin, une autre de ses sœurs se maria avec un Jean Koechlin.
Associé de Dollfus-Mieg et Compagnie (DMC), il dirige l'activité « indienne » jusqu'en 1876, pendant que son gendre Frédéric Engel-Dollfus développe l'activité « fils » depuis 1843. Il lance aussi des expérimentations de culture de coton en Algérie pendant la guerre de Sécession[1]. Partisan du libre-échange avec Michel Chevalier et d'autres[1], il est également libéral sur le plan politique. Selon Saint Simon, il aurait été franc-maçon[4]. Un de ses proches, Jean Macé, fondateur de la Ligue de l'enseignement, était lui-même franc-maçon[5]. Il créa avec ce dernier la Société des Bibliothèques du Haut-Rhin (Dollfus étant le président et Macé le secrétaire)[5].
Directeur de l'entreprise textile Dollfus-Mieg et Compagnie (DMC) dès 1826, il est le créateur[6] d'une des premières cités ouvrières en France (1854) fort admirée, qui comptait près de 1 000 maisons à la fin des années 1870. Achevée en 1895, la cité comprend 1 240 maisons ouvrières et rassemble 10 000 habitants[7]. Il fonde la Société mulhousienne des cités ouvrières en 1853, l'Asile des voyageurs indigents, l'Asile des vieillards, la Caisse de retraite, l'Asile des vieillards de Gaisbühl et la Bibliothèque populaire.
Frère aîné d'Émile Dollfus, maire de Mulhouse de 1843 à 1848 et président de la Société industrielle de Mulhouse, il fut lui-même nommé maire à la mort de Joseph Koechlin-Schlumberger, en 1863, et conserva ce poste jusqu'en 1869.
Battu lors de l'élection législative de 1869, il fut cependant envoyé par ses concitoyens au Reichstag en tant que député protestataire (1877-1887). Doyen d'âge du parlement allemand en 1881 et des élus protestaires[1], Dollfus fut remplacé à ce titre par Von Moltke, plus jeune que lui d'un mois, car il refusait de prendre part à la session.
L'opposition de Dollfus à l'annexion prussienne de l'Alsace s'était vivement manifestée dès la guerre franco-allemande : menant une délégation envoyée auprès de l'occupant, le , à Dornach (quartier de Mulhouse), il fut scandalisé par le ton menaçant d'un officier prussien, qui évoquait des représailles contre les Mulhousiens. Jean Dollfus jeta alors devant l'officier sa croix de l'ordre royal de Prusse, déclarant qu'il ne voulait plus de décoration venant d'un tel peuple.
Jean Dollfus est le père de l'essayiste Charles Dollfus et le grand-père maternel du compositeur Charles Koechlin, de Gabrielle Koechlin, femme du préfet Gabriel Bouffet et le grand-père paternel de l'entomologiste français Adrien Dollfus. Sa descendance est nombreuse, puisqu'il eut dix enfants, dont neuf atteignirent l'âge adulte (Jean, Julie, qui se maria avec le saint-simonien Frédéric Engel-Dollfus, député du gouvernement de la Défense nationale en 1870, Camille — la mère de Charles Koechlin —, Charles — philosophe et essayiste —, Caroline, Émilie, Emma — belle-mère d'André Déroulède —, Fanny — épouse du docteur Gibert — et Jules). Des rues de Paris, de Belfort, de Cannes et de Strasbourg portent son nom.
Références
- Notice de Raymond Oberlé in Dictionnaire du monde religieux dans la France contemporaine, éd. Jean-Marie Mayeur, Éditions Beauchesne, 1993, (ISBN 9782701012612)
- Selon d'autres sources généalogiques, cf. http://gw5.geneanet.org
- Dossier Léonore : deux fiches, officier et commandeur
- Saint-Simon, L'industrie, t. II, p. 36, cité in Jérôme Blanc, Frédéric Engel-Dollfus, un industriel saint-simonien, éd. Christian, Paris, 2008
- Voir sur le site du LERIS la fiche composée par le sociologue Olivier Douard sur l'éducation populaire : , p. 24
- Nicolas Pécourt, « L'Histoire des cités ouvrières avec Jean DOLLFUS », sur Histoire de l'Immobilier, YouTube,
- Florence Bourillon Les villes en France au XIXe siècle, p. 89 (ISBN 2-7080-0657-6)
Voir aussi
Bibliographie
- Raymond Oberlé, « Jean Dollfus », in Nouveau Dictionnaire de biographie alsacienne, vol. 8, p. 677
Liens externes
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