Jean-Eugène Dezeimeris
Jean-Eugène Dezeimeris, né le à Villefranche-de-Lonchat – [1] à Paris, est un historien de la médecine et bibliographe français. Médecin lui-même, il contribue aussi à l'agronomie et siège deux fois comme député[2],[3].
Biographie
Destiné à la médecine par sa famille, Dezeimeris étudie à Bordeaux, puis à Paris. Mais il est « porté plutôt vers les recherches historiques et littéraires de la médecine que vers les choses pratiques de l'art médical[4] » (il bouquine des livres de médecine plutôt que de faire ses études). Aussi atteindra-t-il la trentaine sans être médecin.
Un concours établi par testament par Louis-Jacques Moreau de la Sarthe pour le meilleur élève de littérature et de philosophie médicales lui donne sa chance. Il hérite de la moitié de la bibliothèque du professeur et son nom sort de l'ombre ; de plus on le charge du catalogue par ordre de matières de la bibliothèque de la faculté de médecine (travail qui ne sera jamais achevé). Il devient sous-bibliothécaire en 1830, puis bibliothécaire en 1836 (cela correspondrait aujourd'hui à la direction de la partie « médecine » de la Bibliothèque interuniversitaire de santé, « biuSanté »). L’œuvre qui lui a donné sa notoriété (le Dictionnaire) a d'ailleurs commencé à paraître (1828) et il est devenu médecin avec une thèse sur l'orientation que doit prendre, selon lui, l'histoire de la médecine.
Il collabore à une nouvelle édition du monumental Dictionnaire de médecine de Nicolas-Philibert Adelon, donnant, outre des indications bibliographiques jusqu'au 14e volume, des notices historiques remarquées[5]. Avec sa facilité de plume et son don de polémiste habituels il multiplie aussi les démarches pour que soit recréée (elle a été supprimée deux fois[6]) une chaire d'histoire de la médecine. Il échoue (et ne sera pas le titulaire de cette chaire).
Il fonde alors avec Émile Littré la revue médicale L'Expérience, à laquelle il consacre beaucoup de travail. Il la dirige d'abord avec Littré, puis seul à partir du premier semestre de 1840. Dezeimeris, qui n'a lui-même que peu d'expérience médicale, s'y montre — en accord avec ses propres principes philosophiques — très soucieux de la pratique et de l'expérience.
Mais l'intérêt de Dezeimeris se porte alors ailleurs, « vers l'agriculture et l'économie politique[7] ». Il y reste attaché à des principes pragmatiques ; il introduit une nouvelle méthode d'assolement qui multiplie le revenu du cultivateur. Cela lui ouvre une carrière politique : il est député de la Dordogne de 1842 à 1846 et de 1848 à 1849 ; il siège à gauche[3].
Il tombe malade du foie à la fin de 1851 et meurt en [1]. Il était le père de Reinhold Dezeimeris[8] (1835–1913), érudit et politique[9].
Œuvres
Philosophie de l'histoire de la médecine
- Mémoire qui a partagé le prix du concours ouvert devant l'Académie royale de médecine, en exécution du testament de M. Moreau de la Sarthe, sur la question suivante : donner un aperçu rapide des découvertes en anatomie pathologique durant les trente dernières années qui viennent de s'écouler : déterminer l'influence de ces travaux sur les progrès de la connaissance et du traitement des maladies sur archive.org, Paris, Béchet, 1830
- Propositions sur l'histoire de la médecine, Paris, 1832, 26 p. Thèse de médecine reproduite et disponible en ligne dans Archives générales de médecine, 1832, série 1, no 30 — La première partie, seule publiée, traite principalement de philosophie ; la suite annoncée à la dernière page ne paraîtra pas.
- Lettres sur l'histoire de la médecine et sur la nécessité de l'enseignement de cette histoire, suivies de fragments historiques, Paris, chez l'auteur, 1838, 380 p.
Le Dictionnaire
- Jean-Eugène Dezeimeris, Charles-Prosper Ollivier d'Angers[10] et Jacques Raige-Delorme[11], Dictionnaire historique de la médecine ancienne et moderne, Paris, Béchet jeune, 1828 (t. 1), 1834 (t. 2), 1836 (t. 3), 1839 (t. 4)
- En ligne, site biuSanté, t. 1–4
- Voir aussi Google Livres
« La première et la deuxième partie (1831), et la moitié de la troisième (1834), sont des trois collaborateurs. Le reste de l'ouvrage, c'est-à-dire les quatre dernières parties (1835–1836–1837–1839) sont de M. Dezeimeris seul. »
Contributions à des dictionnaires
En plus de son propre dictionnaire, Dezeimeris a contribué à :
- Nicolas-Philibert Adelon, Dictionnaire de médecine ou répertoire général des sciences médicales considérées sous le rapport théorique et pratique, 2e éd.[15],[5]
- Jean-Zuléma Amussat, A. Andral, Marie Boivin et Jean-Eugène Dezeimeris, Dictionnaire des études médicales pratiques, Paris, 1838-1839, in-8, 5 vol. « Seuls les cinq premiers volumes (lettres A à D) ont été publiés[16]. »
L'Expérience, périodique
- Jean-Eugène Dezeimeris, Émile Littré, J. A. Henroz et Adam Raciborski (dir.), L'Expérience : journal de médecine et de chirurgie, 1837–1844[17]
- Trois années (1837–39) en ligne sur Gallica
Listes plus complètes
- Médecine :En médecine, Dezeimeris a parfois utilisé les pseudonymes de Desgranges et de Halliday.
- Raige-Delorme, passim, donne des listes de publications.
- Liste (17 titres) dans Dechambre[18]
- Agronomie : Liste donnée par Raige-Delorme, p. 375, n. 1[19]
- En ligne : biuSanté donne une liste de publications en ligne qui comprend () des textes sur biuSanté, Gallica, archive.org, mais pas sur Google livres.
- Liste de worldcat.org — « 87 travaux dans 166 publications[20]. »
Bibliographie
- « Dezeimeris (Jean Eugène) », site de la Bibliothèque interuniversitaire de santé
- « Eugène, Jean Dezeimeris (1799 - 1852) », fiche sur le site de l'Assemblée nationale
- Amédée Dechambre (dir.), « Dezeimeris (Jean-Eugène) », dans Dictionnaire encyclopédique des sciences médicales, série 1, t. 28, p. 509–512
- Jacques Raige-Delorme, « Notice nécrologique sur M. J.-E. Dezeimeris », dans Archives générales de médecine, 1852, série 4, no 28, p. 366–377
- « Jean-Eugène Dezeimeris », dans Adolphe Robert et Gaston Cougny, Dictionnaire des parlementaires français, Edgar Bourloton, 1889-1891 [détail de l’édition]
Notes et références
- La naissance est toujours datée de novembre 1799 ; mais on trouve le 20 (biuSanté), le 22 (Raige-Delorme) et le 29 (Fiche de l'Assemblée nationale).
On trouve souvent par erreur 1851 comme année de la mort. Raige-Delorme précise que Dezeimeris est tombé malade à la fin de 1851 et est mort le 16 février ; sa bibliothèque personnelle a été vendue en mai 1852. On s'est en général dans cet article appuyé sur Raige-Delorme. - Biographie, site biuSanté.
- Fiche, sur le site de l'Assemblée nationale.
- Raige-Delorme, p. 368.
- Raige-Delorme, p. 371, n. 1 donne une liste d'articles auxquels Dezeimeris a contribué. Il existe un tiré-à-part : De la gale (histoire) sur Google Livres, qui reproduit l'article « Gale (histoire) » du dictionnaire d'Adelon, t. 13, 2e éd..
- La seconde à la mort de Moreau de la Sarthe.
- Raige-Delorme, p. 374.
- Reinhold Dezeimeris (ill. Louis Blayot), Nos notabilités du XIXe siècle : Médaillons bordelais, t. I, Bordeaux, Féret et fils, (lire en ligne).
- Fiche sur le site de la Revue française d'histoire du livre.
- Charles-Prosper Ollivier d'Angers (1796–1845), pionnier des neurosciences.
- 1795–1887.
- Raige-Delorme, p. 369, n. 1.
- Raige-Delorme donne les dates des parties, qui ne sont pas celles des volumes. Malgré cela, l'interprétation de la phrase est difficile, la première partie, selon Raige-Delorme, étant de 1831 et le premier volume portant la date de 1828.
- Quelques exemplaires peuvent porter la date de 1858 ; l'éditeur racheta les invendus et fit une nouvelle page titre : Dechambre, p. 512 no III.
- Voir par exemple la page de titre du t. 13.
- Fiche du SUDOC.
- Fiche europeana.eu.
- Dechambre, p. 511.
- Les Conseils aux agriculteurs ont été traduits en polonais par Karol Łada (1848) sous le titre Rady dla rolników.
- Avril 2019.
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