Jean-Baptiste Nouvion

Jean-Baptiste Nouvion (1833 à Vars-sur-Roseix -1898 à Vars-sur-Roseix) est un préfet et un grand propriétaire foncier en Algérie sous le Second Empire. Il est à l'origine du succès de la liqueur Picon, primée en 1862 à l'Exposition universelle de Londres.

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Carrière

Entré dans la carrière préfectorale, il débuta comme chef de cabinet des préfets du Var et de la Vienne, puis de son oncle Gustave Mercier-Lacombe, directeur-général des Services civils de l'Algérie et conseiller d'État. De 1859 à 1861, Jean-Baptiste Nouvion est le plus proche collaborateur de Gustave Mercier-Lacombe qui au côté du Gouverneur général a la responsabilité des affaires civiles de l'Algérie. Bien que plus jeune, Nouvion entretenait des relations très amicales avec le Maréchal Aimable Pélissier, duc de Malakoff et devait travailler à ses côtés pour la préparation du budget de l'Algérie qui était présenté au Conseil d'État. À la mort du Maréchal Pélissier en 1864, la direction générale des affaires civiles est supprimée et l'établissement du budget revint au Ministère de la Guerre.

Le sous-préfet de Philippeville Nouvion et la médaille de l'amer Picon (1862)

Jean-Baptiste Nouvion est sous-préfet de Philippeville (Algérie) de 1862 à 1870. Il accueillit l'empereur Napoléon III lors de son escale le (second voyage de l’Empereur en Algérie) et l'accompagna tout au long de sa visite dans la province[1]. Le journal L'Illustration () raconte comment, grâce à l’entêtement du sous-préfet Nouvion, le devenu célèbre apéritif Picon obtint une médaille de Bronze à l’Exposition Universelle de Londres en 1862. En 1862, le gouvernement de l’Algérie invita les industriels français à prendre part à l'Exposition Universelle de Londres. Jean-Baptiste Nouvion alors sous-préfet de Philippeville, ne manqua pas d'insister auprès de Gaétan Picon, dans ce sens. Ces manifestations n'étant pas encore entrées dans les mœurs, Gaétan Picon fit la sourde oreille. Ce que voyant, le sous-préfet entêté, prit sur lui, à l'insu du fabricant, d'expédier une caisse d'Amer algérien à Londres.

À la grande surprise du sous-préfet et de Gaétan Picon, cette présentation fut couronnée de succès, puisqu'elle obtint une médaille de bronze. Récompense considérable pour l'époque qui fera la fortune de Gaétan Picon[2],

Révocation à la chute de l'Empire et retour en métropole

La proclamation de la République et la chute de l'Empire provoquèrent la cessation des fonctions de Jean-Baptiste Nouvion comme représentant du gouvernement impérial. Philippeville connut une brève période de trouble au cours de laquelle, Jean-Baptiste Nouvion dut réaffirmer comme représentant du Pouvoir, qu'il n'avait d'ordre à recevoir que du Gouvernement légal. L'ouvrage consacré à Gustave Mercier-Lacombe, relate comment le sous-préfet Nouvion au cours d'une de ces journées de trouble saisit un excité sur le perron de la préfecture et lui en fit rouler toutes les marches au milieu des applaudissements de la foule gagnée par son attitude courageuse. Rentré en France, il fut nommé Intendant militaire de à juillet 1871 puis Sous-préfet de Saint-Nazaire.

Préfet d'Oran de 1873 à 1879

Il retourne en Algérie comme Préfet d'Oran (Algérie), poste qu'il occupa de 1873 à 1879. A ce poste, il fait partie des rares préfets d'Empire reconduit sous la République. Dans ce département, il encouragea vivement la viticulture, préconisa la création de comptoir d’escompte pour faciliter le crédit aux colons et enfin proposa la création de sociétés de colonisation par l’initiative privée. Ces différentes actions ont fait l'objet de plusieurs circulaires qui ont reçu une grande publicité et l'approbation unanime, à une exception près, de la presse algérienne. Mis en indisponibilité, il fut rappelé à l'activité comme Commissaire enquêteur du service de la propriété indigène en Algérie, puis de nouveau admis à faire valoir ses droits à la retraite[3]., Il meurt en 1898 des suites d'une crise de paludisme qu'il avait contracté en Algérie.

Théogène Monbrun, à la séance du Conseil général d'Oran, le , pouvait dire "qu'en aucune période depuis la conquête, et dans un espace de six ans, il n'a été fait en Oranie un effort plus considérable" : création de villages, ouverture de routes, construction de barrages, plantations d'arbres, aménagement des eaux.

Les volumes du conseil général et des rapports annuels du département d’Oran de 1873 à 1879 outre le centre de Nouvion, témoignent de :

  • l’agrandissement des centres de Ouillis, Inkermann, Tiffilès, Sidi-Lhassen, Saint-Aimé, Habra, Oued Taria, Aïn Feka Zarauela, et Terny,
  • et la création des centres de Chabat el Leham, Hammam Bou Hadjar, Arlal, Bou-Henni, l’Ouggaz, Saint-Lucien, Mocta Douz, Blad Touaria, Sirat, Sahouria, Cassaigne, Bosquet, Renault, Hamodéna, El Romri, Oued Djemâa, les Silos, Froha, Palikao, Maoussa, Oued-aria, Franchessi, Aïn Farès, Thiersville, Mercier-Lacombe, El Keçar, Lamtar, Aïn el Hadhar, Tabia, Oued Imbert, Aïn Fezza et Tekbalet.

Distinctions

Publication

"Situation au du département d'Oran au point de vue de la colonisation, des nouveaux villages et de la constitution de la propriété" présentée par M. Nouvion. Oran, impr. de Heintz, Artus et Cie, 1879

Famille

Claire Nouvion, née Chassériau portrait par Hippolyte Lazerges

Issu d'une famille du Périgord[5], Jean-Baptiste Nouvion épousa Claire Chassériau, fille du baron Frédéric Chassériau et petite-fille de l'armateur et maire de Marseille, Alexandre Warrain. Trois de ses enfants contribuèrent par la suite au développement économique de l’Algérie[6] :

Le dernier représentant en Algérie de cette famille qui fut l'une des plus riches d'Alger, est Pierre Nouvion, lequel fut assassiné en 1960 et cité à l'ordre de la Nation par le Premier ministre Michel Debré. Avec son épouse Simone Nouvion, présidente de la Croix-Rouge d'Alger, il anima dans leur villa d’El Biar[7] un salon politique très influent[8],[9]. Jusqu'en 1965, la famille Nouvion exploita les mines de zinc plomb argentifère et les forêts de chênes liège de l'Oued Oudina (Algérie) au travers de la société des mines de l'Oued Oudina.

La devise familiale est "Nous vions et ne dévions pas".

Notes et références

  1. "Napoléon III en Algérie" de Octave Teissier, Challamel ainé Libraires - Paris - 1865
  2. Journal "L'Illustration" du 24 mai 1930 – histoire de l’apéritif amer Picon ou amer algérien
  3. "Le livre d’or de l’Algérie – biographie des hommes ayant marqué dans l’armée, les sciences, les lettres etc. de 1830 à 1889" de Narcisse Faucon - Challamel & Cie Ed. - Paris - 1889
  4. "Histoire des préfets, Cent cinquante ans d'administration provinciale, 1800-1950" de Pierre Henry - Nouvelles Éditions latines - 1950
  5. La famille Lansade de Plagne prit part à l'assemblée de la noblesse du Périgord en 1789. Il a pour aïeul Pierre de Lansade, seigneur de Plagne, gendarme de la Garde du roi, chevalier du Saint-Esprit, retiré à Brive-la-Gaillarde en 1776.
  6. 'Trois familles en Périgord-Limousin dans la tourmente de la Révolution et de L'Empire : Nouvion, Besse-Soutet-Dupuy et Chassériau' par André-Pierre Nouvion, Paris, 2007 – (ISBN 9782914741460)
  7. 'La bicyclette bleue: Cuba libre! 1955-1959’ par Régine Deforges, Éditions Ramsay, 1999 - qui décrit la villa d'EL Biar
  8. ‘L'heure des colonels par Yves Courrière, Éditions Fayard, 1970 et dans 'Jacques Chevallier, l'homme qui voulait empêcher la guerre d'Algérie’ par José-Alain Fralon, Éditions Fayard, 2012
  9. ‘Le retour du général de Gaulle, 1946-1958', par Georges Ayache, Perrin, 2015 - page 211 "Delbecque compta aussi beaucoup sur les Nouvion pour lui organiser des diners mondains… ce ne fut pas difficile tant cette vieille famille issue du Périgord était une institution à Alger"

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